Pour le peuple juif, la
Bible est un mode d'emploi de l'existence, et le Talmud, son complément
oral. Ce n'est qu'à travers ces deux composantes que peut se comprendre
la sagesse juive.
Nous nous consacrerons dans
ce dossier à la partie bémikré de la Torah, c'est
à dire au texte originel. La
Bible est constituée de trois parties formant 24 livres en tout.
- La première partie
est formée de la Torah, c'est à dire les cinq livres de
Moïse (Le pentateuque) donnés par D. au peuple d'Israël sur
le mont Sinaï.
- La deuxième partie
est constituée du Livre des Prophètes relatant les messages
divins délivrés aux prophètes Isaïe, Jérémie,
Ezéchiel etc.
- La troisième partie
est constituée du Livre des hagiographes contenant les Psaumes,
le Livre d'Esther, etc., récits poétiques exaltant le message
de D.
Best-seller de tous les
temps, la Bible est le fondement de la civilisation occidentale et chacun devrait
l'avoir étudiée au moins une fois dans sa vie. Les grands principes
du monde moderne tels que les Droits de l'homme sont tous issus de l'Ancien
Testament et les devises inscrites sur les grands édifices des nations
en portent témoignage.
Il n'est pas nécessaire
de croire en D. pour admettre la validité de ces grandes idées.
Dans tous les domaines, que ce soit les relations humaines, le rapport à
soi-même, à la communauté ou à l'environnement, la Torah reste la référence.
La Tradition ne définit-elle
pas la Torah comme " le projet de la Création " ? Tous les
sujets de la vie y sont contenus, il s'agit simplement de poser les vraies questions
et de posséder les bons outils.
UN MESSAGE INTERGALACTIQUE
Si vous receviez un message
du fin fond de l'univers, vous seriez totalement fasciné et vous vous
consacreriez tout entier à son décryptage, n'est-ce pas ?
La Torah n'est autre qu'un
message extraterrestre transmis par D. sur le Mont Sinaï. Si un point vous
semble obscur, ne le mettez pas de côté. Questionnez, investiguez.
Analysez le sens de chaque
élément de ce Texte. Tous les faits relatés et tous les
commandements imposés sont des messages de sagesse qui attendent d'être
décodés par celui qui les lit. Le Déluge, la Tour de Babel,
l'Ouverture de la Mer Rouge sont autant d'événements d'une signification
profonde et précieuse pour notre vie. Les dates, les noms, les chiffres,
l'énumération d'une descendance et les moindres faits sont porteurs
de sens. Le message se cache souvent entre les lignes. Et là où
le message est évident, il y a encore un secret à percer.
Prenons un exemple. Dans
la Genèse, chapitre 18, Abraham est en train de converser avec D. lorsque
tout à coup, apercevant trois étrangers, il court au devant d'eux
pour les servir. Le lecteur curieux se demande comment Abraham peut interrompre
un tête à tête avec D. pour des étrangers. Cela semble
incroyable, même pour le plus athée des athées ! Eh bien
! Ce fait est en fait porteur d'un grand enseignement, c'est qu'il est plus
important de ressembler à D. que de Lui parler. Car D. a créé
le monde pour notre plaisir. Les fruits, les mains, l'amour sont des manifestations
de Sa bonté. Le Monde est comme une grande auberge où l'on tient
le rôle de l'hôte, où l'ont sert, où l'on procure
du plaisir et des soins, pour imiter le Créateur. Abraham était
riche et respecté, mais il n'a pas cru se rabaisser en se mettant au
service d'étrangers. Il avait compris la leçon.
Lisez la Bible intelligemment
car elle est le moteur de nos actions en ce monde, aussi neuve aujourd'hui qu'elle
l'était il y a 3500 ans. Il ne faut surtout pas la déprécier
avant d'avoir fait l'effort de la découvrir. Trésor enfoui renfermant
un message de D., elle a droit au plus grand respect.
EN V.O
Pour vraiment comprendre
la Bible, il faut connaître l'Hébreu car la traduction ne peut
entièrement rendre le sens.
Sachez par exemple que la
Torah dispose de dix mots pour désigner D. Chacun exprime une qualité
particulière de Son être que les autres langues sont inaptes à
traduire.
Pire encore, les faux sens
que la traduction ne peut manquer d'engendrer. Exemple : en Français,
le mot hébreu 'het est traduit par péché, terme
qui évoque automatiquement l'idée de mal, de punition. A tort,
car le mot 'het n'a absolument pas ce sens et désigne dans la
Bible une flèche ayant manqué sa cible. Il ne peut y avoir de
mal inhérent à une flèche (ou disons chez l'archer).
Il y a plutôt erreur par manque d'attention, de concentration ou d'adresse.
Cette subtilité nous
enseigne que la nature de l'homme est par essence bonne et qu'il ne cherche
pas à pécher. Il peut se tromper, mal viser et manquer sa cible,
mais il recherche le bien. Voici une leçon encourageante d'estime de
soi, propre à nous inciter à renouveler nos efforts pour atteindre
la cible.
Il est donc clair que la
traduction nous fait perdre ce message. C'est sur de tels contresens que des
religions se sont érigées. Conclusion : on se met vite à
l'Hébreu.
IDEES PRECONCUES
J'ai lu un jour dans un
magazine un article sur des hippies qui passaient leur journée à
chanter le Cantique des Cantiques, ce chant d'amour composé par le roi
Salomon qui symbolise la relation entre D. et l'humanité. Le message
contenu est si profond que le peuple juif a appelé ce livre le Saint
des Saints. Dans cette
communauté de hippies, les hommes récitaient les paroles dites
par l'homme et les femmes celles dites par la femme.
Ces femmes hippies avaient
finalement conclu qu'elles avaient découvert une partie de la Bible écrite
par une femme, car aucun homme n'aurait pu exprimer de manière si exacte
les sentiments de la femme. Elles décidèrent donc que la Bible
avait été écrite par un hermaphrodite ! Mais par D. ? Cela,
c'était inconcevable.
Malheureusement, la critique
de la Bible est le plus souvent le fruit d'idées préconçues
qui sont en conflit avec le sens réel du texte. Comme l'origine divine
de la Torah est totalement rejetée par ces critiques, il en résulte
des conclusions erronées et souvent farfelues.
Il est pourtant inscrit
dans notre Tradition que trois millions d'hommes, de femmes et d'enfants debout
devant le Mont Sinaï ont entendu la Torah de la voix de D. Il est à
remarquer que dans les 3300 ans qui ont suivi, aucune autre religion n'a argué
d'une telle distinction, car un tel événement ne se " truque
" pas.
NATURE ET MIRACLES
Certains critiques ont souvent
du mal à accepter l'idée de l'intervention divine. Selon eux,
les phénomènes relatés dans la bible trouvent leur explication
dans la nature.
Certains expliquent ainsi
que l'ouverture de la Mer Rouge était due au passage d'une comète
tout près de la Terre qui a eu pour effet de fendre la mer en sortes
de couloirs de terre ferme que les Hébreux ont juste eu le temps de traverser,
avant qu'ils ne se referment et noient les Egyptiens qui les poursuivaient.
C'est tout bête ! Pas la peine d'aller chercher un D. !
Oui mais alors, comment
expliquer que pendant quarante ans, ces hommes ont été nourris
de la manne qu'ils collectaient chaque matin ? Sans doute quelque " rosée
contenant des protéines prédigérées " explique
l'auteur de cette théorie. Mais comment expliquer le fait qu'il y ait
double portion le vendredi ? Là, notre auteur ne propose pas d'explication.
Toutes ces explications
oublient que la Torah n'est pas un livre d'histoire, de Physique ou de conte
de fées. C'est une Torat 'haïm , une règle de vie
où chaque phrase, chaque mot est un a pour but d'optimiser le plaisir
de vivre. Cherchez le message caché. La sagesse qui s'y trouve est source
d'immenses récompenses.
MAINTENANT OU JAMAIS
La première phrase
de Torah enseignée aux enfants juifs est "Tora tsiva lanou Moché,
Moché moracha kéhilat Yaacov" (La Torah nous a été
ordonnée par l'intermédiaire de Moché et elle est l'héritage
de chaque juif.) La Torah s'adresse à tous, elle n'est pas réservée
à la classe des prêtres. Elle est un document vivant, elle est
la sève de la nation juive. Et nous avons le devoir de nous livrer à
son étude et à sa pratique. Comme il est écrit : "
Tu y penseras jour et nuit. " ( Josué 1.8).
Votre scolarité ou
votre formation terminée, vous êtes un bon professionnel. Mais
l'étude de la Torah ne prend jamais fin. A mesure que vous mûrissez
et que votre conscience s'accroît, elle vous apporte une meilleure compréhension
des concepts que vous pensiez avoir assimilés.
Tout Juif est sensé
relire trois fois la paracha (section hebdomadaire du Pentateuque) de
la semaine, en plus de son écoute à la synagogue le chabat.
Il faut revoir, poser des questions, discuter certains points
Après avoir étudié
un sujet, faites en sorte de le connaître sur le bout des doigts. Par
exemple, les cinq Livres sont découpés en 54 parachiot
formant en tout 674 chapitres. On peut, pour chaque chapitre, décider
d'un mot clé qui le caractérisera. C'est un excellent moyen de
mémoriser le point de sagesse qui y est enseigné.
Il ne faut pas se croire
trop vieux pour commencer l'étude. Rabbi Akiva s'est mis à apprendre
l'alephbet à l'âge de 40 ans, et est devenu le plus grand
sage de sa génération, à la tête de 24 000 élèves.
Il ne faut pas non plus
hésiter à se lancer sous prétexte qu'on ne sera jamais
un vrai érudit. Ce raisonnement est faux, car pour D. chaque once de
Torah est précieuse et éternelle.
L'ARBRE DE VIE
Il y a deux façons
d'acquérir de la sagesse. Soit par l'expérience soit par l'étude
de la Torah.
Le Judaïsme privilégie
le deuxième moyen. Car même s'il l'on peut apprendre par l'expérience,
il y a un risque d'effets " indésirables ". Par exemple, une
femme qui a eu plusieurs aventures finit par comprendre l'importance d'un mari.
Mais si elle avait étudié cette sagesse avant, ne se serait-elle
pas épargné beaucoup de misères ?
Prenons l'histoire d'Adam
et Eve dans le Gan Eden qui commence un peu comme un compte de fées.
Dans un beau jardin, se trouvaient deux arbres. D. dit à Adam que l'arbre
de la Vie (symbolisant l'accès à la sagesse par la Torah) était
fait pour être mangé, tandis que l'arbre de la Connaissance (symbolisant
l'accès à la sagesse par l'expérience) était à
éviter. Malheureusement Adam faillit et mangea de l'arbre de la Connaissance.
Notre tort est de vouloir
tout apprendre par l'expérience. Beaucoup se disent : Quand j'aurai fait
de l'argent, je prendrai le temps d'étudier. Mais je dois d'abord faire
mon expérience. "
Et trois divorces plus tard
…
Ne dites pas : " Quand
j'aurai du temps, j'étudierai. " car il se peut que vous n'ayez
jamais ce temps. Franchement, croyez-vous que quand vous aurez la promotion
tant espérée vous aurez plus de temps ?
La Torah est un arbre de
Vie pour ceux qui savent s'en saisir. La Torah n'est pas un texte abstrait et
suranné. Son étude nous fait découvrir l'essence du Judaïsme
qui est notre propre essence.
EN QUOI LES INSTRUCTIONS ECRITES SONT-ELLES UNE VOIE VERS LA SAGESSE ?
- Lisez la Bible du début
à la fin. Si vous ne connaissez pas l'Hébreu, procurez-vous une
traduction de tradition juive.
- Etudiez la Torah. Découvrez
le mode d'emploi pour la vie fourni par D. N'attendez pas d'être à
la fin de votre fin.
- Comprenez la Torah. C'est
le Livre qui a changé le monde. Posez les questions nécessaires,
jusqu'à ce que vous connaissiez le message en détail.
- Relevez les " bizarreries
" et résolvez-les. Elles ne sont pas dues au hasard.
- Organisez vos connaissances.
La sagesse n'est utile que si vous la possédez sur le bout des doigts.
La Torah devrait être votre encyclopédie, votre calendrier, votre
index pour la vie.
- Révisez constamment
vos connaissances. Elles seront une carte pour vous guider en chemin.
- Intériorisez la
Torah. Faites qu'elle soit partie intégrante de votre vie. Rabbi Akiva
disait qu'un Juif sans Torah était comme un poisson hors de l'eau.
- Mettez-vous à jour.
Adaptez les notions apprises aux changements de situation. On n'honore pas ses
parents à 25 ans comme à 5.
- Augmentez votre savoir.
Le premier paragraphe du chéma contient 48 mots, correspondant
aux 48 voies de la sagesse. La sagesse de la Torah est infiniment vaste. Recherchez
inlassablement ce qu'elle cache de plus profond.
Traduction et Adaptation de Béatrice Cohen-Solal