Certains sacrifices peuvent être présentés sous trois formes : un mouton, deux oiseaux ou une mesure de farine, selon les aptitudes financières de celui qui les offre.Il existe également diverses sortes d'oblations, et les rabbins expliquent qu'elles sont généralement offertes par des indigents qui ne peuvent pas fournir un animal.
LES LEçONS DE L'OBLATION ET DES PRéMICES
Même si l'offande des pauvres est modeste, la Torah ne veut pas qu'ils la sentent insignifiante.
Une des conditions pour une oblation était qu'elle fût découpée en morceaux avant d'être offerte (Lévitique 2, 6).
Le Rabbin Aharon Bakst, rabbin de Shavli, Lituanie (martyrisé en 1941 par les Nazis), expliquait que l'homme pauvre pourrait être embarrassé par la petite taille de son offre. Aussi la Torah insiste-t-elle pour qu'elle soit débitée afin qu'elle remplisse la poêle et qu'elle paraisse plus grande. De même, quand un oiseau est offert en sacrifice, la Torah interdit au prêtre de séparer ses ailes (ibid. 1, 17). Cela causerait, en effet, l'incinération immédiate de l'oiseau, et l'homme pauvre s'offusquerait de voir ce qu'il avait préparé si soigneusement se consumer aussi vite, tandis qu'un bœuf, offert par plus riche que lui, durerait beaucoup longtemps sur l'autel.
La Torah essaie ainsi de nous apprendre à nous montrer compatissants envers ceux qui sont moins fortunés que nous et qui font des efforts gigantesques pour conserver leur dignité.
On en trouvera un autre exemple dans le commandement de Bikourim (" premiers fruits "). Le Michna énonce que lorsque des gens riches apportaient leurs premiers fruits dans des paniers coûteux, on les leur rendait, tandis que les pauvres faisaient abandon de leurs paniers moins décoratifs en même temps que des fruits. Le rabbin Bakst indique que cette coutume avait pour but de protéger l'honneur du pauvre.
D'une manière générale, en effet, les pauvres apportaient moins de fruits et de moindre qualité, de sorte que si le prêtre les avait sortis du panier et s'il avait restitué ce dernier aux donateurs, ils auraient été remplis de honte du fait de l'indigence de leur contribution. Voilà pourquoi les prêtres retenaient également le panier, afin que les prémices paraissent plus substantiels. Bien que leur cadeau fût modeste, la Torah ne voulait pas qu'ils le sentent minable et insignifiant.
RECHERCHER LES VRAIeS QUALITéS
Nous pouvons adoucir les conséquences sociales de la pauvreté en évitant de juger les gens sur leur apparence, leur portefeuille ou leur lignage.
Un des domaines où la pauvreté joue un rôle essentiel est celui du mariage. Bien que les qualités requises pour un bon conjoint puissent être trouvées chez beaucoup de pauvres - la bonté, la sagesse, la patience et la crainte de D.ieu, etc. - la plupart des gens portent invariablement leurs regards sur des traits superficiels comme la richesse, la classe sociale et l'apparence.
Une cérémonie des plus inhabituelles avait lieu deux fois par an dans l'ancien Israël.
Les jeunes filles qui avaient atteint l'âge de se marier sortaient de leurs maisons habillées de " vêtements blancs empruntés ", et elles essayaient de décrire à leurs époux éventuels leurs mérites propres dans l'espoir d'attirer un partenaire convenable. Le Talmud (Ta'anith 30a) explique qu'elles portaient des vêtements empruntés " afin de ne pas embarrasser celles qui n'en possédaient pas ".
Il devait exister, à mon avis, une autre raison à cette coutume : la nécessité de réduire l'effet que les apparences extérieures exercent sur les gens, de sorte que les rabbins préféraient que les gens qui cherchaient un conjoint n'étalent pas leurs plus beaux vêtements et leurs plus belles parures. De cette façon, les pauvres avaient une juste chance de présenter leurs vraies qualités sans se sentir inférieurs à plus riches qu'eux.
Le message que toutes ces sources semblent nous transmettre est que, même si nous ne pouvons pas effacer le fléau de la pauvreté, nous pouvons faire beaucoup pour en adoucir les conséquences sociales les plus néfastes en nous montrant généreux envers le pauvre.
Si D.ieu peut dire (Rachi sur Lévitique 2, 1) qu'Il " considère le pauvre qui offre une oblation comme si c'est sa propre vie qu'il avait offerte ", il nous incombe de L'imiter et d'apprécier les moindres cadeaux apparemment insignifiants que nous recevons d'autrui.
Gardons-nous également de juger les gens sur ce qu'ils gagnent ou sur leur lignage, et faisons notre possible pour que les moins fortunés que nous se sentent à l'aise avec ce qu'ils ont, même s'ils nous apparaissent très humbles et très pitoyables.
Traduction et Adaptation de Jacques KOHN.