Quelle meilleure source
d'énergie que la joie ? Mieux que des vitamines, la joie c'est de la
force à l'état pur. Elle porte en elle l'optimisme et l'entrain
qui poussent l'homme à finaliser ses projets.
Rappelez-vous, enfant, la
joie de marquer un but au foot, la joie de la sortie des classes, le bonheur
de monter sur un nouveau vélo ? Moments inoubliables ! La joie propulse
et transporte, donne des ailes. En effet, quand on est gai, bien dans sa peau,
on ose entreprendre, aller vers les autres. Quelqu'un d'enthousiaste c'est quelqu'un
qui est heureux de vivre.
Le présent dossier
est consacré à la notion de bésimh'a, une façon
de se comporter dans la vie avec optimisme et bonheur. Certains sont naturellement
plus gais que d'autres, mais comme tous les traits de caractère, celui-ci
peut se travailler et se développer.
Le sentiment de joie encourage
à se dépasser, à agir plus lestement et plus efficacement. La
mémoire est plus performante, la forme physique bien meilleure, et la
performance professionnelle accrue. Bref tout vous réussit.
On ne se réalise pas tout à fait sans une dose de gaieté.
Même couvert de médailles, un sportif a besoin des acclamations
du public pour se surpasser toujours davantage et offrir un plus beau spectacle.
C'est pareil dans la vie.
Il faut de l'enthousiasme pour vivre avec brio. Les gens gais sont dynamiques
et ambitieux et ils n'ont jamais assez de temps pour réaliser tous leurs
projets.
Alors que ce soit en voyageant,
en étudiant, en travaillant ou en se reposant, il est indispensable de
rechercher cet état de joie si fertile en force et en confiance en soi.
La joie
factice
Dans les manifestations
sportives, l'euphorie éclate. Ils sont des milliers à hurler leur
joie dans le stade et dans les rues, occasionnant parfois des troubles et des
violences que la police doit faire cesser. Est-ce que la joie engendre nécessairement
des dérives ?
Non, car il ne faut pas confondre joie et hystérie. Il y a loin de la
joie authentique qui donne l'envie de réussir à la joie de façade
qui ne produit qu'un court effet. Cette fausse joie c'est aussi celle des soirées
de réveillon où le monde vous semble merveilleux, où tous
les gens s'aiment. Pourtant, les nuits de réveillons sont celles où
l'on se suicide le plus. ?
C'est également
la joie du gagnant du loto qui pense à tout ce qu'il va pouvoir s'offrir
et qui se sent tout à coup libre et maître de son destin. Plus
de travail, de soucis. Ne sait-il pas qu'on peut être malheureux, même
avec des millions ? Le gagnant du loto sait-il au juste ce qu'il recherche dans
la vie. Ce moment de joie passé, il sera toujours à la recherche
d'un but à son existence.
La joie, ce n'est pas un bon moment passé à boire entre amis,
à rigoler. C'est le sentiment profond et réconfortant qu'on réalise
son potentiel. Sion
sait ce que l'on veut dans la vie, on s'emploie à l'obtenir même
sans argent.
Le plaisir de grandir
Autrefois, la joie la plus exubérante que l'on puisse voir au cinéma
était celle du nouveau papa. On le montrait en train de danser, fou de
joie, distribuant des cigares.
De nos jours, l'homme à
qui l'on apprend qu'il est père est aussitôt accablé par
la perspective des soucis à venir.
La vraie joie vient du sentiment de grandir et de se réaliser. Celle
que l'on ressent lorsque son équipe remporte une victoire, ou lorsque
l'on gagne au loto, n'est qu'illusion, car l'événement ne vous
a pas fait grandir ou changer.
La joie ne peut résulter d'événements, elle résulte
de votre réaction à la vie, de votre manière de tirer parti
des expériences. Ainsi, la venue d'un enfant signifie votre disponibilité
à toute heure du jour et de la nuit. Ce n'est pas facile. Mais si vous
vous concentrez bien, même à 3 heures du mat., un bébé,
c'est une vraie joie.
Donnez du sens à vos actes et vous éprouverez de la joie. En poursuivant
un but, vous avez une action sur votre environnement, vous influez sur le monde.
Vous êtes éternel.
Trouvez un but, quel qu'il soit et travaillez-y. Dans la conscience juive, servir
D. est le but ultime.
L'intériorité
et l'extériorité
Il existe dans la Torah
le principe de 'hitsonit miorrer pnimiout ( l'extérieur réveille
l'intérieur). Cela signifie qu'il est possible de développer un
état émotionnel en le simulant.
Ainsi, il est prouvé scientifiquement que sourire quand on est triste
améliore l'état d'esprit. Il y a une corrélation entre
l'action des muscles et l'état émotionnel.
Faites des choses qui demandent
de la joie et vous verrez que vous deviendrez plus gai. Par exemple, portez
de jolis vêtements, mangez de bonnes choses, chantez, faites une belle
ballade, rencontrez des amis, rendez service, méditez le bonheur d'être
en vie. Et… appelez vos parents pour les remercier de vous avoir donné
le jour.
Lorsque la joie naît
en vous ne vous contentez pas de la savourer, canalisez-la. Faites quelque chose
de productif, de grand. Aidez quelqu'un dans le besoin ou attaquez-vous à
un travail difficile.
L'anticipation
du plaisir
On peut augmenter la joie
en anticipant le plaisir à venir. Lorsqu'on se réjouit à
l'avance de quelque chose de bien on est plus disposé à l'apprécier
et la joie qu'elle procurera sera plus intense et plus vraie.
Quand vous vous dites " Youpi ! On va au spectacle demain ! " Vous éprouvez
déjà la joie de l'attente.
Ceci à de profondes implications. Si vous anticipez le plaisir, vous vous mettez
en état de joie. Si vous vous dites le matin au réveil : " Aujourd'hui est un
nouveau jour. Qu'est-ce que j'en attends ? Qui vais-je rencontrer ? Que vais-je
accomplir ? " vous créez l'énergie pour aborder positivement cette journée.
Ne vous crispez pas sur
les aspects négatifs, du style : " Je suis crevé… Mon
boss n'est jamais content… ", mais raccrochez-vous au positif : "
Aujourd'hui je vais vraiment bien bosser. Il faut que je gagne l'argent pour
payer ceci ou cela… " Utilisez cette méthode en toutes circonstances.
Vous allez visiter un musée ? Qu'est-ce que cela va vous apporter ? Pensez
au plaisir et aux acquis que vous retirerez de cette visite. Procéder
ainsi vous apportera une joie permanente.
Un état d'esprit
Beaucoup de personnes connaissent
mal le sentiment de joie car ils considèrent les choses comme allant de soi,
jusqu'au jour où elles échappent à la mort dans un accident de la route, ou
ressortent du service de cancérologie complètement guéries. A partir de ce moment
là, elles ne voient plus la vie de la même façon. Elles n'en reviennent pas
d'être en vie et chantent sur tous les toits leur bonheur d'être en vie.
Cette joie est incompréhensible à ceux qui ne conçoivent que le bonheur matériel.
Apprécions ce que
nous avons. D. nous a créés pour avoir de la joie. La joie d'être
en vie, d'avoir vos mains, vos jambes, vos yeux, votre cerveau ! Apprenez à
ressentir cette joie-là et elle ne vous quittera plus.
Le bonheur n'est pas un
événement, c'est un état d'esprit. Vous pouvez posséder
toutes les richesses du monde et être malheureux, de même que vous
pouvez avoir très peu et baigner dans le bonheur.
Il y a du bonheur à
simplement être, à vivre. C'est une base de départ pour
devenir. Tout autre joie est illusoire. Qu'est-ce qu'une nouvelle voiture ou
de l'argent vous apportera ? Juste un moyen d'échapper à la réalité,
de s'envelopper de confort, de s'enfermer dans un cocon.
Un état naturel
La joie est un état naturel.
Les enfants l'ont de façon innée et ils jouissent de la vie dans sa forme la
plus simple : un bonbon, un jouet, la lune. C'est en grandissant que nous apprenons
l'état de malheur. Les raisons du bonheur n'ont pourtant pas disparu mais le
poids des soucisquotidiens nous en éloigne.
Il faut savoir prendre conscience
de la beauté de chaque instant et se rattacher à cet état de joie naturel
qui est sous-jacent en nous. Si nous sommes privés de la conscience que la vie
est bonne, nous sommes privés de tout.
C'est pourquoi les prières
du matin commencent par des bénédictions sur des faits tout simples
- Merci mon D. de me donner
le vie.
- Merci mon D. de me permettre de voir.
- Merci mon D. De me permettre l'usage de mes jambes et de mes mains.
- Merci mon D. de me permettre de penser.
Si vous parvenez à
voir, à évaluer et apprécier la chance de posséder tout cela, vous atteindrez
le bonheur à jamais.
Et lorsque nous sommes joyeux, D. est joyeux et nous couvre de bienfaits. Autrement
dit, si nous prenons plaisir à ce que D. nous offre, Il nous donne davantage.
C'est pourquoi le roi David disait : " Servez D. avec joie. " D. ne veut pas
de figures moroses autour de lui. C'est donc un devoir que celui de la gaieté.
Il est dit dans la Torah que nous serons punis " car nous n'avons pas servi
D. avec joie. " Vous pourrez avoir rempli toutes les obligations sur terre,
servi vos parents avec amour, aidé votre prochain, si vous n'y avez pas
mis de la joie, le Tout-puissant vous en tiendra rigueur car Il attend de nous
que nous prenions le maximum de plaisir.
Vous n'êtes pas heureux de vos jambes et de vos mains ? Vous ne trouvez pas
que le monde est beau ? Alors vous servez le mauvais D.
Ne pas se laisser abattre
Apprenez également
à aborder vos soucis avec joie. Comment est-ce possible ? Considérez-les
comme des occasions de grandir, des défis pour vous construire.
Par définition, la vie est une suite de défis. Ces défis
vont-ils augmenter votre joie ou la diminuer ? Si vous vous laisser submerger
par de petites choses, votre joie sera vaincue. Quand un problème vous
assaille, demandez-vous si cela vaut la peine d'y dépenser tant d'énergie.
Cela ne dépend que de vous.
Le Or'hot tsadikim (XVème siècle) disait : " La joie réside
dans le cœur d'une personne lorsqu'elle ne se focalise pas sur ses problèmes.
" Si vous parvenez à cela, vous atteignez l'état naturel
de joie.
Il y a une différence entre préoccupation et souci. Le souci est
l'action démoralisante sur vous de votre problème. La préoccupation
est l'attention que vous portez au problème sans en ressentir d'angoisse
démesurée.
Ne vous laissez plus atteindre par les récriminations de vos parents,
par les pleurnicheries de vos enfants, par la mauvaise humeur de votre patron.
Acceptez-les comme une réalité et trouvez un point positif auquel
vous raccrocher. Faites le compte de tous les bienfaits dont vous jouissez.
Les enfants braillent. Et alors ? Cela signifient qu'ils sont en vie et en bonne
santé.
Quand vous êtes gai vous êtes combatif, sinon vous êtes le
jouet de vos ennuis. Si face à un client mécontent vous vous montrez
abattu, vous avez toutes les chances de le rendre encore plus contrarié.
Mais qu'en est-il, me direz-vous, quand on subit un drame tel que la perte d'un
proche ? Il faut savoir que la prière du Kaddish n'est pas une prière
pour le mort, mais un hymne à la vie. La fin d'un être aimé
n'est pas notre fin et le plus bel hommage qu'on puisse rendre au défunt
est de dire le bonheur et l'importance de vivre. La mort est l'événement
qui nous fait le mieux apprécier le sens de l'existence.
Quoiqu'il en soit, si vos problèmes vous dépassent, essayez de
ne pas empoisonner ceux qui vous entourent. Du style : " Je suis mal aujourd'hui,
qui pourrais-je bien contaminer ? Ayez au moins le bon goût d'être
malheureux tout seul.
La joie de la sagesse
La sagesse est une immense source de joie. Elle nous permet de comprendre notre
monde et la place que nous y tenons.
Le Judaïsme enseigne que l'essence de toute joie est la Torah car elle nous
montre le sens de la vie et nous apprend le moyen de nous relier avec le Tout-puissant
et de vivre selon Sa volonté.
C'est pour cela qu'à Tishabéav, jour de deuil pour le peuple juif,
on n'a pas le droit d'étudier la Torah, car la Torah est joie. Le grand
cabaliste du XVIème siècle, Le Arizal, a dit que " La joie
ouvre les portes des plus hauts niveaux de la sagesse. " Plus vous acquérez
de sagesse, plus votre vie est heureuse.
Il y a une joie naturelle qui provient de l'acquisition de la sagesse et cela
même si on ne la met pas en pratique, car elle ouvre des perspectives,
elle élargit le champ de notre existence. De plus, elle modifie notre
vie de manière concrète. Si vous ramassez une pierre et découvrez
que c'est un diamant, vous vous précipiterez en dansant de joie, chez
un joaillier. Mais si vous ramassez ce diamant et vous mettez à jouer
aux billes avec, il finira dans une bouche d'égout.
Nos Sages utilisent une métaphore encore plus forte. Ils disent qu'étudier
la Torah et oublier est comme enterrer ses enfants. Vous perdez un élément
de réalité, un lien avec l'éternité.
Alors, quel que soit le point de sagesse que vous acquérez, mémorisez-le,
révisez-le et gardez-le toujours à l'esprit. Utilisez-le pour
atteindre les buts les plus hauts et servez-vous en dans l'adversité.
Faire une liste
Comme travaux pratiques, prenez-vous dix minutes et dressez une liste de tous
les circonstances où vous avez éprouvé de la joie. Cela
peut être un exploit sportif ? Des retrouvailles avec un excellent copain
? La naissance de votre premier bébé ? Votre guérison après
une grave maladie ?
Analysez la liste de près et tâchez de trouver le dénominateur
commun de toutes ces causes de joie. Quand vous l'aurez découvert, vous
détiendrez l'arme secrète contre la mauvaise humeur.
Distinguez bien entre la vraie joie et la simple manifestation euphorique.
Essayez sans cesse d'augmenter votre liste et demandez des témoignages autour
de vous.
En quoi la joie est un élément
de la sagesse
La joie donne pouvoir et force.
La joie fait viser juste.
La joie est un état naturel. C'est en grandissant que l'homme s'en détourne.
Ne subissez pas vos problèmes. Affrontez-les.
N'attendez pas d'être à l'article de la mort pour apprécier d'être en vie.
Faites la volonté de D. et vous serez en prise avec l'éternité.
Traduction et Adaptation de Béatrice Cohen-Solal