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La moralité ne peut pas être divisée en secteurs plus ou moins importants, au gré des convenances personnelles ou collectives.
L’extase et l’élévation spirituelle qui ont accompagné la construction et l’inauguration du Michkan, avec la présence divine qui les a accompagnées, ont été renforcées par la consécration des kohanim, les drapeaux, la répartition des tribus dans leurs campements et l’allumage de la menora. Mais il s’est produit ensuite, après cette description dans notre paracha et dans les précédentes, une régression vers une quête de matérialisme. On a assisté à des récriminations et à des gémissements à cause du manque de viande, accompagnés d’une évocation nostalgique de ce que l’on mangeait en Egypte. On peut noter à ce sujet un parallèle étonnant entre ce comportement rétrograde et le paragraphe suivant du Choul‘han ‘aroukh, dont la vocation est de l’empêcher :

« [Le matin, après la prière dans la synagogue et l’étude au Beith hamidrach], on part vaquer à ses activités, car toute Torah qui n’est pas accompagnée d’un gagne pain est destinée à être perdue et à conduire au péché. Mais on ne doit pas faire de son gagne pain l’essentiel, seulement une activité secondaire et provisoire, tandis que l’étude de la Torah doit être le principal. C’est alors seulement que les deux se maintiendront. On doit faire du commerce dans la foi… » (Choul‘han ‘aroukh, Ora‘h ‘hayim 156, 1).

« Le peuple était comme en deuil… Et le ramassis qui était au milieu d’eux s’éprit de convoitise, et les enfants d’Israël aussi se mirent encore à pleurer, et dirent : “Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons du poisson que nous mangions en Egypte pour rien, des concombres, et des melons, et des poireaux, et des oignons, et de l’ail. Mais maintenant notre âme est desséchée, il n’y a rien, si ce n’est la manne…” » (Bamidbar 11, 1 à 6).

La première plainte formulée par les enfants d’Israël s’inquiétait de savoir qui allait leur donner de la viande à manger. La façon dont ils l’ont formulée établissait à l’évidence qu’ils n’envisageaient pas que Dieu pût effectivement pourvoir aux besoins de toutes Ses créatures. Ils ont ainsi nié le fondement même de l’éthique juive en matière de commerce et d’économie. A défaut de cette éthique, l’incertitude des marchés et la recherche des satisfactions aux besoins et aux caprices humains mènent à des comportements immoraux. Car c’est alors que les gens trichent et prennent des libertés dans leur commerce pour se protéger contre cette incertitude. Cette attitude n’a rien à voir avec le désir, légitime celui là, de se protéger par des polices d’assurance, par des investissements et par des économies. Les mouvements sociaux et certains comportements liés à l’emploi par lesquels on troque sa liberté contre une sécurité économique sont aussi des exemples de ces sentiments d’incertitude et de cette recherche de protection. Le seul moyen de se garantir contre cette incertitude est de croire fermement que c’est Dieu qui pourvoit à nos besoins. Cette croyance, selon le ‘Aroukh hachoul‘han, est la véritable signification de la foi nécessaire pour pratiquer le commerce, telle qu’elle est évoquée dans la citation du Choul‘han ‘aroukh citée ci dessus. Gardons toujours présent à l’esprit que celui qui n’affirme pas cela en déclarant avec conviction dans Achrei : « Tu ouvres Ta main, et Tu rassasies à souhait tout ce qui a vie » (Psaumes 145, 16) n’a pas accompli ce qu’attend de lui la halakha.

Est il vraiment imaginable qu’on les ait nourris gratuitement en Egypte ? Leurs contremaîtres égyptiens, ceux là mêmes qui refusaient de leur donner de la paille pour fabriquer les briques (Chemoth 5, 7), seraient ils allés jusqu’à les alimenter ? Certains commentateurs, comme le Ramban, expliquent qu’ils ont volé du poisson dans les étangs du roi, alors qu’il semble, en réalité, qu’ils ont voulu « s’affranchir » d’où l’idée de « gratuité » des mitswoth (Sifri). Ils ont aspiré, en d’autres termes, à ce que toute leur activité commerciale et économique soit libérée des contraintes et des limitations placées sur eux par la Torah. C’est précisément pour nous empêcher de commettre la même erreur que les auteurs du Tour et du Choul‘han ‘aroukh ont placé le texte cité ci dessus immédiatement après la spiritualité de la prière et la présence de Dieu dans la Torah, alors que les murmures se sont exprimés après les sommets de dévotion contenus dans les chapitres précédents. « Il est beau de combiner l’étude de la Torah avec une activité professionnelle, car leur association éloigne la pensée du péché » (Pirqei avoth 2, 2). Grâce à eux seront évités les péchés qui résultent de l’incrédulité en la Providence Divine.

Mais les murmures et les plaintes ont atteint leur comble lorsqu’ils ont déclaré qu’ils en avaient assez de la manne, insatisfaction qui ne s’est pas seulement associée aux attitudes ci dessus évoquées concernant la façon de gagner et de dépenser de l’argent, mais qui leur a ajouté une nouvelle dimension.

La manne exigeait une foi en la capacité de Dieu de fournir leur pain quotidien à Ses créatures. Cette exigence de foi inconditionnelle les exposait à une incertitude à laquelle ils ne pouvaient ni ne voulaient faire face. En outre, ils ne voulaient pas que leurs besoins et leurs exigences naturelles fussent satisfaits publiquement et visiblement par le Ciel, aux commandements duquel ils auraient alors à obéir. C’était là quelque chose qu’ils auraient préféré ignorer dans le domaine des activités économiques, souhaitant les mener sans la contrainte exercée par les mitswoth.

De plus, la manne leur parvenait chaque jour en quantités mesurées, les privant de toute possibilité de stockage et de tout moyen d’exercer une domination sur autrui. C’était une « économie de suffisance », c’est à dire une économie qui se contentait de pourvoir à ce qui suffit aux consommateurs, et contre laquelle ils ont protesté dès le premier jour. On leur avait demandé de ne ramasser de cette nourriture que pour les besoins d’une seule journée. Quand ils ont désobéi, ils ont constaté que le surplus s’était avarié (Chemoth 16, 16 à 24).

Il nous est facile de critiquer nos ancêtres et de railler leur incapacité d’obéir à Dieu. Et pourtant nous faisons exactement la même chose, et pour strictement la même raison. Nos systèmes économiques, au plan personnel comme au plan collectif, s’appuyent sur le principe selon lequel « mieux vaut avoir plus que moins ». Ce principe résulte notamment de notre incertitude quant à l’avenir qui nous attend, et aussi de notre avidité. Etant donné que les désirs sont illimités tout comme l’avidité, c’est là une recette sûre pour un comportement contraire à la morale. Cette recette offre cependant aussi les moyens d’employer nos richesses et nos dons à harceler, exploiter et humilier ceux qui sont plus faibles ou plus pauvres que nous. C’est ce que le vidouï (« confession ») de Yom Kippour appelle : ‘azouz metsa‘h et : immouts halèv, et qui s’exprime dans nos attitudes et nos gestes envers nos employés, nos débiteurs et souvent aussi envers nos clients et fournisseurs. En outre, nous déployons d’autant plus d’efforts à la tâche qu’ils nous procurent un statut social plus élevé et une puissance accrue. Pour toutes ces raisons, nous sommes portés, comme nos ancêtres, à accumuler plus que nous mêmes et nos enfants, parfois même nos petits enfants, ne pourrons jamais utiliser ou consommer. Nous ne pouvons pas vivre, pas plus que les Hébreux dans le désert, dans cette « économie de suffisance » symbolisée par la manne.

Pour la Torah, il est clair que la moralité ne peut pas être divisée en secteurs plus ou moins importants, au gré des convenances personnelles ou collectives. Notre paracha est un exemple de cette indivisibilité de la morale : « Moïse entendit le peuple pleurant dans ses familles » (Bamidbar 11, 10). S’ils ont pleuré, c’est à cause de la nourriture, mais aussi, ainsi que nous l’apprend le Talmud (Chabbath 130a), à cause des restrictions imposées à leur vie de famille dans la parachath A‘harei moth (Wayiqra 18, 1 à 18). Ils ont pleuré à cause de l’alourdissement de la liste des rapports sexuels interdits, plus sévère que celle applicable aux Noa‘hides.

 

Traduction et adaptation par Jacques KOHN


A PROPOS DE L'AUTEUR
Méir Tamari
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