Parmi la multitude infiniment
variée des créatures, l'escargot est l'une des plus remarquables,
du fait surtout qu'elle porte sa maison sur le dos. Ce foyer portatif lui est
aussi une cuirasse protectrice où elle se retire en cas de péril.
C'est une armure d'une solidité à toute épreuve, dont l'abri
assure au petit animal une sécurité pratiquement absolue.
L'escargot suggère
fréquemment l'idée d'une forteresse naturelle, d'un véritable
char d'assaut naturel, et l'on sait l'importance que revêtent les tanks
dans une bataille.
Les naturalistes ont pu
dénombrer jusqu'à présent rien moins que trois cents espèces
différentes d'escargots. Il en est de fort petits, mais il y en a d'autres,
gigantesques, qui peuvent atteindre un poids de 750 kilos et une taille de huit
pieds. Ceux ci vivent sous les tropiques. Dans les eaux chaudes américaines,
aussi, on peut en trouver qui ne sont guère négligeables par leur
poids, qui varie entre cinquante et cent kilos. C'est le cas de " l'escargot-crocodile
", qui a son habitat dans les mers de Floride.
Certaines espèces
vivent sur la terre ferme ; d'autres, dans les océans et les mers. Les
espèces géantes ont un habitat maritime. La vie est beaucoup plus
périlleuse en mer que sur la terre ferme ; aussi, le Créateur
a t'Il doté les escargots de mer d'un corps assez puissant pour qu'ils
puissent se défendre contre les gigantesques poissons voraces qui les
y guettent et les y pourchassent.
Par surcroît, ils
y jouissent de cet étonnant pouvoir de reproduction dont Dieu a béni
tout ce qui vit dans les mers. C'est ainsi que les escargots maritimes pondent
de 100 à 150 oeufs plusieurs fois dans l'année, tandis que les
escargots des continents, y compris ceux qui vivent dans les lacs, où
la vie est bien moins exposée au danger, n'en pondent que six à
douze par an.
LES ESCARGOTS,
COMME LES OURS
Les escargots de la terre
ferme ont l'habitude d'hiverner, à la manière des ours. Ils s'ensevelissent
sous un amas de feuilles et de boue près d'un arbre et se tiennent immobiles
tout l'hiver durant, sans donner aucun signe de vie. Ils ne mangent, ni ne boivent,
et ne respirent qu'à peine. De ce fait, leur croissance est elle même
interrompue pendant la saison froide. Tout se passe comme s'ils étaient
morts. On dit de tous les hivernants que, durant leur long sommeil, ils sont
réduits à l'état de " vie latente ".
Quand vient le printemps,
les rayons et la chaleur du soleil les réveillent de leur longue léthargie.
Ils se lèvent affamés et se mettent à dévorer tout
ce qui leur tombe sous la dent : champignons, brins d'herbe, vers, etc. En fait,
les escargots n'ont pas de dents, mais ils sont dotés, en revanche, de
lèvres dures et effilées. Ils ne mâchent pas ce qu'ils avalent.
Presque aussitôt après
son réveil printanier, l'escargot pond ses six ou douze oeufs, qu'il
enterre en un endroit bien ensoleillé. Les oeufs n'éclosent qu'à
la fin de l'été, voire - si la saison est ratée - au début
du printemps suivant.
CINQ ANS, CINQ CENTIMÈTRES
Le bébé escargot
a la taille approximative d'une pièce de 20 centimes. Il lui faut cinq
années pour atteindre les cinq centimètres, qui caractérisent
la taille adulte. C'est le moment aussi où la cuirasse atteint le degré
de dureté optimum et où l'escargot commence à se montrer
beaucoup moins craintif, dans la certitude de se pouvoir fier à son armure
en cas de danger.
La croissance de l'escargot
ne s'arrête jamais, mais, à partir de l'âge de cinq ans,
elle est très lente et très faible.
Avec de la chance et beaucoup de prudence, un escargot peut atteindre un âge
fort avancé : de 80 à 100 ans.
Dépourvu d'oreilles,
l'escargot " entend " cependant fort bien, car il capte le moindre
mouvement qui se produit dans ses environs sur le sol ou dans l'eau. Par contre,
la vue de l'escargot est de tout premier ordre : il est impossible de l'observer
sans en être remarqué.
L'escargot nacré,
dont la coquille est d'une surprenante beauté, comme ciselée dans
une matière précieuse par un Benvenuto Cellini, sert à
l'alimentation (chez les non-Juifs, évidemment). Les escargots verts
de grande taille, que l'on trouve sous les tropiques, sont pourchassés
aussi pour leur chair.
SA MAISON ET SON ARMURE
C'est la coquille qui constitue
sans nul doute l'aspect le plus remarquable de l'escargot. C'est, à la
fois, une maison et une armure, qu'il porte ainsi sur le dos. Il arrive parfois
qu'un de ces petits animaux s'empiffre par gourmandise au point de ne plus s'y
pouvoir retrancher en cas de péril. Cela revient à dire que, pour
l'escargot, la gourmandise est pêché mortel ; incapable d'user
de sa protection naturelle quand il se livre à ce vice, il se voue à
l'extermination.
Enfin, la Torah et les Mitzvoth
sont notre cuirasse, comme la coquille l'est pour l'escargot. La loi d'équité
et de solidarité humaine, surtout, est comparée à une armure.
Plus un juif agit dans ce sens, plus forte est la barrière protectrice
dont il entoure sa personne, plus certaine la sécurité qui le
garantit contre les périls de l'existence !
Il va de soi que la cuirasse
croît avec l'escargot. La croissance s'interrompt au début de l'hiver
pour reprendre à l'orée du printemps. Cela produit des anneaux
sur la coquille. Chaque anneau correspond à une année d'âge.
Cela ressemble beaucoup à ce qui se passe pour l'arbre qui, lui aussi,
interrompt sa croissance en hiver et présente, en coupe horizontale,
des anneaux concentriques, dont chacun correspond à une année
d'âge. Comme on peut évaluer ainsi l'âge d'un arbre, on peut
y parvenir par le même procédé chez l'escargot.
LEÇONS A TIRER
De tout ce que le Créateur
a fait dans ce bel et vaste monde, il est possible de déduire quelque
leçon. Nul doute que nous pouvons retirer quelque utile enseignement
aussi de la vie de l'escargot.
Le pouvoir qu'il a de se
nuire davantage que ne pourraient le faire ses pires ennemis, simplement en
montrant trop de voracité, nous met en garde contre la gourmandise.
Non sans intérêt
est aussi le fait que la coquille, foyer, armure et vêtement à
la fois de l'escargot, croît avec l'animal. Il s'est produit un fait semblable
avec nos ancêtres dans le désert du Sinaï : on sait que, durant
les quarante années de leurs pérégrinations, leurs vêtements
grandissaient avec leurs personnes.
Enfin, la Torah et les Mitzvoth
sont notre cuirasse, comme la coquille l'est pour l'escargot. La loi d'équité
et de solidarité humaine, surtout, est comparée à une armure.
Plus un homme agit dans ce sens, plus forte est la barrière protectrice
dont il entoure sa personne, plus certaine la sécurité qui le
garantit contre les périls de l'existence !