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Les 13 articles de foi - article 1

Pourquoi faut-il affirmer l’existence absolue de D.ieu pour pouvoir obéir à la Tora ?
D’après une série de conférences prononcées par le Rabbin Ya‘aqov Weinberg, de mémoire bénie.

Croire en l’existence du Créateur, le Saint béni soit-Il, revient à partager la conviction qu’il y a une Existence qui est parfaite et absolue dans tous les aspects de ce que contient l’univers. C’est Lui qui est la cause de tout ce qui existe, c’est Lui qui pourvoit à tout, et c’est par Lui que tout se maintient. Il n’est aucune possibilité qu’Il puisse ne pas exister parce que sans Lui, toute existence cesserait d’être et rien ne resterait. Tandis que, si nous imaginions l’absence de toute existence autre que la Sienne, celle-ci ne cesserait, ni ne diminuerait. Car Il se suffit à Lui-même dans Son existence, Il Se suffit en Lui, et Son existence n’exige rien d’autre que Lui. Car parmi les intelligences – les anges et les constellations et tout ce qu’ils contiennent et tout ce qui est au-dessous d’eux – tous ont besoin de Lui pour exister. C’est le premier article de foi, comme affirmé par le verset (Exode 20, 2) : « Je suis Hachem, Ton D.ieu… »

Les 13 articles de foi de Maïmonide

 

INTRODUCTION

 

On considère généralement, pour qu’un système de croyance puisse être appelé une religion, qu’il doit se composer d’au moins trois éléments constitutifs :

1. Reconnaissance d’une divinité qu’il faut adorer.
2. Instructions sur la façon de l’adorer.
3. Récompenses et punitions pour avoir fait sa volonté ou pour lui avoir désobéi.

A défaut de ces trois éléments, on peut se trouver en présence d’un système normatif, mais non d’une religion.
Les treize articles de foi de Rambam sont un développement de ces trois points tels que les comprend le judaïsme. Parmi ces treize articles, cinq concernent la réalité du Créateur, quatre définissent Sa Torah et quatre caractérisent la récompense et la punition. Etant donné que ces concepts généraux de l’existence du Créateur, de Ses ordres, d’une récompense et d’une punition sont communs à toutes les religions, ce sont leurs détails qui établissent la spécificité de la religion juive.

Les treize articles de foi du Rambam définissent ce dont il faut avoir conscience et ce qu’il faut accepter pour être considéré comme un Juif pratiquant. Selon leur auteur, leur acceptation définit l’exigence minimale nécessaire pour se rattacher au Tout-puissant et à Sa Torah en tant que membre du peuple d’Israël.

LE PREMIER PRINCIPE : HACHEM COMME CREATEUR

IL EST ABSOLU

Le premier article de foi nous appelle à être conscients et à savoir qu’il y a une Cause première, un Etre dont l’existence est absolue et dont émane toute autre existence. Lui seul et seulement Lui est absolu. Il existe parce qu’Il existe. Il est inconcevable qu’Il ne soit pas. Son existence n’a pas de cause. Il n’y a rien qui Le soutienne ou Le maintienne. Il n’y a rien qui lui ait donné vie. Au contraire, tout ce qui existe est dépendant de Lui et soumis à Son existence. Rien d’autre n’existe en soi et indépendamment de Lui. Tout le reste n’existe que parce qu’Il le veut. Il donne à tout le reste son existence, et c’est Lui qui le maintient.

La question que nous devons nous poser maintenant est celle de savoir pourquoi ces données philosophiques apparemment abstraites et théoriques, cette affirmation de l’existence absolue de Hachem et la contingence absolue de la création, doivent déterminer notre capacité à observer la Torah.

Qu’en est-il du simple Juif ? Celui à qui fait défaut la subtilité d’esprit propre à lui faire comprendre à la fois cet absolu et cette dépendance absolue, aborde la question de la façon suivante. Il sait qu’il existe un Créateur et une création. Il sait que ce Créateur a fait le monde et qu’Il le surveille avec vigilance. Peut-être a-t-il une vague intuition de la différence entre un Créateur et une création, mais il ne réussit pas à se rendre compte que seul le Créateur est existence absolue, que toute autre existence est dépendante de Lui. Quel effet ce défaut de compréhension produit-il dans la réalité ?

SA VERITE EST ABSOLUE

La raison pour laquelle une appréciation de l’existence absolue de Hachem et de la contingence absolue de la création est si importante est que ce n’est que par Son existence absolue qu’il peut exister une vérité absolue. Si le Créateur n’était pas absolu, et s’Il dépendait de quelque autre chose, Il ne pourrait pas revendiquer la Vérité absolue, alors que seule une vérité basée sur la source du Créateur peut exister comme absolue.

La Torah est vraie parce qu’elle est l’émanation de l’Etre absolu. Si l’on n’est pas conscient de la réalité du Tout-Puissant, il ne peut exister de Torah avec des valeurs absolues, susceptibles de nous lier. A leur défaut, il n’existerait de Torah que liée aux circonstances. Les concepts du bien et du mal ne peuvent être absolus que lorsqu’ils émanent d’une source absolue. S’ils sont issus d’une origine contingente, on ne les considérera que par rapport à la perception des circonstances immédiates et subjectives décelées par l’individu.

LES DANGERS DES MORALES RELATIVES

L’éthique relative est sans signification. Elle crée des possibilités de faire ce que l’on a envie de faire et crée ensuite des justifications à ce que l’on a fait. Si l’on veut tuer un vieillard, on peut être tenté de se justifier en s’assurant que la qualité de la vie est plus importante que la vie elle-même. Le meurtre devient alors un acte de bonté, dans lequel le meurtrier est considéré comme un individu compatissant qui cherche à épargner à sa victime souffrante une vie sans qualité. Si c’est un fœtus que l’on veut tuer, on se justifiera en se prétextant qu’il n’est pas encore vivant. Seule la dignité des êtres venus à la vie devant être respectée, on en viendra facilement à accepter et à justifier l’avortement.
Dans nos sociétés modernes, celui qui se veut empreint de moralité est tenu d’embrasser l’humanisme et l’éthique relative. Il commence par chercher les mots aptes à justifier ce qu’il voudrait faire. Le processus n’est pas très difficile : Il est aisé de trouver les mots ou les expressions justes. L’expérience du nazisme a démontré qu’il n’est rien que l’être humain ne puisse justifier, à ses yeux comme à ceux des autres.

La possibilité d’un bien et d’un mal absolus dépend de l’existence d’une vérité absolue. Mais la vérité ne peut être absolue que si le Créateur est un Etre absolu, étant donné que ce qu’Il crée et ce qui émane de Lui ne peut que refléter la vérité absolue de Son Etre. Toute la Torah, toute la morale et toute l’éthique sont tributaires de ce principe de l’absolu de Hachem.

 

POUR REALISER UNE VERITABLE EXISTENCE

 

Notre existence est contingente à Hachem, et donc nous ne parvenons à la réalité suprême de la vie qu’en nous attachant à Lui.

Les psychologues ont développé bien des théories concernant les pulsions de base de l’être humain. La libido de Freud faisait la part belle au plaisir des sens ; la recherche de la supériorité dont parlait Adler était une autre de ces pulsions fondamentales. Napoléon a tenu à s’assurer qu’il y aurait partout, après sa mort, des statues le représentant. Pourquoi ? A quoi lui serviraient-elles ? Il ne pourrait pas les voir, ni recueillir aucun plaisir de ces rappels de sa splendeur ! Savait-il seulement si son âme les verrait ? De même Staline a exigé que son portrait fût partout visible en Union soviétique. Les gens sont en quête d’une gloire durable, et ils font tout ce qu’ils peuvent pour se sentir différents des autres. Pourquoi ?

La Torah nous apprend que la pulsion la plus puissante de l’homme est son besoin de donner un sens véritable à son existence.

Cela fait partie de leur besoin de se créer une illusion d’exister. La Torah nous apprend sur ce point que la pulsion la plus puissante de l’homme est son besoin de donner un sens véritable à son existence.
L’homme pressent, tout au fond de lui-même, qu’il n’a pas d’existence dans l’absolu. De là sa recherche, sa lutte pour devenir quelqu’un, même si ce n’est qu’en entretenant des illusions. Toute la vie représente sa lutte pour réaliser une existence réelle. Toute la création est éphémère, toute existence est contingente. Nous n’avons, en réalité, aucune existence propre, et nous dépendons complètement de la volonté de notre Créateur. C’est Lui qui, à chaque instant, nous permet d’exister. Chacune de nos minutes, chacune de nos secondes sont un cadeau du Tout-puissant. Il renouvelle constamment nos vies, comme nous le lisons dans nos prières quotidiennes : « Il renouvelle constamment dans Sa bonté, chaque jour, l’œuvre de création. » Nous n’existons pas maintenant pour la simple raison que nous avons existé il y a une seconde. Nous n’existons maintenant que parce que Hachem l’a voulu en ce moment précis.
La véritable merveille, c’est que Hachem nous accorde une accumulation de mémoires et de liaisons avec le passé, comme s’il existait une vraie continuité avec l’existence d’hier. En réalité, une telle continuité n’existe pas : chaque moment est une nouvelle existence, une création ex nihilo au sens littéral du terme.

Comment accède-t-on à cette existence ? Uniquement par notre rapport à Hachem, seule Source de toute existence. Plus proches nous sommes de Lui, plus nous tendons vers la réalité.

La pulsion première de l’homme tend à parachever cette réalité par son rapprochement vers Hachem. L’homme dispose d’un choix quant à cette pulsion pour une existence significative, comme d’ailleurs avec toutes ses autres pulsions : Il peut l’exploiter soit pour se rendre plus proche de Lui, soit pour s’en éloigner. Le besoin ancré en chacun de nous de donner sens à l’existence peut se manifester soit en s’efforçant de s’unir à la Source de tout ce qui est, le Tout-puissant, ou par des contrefaçons diverses. Pour certains, il s’exprime par la lutte pour le pouvoir, pour d’autres par la recherche de gloire. L’accumulation des richesses ou la quête d’approbations sont aussi une forme contrefaite imprimée à cette pulsion.

LE BESOIN DE SERVIR

La vie exige que l’on serve à quelque chose. L’homme fait partie de la création, il est absolument soumis au Tout-puissant, et cette dépendance crée chez lui un besoin de s’attacher à quelque chose au-delà de lui-même.

Il existe une foule de manières d’obéir à cette pulsion humaine inéluctable et fondamentale, mais elles se réduisent toutes à ce seul choix : adorer Hachem ou adorer les idoles. « Prenez garde à vous, de peur que votre cœur ne soit séduit, et que vous ne vous détourniez, et ne serviez d’autres dieux » (Deutéronome 11, 16). « Se détourner » veut dire abandonner la Torah, et alors « vous servirez d’autres dieux ». Car l’abandon de la Torah conduit à s’attacher à l’idolâtrie (Rachi sur Deutéronome 11, 16, au nom du Sifri).

Quand le pouvoir, la gloire, la richesse ou la quête d’éloges et de lauriers deviennent des fins en soi, on se trouve en présence d’une forme d’idolâtrie.

Les Sages nous enseignent que l’homme a besoin de s’attacher au Tout-puissant, Source de toute existence. Pour réaliser cette intimité, l’homme doit Le servir. S’il ne sert pas Hachem selon Sa révélation, il sera inévitablement conduit à s’attacher à quelque idolâtrie. Le service de Hachem fournit une signification pour l’existence de l’homme, l’idolâtrie en crée l’illusion. Quand le pouvoir, la gloire, la richesse ou la quête d’éloges et de lauriers deviennent des fins en soi, on se trouve en présence d’une forme d’idolâtrie. L’idolâtrie peut exister dans le communisme, le libéralisme, l’athéisme ou l’humanisme. L’homme choisit ou de s’attacher au Tout-puissant en Le servant, ou de créer une illusion à laquelle il se liera. En matière de choix, il n’y a pas d’autre possibilité.

LA SIGNIFICATION DE LA VIE

Ou bien l’homme s’attache à quelque chose, n’importe quoi, plus grand que lui, ou il essaye de se perdre et de se réfugier dans une réalité insignifiante. La technologie a fourni à l’homme beaucoup d’occasions de se perdre.

Combien d’heures passe-t-on à contempler les douleurs et les plaisirs des autres devant la télévision ou les films ? Combien d’argent dépense-t-on en alcools et en d’autres drogues en cherchant à échapper aux confrontations de la vie ? Ces évasions ne fournissent pas le vrai bonheur. Elles ne font qu’émousser les sensibilités à la douleur de ceux qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes et dont la vie est dépourvue de signification.

 

RIEN A ADORER

 

Il est important de relever que la conséquence la plus essentielle de la non-perception de Hachem comme absolu est qu’elle étouffe toute envie de Le servir, car elle ne laisse plus aucune place à une véritable adoration. (Idéalement, la ‘avoda [« service » ou « adoration »] implique l’accomplissement de la Volonté du Tout-puissant par amour et une envie d’être près de la Source de toute existence). Si Hachem n’est pas absolu, Il n’est pas plus qu’un surhomme. La différence entre l’homme et Hachem devient quantitative, et non qualitative.

Nous sommes habitués à une hiérarchie des pouvoirs. Et si Hachem était seulement plus puissant que l’homme, dans un sens humain et non divin ? Le Président de la République, lui aussi, est plus puissant que nous, ce qui ne nous empêche pas de nous opposer à lui politiquement. L’homme peut à la fois éviter et manipuler quelqu’un de plus puissant que lui, ce qui veut dire que jamais il ne le servira. Car pour que l’homme rende un culte, pour qu’il s’abaisse à supplier Hachem, il faut que le Tout-puissant soit substantiellement différent de lui. La différence entre Hachem et l’homme doit être qualitative, et non simplement quantitative.

 

L’IDOLÂTRIE EN TANT QUE MONNAIE D’ECHANGE

 

Mais alors, pourquoi existe-t-il tant de civilisations adorant des idoles ? Une idole n’a pas d’existence absolue, elle n’a d’existence que contingente. Elle a, comme ceux qui l’adorent, des besoins et donc des limitations et des faiblesses. La conscience humaine de cette dépendance incite à ne voir en l’idole qu’un partenaire en affaires, celui à qui on offre un cadeau en échange d’un service rendu. On ne l’adore qu’aussi longtemps qu’elle procure quelque avantage. Tout au long de l’histoire, les divinités qui ont été favorisées ont été celles qui pouvaient faire pleuvoir ou procurer la victoire à leurs adorateurs. Cette forme de culte, un prêté pour un rendu, est égoïste et ne représente pas une soumission sincère. L’idole n’existe que par sa faiblesse inhérente, celle qui rend impossible toute soumission réelle.
Ce qui nous rattache au Tout-Puissant, c’est la conscience que nous possédons de Son existence absolue comme seule et unique source de la nôtre. Notre soumission à Son égard s’appuie sur la connaissance qu’Il est la Cause de l’univers entier et de toute l’expérience que l’on y possède. Cette connaissance a pour effet nécessaire de nous faire acquérir la conviction que nous n’avons pas d’existence du tout. C’est ainsi que Moché rabbènou a déclaré : « … car que sommes-nous ? » (Exode 16, 7 ; voir ‘Houlin 89a). Avoir conscience que l’on n’est rien d’autre qu’une création de Hachem et avoir conscience de toutes les implications de cette réalité, voilà la manière la plus élevée de L’adorer.

 

LA SEULE ENTITE PERMANENTE

 

Il existe une autre conséquence du fait que Hachem est absolu : c’est son immuabilité. Les créatures sont affectées par une foule de facteurs qui les font changer constamment . On dépend de quelque chose et quand cette chose est changée, on doit changer aussi. Hachem, qui ne dépend de rien et qui n’a d’autre cause ou source que Lui-même, est invariable.

 

LE MONDE A VENIR

 

La croyance en l’existence d’un monde à venir s’appuie, elle aussi, sur ce premier principe. Quelle est la différence entre ce monde-ci et le monde à venir ? Ce monde-ci est éphémère, transitoire, il n’est rien d’autre qu’un clin d’œil. Le monde à venir est réel, effectif et éternel. Mais la réalité du monde à venir dépend nécessairement de la réalité de Hachem, de Son existence absolue.

Cet article est un extrait de : Fundamentals and Faith : Insights into the Rambam’s 13 Principles, du Rabbin Mordekhaï Blumenfeld.

 

Traduction et adaptation de Jacques Kohn

 

 

Série "Les 13 articles de Foi de Maimonide"
 
 
 
article 2 l'Unité de D.ieu


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Mordechaï BLUMENFELD
  Liens vers les articles du même auteur (11 articles)


COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  2
rambam - 13 Mars 2006 - par Lemoine jean émile
excellent commentaire. Toda raba.
Maimonides - 31 Janvier 2006 - par Abitbol Mayissa-Simha <mayissa@bezeqint.net>
Kol ha Kavod, je suis tres heureuse de connaitre votre site.

Kol tuv!
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