Le dimanche fait partie
de ces choses, au même titre que l'adolescence, le mariage et les
parents, sans lesquelles on ne peut vivre, mais qui rendent notre vie impossible.
L'année où
nous avons habité en Israël (où le dimanche n'est qu'un
jour de travail comme les autres), j'ai rêvé de ces dimanches
où, aux Etats-Unis, nous faisions des excursions, des pique-niques, des
barbecues et où nous allions à la plage.
Aujourd'hui, à Los
Angeles, quand mes enfants s'ennuient le dimanche et que toute la journée,
je les conduis à des fêtes d'anniversaire, à des cours de
danse, de gymnastique, ou que nous organisons des excursions en famille, des
voyages à la plage, des pique-niques et des barbecues... je suis prête
à m'arracher les cheveux (ce qui ne serait pas tellement dramatique puisqu'ils
sont couverts). Le dimanche est devenu un vrai challenge.
DIMANCHE, JOUR OUVRABLE
Lorsque nous avons quitté
Israël, il y a 16 ans, nous avons tout d'abord décidé
de considérer le dimanche comme un autre jour. En Israël, le dimanche
n'est que le premier jour de la semaine, il ne reçoit aucun traitement
de faveur. Ceci me semblait une idée productive, j'ai donc essayé
de l'appliquer ici. Mon mari partait travailler. Je restais à la
maison avec les enfants. Ce n'était pas le rêve, mais cela
semblait satisfaire mon sens des priorités. Malheureusement, cela n'a
pas duré longtemps. J'imagine que je ne suis pas aussi tenace que
je le pensais. La pression sociale était contre moi. Aucune autre mère
ne restait seule avec ses enfants et aucun autre mari ne travaillait. Je compris
très vite pourquoi.
Le Tout-Puissant, dans Sa
sagesse infinie, m'a donné neuf enfants, chacun avec ses propres
besoins et ses propres désirs. « Maman, est-ce que tu peux m'emmener
à la bibliothèque ? » « Est-ce que tu peux m'accompagner
au centre commercial ? » « Puis-je inviter une copine ? »
« Est-ce que je peux manger une glace ? » « Pouvons-nous aller
faire du vélo sur la plage ? » « Maman, dis, on pourrait
pas aller à Disneyland ? »
Je suis aujourd'hui
terrifiée à l'idée de mettre le nez hors de ma chambre,
de crainte d'être assaillie par une avalanche de réclamations,
dès mon apparition. Je vous le demande, que doit faire une mère
au bout du rouleau ?
J'accepte que mes
enfants confectionnent des gâteaux. Non seulement qu'ils les fassent
cuire, mais qu'ils les recouvrent de glaçage. Non seulement de
glaçage, mais qu'ils les décorent avec des vermicelles de
couleur, qui s'entêteront à réapparaître dans
les recoins les plus invraisemblables de ma cuisine pendant les semaines à
venir.
- Je suis d'accord de servir
des crêpes au petit déjeuner, si quelqu'un les prépare et
si quelqu'un d'autre nettoie la cuisine ensuite. (Je ne suis tout de même
pas si naïve !)
- Je suis d'accord que l'on fasse des expériences scientifiques sous
mon toit, tant qu'elles ne risquent pas d'y mettre le feu.
- J'accepte tous les amis quels qu'ils soient, un certain hamster inclus.
- Par contre ce que je ne tolèrerai jamais, en tous cas pas ouvertement,
c'est le désordre.
LE DESORDRE
Avez-vous déjà
vu le film Baby Boom ? Après avoir servi à son enfant des spaghetti
à la sauce tomate et l'avoir vu tartiner les murs de sauce, l'héroïne
s'exclame : « Ce serait plus facile de déménager.
» C'est exactement ce que je ressens chaque dimanche après-midi
aux environs de quatre heures.
Il reste encore, dans la
cuisine, quelques marmites de Chabbat en train de tremper. La vaisselle du petit
déjeuner, celle du déjeuner, des ustensiles de pâtisserie,
des piles de verres de boissons innombrables et divers objets réquisitionnés
au nom de la science.
Je parviens parfois à
conserver ma bonne humeur, tout en priant que la femme de ménage ne me
fasse pas faux bond lundi matin. D'autres fois... eh bien, d'autres fois, tous
les principes d'éducation que je connais si bien, que j'enseigne avec
une telle intégrité, et sur lesquels j'écris avec tellement
d'autorité, semblent disparaître sous une vague de ressentiment
et de frustration.
WANTED : UNE SOLUTION
Je suis ouverte à
toutes les solutions. Comment passez-vous vos dimanches ? Comment parvenez-vous
à satisfaire des enfants de tous âges sans dilapider vos économies
? Comment conservez-vous votre santé mentale, tout en maintenant un minimum
d'ordre ? Ou bien tout simplement, comment parvenez-vous à ignorer
le désordre ? C'est seulement lorsque j'envisage de faire
mon alyiah en Israël pour pouvoir échapper à ce dilemme,
que j'y parviens.
Je me rappelle alors de
l'opportunité que m'offre le dimanche -- une chance de pouvoir passer
du temps avec chacun de mes enfants - une sortie chez le libraire avec l'un,
une promenade en ville avec l'autre, pousser l'un d'entre eux sur la balançoire,
tout en surveillant l'autre maîtriser son vélo. Je réalise
alors quel plaisir et quelle joie chacun d'eux représente pour moi.
Nous allons à la
plage. L'océan est majestueux, les couleurs sont apaisantes et
l'atmosphère sereine. J'apprécie le monde qui nous
entoure. Nous rentrons à la maison et mon mari allume le barbecue. C'est
plaisant et confortable. Je suis heureuse d'avoir une famille et que nous
puissions passer du temps ensemble.
Je n'échangerais
alors mon dimanche -- ces moments uniques, ces délicieux gâteaux
et ces visages barbouillés de glaçage -- pour rien au monde.
Traduction et Adaptation du Tsiporah Trom