C’est un vaste sujet que nous allons commencer d’examiner, l’un
des plus douloureux de l’histoire du peuple juif. Il existe actuellement
environ 1 200 livres imprimés qui examinent pourquoi c’est arrivé,
comment c’est arrivé, avec tous les détails.
Voici quelques ouvrages classiques relatifs à la Shoah :
The Holocaust, par Martin Gilbert.
The War Against the Jews 1933–1945, par Lucy S. Dawidowicz.
La nuit, par Elie Wiesel, lauréat du Prix Nobel.
Le Journal d’Anne Frank.
Hitler’s Willing Executioners : Ordinary Germans and the Holocaust, par
Daniel Jonah Goldhagen.
La destruction des Juifs d’Europe, par Raul Hilberg.
On peut également visiter :
Le Musée Yad Vashem à Jérusalem.
Le Musée de la Shoah à Washington.
Le Musée de la Tolérance à Los Angeles.
Sur Internet, on essayera : www.aish.com/holocaust/default.asp
Il n’est pas possible, dans le cadre de ce résumé d’histoire
juive, de développer amplement ce terrible événement au
cours duquel toute une nation, l’Allemagne nazie, a pris pour cible tout
un peuple, les Juifs, dont elle a assassiné systématiquement
et avec une froide cruauté six millions de ses membres. Le mot « génocide » est
celui qui le décrit le mieux, et il n’existait pas auparavant.
La Shoah jette une question à la face de toute l’humanité :
comment des peuples civilisés ont-ils pu en arriver là ?
Non seulement l’Allemagne nazie a essayé d’éliminer
les Juifs de toute la terre, mais presque aucun autre pays dans le monde n’a
levé le petit doigt pour l’en empêcher.
Il y a eu, bien sûr, des actes isolés d’héroïsme
de la part de certains non-Juifs, mais l’histoire en apporte un témoignage
muet : leur effort a été dérisoire. La plupart n’ont
rien fait quand les Juifs mouraient.
La Shoah jette une question à la face de toute l’humanité : comment des peuples civilisés ont-ils pu en arriver là ?
Nous disposons d’un indice, où transparaît la réponse à cette
question, provenant d’Adolf Hitler lui-même :
Oui, nous sommes des barbares ! Nous voulons être des barbares, c’est
un titre qui nous honore… La Providence a décrété que
je serai le plus grand libérateur de l’humanité. Je veux
libérer l’homme des… répugnants et dégradants
scrupules d’une vision erronée (une invention juive) connue sous
les noms de « conscience » et de « moralité ».
(Voir les livres de Hermann Rauschning :
Hitler Speaks et Voice of Destruction.)
Adolf Hitler
Nous allons pour commencer
explorer quelques-uns des grands mythes relatifs à Hitler.
Adolf Hitler, qui est né à Braunau (Autriche) en 1889, n’a
eu dans son enfance et son adolescence que de bons rapports avec les Juifs,
contrairement à une croyance populaire qui essaie de mettre ses actes
au compte de quelque vendetta. Dans sa jeunesse, quand il s’essayait à des
travaux d’artiste, beaucoup de ceux qui l’ont soutenu étaient
des Juifs. Bien plus, il a fréquenté de nombreux Juifs, comme
son médecin de famille ou l’officier commandant son unité pendant
la première Guerre mondiale, qui lui a attribué la Croix de Fer.
Et pourtant, malgré ces expériences positives, Hitler ressentait
une haine envers les Juifs profondément ancrée en lui-même.
Selon les enseignements de l’histoire juive, le seul peuple à éprouver
une telle aversion pathologique est celui d’Amaleq.
(Amaleq, comme nous l’avons souligné au chapitre 16, a toujours été l’ennemi
héréditaire du peuple juif à travers l’histoire.
Son ambition majeure est de débarrasser le monde des Juifs et de leur
influence morale et de ramener la planète à l’idolâtrie,
au paganisme, et à la barbarie.)
La haine de Hitler envers les Juifs n’était pas illogique.
La haine de Hitler envers
les Juifs, comme celle des Amalécites, n’était
pas illogique. On peut même dire qu’elle était rationnelle,
en ce qu’il avait un motif qu’il comprenait très bien, comme
nous allons le voir.
Hitler n’était pas fou non plus. Il avait ses névroses,
mais il n’était pas fou. Le fait est qu’il était
un brillant manipulateur politique. Nous pouvons certainement dire beaucoup
de choses horribles à son sujet, mais il a été l’un
des plus grands orateurs publics de l’histoire humaine. Celui qui sait
l’allemand comprendra que des foules de Germains blonds et aux yeux bleus
aient pu applaudir avec un tel enthousiasme un homme dont l’apparition
même contredisait tout ce qu’il prêchait. Il était
là, avec des cheveux noirs et des yeux bruns, aussi éloigné que
l’on pût être des modèles proposés par les
Aryens, la race supérieure dont il voulait peupler la terre. Et pourtant
ils lui ont été d’une totale loyauté et lui ont
sacrifié leurs vies.
Hitler a été démocratiquement élu en 1932, et il
est devenu l’année suivante Chancelier d’Allemagne. Dès
son accession au pouvoir, il a créé le camp de Dachau, non pas
comme camp de concentration pour les Juifs, ce qui viendra plus tard, mais
comme un lieu d’internement pour ses adversaires politiques. Peu à peu,
il s’empara du système démocratique très sophistiqué de
la République allemande de Weimar et en a fait un Etat totalitaire.
Une fois sa dictature en place, Hitler s’engagea dans une politique consistant à arracher
brutalement des parties entières de l’Europe.
L’Europe n’eut au début aucune réaction, et encore
moins les Etats-Unis. Hitler annexa l’Autriche à l’Allemagne
en 1938, par consentement mutuel. Puis il s’empara d’une grande
partie de la Tchécoslovaquie, à savoir une région appelée
les Sudètes, sans l’accord des Tchèques mais avec la bénédiction
des puissances européennes, notamment l’Angleterre et la France.
Le Premier ministre britannique en fonctions à cette époque,
Neville Chamberlain, montra dans son discours le peu d’intérêt
que son pays portait aux problèmes de l’Europe de l’est
:
Il est horrible, fantastique et incroyable qu’ici nous creusions des
tranchées et essayions des masques à gaz, à cause d’une
querelle dans un pays lointain entre des gens dont nous ne savons rien… Quelle
que soit notre sympathie pour une petite nation opposée à un
grand et puissant voisin, nous ne pouvons nous engager à entraîner
dans la guerre, en toutes circonstances, l’Empire britannique tout entier
pour le seul compte de cette nation.
Le 29 octobre 1938, l’Angleterre et la France conclurent à Munich
un pacte avec Hitler, promettant de regarder ailleurs… Après quoi,
Chamberlain, satisfait de voir l’Europe préservée de Hitler,
déclara :
Je crois que notre époque sera celle de la paix… la paix dans
l’honneur.
Une année après cette annonce infâme éclata la seconde
Guerre mondiale, une guerre qui fit cinquante millions de morts, démontrant
ainsi la naïveté criminelle du dirigeant d’un pays qui voulait
croire que l’on peut gagner la paix en pactisant avec le mal.
L’offensive
contre les Juifs
Trois ans avant de commencer
de défiler à travers l’Europe,
Hitler se préparait déjà à mettre au point son
programme pour se débarrasser des Juifs.
Cela commença en 1935 avec les lois de Nuremberg. Ces lois ont totalement
aboli tous les droits que les Juifs avaient obtenus dans l’Allemagne
d’après les « Lumières ».
Longtemps avant les « Lumières », les Juifs étaient
haïs parce qu’ils étaient différents et qu’ils
refusaient de s’assimiler. Puis l’Allemagne, après les « Lumières »,
a été le pays où ils ont pu s’assimiler le plus
facilement (voir chapitres 53 et 54). C’est dans ce même pays,
maintenant, qu’on les haïssait parce qu’ils s’étaient
trop bien mélangés. Hitler était hanté, comme dans
un cauchemar, par la crainte de voir les Juifs et les Allemands se marier ensemble
et corrompre le patrimoine génétique de la race des Maîtres.
D’où les lois suivantes, destinées à préserver « la
pureté du sang allemand » :
–
Interdiction des mariages entre Juifs et sujets de sang allemand ou d’ascendance
allemande.
–
Interdiction des relations extraconjugales entre Juifs et sujets de sang allemand
ou d’ascendance allemande.
–
Un citoyen du Reich doit être obligatoirement un Allemand de sang allemand,
et il doit montrer par sa conduite qu’il est à la fois désireux
et apte à servir dans la foi du peuple allemand et du Reich. Seul le
citoyen du Reich est titulaire de droits politiques.
–
Un Juif ne peut pas être un citoyen du Reich. Il ne possède pas
le droit de vote. Il ne peut occuper de fonction publique.
–
Il est interdit aux Juifs d’arborer le drapeau national du Reich ou de
porter les couleurs nationales.
Systématiquement, les Juifs ont perdu leur citoyenneté, leurs
droits politiques, leurs droits économiques.
C’est alors qu’a commencé la violence.
Portes closes
La première explosion majeure de violence nazie contre les Juifs
a été la Kristallnacht – la « nuit du verre brisé ». Elle a
eu lieu le 9 novembre 1938. Cette nuit-là, 191 synagogues ont été détruites
et 91 Juifs ont été tués, beaucoup après avoir été frappés à mort.
Ensuite, 30 000 Juifs ont été arrêtés et condamnés à une
amende d’un milliard de Marks (soit environ 400 millions de Dollars)
pour le dommages qui avaient été causés par les Allemands.
Ç’
en était trop ! Beaucoup d’entre eux ont alors essayé de
quitter l’Allemagne. Malheureusement, très peu d’endroits
dans le monde les ont acceptés. Par exemple, quand on demanda au ministre
des Affaires Etrangères du Canada combien de Juifs son pays allait accueillir,
il répondit : « Aucun, et c’est encore trop ! »
Quand on demanda au ministre des Affaires Etrangères du Canada combien de Juifs son pays allait accueillir, il répondit : « Aucun, et c’est encore trop ! »
Le Etats-Unis, où régnait, comme nous l’avons vu au chapitre
59, un fort courant antisémite, n’en acceptèrent que 200
000.
Même quand il devint clair que les Allemands persécutaient les
Juifs, le Département d’Etat américain imposa des conditions
si strictes à leur admission dans ce pays que 75 % des contingents d’entrée
auxquels ils auraient eu droit ne furent pas attribués. On ne peut que
s’étonner que tant de Juifs qui auraient pu, en théorie,
partir en Amérique, n’aient pas rempli ces conditions.
Tout comptes faits, ce sont environ 800 000 Juifs qui ont effectivement trouvé refuge
dans divers pays du monde. Mais la majorité n’a pas pu sortir
d’Allemagne.
(Pour plus de détails sur ce sujet, on pourra lire : While Six Million
Died: A Chronicle of American Apathy, par Arthur D. Morse, un ouvrage contenant
des accusations cinglantes.)
La seconde Guerre mondiale
La seconde Guerre mondiale
commença le 1er septembre 1939, quand
l’Allemagne
envahit la Pologne.
Cette invasion déclencha l’entrée en guerre contre l’Allemagne
de l’Angleterre et de la France. Le 22 juin 1940, la France signa un
armistice avec l’Allemagne, laissant l’Angleterre continuer seule
la lutte. Les Etats-Unis n’ouvrirent les hostilités qu’en
1941, après que le Japon eut bombardé Pearl Harbor.
A ce moment-là, presque toute l’Europe était sous le contrôle
de Hitler. Les Allemands s’étaient montrés particulièrement
habiles dans la conduite des opérations militaires. Ils avaient développé l’utilisation
des blindés avec soutien aérien ce qu’ils appelaient
le blitzkrieg, c’est à dire la « guerre-éclair » et
aucune armée n’avaient pu les arrêter.
D’abord les Russes, puis les Britanniques et les Américains, les
ont finalement contenus, mais il leur a fallu de nombreuses années et
le coût en vies humaines a été particulièrement élevé.
Au début du conflit, Hitler avait signé un pacte de non-agression
avec Staline, mais en juin 1941, il le viola et envahit l’Union Soviétique.
Ici aussi, les Allemands enregistrèrent au début de nombreux
succès, et ce parce que Staline avait purgé son armée
de tous ses généraux compétents : Il les avait tous fait
tuer.
Les Einsatzgruppen, unités allemandes spéciales, ont commencé d’exécuter les Juifs.
Au début, les Allemands se sont enfoncés en Union Soviétique
comme par une promenade. Et sur leur chemin se trouvaient de nombreux Juifs.
Aussitôt, Hitler inaugura sa campagne en vue de les éliminer.
Les
Einsatzgruppen, unités allemandes spéciales, ont commencé d’exécuter
systématiquement les gens et environ un million et demi de Juifs ont été tués
rien que par eux. Ils les rassemblaient, habituellement au sommet d’un
profond ravin ou devant une fosse qu’ils étaient souvent forcés
de creuser eux-mêmes, et ils étaient alors mitraillés.
Ceux qui ne mouraient pas immédiatement de leurs blessures par balles étaient
enterrés vivants.
C’est ce qui est arrivé dans la forêt de Babi Yar près
de Kiev, en Ukraine. A cet endroit, selon les archives « officielles » allemandes,
33 782 hommes, femmes et enfants furent exécutés au-dessus d’un
ravin en septembre 1941.
Mais le pire restait à venir.
Notre prochain chapitre : La solution finale.
Traduction et
adaptation de l’anglais
par Jacques KOHN