A la lecture du récit nous
précisant le comportement de nos ancêtres au lendemain de la sortie
d'Egypte, nous ne pouvons nous empêcher de nous étonner : Comment
est-il possible que les Hébreux, qui venaient d'assister à des
miracles presque quotidiens en leur faveur, qui sentaient la manifestation continuelle
du " doigt de D.ieu ", n'en persévéraient pas moins
à murmurer et à exprimer leur mécontentement ?
N'avaient-ils donc pas la foi en D.ieu ?
Leur cœur n'était-il donc pas rempli de la croyance en celui qui
avait opéré tant de merveilles pour les libérer de l'esclavage
?
FOI, ACTES ET ACTES DE
FOI
Cette foi, à elle seule, n'est qu'un fétu de paille, emporté au moindre vent.
Si. Cette foi ils la possédaient.
Après avoir traversé la Mer Rouge à pied sec, dit le Texte
sacré, nos ancêtres " eurent foi en D.ieu et en Moïse
son serviteur ". Ils étaient donc des croyants, les Hébreux,
mais des croyants seulement et rien de plus. Et cette foi, à elle seule,
n'était qu'un fétu de paille, emporté au moindre vent.
Rien n'alimentait cette foi, rien ne venait la renforcer et l'étayer.
A la moindre difficulté elle s'effritait.
Mais tout changea au moment où
nos ancêtres se retrouvèrent au pied du Mont Sinaï. Là,
ils se montrèrent à la hauteur des circonstances. Sentant d'instinct
qu'il leur fallait, à l'égard de D.ieu, plus qu'un simple acte
de foi, mais un véritable " engagement ", ils s'écrièrent
tous d'une seule voix : " Tout ce que l'Eternel nous demande, nous le ferons " (Exode 19,8).
Dorénavant leur foi en D.ieu
était fondée sur une base stable, durable : sur des actes. L'acceptation
de l'accomplissement et de l'observance des Mitsvoth - des Commandements divins
- allait donner à leur vie tournure nouvelle et allait se répercuter
sur leur manière de penser, alimenter leur foi et leur confiance en l'Eternel.
ETRE CROYANT NE
SUFFIT PAS
Etre croyant ne suffit pas, car c'est accepter le premier des dix Commandements et en rejeter les neuf suivants.
Etre croyant, ne suffit pas, car
ce n'est pas adhérer à la Torah (il est, hélas, besoin
de le répéter sans cesse) n'est pas constituée par une
série de dogmes et d'articles de foi, mais par une série de Mitsvoth
réglant jusque dans ses moindres détails notre comportement vis-à-vis
de notre prochain comme vis-à-vis de D.ieu.
Etre croyant ne suffit pas, car la
foi seule ne peut donner à notre vie - et aux moindres moments de celle-ci
- cet éclat de sainteté que lui confère la Torah et qui
fait que, tout en étant pareils, nous sommes tout de même tellement
différents des autres.
Etre croyant ne suffit pas, car la
foi seule ne fait pas de nous des témoins de D.ieu vis-à-vis du
monde extérieur.
Etre croyant ne suffit pas, car la
foi seule ne nous donne pas la force ni les "armes" nécessaires
pour mener à bien le pacifique combat dont l'Eternel nous a chargés
en vue de la reconnaissance de sa souveraineté par tous les hommes.
Etre croyant ne suffit pas, car la
foi seule ne constitue pas une adhésion volontaire et consciente à
l'alliance contractée par nos ancêtres au Sinaï.
Etre croyant ne suffit pas, car c'est
accepter seulement le fait que le monde soit soumis à une divinité.
C'est donc ne pas adhérer nécessairement au Judaïsme.
Etre croyant ne suffit pas, car seule
l'observance des Mitsvoth peut définir notre adhésion au peuple
d'Israël.
Etre croyant ne suffit pas, car c'est
accepter le premier des dix Commandements et en rejeter les neuf suivants et
tous les autres qui constituent l'essence du Judaïsme.
Etre croyant ne suffit pas, car tout
sentiment pour se maintenir et s'imposer a besoin de s'extérioriser.
Etre croyant ne suffit pas, car la
foi n'est pas héréditaire. Seule l'observance des Mitsvoth peut
se transmettre à nos descendants.
Etre croyant ne suffit pas, car la
foi seule permet toutes les infidélités envers ce D.ieu dont,
pourtant, l'on se réclame.
Aussi la
fête de Chavouoth célèbre-t-elle, non pas notre foi en D.ieu,
mais notre adhésion totale à la Torah et à ses Mitsvoth.