La vie est pleine de stimulations faisant appel à nos sens : la télévision,
la radio, les panneaux publicitaires, Internet, toutes habilement conçues
pour satisfaire nos tendances viscérales. Et notre inclination naturelle
est de rechercher obstinément ces stimulants.
En revanche, la Tora nous dit : " Et vous ne vous laisserez pas égarer
par votre cœur et par vos yeux " (Nombres 15, 39). Le judaïsme
recommande de suivre la logique, pas les fantaisies. Et c'est précisément
parce que la force qui agit sur nos sens est si puissante et si envahissante,
que c'est une mitsva " permanente " - un défi permanent - de
s'en tenir à l'écart.
Comme l'indique le verset, il y a deux aspects : le cœur et les yeux. Commençons
par examiner l'interdiction de se laisser égarer par son cœur.
Aimer
Hachem avec deux cœurs
Le verset dit littéralement : " Et vous ne vous laisserez pas égarer
par vos cœurs (au pluriel) et par vos yeux. " Mais a-t-on jamais possédé
deux cœurs ?
Oui ! La lutte morale qui caractérise notre vie est celle qui oppose
deux inclinations opposées, les " deux cœurs " contenus
dans chaque être humain. Notre âme divine, le yètsèr tov, veut faire tout ce qui est bien : aimer l'humanité, chercher la
justice, être altruiste, raisonnable, honorable et responsable. Elle désire
croître, accomplir, et parachever son potentiel. En définitive,
elle cherche à imiter sa source infinie et éternelle et à
se relier avec elle - le Tout-Puissant.
Mais les êtres humains possèdent aussi un corps (" l'âme
animale ") appelé le yètsèr hara'. Il recherche les
satisfactions du moment, il aspire à s'échapper dans le monde
du confort. Le corps veut manger, dormir, désirer. Il est destiné
à la tombe.
Nous avons besoin de développer notre sensibilité à la
lutte qui se poursuit au-dedans de nous-mêmes. Sinon, ce qui " sent
bon " l'emportera sur ce qui est objectivement vrai et bon. Par exemple
:
- Nous " voulons " employer efficacement notre temps, et pourtant
nous " désirons " atermoyer.
- Nous " voulons " consommer une alimentation saine, et pourtant nous
" désirons " de ce gâteau au chocolat.
- Nous " voulons " acquérir la sagesse, et pourtant nous "
désirons " suivre les programmes de télévision.
Le " vouloir " s'applique à la permanence. Il est enraciné
dans la réalité. Le " désir " est éphémère,
il vise l'instant immédiat, sans avoir beaucoup d'égards pour
les conséquences à venir.
Voilà pourquoi ne pas " se laisser égarer par son cœur
" est une mitsva " permanente ". Nous devons savoir que nous
sommes engagés dans un combat avec notre corps. Chaque fois que nous
disons : " Je n'en ai pas envie ! ", nous perdons un combat. Notre
corps est lourd ; il préfère rester allongé.
Le réveil se met à sonner le matin. Nous voudrions sortir du lit
et commencer notre journée. Mais nous avons envie d'appuyer sur le bouton
d'arrêt et de faire la grasse matinée. Cela devient un sport de
compétition.
Méfions-nous : Le yètsèr hara' fait toutes sortes de promesses.
" Dors encore un peu ! Prends un bon petit-déjeuner ! Détends-toi
! " Mais il n'est qu'illusion. Il n'existe qu'un seul moyen dans ce monde-ci
d'obtenir un vrai plaisir : s'endurcir, continuer le combat.
Comment doit-on faire pour renforcer sa volonté ? En prenant plaisir
à la lutte. Parce que plus durement nous combattons, plus grande sera
notre récompense. Comme l'ont dit nos Sages : " Selon la douleur
est la récompense. "
Distinguer
entre les deux cœurs
Il est parfois très difficile de déterminer lequel de nos deux
cœurs s'exprime à un moment donné.
Même au moment où l'on lit ceci, notre âme nous pousse du
coude : " Fais attention ! Cela te fera devenir grand ! " Mais notre
corps contredit : "Toute
cette concentration est trop pénible, elle demande trop d'efforts. Je
suis très bien comme je suis ! "
A chaque moment de la vie, dans des milliers de décisions, nos deux cœurs
s'opposent l'un à l'autre. Et ce n'est qu'en engageant le combat pour
faire triompher le spirituel que nous trouvons un plaisir durable.
Comment formulerions-nous l'éloge funèbre d'un être aimé
? Dirons-nous : " Le défunt conduisait une magnifique BMW, jouait
au golf sur les plus beaux parcours du monde, et dînait dans les restaurants
les plus huppés. " ?
Bien sûr que non ! Nous chercherons à dire quelque chose de significatif
: " Il a aidé les autres. Il a été un bon père
et un bon mari. "
Tout le monde sait que nous pouvons passer toute notre vie à suivre le
corps, à entretenir des illusions, à rechercher une voiture plus
coûteuse ou une maison plus élégante. Mais en fin de compte,
c'est la faillite.
Ne nous leurrons pas ! Soyons attentif au conflit qui oppose ce que nous "
voulons " tout au fond de nous-mêmes et les désirs qui viennent
s'interposer. Avant de prendre une décision, demandons-nous : "
Que veut mon âme, et que veut mon corps ? " Dans le grand jeu de
la vie, C'est selon la voix qui parle le plus fort au moment de la décision
que nous gagnons ou que nous perdons.
Voilà ce qu'est le conflit entre le corps et l'âme.
L'automobile
et le conducteur
Si le corps est aussi dangereux, comment devons-nous le traiter ? La Tora (Deutéronome
6, 5) nous enjoint d'aimer Hachem avec " les deux " cœurs - l'âme
divine et l'âme animale.
Comment cela fonctionne-t-il ? Hachem n'a pas créé un monde physique
pour nous frustrer, mais pour que nous en profitions. Le Talmud enseigne que
si quelqu'un a l'occasion de déguster un nouveau fruit et qu'il refuse
de le faire, il devra en rendre compte dans le monde à venir.
Cependant, l'un des défis les plus difficiles que nous ayons à
affronter est de savoir combien de matérialisme est bon pour nous, et
combien est de " trop ".
Imaginons ceci : Le corps est à l'âme ce que l'automobile est au
conducteur. Nous devons veiller au bon entretien mécanique de notre voiture
et lui fournir un carburant approprié. Si nous la maltraitons, elle ne
nous emportera pas là où nous voulons aller. Et pour lui préserver
une belle apparence, il faut la faire nettoyer de temps en temps intérieurement
et extérieurement.
Il va cependant de soi qu'une automobile n'a pas autant d'importance que son
conducteur. Quelqu'un qui néglige sa famille et consacre des heures interminables
à astiquer et a choyer sa voiture a manifestement perdu tout sens des
priorités.
Il en va de même avec le corps et l'âme. Il arrive que nous devions
veiller à l'état de notre corps, afin de permettre à notre
âme d'accomplir davantage. Nous pouvons par exemple, après avoir
achevé un projet difficile, nous offrir une récompense en nous
invitant dans un restaurant élégant. Veillons à ce que
notre corps se sente bien afin que l'âme puisse affronter les défis
de l'existence : l'éducation des enfants, notre carrière, l'agitation
sociale.
Ce qu'il ne faut pas, c'est s'adonner aux plaisirs physiques pour leur fin exclusive,
faire du matérialisme le but de notre vie. Ce serait " se laisser
égarer par son cœur ".
Sublimer
ce qui est banal
Ce que nous devons, c'est nous discipliner, pas nous opprimer.
Mieux nous savons contenir nos désirs, plus nous sommes capables d'en
jouir, car nous en serons les maîtres, et non l'inverse. Les désirs
créent tous en nous l'illusion que plus nous les satisfaisons, plus nous
sommes satisfaits. Mais quand nous passons à l'acte, surtout avec le
désir sexuel, plus nous les alimentons, plus ils en veulent. Le sexe
pour lui-même est dégradant, et parce qu'il est si puissant, il
peut nous détruire. Si l'on s'y adonne sans lui conférer un but
plus élevé, il ne fera que se développer et rendre le combat
plus difficile.
Quand ce sont nos hormones qui conduisent le bal, nous ne sommes plus libres.
Ne faisons rien de ce qui pourrait contenir une dose de spiritualité
en le transformant en un désir animal. Ce qu'il faut, c'est élever
et sublimer le monde banal. Le vendredi soir, nous levons une coupe de vin et
y goûtons - non pas pour nous enivrer - mais pour réciter le Kiddouch
et sanctifier le jour de Chabbath.
Quand il est utilisé avec sagesse, le plaisir physique peut devenir une
piste d'envol vers des plaisirs plus élevés.
Quand nous nous préparons à une activité physique - manger,
dormir, parler - arrêtons-nous un moment et demandons-nous : Pourquoi
est-ce que je fais cela ? Quel en est le but ? Est-ce que je le fais pour me
dissimuler des réalités, ou bien cela me stimulera-t-il pour atteindre
de plus hautes visées ? Est-ce que cela me rapprochera de Hachem, ou
m'en éloignera davantage ?
Quand nous avalons une tasse de café, comment allons-nous utiliser ce
surcroît d'énergie ?
Employons les passions de notre corps à tonifier notre âme. Utilisons
l'agressivité que nous avons pour nous faire servir une glace ou pour
gagner des fortunes - pour faire ce qu'il convient. Le but est d'avoir envie
de faire ce qu'il convient. Utilisons à des fins spirituelles le même
enthousiasme que celui que nous investissons dans l'achat d'une pizza. Voilà
qui est aimer Hachem avec notre âme animale - avec les deux cœurs.
N'abusons
pas de notre penchant au bien
Il existe ici une dimension plus profonde. Puisque le verset recommande de ne
pas " aller après vos cœurs (au pluriel) ", il implique
aussi la possibilité d'être égaré par son yètsèr tov. Mais comment le yètsèr tov pourrait-il nous mettre sur la
mauvaise route ?
Il nous arrive, tout en ayant l'intention de faire du bien, de commettre une
erreur qui nous fera aggraver les choses. Par exemple, la Tora nous ordonne
de formuler des critiques constructives : " Tu réprimanderas ton
prochain, et tu ne porteras pas un péché à cause de lui
" (Lévitique 19, 17). La deuxième moitié du verset
nous met en garde : Quand nous critiquons quelqu'un, ne l'embarrassons pas et
ne le mettons pas mal à l'aise. Si nous devons critiquer, ne laissons
pas dire à notre yètsèr tov : " Je vais lui montrer,
à cet individu ! " Cela reviendrait à dissimuler une transgression
sous les apparences d'une mitsva : faire un mauvais usage de notre yètsèr tov.
La Bible a enregistré une telle erreur. 'Hanna et Penina étaient
les deux femmes d'Elkana, et Penina avait des enfants alors que 'Hanna n'en
avait pas. Penina savait que 'Hanna était vertueuse et que, si on lui
faisait de la peine, elle serait incitée à prier pour mettre au
monde un enfant. C'est pourquoi elle la harcelait de ses moqueries : "
'Hanna, regarde les chaussures que j'ai achetées pour mes enfants ! Qu'est-ce
que tu as acheté pour les tiens ? "
Le stratagème a
fonctionné, et les prières de 'Hanna ont été exaucées
par la naissance du prophète Samuel. Et pourtant, malgré ses bonnes
intentions, Penina a été punie pour avoir causé de la douleur
à 'Hanna. Ses bons motifs ont été neutralisés par
leur mauvaise mise à exécution.
" Ne nous laissons pas abuser par notre (bon) cœur ! " Soyons
attentifs à ne pas blesser les gens par des intentions pures.
Eviter les situations tentatrices
Jusqu'à maintenant nous avons mis l'accent sur la mitsva de " ne
pas se laisser égarer par notre cœur ". Examinons à
présent le second volet de cette mitsva : " Ne pas se laisser égarer
par nos yeux. "
La société occidentale attribue une place importante à
ce qui est visuel. Si cela a l'air bon, ce doit être bon. Les médias
nous bombardent avec tant d'images que nous sommes souvent inconscients de leurs
effets. Mais nous pouvons être assurés qu'elles constituent des
appâts particulièrement puissants.
Quand nous voyons ces images, et que nous fantasmons sur la vie merveilleuse
que nous aurions " si seulement nous possédions le produit X ",
nous nous leurrons à la pensée que le matérialisme satisfera
nos désirs les plus profonds. Voilà ce qui constitue une transgression
de : " ne pas se laisser égarer par nos yeux ".
Comment faire pour éviter ce piège ?
La solution consiste à se tenir à l'écart des situations
prometteuses. Si nous étions au régime, nous ne rapporterions
pas chaque jour du gâteau au chocolat à la maison. Nous ne voudrions
pas nous exposer à cette tentation.
De la même manière, si nous voulons garder nos yeux et notre esprit
là où ils doivent être, créons une barrière
protectrice : Evitons les tentations. Evitons toutes situations où nous
risquerions de nous compromettre.
La Tora nous enseigne une leçon très pratique à propos
de la nature humaine : Savoir intellectuellement que quelque chose est faux
ne garantit pas que nous mettrons cette connaissance en application quand viendra
le moment de le faire.
N'essayons pas d'être des héros
Il nous arrive de nous approcher de situations tentantes, avec l'idée
que nous parviendrons à nous maîtriser et à éviter
d'y succomber.
On raconte qu'un roi avait fait d'un chat son valet. Pour exhiber cet exploit
incroyable, il invita tous ses ministres à un banquet. Le chat servit
avec beaucoup d'assurance les hors-d'œuvre, la soupe et l'entrée.
Tout allait pour le mieux quand une souris se mit à traverser la salle.
Le chat courut après elle, brisant toute la vaisselle.
Ce que nous enseigne cet apologue, c'est que nous aurons beau maîtriser
notre corps, nous ne pourrons jamais contredire totalement notre yètsèr hara'. Les prédispositions de notre corps sont instinctives, et elles
nous harcèlent constamment. Un jeune homme peut être promis aux
plus hautes destinées dans l'ordre de l'esprit, mais que vienne à
passer une jolie fille, elle attirera son attention.
Signalons, à ce sujet, que c'est là une des principales raisons
de la séparation des hommes et des femmes dans les synagogues. La Tora,
qui comprend que nous ne sommes que des humains, a édicté des
lois pour assurer que notre réel " moi " - notre âme
- restera seul éveillé, en lui évitant des situations où
il pourrait devoir affronter des tentations.
Nous pouvons éviter la tentation en gardant notre esprit pleinement occupé
par des choses qui nous intéressent. Quand celui-ci reste plongé
dans des sujets créatifs et intellectuels, nous sommes beaucoup moins
portés à jeter des regards subreptices. " Regarder passer
les filles " est le signe d'un esprit désœuvré.
De plus, ne rêvassons et ne fantasmons pas. Gaspiller notre matière
grise sur des illusions produit des effets contraires à ceux escomptés.
Nous imaginons indirectement leur accomplissement, au lieu de nous y mettre
et d'agir vraiment pour qu'ils se produisent. Pire encore, nous nous créons
une " fiction " que nous n'atteindrons souvent jamais.
Sa volonté, notre volonté
Le Talmud enseigne que Hachem déplore deux sortes de gens : ceux qui
pourraient étudier la Tora et ne le font pas, et ceux qui ne peuvent
pas étudier la Tora et le font néanmoins.
On comprend que Hachem en veuille à ceux qui, ayant les aptitudes à
le faire, n'étudient pas la Tora : ils gaspillent leur temps. Mais pourquoi
regrette-t-Il ceux qui ne peuvent pas étudier mais le font tout de même
?
Celui qui ne peut pas étudier la Tora reçoit du Tout-Puissant
un message lui disant de faire autre chose - par exemple : aider les pauvres,
rendre visite aux malades, etc. Que fait-il à la place ? Il raisonne
: " Je n'ai pas le temps de faire tout cela, car il faut que j'étudie
la Tora ! "Cette personne commet une erreur avec son yètsèr tov. Au lieu de s'interroger sur ce que veut de lui le Tout-Puissant, il obéit
à un désir personnel - tout autant que celui qui devrait étudier
mais ne le fait pas. Il gaspille son temps, à ne pas écouter le
Tout-Puissant !
En plus de cela, dans notre désir d'être bon, nous pourrions même
essayer d'être " meilleur que Hachem ". Nous élaborons
nos propres normes de ce qui est bien et mal, au lieu de suivre les instructions
de la Tora. Un exemple classique est celui du roi Saül, qui avait reçu
de Hachem l'ordre d'extirper toute la nation d'Amaleq. Dans son désir
d'être " encore meilleur ", il a choisi d'éprouver de
la pitié, et a laissé la vie à Agag, le roi d'Amaleq. La
conséquence ? Agag a perpétué la nation maudite, qui continue
aujourd'hui encore de tourmenter le peuple juif.
Le prophète a dit : Al titsdaq arbé - " Ne sois pas trop
bon ! " Quoi que dise Hachem, c'est dans Sa parole que se trouve la définition
du bien. Ne permettons pas à notre yètsèr tov de nous tromper
en nous incitant à penser que ce sont nos propres idées qui sont
les meilleures.
Une définition correcte du " bien " est le point de départ
de tout ce que nous faisons dans la vie. Demandons-nous toujours : Est-ce que
je définis le " bien " selon les normes hollywoodiennes du
fast-food et du high-tech, ou bien selon ce qui possède une signification
profonde et apporte une contribution marquante à la connaissance de Hachem
dans le monde ?
Notre but dans ce monde-ci est de vivre avec la réalité de 'assè
retsono kirtsonekha - " Fais de la volonté de Hachem, ta propre
volonté ". Quand nous exécutons la volonté de Hachem,
objectivement significative et bonne pour nous, nous nous rattachons à
la source de toute réalité. Pourrait-il exister un but plus élevé
?
Prenons donc garde à préserver la rectitude de nos définitions.
Si nous ne travaillons pas au travers de ces problèmes et ne les clarifions,
nous pourrions bien nous rendre compte, dans vingt ans, que nous avons choisi
la mauvaise monture.
Toutes les fois que nous sommes en conflit, que nous devons prendre une décision
difficile, posons-nous une simple question : " Que dirait Hachem ? "
Jetons un regard sur la Tora pour y découvrir comment nous comporter
avec des amis, la famille, la société. Parce que si faisons de
la volonté de Hachem notre propre volonté, il n'existera pas d'obstacles
devant nos pas. Nous ne pourrons pas perdre.
La modestie fait céder notre ego
Quel est le défi
permanent que nous lance la mitsva de " ne pas se laisser égarer
par notre cœur " ? Elle constitue un test pour notre ego. La nature
humaine tend à nous considérer comme le centre de tout. En dessous
tout est ego : " Mon monde, mes accomplissements, ma croissance ".
Les gens croient souvent que l'athéisme s'appuie sur une " preuve
" que Hachem n'existe pas. Mais les Sages expliquent qu'il est simplement
le résultat de l'égotisme. Au lieu d'accepter l'influence d'un
pouvoir tout-puissant, on le nie afin de poursuivre ce que l'on veut. Là
où un ego prend du poids, il n'y a plus place pour Hachem, comme le disent
nos Sages : " Se laisser égarer par son cœur est une façon
de nier l'existence de Hachem. "
Il faut, pour extirper cette sensation d'une importance de soi, travailler sur
la modestie. Dans les Pirkei Avoth, les Sages disent :
" Concentre-toi sur trois choses, et tu ne pécheras jamais :
1. sache d'où tu viens,
2. sache où tu vas, et
3. sache à Qui tu devras rendre des comptes. "
Et les Sages de continuer :
" D'où venons-nous ? " Mitipa serou'ha - " d'une goutte
putride " de semence, qui pourrit aisément. Cela veut dire que,
tout en venant d'une goutte putride, nous avons aussi une âme. Nous avons
la possibilité d'être comme Hachem Lui-même. Usons de cela
comme d'une source d'inspiration pour parvenir à la grandeur.
" Où allons-nous ? " Lemakom 'afar rima wetolèya - "
vers un endroit de saletés et de vers ". Sans le Tout-Puissant,
nous ne serions qu'un corps voué à devenir une nourriture pour
les vers. Nous avons un choix. Allons-nous opter pour des plaisirs transitoires
qui se termineront dans la poussière ? Ou allons-nous nous composer un
lien vers l'éternité ?
" A Qui devrons-nous rendre des comptes ? " Lifnei mélekh malkhei
hamelakhim - " devant le Roi de Rois ", Créateur de l'univers.
Si nous suivons les passions du corps et ignorons notre côté spirituel,
comment nous expliquerons-nous quand nous aurons à affronter la réalité
suprême - quand nous aurons à rendre des comptes à Hachem
?
Si nous permettons à notre ego de prendre le dessus, nous tombons dans
le piège consistant à " aller après notre cœur
et nos yeux ". Mais si nous employons notre esprit à une concentration
attentive, nous pouvons gagner. Consacrons chaque nuit dix minutes à
réfléchir à ce qu'est la vie, à ce que nous devrions
accomplir, et à la façon dont nous le faisons. Nous deviendrons
grand.
Les sept étapes vers la modestie
Le livre classique d'éthique juive, les " Devoirs du Cœur "
('Hovoth halevavoth), explique que " la modestie est l'aptitude à
voir la réalité ". La personne modeste reconnaît que
l'ego est le piège tendu par le yètsèr hara' pour le distraire
de la réalité. C'est pourquoi, pour la personne modeste, la seule
réalité est son âme, qui est une partie de Hachem.
Comment faire pour acquérir cette lucidité ? Le 'Hovoth halevavoth
propose sept étapes.
Etape N° 1 : Demandons-nous : Quelle partie de moi définit qui je
suis ? Suis-" je " mon corps ? Suis-" je " mes mains ? Suis-"
je " mon cœur ?
Si quelqu'un subit l'amputation d'une main, cela modifie-t-il sa personnalité
fondamentale ? Bien sûr que non ! Le receveur d'une transplantation cardiaque
traversera-t-il une crise d'identité ? Bien sûr que non !
Le véritable " moi " n'est pas notre corps. C'est notre âme.
Etape N° 2 : Faisons franchir un pas de plus à notre identité,
considérée comme notre âme. Nous avons été
créés à l'image de Hachem. Gardons présent à
l'esprit que l'essence de notre âme est éternellement attachée
au Tout-Puissant, Créateur de cet univers.
Etape N° 3 : Puisque notre âme est une partie de Hachem Lui-même,
elle recherche en permanence la grandeur. Si donc nous sommes déprimé,
fatigué, etc., c'est notre corps qui s'exprime. Il n'est pas le véritable
" moi ". Où ira-t-il un jour ? Dans le sol avec les vers.
Mais notre âme ? Elle fait partie de Hachem. Employons cette prise de
conscience pour stimuler notre corps. Ne nous identifions pas à : "
Je suis fatigué ! ", mais à : " J'ai vocation à
la grandeur ! "
Etape N° 4 : Sachons que, toutes les fois que nous choisissons le corps
de préférence à l'âme, nous nous tirons vers le bas.
Comment nous sentons-nous après avoir trop mangé, trop dormi,
ou après nous être mis en colère ? Nous éprouvons
du dégoût.
Comment nous sentons-nous quand nous nous identifions avec notre âme ?
Encouragé. " J'ai fait ce qu'il fallait ! J'ai travaillé
dur. J'ai été responsable ".
Identifions-nous au Divin, et le monde sera à nous.
Etape N° 5 : Sachons apprécier la distance qualitative qui sépare
le corps et l'âme.
Notre corps n'est qu'une particule par rapport à l'ensemble de l'humanité.
Nous ne pourrions pas trouver notre propre corps parmi les cinq milliards d'êtres
humains. Au-delà, l'humanité n'est qu'une infime particule par
rapport à la masse de créatures vivant sur cette planète.
Et la Terre n'est qu'une infime particule dans le système solaire. Et
le système solaire n'est qu'une infime particule par rapport à
l'univers.
Qu'est-ce alors que notre corps ? Presque rien.
En revanche, notre âme fait partie du Tout-Puissant, de Celui qui inclut
et transcende l'univers entier. Si donc nous faisons partie de Hachem, nous
faisons partie de tout.
S'il faut choisir entre le corps et l'âme, à quoi vaut-il mieux
s'identifier ?
Etape N° 6 : Sachons reconnaître la différence entre nos limitations
comme un corps fini, et la nature éternelle de notre âme. Comme
créatures physiques, nous sommes assujettis au temps. La durée
de vie humaine est vécue de minute en minute. Cette tranche minuscule
de temps n'est rien par rapport au cours de l'humanité. Et l'histoire
de l'humanité n'est rien par rapport à l'âge de l'univers.
Mais le Tout-Puissant n'est pas lié par le temps, puisque c'est Lui qui
l'a créé. Notre âme - comme faisant partie du Tout-Puissant
- participe à cette éternité.
Etape N° 7 : Le plus grand accomplissement dans la vie est de s'identifier
à notre âme. La plus grande erreur est de s'identifier à
cette particule de corps physique qui est destinée à devenir une
nourriture pour les vers.
Hachem aurait pu fabriquer des robots, mais Il ne l'a pas voulu. Ce qu'Il désire,
c'est une véritable relation, d'où notre obligation de la choisir.
Le corps ou l'âme. Qu'est-ce que nous allons faire ?
Faisons le bon choix ! Un choix conscient. Et ne nous perdons pas dans des futilités
!