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Judaïsme / Concepts back  Retour
Le KaddichTant que l'affection filiale ne sera pas un vain mot, l'espérance de l'immortalité, une chimère, le culte des souvenirs, une faiblesse, tant que le cœur humain battra encore aux doux noms de père et de mère, le Kaddich gardera son importance.


Qu’est-ce que le Kaddich ? D'où vient cette place d'élite qu'il occupe dons notre liturgie? Quelle influence salutaire cette prière peut-elle exercer sur le sort des parents décédés, à l'intention desquels elle se lente ? A quoi peut leur servir, à eux qui ont franchi le seuil de l'éternité, une prière à laquelle leur nom n'est pas même mêlé ? Ne sont-ils pas entre les mains de D.ieu, qui les récompensera, s'ils ont bien agi, les sanctionnera, s’ils ont mal fait ? Tel est l'ordre, telle est la justice, et il semble que rien au monde ne puisse violer cet ordre ni faire fléchir cette justice.

Il nous à paru utile d’appeler l’attention sur cette question, grave comme tout ce qui touche aux mystères de la tombe.

Recherchons donc à quelle époque et à quelle fin ce texte a été introduit dans notre rituel.

Un Midrach, rapporté dans un petit traité talmudique, le traité Kallah, fait remonter au premier siècle de l'ère vulgaire l'usage de la récitation du Kaddich par les orphelins. Rabbi Akiba entra un jour dans un de ces vastes hypogées où la mort infatigable avait entassé ses victimes.

"Si le jeune enfant laissé derrière moi récitait chaque jour, en public, la prière quotidienne (ou le Kaddich quii peut en tenir lieu), il pourrait mettre un terme à mes tourments. "

Immobile et attendri à la vue de ces tristes débris de tant de créatures humaines il jeta sur chaque monceau de morts un regard mêlé de terreur et de pitié. Tout à coup, dans cette nuit sans étoiles, il aperçut un homme tout nu, qui portait du bois, en courant de toutes ses forces.

"Qui es-tu ? lui cria le docteur épouvanté ; quel travail fais-tu là ? Ton dur métier me fait peine et je veux t'aider ?

Je n'appartiens plus à l'empire des vivants, lui fut-il répondu ; je suis contraint de chercher moi-même le bois pour le feu dans lequel on me jette tous les jours.

- Mais de quoi t'es?tu donc occupé pendant ton séjour terrestre ?

- J'étais le fermier des contributions ; je ménageais le riche et pressurais le pauvre.

- N'aurais-tu pas appris par quel moyen tu peux obtenir la délivrance ?

- Si le jeune enfant laissé derrière moi récitait chaque jour, en public, le Kaddich, il pourrait mettre un terme à mes tourments ; mais n'ayant pas un seul ami au monde, qui voudrait se charger de son instruction ?

- Quel est t’on nom ?

- Oukba.

- Le nom de ta femme ?

- Chouchiba.

- Celui de ton endroit ?
- Lanouka.


Rabbi Akiba se rendit aussitôt dans cette dernière ville, s'enquit de la famille d'Oukba, adopta le jeune fils, auquel il enseigna le Chema, la prière, la prière publique quotidienne et un soir, dans un songe, le malheureux porteur de bois vint lui annoncer, les larmes aux yeux, sa merveilleuse délivrance. Et le docteur de s'écrier : O Eternel, que ton nom soit béni à tout jamais !

Le Talmud a eu raison de dire que le fils peut contribuer au salut de ses parents décédés.

Conformer sa vie aux enseignements paternels, écouter et obéir, voilà en quoi consistait, avant tout, la piété filiale. Les leçons de sagesse, les exemples de vertu, les règles de conduite, légués par les ascendants, étaient comme un capital sacré que les enfants prenaient à cœur de conserver, d'agrandir et de transmettre à leur tour. C'était là l'honneur de la famille; et comme le sang, il y coulait, pour ainsi dire, en passant d'un cœur â l'autre, avec lui. De là cette maxime courante : Quiconque laisse des enfants ne meurt pas, il revit dans sa postérité. Le père continuait, en effet, à vivre dans les actions de ses enfants, dans leurs paroles, dans leurs pensées, qui n'étaient que le prolongement des siennes.

En venant donc dans la synagogue, après le décès d'un père, d'une mère, sanctifier publiquement le nom de D.ieu, et engager l'assemblée des fidèles à le sanctifier et à le glorifier avec lui, le fils glorifiait en même temps ses parents, dont il continuait ainsi les pieuses traditions, et les recommandait par-là même à la miséricorde divine. D'autres actes de piété, accomplis par les enfants, s'inscrivent également à l'actif des parents ; si on a attaché une valeur prépondérante au Kaddich, c'est que la sanctification publique de D.ieu prime, chez nous, Juifs, tous les autres actes. Depuis la destruction du Temple, s'écrie un Sage du Talmud (Sota 49a), les misères de ce monde vont grandissant; qu'est-ce qui le préserve de la ruine ? Deux prières, entre autres, la Kedoucha dessidra (Ouva letsiyon) et le Kaddich.

C'est là la raison pour laquelle cette dernière prière a été rédigée en dialecte araméen, qui, lors de la rédaction et longtemps après, était la langue usuelle des Juifs, la raison aussi pour laquelle elle ne peut être prononcée qu'en présence de dix fidèles, formant une assemblée religieuse, un public (Eda) "Je veux être sanctifié, dit l'Eternel, au milieu des enfants d'Israël. "

Le Kaddich repose également sur le principe, qui est fondamental dans le Judaïsme : Il faut bénir Dieu pour le mal comme pour le bien, parce que « tout ce que D.ieu fait est pour le bien de l'homme (Béra’hot 60). L'homme religieux ne murmure point contre les épreuves que lui envoie la Providence, et dût il être visité par le plus grand des malheurs, la perte de ces êtres chéris de qui il a reçu la vie et tous les bienfaits de la vie, il adore la main qui l'a frappé. II sait que Dieu est bon et miséricordieux et, jusque dans ses rigueurs, il aperçoit ses intentions paternelles.

Semblable à David, il ne loue pas seulement D.ieu « le jour » quand le ciel lui sourit, quand le soleil tourne vers lui sa face radieuse, quand tout est beau, riant et plein de charmes, mais encore « la nuit», quand l'horizon se charge de nuages, quand les ténèbres étendent sur lui leurs voiles funèbres, et que tout, autour de lui, est noir et glacé. C'est dans ces moments surtout que son âme, touchée du vide de cette terre, s'élève vers le ciel, où il trouve son seul support, son unique espérance. Voilà pourquoi, affaissé sous le poids de la douleur, il s'associe à ses frères plus heureux pour exalter et glorifier avec eux " Celui qui est infiniment au-dessus de toutes les bénédictions, de tous les cantiques, de toutes les louanges, qui peuvent être prononcés dans ce monde » [extrait du Kaddich, ndlr].

Telle est la signification, telle est la portée de cette sublime prière que nous adressons à l’arbitre de nos destinés, quand la mort impitoyable est venue nous frapper dans nos plus chères affections. C'est le dernier devoir que nous rendons à un père, à une mère, qui ne sont plus; c'est le pieux épanchement d'une âme résignée qui se soumet aux décrets de la Providence ; c'est la profession de foi d'un Juif qui ne voit dans la mort qu'une transition à une destinée meilleure.

Nous ne prions pas pour ceux que nous avons conduits au seuil de l'éternité, mais pour nous-mêmes, pour nous consoler.

Nous ne prions pas pour les trépassés, ils n'ont pas besoin de notre intercession; mais les actes d'adoration et de vertu que nous accomplissons ici-bas leur sont imputés comme autant de mérites personnels puisque c'est d'eux que nous les tenons et que c'est leur exemple qui nous excite. Nous ne prions pas pour ceux que nous avons conduits au seuil de l'éternité ? ils sont entre les mains d'un D.ieu juste et bon, qui les rémunérera selon leurs œuvres ? mais pour nous-mêmes, pour nous consoler dans nos afflictions, pour relever notre esprit abattu, pour cicatriser les blessures de notre cour, pour nous enchanter de l'espérance d'une autre vie, où nous serons réunis pour toujours à ceux que nous avons aimés et pleurés.

Tant que l'affection filiale ne sera pas un vain mot, l'espérance de l'immortalité, une chimère, le culte des souvenirs, une faiblesse, tant que le cœur humain battra encore aux doux noms de père et de mère, le Kaddich gardera son importance, qu'il a su conserver au milieu de l'affaissement des âmes et des vulgarités de la vie. N'est?il pas le témoignage le plus éloquent de la grandeur de l'homme, de la supériorité de ses instincts et de ses destinées ?

(Article paru dans Trait d’Union. Adapté par Claude Lemmel)

 



A PROPOS DE L'AUTEUR
Le Rabbin Isidore WEIL


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