Le monde entier chante l'amour et en rêve. Mais savons-nous seulement
ce que signifie le mot " amour " ?
L'amour est le plaisir émotionnel consistant à percevoir les vertus
d'autrui. Ainsi que l'a écrit Maïmonide, " on ne peut aimer
que selon le degré de connaissance que l'on a de l'objet de son amour.
Si on le connaît un peu, on peut l'aimer un peu. Et si on le connaît
beaucoup, on peut l'aimer beaucoup ". (Lois de la Techouva 10, 6).
" Aimer Hachem "
constitue une mitsva " permanente ". A certains égards, elle
est facile à observer, dans la mesure où tout ce qui touche à
Hachem est vertueux par essence. Cependant, l'enjeu dépend totalement
du degré que nous avons dans Sa " connaissance ".
La Tora définit trois manières fondamentales de développer
l'amour de Hachem : " Tu aimeras Hachem, ton Dieu, de tout ton cœur
et de toute ton âme et de tout ton pouvoir " (Deutéronome
6, 5).
Que veut dire aimer Hachem
" de tout son cœur " ? Il faut que notre plus profond désir
soit d'accomplir Sa volonté. Soit, par exemple, quelqu'un à qui
l'on promet un bel avenir professionnel, mais qui devra pour cela travailler
le Chabbath.
L'amour de Hachem signifie
que si notre carrière ne s'aligne pas sur ce qu'Il nous demande, il faudra
se résigner à y renoncer. Non pas parce que l'on consent à
souffrir, mais car ce n'est plus l'objet de notre désir. Nous aurons
atteint le niveau où notre volonté, et celle de Hachem, n'en formeront
plus qu'une.
Que veut dire aimer Hachem
" de toute son âme " ? Cela signifie employer toute son énergie
et tous ses talents à Le servir. Même si cela implique douleurs
ou humiliations. Et même s'il faut pour cela faire le sacrifice de sa
vie.
Aimer Hachem " de tout
son pouvoir " signifie utiliser toutes ses ressources matérielles
pour Le servir, notamment en dépensant son argent pour des mitsvot,
en contribuant aux œuvres de charité, et en renonçant à
des occasions commerciales qui impliqueraient la transgression d'une mitsva.
Voyons quels sont les outils
spécifiques permettant de développer l'amour de Hachem dans chacun
de ces domaines.
Méthode N°
1 : la nature
Quand quelqu'un nous offre
un cadeau, notre réaction naturelle est d'aimer la source de ce cadeau.
Le monde de la nature - avec tout son génie, sa beauté et sa symétrie
extraordinaires - est un don de Hachem.
Maïmonide a écrit (Fondements de la Tora 2, 2) :
Quel est le sentier pour
aimer (et craindre) Hachem ? Quand on considère les grands et merveilleux
actes de la création qu'Il a accomplis, et que l'on y voit un génie
auquel rien ne se compare, alors on aimera, complimentera, glorifiera automatiquement
et l'on désirera profondément connaître la grandeur de Hachem.
Les merveilles de la création
sont sans fin. Les oiseaux, les fleurs, les cimes montagneuses, les nourrissons,
l'équilibre de l'écosystème, la complexité du corps
humain ne sont que prodiges. Et plus la science fait des découvertes,
plus on voit apparaître de nouveaux motifs d'admiration.
L'une des premières questions que l'on nous posera lorsque nous monterons au Ciel sera : " Est-ce que vous avez goûté à tous les fruits de Hachem ? "
LeTalmud enseigne qu'une des premières questions que l'on nous posera quand
nous monterons au Ciel sera : " Est-ce que vous avez goûté
à tous les fruits de Hachem ? " La beauté des fruits ne réside
pas simplement dans leurs vertus nutritives, mais elle inclut aussi de nombreux
bienfaits comme le goût, la texture, la couleur et la forme. On nous demandera
: " Avez-vous goûté à tous les fruits ? " - autrement
dit, avez-vous apprécié les dons de Hachem dans ce monde-ci ?
Comment apprécions-nous
la valeur d'un cadeau de Hachem ? En mettant l'accent sur le fait que ce qui
nous manque n'est rien en comparaison de ce que nous avons déjà.
Considérons nos yeux, par exemple. Nous ne pourrions pas acheter un œil,
même pour tut l'argent du monde. Et pourtant Hachem nous a donné
une paire d'yeux qui travaillent avec plus de précision et plus d'efficacité
que les systèmes informatisés de vision numérique les plus
sophistiqués. Et cela sans qu'il nous en coûte rien !
Considérons le processus
de la Genèse, et considérons Celui qui en a été
la source. Cela nous amène à aimer Hachem " de tout notre
pouvoir ".-
Comment cela ? Imaginons quelqu'un qui nous offrirait une voiture en cadeau,
et qui nous demanderait ensuite la permission de nous l'emprunter. Ne serait-ce
pas pour nous un plaisir de lui permettre de l'utiliser ?
De même, si Hachem
nous demande de redistribuer 10 % de notre revenu à des activités
charitables, ou d'accrocher une mezouza à notre porte, comment pourrions-nous
protester ?
Méthode N°
2 : L'histoire
Le véritable amour
de Hachem va plus loin. Ce n'est pas parce que quelqu'un nous a offert une voiture
que nous allons passer notre vie à l'aider.
Pour augmenter cet amour, étudions notre propre histoire.
Considérons tout
ce que Hachem nous donne comme forces et comme aptitudes. Il entretient notre
respiration et fait fonctionner nos organes. Il nous aide à trouver un
emploi, à découvrir un conjoint, à nous faire construire
un logement. Et Il nous donne la vie elle-même.
Hachem est notre Dieu individuel
et personnel. Voilà pourquoi le verset dit de l'aimer " de tout
notre cœur et de toute notre âme et de tout notre pouvoir ".
Quand il nous arrive de
nous heurter à des difficultés, ce n'est pas parce que nous avons
réussi à survivre après avoir lutté. Bien au contraire,
Hachem nous a montré la voie à suivre et nous a permis de progresser.
Il règle les événements selon les circonstances propres
à chacun, pour nous guider à chaque étape et à chaque
moment.
L'intuition nous dit que
le monde possède une signification intrinsèque. Sinon, pourquoi
se donner tout ce mal pour se lever de son lit ?
Rien n'arrive par hasard. Hachem nous met à l'épreuve et nous
envoie constamment des messages.
Ce ne sont pas des punitions.
Tout ce qu'Il veut, c'est nous réveiller. De même qu'il nous comble
de cadeaux, de même envoie-t-Il un signal si nous partons à la
dérive. Hachem dit : " Voulez-vous vraiment que la vie ait une signification
? Voulez-vous vous perfectionner ? Peut-être suivez-vous la mauvaise route
! C'est Moi, Hachem. Faites attention ! "
La coopération de
Hachem opère également au plan de la nation. Celui qui appartient
à la famille éternelle du judaïsme doit se rendre compte
de ce que Hachem a réalisé pour lui transmettre son précieux
héritage. Il vaut la peine d'étudier l'histoire du monde pour
voir comment Hachem a perpétué, contre toute attente, la survie
du peuple juif.
Si quelqu'un nous a prouvé
qu'il était prêt à tous les efforts - jusqu'à nous
sauver la vie - notre niveau de reconnaissance sera incommensurable. Hachem
a fait cela, et bien plus encore. Aussi notre plaisir doit-il être de
déployer de grands efforts pour Lui - de lui consacrer notre temps, nos
aptitudes, et le cas échéant, notre vie même.
Voilà ce qu'est aimer
Hachem " de toute son âme ".
Méthode N°
3 : La Tora
Pourtant, même cette sensibilisation ne nous conduira pas nécessairement
à changer nos désirs profonds.
Qu'est-ce qui peut nous inciter à changer ? La prise de conscience que
notre plus profond désir est de nous relier à Hachem.
L'étude de la Tora
est la voie à suivre pour découvrir cette prise de conscience.
Torath 'hayim - littéralement le livre des " Instructions pour la
vie " - est la communication de Hachem avec le monde. C'est par lui que
la sagesse enseigne comment réussir son mariage, l'éducation de
sesenfants, la vie en collectivité et le sort du monde.
De même que les lois
de la physique sont vastes et complexes, de même en est-il de celles de
la métaphysique. Il faut beaucoup d'efforts méticuleux pour les
comprendre. Mais une fois qu'on se met à y naviguer et que l'on y voit
clair, on est saisi de respect devant elles. Tout s'articule parfaitement et
nous commençons à voir la perfection, la consistance et l'harmonie
du système.
La Tora est l'esprit de Hachem, le dépôt ultime pour la sagesse.
Il en est ainsi parce que
la Tora est l'esprit de Hachem.
Que va-t-il arriver si nous étudions la Tora sans rien ressentir ? C'est
que nous n'aurons pas étudié correctement.
Le signe qui permet de savoir si l'étude de la Tora a été
fructueuse se révèle quand on en devient dépendant de manière
insatiable.
Un enseignement paraît-il
incompréhensible ? On se triturera le cerveau jusqu'à ce qu'on
l'ait éclairci. Et chaque fois que l'on réussit à le rendre
intelligible, le plaisir devient tel que l'on en veut encore et encore. Ce niveau
est appelé ahavath Tora - le véritable amour de la Tora. Son étude
nous transporte tellement qu'elle devient notre véritable essence et
que l'on veut en absorber toujours plus.
L'étude de la Tora
nous pénètre de l'idée que Hachem est la source infinie
de toute sagesse et qu'Il définit sa " signification " ultime.
C'est pourquoi les désirs et les buts personnels ne peuvent se mesurer
à elle, et l'on abandonne tout ce qui ne correspond pas à Sa volonté.
Voilà ce qu'est aimer Hachem " de tout son cœur ".-
Savoir se concentrer
correctement
Quand nous contemplons les sommets alpins, nous sommes saisis de respect. Quand
nous voyons un pré recouvert d'une neige fraîchement tombée,
nous éprouvons un sentiment de sérénité. Quand un
éclair illumine un ciel parsemé d'étoiles, nous nous remplissons
de joie. Et quand un bébé vient de naître, nous percevons
la pureté et la perfection.
Il va de soi que mieux on
comprend la nature, plus on devrait aimer Hachem. Et pourtant, si ce procédé
est si simple, pourquoi y a-t-il si peu de scientifiques - de ceux qui comprennent
le mieux la perfection de la Création - qui se rapprochent de Hachem
? Cela ne devrait-il pas être automatique ?
Un homme visitait le Musée
du Louvre. Après avoir regardé çà et là pendant
quelque temps, il dit : " Je n'arrive pas à comprendre pourquoi
cet endroit est aussi célèbre ! Toutes les peintures ici ressemblent
à des yaourts ! "
A ce moment-là, quelqu'un
lui tapa sur l'épaule et dit : " Hé, Monsieur, pourquoi ne
pas essuyer le yaourt de vos lunettes ? "
Aimer Hachem est une affaire de concentration attentive. Deux personnes peuvent
assister à une scène identique, et pourtant en retirer des impressions
totalement différentes. Pourquoi ? Elles ont porté leur attention
sur des détails différents basés sur leurs attitudes et
leurs attentes du moment.
Toutes les fois que notre
cerveau recueille une nouvelle information, il la fait entrer dans un système
de classement qui forme notre vision fondamentale sur la vie. Nous traduisons
automatiquement tout ce que nous voyons et entendons en relation avec le système
préexistant.
La seule condition pour
parvenir à l'amour de Hachem est d'avoir l'esprit ouvert. Ne décidons
pas d'une vérité préétablie. Débarrassons-nous
des obstacles qui nous empêchent de contempler le monde avec honnêteté
et franchise. Il faut que nous voulions vraiment savoir, sans aucun préjugé
: " Qu'est-ce que la nature est en train de me dire ? "
Considérons un évolutionniste,
qui affirme avec certitude que la nature s'est créée elle-même
et qu'elle s'entretient d'elle-même. Au fur et à mesure qu'il découvre
de plus en plus de complexités dans la nature, son engagement en faveur
de cette attitude fondamentale est renforcée. " Extraordinaire !
dit-il. Si l'énergie nucléaire n'était qu'un tout petit
peu plus faible, alors un proton ne pourrait pas se combiner avec un neutron
et le soleil ne serait qu'une simple boule de gaz. Cela prouve à l'évidence
que la vie a dû évoluer ! "
Il apprécie la nature,
mais comme une fin en elle-même.
Le judaïsme dit que
Hachem est caché à l'intérieur de la nature. C'est par
la beauté de celle-ci que nous découvrons Hachem. De même
que chaque coup du pinceau donné par Picasso porte sa marque, de même
tout dans ce monde-ci porte-t-il la marque de Hachem. Certes, beaucoup de scientifiques
croient en Hachem précisément parce que la perfection de la nature
fournit une preuve à l'appui de cette position.
Comme l'a dit un jour Einstein
: " Je veux savoir comment Hachem a créé l'univers. Le reste
n'est que détails. "
Une expérience
transcendantale
Si les créations
de Hachem peuvent avoir un tel impact, combien doit en avoir plus une expérience
directe avec le Créateur Lui-même.
Le roi David a dit : " Les yeux de tous les êtres humains Te regardent,
et Toi Tu leur donnes de la nourriture en temps opportun " (Psaumes 145,
15).
Comment le roi David a-t-il
pu affirmer une chose pareille ? La plupart des gens semblent courir ici et
là, travailler et faire des achats. Où sont tous les gens qui
" lèvent les yeux vers le Ciel " et remercient Hachem de leur
fournir à manger " en temps opportun " ? !
David était au courant
de cette réalité humaine. Considérons les jeux psychologiques
auxquels s'amusent les gens, les enjeux qu'ils évitent, la manière
dont ils s'occupent et travaillent durement pour ne pas devoir penser à
Hachem. Il y a quelque chose qu'ils connaissent tous, mais dont ils se cachent.
Même l'athée.
Au plus impénétrable de lui-même, dans les tréfonds
de son cœur, dans sa conscience la plus profonde, chaque être humain
est en quête de signification. Dans son Messilath yecharim (" Le
sentier des justes "), Rabbi Luzzatto dit que l'homme n'a été
créé que pour jouir du plaisir éternel de sa proximité
à Hachem. Chacun veut être proche de Hachem. " C'est difficile.
Je m'en éloigne. Mais le fait est que je ne puis m'en débarrasser.
"
Pourquoi tant de gens ne
sont-ils jamais en paix, jamais heureux, jamais satisfaits ? Parce que notre
véritable for intérieur languit vers l'infini. Nous sommes en
quête de ce qui que ne pourra jamais être atteint par aucune créature
physique. Chacun de nous est un récipient, capable d'apprécier
l'infini et d'en recueillir un plaisir infini. Mais tout ce qui nous manque
dans l'infinité nous laisse insatisfaits.
Voilà pourquoi la
Tora peut nous ordonner de ressentir l'émotion de l'amour. Le verset
nous enjoint de mettre l'amour de Hachem " sur notre cœur " (Deutéronome
6, 6). L'amour est déjà là, il nous reste à le mettre
en valeur.
Est-ce qu'une conversation privée avec le Roi ne serait pas l'expérience ultime ?
Imaginons quelqu'un voyageant
à travers le monde en quête d'expériences, à qui
nous déclarerions : " Tu vas pouvoir t'asseoir dans la pièce
d'à-côté et discuter pendant toute une heure avec le Tout-Puissant
Lui-même ! "
Une conversation privée
avec le Roi. Ne serait-elle pas l'expérience ultime ? -
" Essuyez le yaourt de vos lunettes ! " Voyez ce à quoi vous
languissez dans votre vie. Reconnaissez le vide. Il n'existe rien dans les sphères
émotionnelles et physiques qui puisse nous satisfaire totalement. Parce
que nous sommes ouverts à tellement plus.
Essayons de découvrir
un avant-goût de ce plaisir. Nous n'avons pas été créés
pour souffrir dans ce monde-ci afin de gagner un prix dans le monde à
venir. Si nous employons nos yeux et notre cerveau, nous pourrons avoir dès
aujourd'hui le plaisir de la proximité, et ce toutes les fois que nous
nous brancherons sur la vérité, sur la grandeur de Hachem. Tout
le reste est néant. Sans le moindre doute.
L'aspiration
à l'indépendance
Une des clés pour
accéder à l'amour de Hachem consiste à abandonner l'illusion
que nous seuls sommes responsables de nos accomplissements, et à reconnaître
au contraire que tout ce que nous avons est un don gratuit de Hachem.
Pourquoi est-il si difficile
de témoigner de la gratitude ? Parce que l'ego humain aspire à
l'indépendance. Il hésite à admettre le concept d'une dette
envers une puissance supérieure. Nous préférons croire
que nous l'avons fait nous-mêmes !
Reconnaître la main
de Hachem comporte d'énormes conséquences. S'il y a réellement
un Créateur et un but à la vie, cela veut dire que nous ne sommes
pas entièrement libres de faire ce qui nous plaît. Quelqu'un d'autre
décide à notre place de ce qui doit être fait.
Paradoxalement, on trouvera
des gens prêts à affronter d'immenses difficultés pour l'ultime
plaisir d'un état sublime. Et pourtant ils fuiront Hachem parce qu'ils
ont peur que cela les étouffe.
Mais en vérité,
la vie apparemment " limitée " que craignent les gens est en
réalité une vie de bonheur extraordinaire. Quand nous sommes conscients
de l'existence de Hachem, nous savons où nous allons, nous nous comprenons,
nous nous focalisons sur un objectif et éliminons toute confusion.
Le meilleur moyen d'atteindre
cette lucidité est de nous demander sans cesse : " A quelles fins
suis-je sur terre ? Qu'est-ce que j'attends de la vie ? "
Rendons-nous compte que
Hachem n'est que " bien ". Il n'y a rien à en cacher. Il n'y
a aucune raison de fermer nos yeux ou notre cœur. Parce que tout ce qu'Il
veut faire est nous donner ce que nous avons toujours voulu.
Comparés à
l'amour de Hachem, tous les autres plaisirs sont insignifiants. Nous pouvons
avoir de délicieuses nourritures, beaucoup d'argent, de l'amour et du
pouvoir. Mais les êtres humains aspirent à transcender la réalité
banale de la vie quotidienne.
Voilà pourquoi le
mystère, la magie et les miracles retiennent nos imaginations. Ils nous
obligent à dépasser nos propres limitations et à fondre
nos minuscules et insignifiantes personnes dans la plus grande unité
infinie.
Cessons de nous leurrer,
de nous accrocher à ce qui n'est que pacotille. Les futilités
auxquelles nous renoncerons ne sont rien, comparées aux plaisirs sans
fin auxquels nous pouvons accéder.
Les actes extérieurs,
sensations intérieures
Comment peut-on mesurer
l'amour de Hachem ?
Quand nous aimons quelqu'un, nous éprouvons un immense plaisir à
faire des choses pour lui, y compris les plus difficiles. En conséquence,
le degré du plaisir que nous éprouvons quand nous faisons des
choses pour Hachem indique le niveau auquel nous sommes parvenus dans "
l'amour de Lui ".
Cela joue aussi dans l'autre
sens. Quand nous faisons quelque chose pour Hachem, nous pouvons créer
l'émotion même de l'amour que nous essayons d'acquérir.
Il est de principe dans
le judaïsme que 'hitsonith mi'orèr penimiouth - " l'externe
éveille l'interne ". Il est possible de développer une émotion
rien qu'en agissant comme si nous étions déjà dans l'état
émotionnel correspondant. C'est ainsi que des études ont montré
que lorsqu'on sourit pour faire fonctionner certains muscles, on augmente par
là même sa bonne humeur.
Comment cela s'applique-t-il
en termes spirituels ? Imaginons que quelqu'un veuille devenir plus charitable.
Vaut-il mieux faire la charité d'un Euro à cent personnes, ou
remettre 100 Euros à un seul bénéficiaire ?
Dans le premier cas, la
répétition de l'acte physique brisera notre égoïsme
et créera une habitude correspondant à celle d'une personne plus
généreuse.
Tout amour se manifeste
par un lien. Aimer Hachem signifie se sentir relié à Lui. La Tora
nous donne 613 mitsvot - 613 activités - chacune d'elles étant
conçue pour établir un lien avec Hachem. En fait, le mot "
mitsva " a pour racine la notion de " raccordement ".
Le pouvoir des mitsvot
La vie quotidienne d'un
Juif s'articule autour d'activités préorganisées conçues
pour éveiller l'amour de Hachem. Maïmonide souligne les exemples
suivants :
1. Les Tsitsith. Le Juif
embellit avec des franges les vêtements à quatre coins, comme un
" uniforme " dans l'armée de Hachem. De même qu'un soldat
est tenu de préserver en permanence le prestige de son unité,
de même les Tsitsith rappellent-ils à celui qui les porte ses devoirs
envers Hachem. Le soldat qui est placé en première ligne aime
plus intensément son pays qu'un civil. De même, la conscience que
Hachem est le maître développe l'amour et la loyauté.
2. La Berith Mila. La circoncision,
signe de l'alliance éternelle avec Hachem, a été pratiquée
sur les enfants mâles juifs depuis près de 4 000 ans, sans aucune
interruption depuis qu'Abraham en a reçu l'ordre.
3. Le Birkath hamazone.
Nous récitons les Grâces après les repas pour insister sur
les multiples dons que nous a octroyés Hachem, non seulement pour notre
alimentation physique, mais aussi pour nos besoins spirituels correspondants.
4. La rédaction d'un
rouleau de Tora. Cette mitsva perfectionne notre sensibilisation à l'importance
de la Tora, et elle engendre un grand amour pour l'Auteur de ces précieuses
" instructions de vie ".
5. Les Tefilines et la Mezouza.
Ces parchemins, qui décrivent l'Exode d'Egypte, développent notre
conscience que Hachem nous libère constamment de " l'esclavage "
en guidant, en enseignant, et en arrangeant les événements de
nos vies.
6. La récitation
du Chema'. Nous affirmons que " Hachem est un ", qu'Il est un Dieu
personnel qui veille sur chacun de nous, et qu'Il n'agit que pour notre bénéfice.
7. La prière. Le
but de la prière doit nous rappeler que Hachem est la source infinie,
permanente de toute vie.
8. La Birkath Kohanim. La
bénédiction sacerdotale, transmise par les Kohanim, enseigne que
Hachem nous aime et qu'Il veut nous bénir par toutes les bontés.
Partager Hachem avec
les autres
Une puissante manifestation d'amour de Hachem consiste à vouloir le partager.
Aimer Hachem et voir d'autres gens absorbés à toutes sortes de
futilités, cela fait mal.
Ces gens passent à
côté d'une grande expérience humaine. C'est pourquoi nous
voulons, quand nous aimons Hachem, que tous les autres partagent cet amour.
Vouloir partager Hachem avec les autres est un instrument exact de leur propre
amour qu'ils lui portent. Il est naturel de partager avec d'autres ce que nous
aimons le plus, comme on le voit chez les grands-mères qui sont toutes
fières de faire circuler autour d'elles les photos de leurs petits-enfants.
Abraham est devenu le premier Juif, non pas parce qu'il a été
le premier à se relier avec Hachem, mais parce qu'il a été
le premier à sortir pour Le partager avec les autres. Il a planté
sa tente à une croisée de routes, afin d'engager des discussions
avec les gens. Et quand l'idée de Hachem a été récusée,
il a résisté à toutes sortes de moqueries et de persécutions,
jusqu'à se laisser jeter dans une fournaise ardente.
Abraham est devenu le premier Juif parce qu'il est sorti pour partager Hachem avec les autres
- Contrairement à
ceux qui deviennent jaloux quand l'attention de leur bien-aimée est dirigée
ailleurs, nous désirons réellement, quand il s'agit de Hachem,
que d'autres aient un rapport avec Lui.
Cela parce que Hachem est
infini. Il peut être partagé sans que personne n'y perde rien.
Et le désir de partager l'amour de Hachem va encore plus loin. S'il y
a dans le monde un manque général de conscience de Hachem, notre
propre rapport avec Lui est également défectueux. Hachem est la
colle qui soude l'humanité, et une direction efficace exige le plein
accord des hommes.
Voilà pourquoi il est si important, dans le service de Hachem, de faire
appel à la collectivité. -
Pas de
place pour d'autres ambitions
Qu'est-ce qui constitue une transgression de la mitsva d'aimer Hachem ?
Aimer quelque chose d'autre qui concurrence notre aspiration à nous rapprocher
de Lui.
La mitsva d'aimer Hachem consiste à être constamment préoccupé
par la poursuite d'une proximité par rapport à Lui.
Maïmonide compare cela
à l'intense attirance qu'un homme ressent pour une femme. Nous devrions
être si totalement tourmentés par le désir pour Hachem qu'il
ne faudrait y avoir de place pour rien d'autre.
C'est à nous de choisir. Comme le disait le Kotzker Rebbe : " Où
est Hachem ? Partout où nous Lui permettons d'entrer. "
Heureusement, nous avons une bonne longueur d'avance.
Parce que l'amour que nous
porte Hachem est incessant, et que sentir l'amour de Hachem nous incite à
L'aimer en retour. Comme l'a dit le roi Salomon : " Je suis à mon
bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi " (Cantique
des cantiques 6, 3). C'est une voie à double sens, et Hachem est toujours
prêt à y être impliqué.
Mais n'attendons pas que cette dynamique arrive spontanément. Engageons-nous
y intelligemment. Soyons prêts à investir du temps et des efforts
pour obtenir ce plaisir. C'est là l'affaire de toute une vie, et c'est
pourquoi l'amour de Hachem est une mitsva " permanente ".
La vie n'est rien qu'une longue série d'événements qui
nous font devenir de plus en plus conscients de la grandeur de Hachem. Portons
notre attention sur la nature, sur la Tora, sur l'histoire - et branchons le
tout sur l'amour de Hachem. Sans lui, nous nous glisserions hors de la Création.
Traduit de l'anglais
par Jacques KOHN