Lorsque le tapis les dépose dans le grenier, le jour
est déjà levé. Acher dort paisiblement. Mammy Sarah
est là pour les accueillir. Elle tient le Chofar dans sa main :
- Alors mes enfants, comment était-ce ? Vous n’êtes
pas trop fatigués ?
- Oh c’était magnifique Mammy, magnifique !
- Le Prophète Elie est venu nous parler. Il a promis
de nous rendre visite. Il nous fera la surprise !
- Mammy, s’il te plaît, donne-moi vite le Chofar
!
Léa le prend, ouvre la cruche et vide son contenu dans le chofar. Etrangement
tout le sirop est absorbé, aucune goutte ne déborde. Ensuite
elle le replace dans son armoire. Pendant ce temps Mammy couche Acher et
les cousins entrent dans leurs lits, la tête remplie de rêves.
Dans la salle à manger un murmure se fait entendre :
- Alors Chofar, comment te sens-tu ? Interrogent tous les objets
en même temps.
- Mieux, bien mieux. Ecoutez ma voix, elle n’a jamais été aussi
limpide ! Je suis guéri, complètement guéri !
Le soir de Kipour arrive. Et comme prévu, Papa refuse
d’emporter le Chofar avec lui. Mais Mammy et les enfants insistent
si fort qu’il finit par céder :
- Je ne vous comprends pas, surtout vous, Mammy Sarah, vous
l’avez entendu comme moi !
- Fais nous confiance, je t’assure qu’on l’a
soigné !
- Soigné, que me racontes-tu encore !
- Essaie-le Papa, reprend David.
Papa l’essaie :
- Mais vous avez raison, jamais il n’a eu une aussi bonne
tonalité.
- C’est le sirop de Emouna ! Dit Mammy en faisant un
clin d’œil aux enfants.
- Le sirop de Emouna ?! Papa reste perplexe.
Tous partent vers la Synagogue et pendant le chemin,
les enfants racontent joyeusement et à tour de rôle leur aventure. Papa
et Réouven restent interloqués par
le récit de leurs petits.
Durant tout Kipour, Léa, David, Danny, Nathy, Ephraïm,
et Acher prient de toutes leurs forces en pensant aux paroles du Prophète
Elie et aux débordements de tendresse de D…
Kipour touche à sa fin. C’est l’heure de
la sonnerie du Chofar, elle conclue la journée entièrement consacrée
au recueillement. Le Papa de Léa porte le Chofar à sa bouche
et souffle. Il y met tout son cœur et le petit Chofar lui aussi, donne
le meilleur de lui-même. Le son qui en sort vibre dans les oreilles
et le cœur de chacun. Toute la salle est émue jusqu’aux
larmes. Personne n’avait entendu un son aussi profond, un appel aussi
fort, une « voix » aussi magnifique.
Léa est dans les bras de sa grand-mère et sourit
avec bonheur. Soudain, Acher crie :
- Regardez…Elie ! Il est venu nous voir, Danny, David,
regardez !
Toute l’assemblée tourne la tête vers la
fenêtre. On voit au loin une lumière rougeâtre qui pourrait
bien être la lumière d’un char de feu. Alors Papa souffle
encore plus fort. Le son du Chofar sort au dehors, et monte, monte, très
haut dans le ciel et se répand sur toute la terre. Il arrive enfin
aux oreilles du Machiah. C’est si beau, qu’il dit en levant la
tête :
- Ô, mon D… ! Laisses-moi avancer, que je puisse
mieux entendre l’appel de ce Chofar, et celui de l’homme qui
souffle au nom de sa ville. Avances de trois pas, répond D… assis
sur son trône de gloire. Puis il referme le grand livre de la vie,
et se penche un peu pour mieux écouter le son du petit Chofar qui
n’est plus du tout aphone.
Soigné par les enfants et avec l’aide de toutes
les perles de Emouna de la communauté, le chofar a réussi à éveiller la
tendresse du Roi des Rois en cette fin de Kipour.
Les illustrations sont de Livna Rotnemer.