Chères Rosie
et Sherry,
Mon ami et moi nous fréquentons
depuis maintenant 6 mois. J’ai 40 ans, lui 42. Je n’ai jamais été
mariée, lui est divorcé avec deux enfants. Notre relation a évolué
à merveille jusqu’à maintenant. Nous sommes profondément
amoureux et nous entendons sur presque tout. Nous éprouvons une forte
attirance l’un pour l’autre et une profonde amitié nous unit.
Ma famille l’adore et sa famille m’adore.
Nous sommes juifs tous les
deux, mais la religion est plus importante pour moi que pour lui. Il se considère
athée, bien qu’il n’ait pas été éduqué
ainsi. Pour le moment, je ne suis pas très pratiquante (je ne respecte
pas le Chabbat, ne mange pas Kasher, bien que ma cuisine le soit), mais je l’ai
déjà été et j’espère l’être
à nouveau plus tard, surtout quand j’aurais une famille. J’ai
compris, presque dès le départ, que ce point présenterait
un problème entre nous, mais cela ne m’a pas semblé primordial.
Maintenant que nous avons dépassé
la barre des six mois, l’idée de me fiancer me rend nerveuse. La
pression vient de ma famille, de mes amis, mais surtout de moi-même. Nous
avons déjà abordé le sujet ensemble et, à ma grande
surprise, il a dit qu’il n’avait pas l’intention d’élever
ses enfants en tant que juifs. Il est absolument impossible que j’accepte
une telle chose !
Je ne suis pas sûre de savoir
comment faire. Je pense qu’avoir un enfant à mon âge est
de toute façon un miracle pour lequel je remercierai certainement
D.ieu. Je suis prête à faire un compromis et à élever
mes enfants avec moins de judaïsme que je ne l’aurais souhaité,
mais s’il souhaite élever nos enfants sans rien, cela ne laisse
place à aucun compromis.
Peut-être devrions-nous envisager
de ne pas avoir d’enfant ou bien de traiter la question quand elle se
présentera ? Peut-être devrions-nous en rester là, malgré
une relation florissante ? Dois-je l’encourager à lire, à
suivre des conférences et à conserver un esprit ouvert ?
Julia
Chère Julia,
Un sujet aussi important que la place
du judaïsme, ou de toute autre religion, dans la vie de famille, devrait
être débattu en longueur par le couple, bien avant les fiançailles.
Ceci est particulièrement vrai dans votre cas, puisque vous et votre
ami entretenez des points de vue et des ambitions tout à fait différents.
Repousser une décision difficile
ne fera que retarder l’inévitable, ce qui créé souvent
plus de problèmes que si le sujet était abordé et résolu
dès le départ. Si vous continuez à éluder la question
ou que vous supprimiez toute spiritualité de votre vie, afin d’éviter
les confrontations, vous finiriez par lui en vouloir et par être fâchée,
ce qui peut avoir un effet néfaste sur votre mariage et sur votre vie
de famille.
Elever des enfants dans ces conditions
s’avèrerait en effet très compliqué et deviendrait
une source de tension au sein de votre couple. Comment un parent peut-il demander
à ses enfants de ne pas manger de hamburgers (par exemple), si l’autre
parent en mange ?! Je peux tout à fait imaginer ce dernier disant : «
Laisse-les tranquilles. Quelle importance ? L’essentiel, c’est qu’ils
s’amusent ? »
Les enfants élevés
dans des foyers où les parents ne partagent pas les mêmes croyances,
sont inévitablement affectés, même si vous prenez le plus
grand soin de leur éducation.
Nous vous recommandons donc d’avoir
tous les deux une discussion franche sur vos croyances spirituelles et sur le
rôle que le judaïsme doit avoir dans votre vie de famille. Vous pouvez
discuter des compromis que chacun de vous est prêt à faire et essayer
de parvenir à une solution qui vous satisfera tous les deux. Si vous
parvenez à trouver un arrangement acceptable à cet aspect fondamental
de votre vie, sur lequel vous êtes profondément opposés,
vous donnerez le ton pour pouvoir résoudre plus tard de manière
satisfaisante de nouveaux désaccords au sein de votre couple.
Nous avons déjà
vu des compromis semblables obtenir les résultats escomptés avec
plusieurs couples qui partageaient des points de vue très divergents
sur le judaïsme et la pratique religieuse. Il faut tout de même mentionner
que certains couples sont incapables de parvenir à une solution convenable.
Les maris et les femmes
qui réussissent à harmoniser leurs perspectives, ont deux choses
en commun :
1. Ils respectent le point
de vue de l’autre et transmettent ce respect à leurs enfants, aux
autres membres de leur famille et à leurs amis.
2. L’accord sur le
rôle que le judaïsme doit jouer dans leur maison, ne demande pas
au partenaire le plus pratiquant, le plus attaché au judaïsme, de
diminuer son niveau d’observance ou d’engagement. La raison étant
que des besoins spirituels ne sont pas facilement contenus et que si l’autre
partenaire essaie de les étouffer, cela risque de se retourner contre
lui.
Ainsi, certaines familles
observent les lois de Kasherout et/ou maintiennent une certaine pratique du
Chabbat et des jours de fête, bien que ce ne soit important que pour l’un
des deux époux. Le couple accepte que l’époux le moins pratiquant
fasse ses propres choix en dehors de la maison. Bien entendu, il existe de nombreuses
variantes et un couple peut facilement trouver la combinaison qui s’adaptera
le mieux à sa propre situation.
Quand vous aurez cette discussion
importante, gardez ceci à l’esprit: Vous ne pouvez envisager votre
mariage, en espérant changer les croyances de votre ami. Ce n’est
pas réaliste pour vous et ce n’est pas juste pour lui. Même
si vous aimeriez que son attitude envers D.ieu et la religion change, ce n’est
pas quelque chose que vous êtes en droit d’attendre de lui.
Néanmoins, il est bon de lui
demander de garder une certaine ouverture d’esprit. Pour qu’un mariage
réussisse, les deux partenaires doivent être tolérants,
ils doivent pouvoir grandir et évoluer ensemble. Il est possible que
votre ami change d’avis, car c’est ce qui arrive parfois avec le
temps, et votre spiritualité peut d’ailleurs avoir une influence
favorable en la matière. Toutefois, ces changements devront venir du
cœur de son cœur.
Il serait certainement bénéfique
de lui faire connaître des personnalités emblématiques du
judaïsme. Des maîtres spirituels peuvent l’inspirer, même
s’il sera loin d’imaginer pouvoir leur ressembler. Il serait toutefois
plus utile de lui faire rencontrer des personnes ordinaires, intelligentes et
accomplies qui sont aussi profondément engagées dans le
judaïsme, ce genre de modèles étant plus certainement à
sa portée.
Donnez également
à votre ami la chance de voir comment votre observance et votre apprentissage
du judaïsme augmentent automatiquement votre appréciation, votre
respect et votre affection pour lui. En d’autres termes, faites pour lui
quelque chose de gentil et quand il vous aura remercié, expliquez-lui
que vous avez été inspirée par une leçon de la Torah.
Une fois qu’il aura fait le rapprochement, qu’il verra que votre
engagement pour le judaïsme lui est réellement bénéfique
au quotidien, il vous encouragera certainement et se montrera plus intéressé.
Une autre façon d’amorcer
sa recherche serait qu’il assiste à des séminaires de découverte
du judaïsme (vous pouvez vous renseigner auprès de l'association
Lev) qui ont motivé de nombreuses personnes, en quête de réponses
spirituelles, à envisager le judaïsme sous un nouvel angle. Nous
espérons que cela aura un effet similaire sur votre ami.
Rosie et Sherry
Traduction et Adaptation de Tsiporah Trom