Dans la poésie inspirée par laquelle Moïse a pris congé de ses frères avant de mourir, nous trouvons cette affirmation sans équivoque : ki khol derakhav michpath - "tous les chemins de l'Eternel sont justes", ce qui ne veut pas dire que nous les saisissions nécessairement.

Croire signifie justement admettre inconditionnellement la volonté divine.

Mais nous sommes en droit de nous interroger et de chercher une cause valable à telle ou telle décision du ciel, qui nous semble à première vue incompréhensible, voire injuste.
Qu'il nous soit permis d'évoquer ici une conversation bouleversante que nous eûmes avec un illustre Tsadik , un jour de Tich'a Béav, particulièrement propice à une réflexion sur le drame juif.

"Un jour, disait-il, un homme primitif et inculte, ayant passé sa vie dans un village, coupé de toute civilisation, n'ayant jamais vu une grande ville et ignorant tout progrès technique et scientifique, décida de se rendre dans une ville voisine.
Stupéfait de tout ce qu'il avait vu, il se trouva, à un moment donné, dans la cour d'un hôpital. S'approchant des grandes fenêtres brillamment éclairées, il assista à une scène qui provoqua en lui une révolte qu'il ne manqua pas de manifester de façon bruyante.
En effet, il se trouvait devant une salle d'opération, où un médecin, entouré de ses assistants, était en train de scier une jambe d'un malheureux, atteint d'une grave maladie nécessitant une amputation. Ne comprenant pas ce qui se passait, l'homme primitif crut qu'on assassinait quelqu'un et il cria de toutes ses forces : "Au secours ! Au secours !"
Près de lui, un étudiant en médecine assistait à cette même scène et, émerveillé par l'art du professeur, ne put s'empêcher de s'exclamer "Quel grand homme ce médecin qui, en coupant la jambe malade d'un homme, lui sauve en même temps la vie".

Le tsadik, en terminant cette histoire ajouta : "Devant les actes de Dieu les réactions sont identiques. Le "primitif', l'ignorant, est révolté devant un acte qui lui semble brutal alors que le "connaisseur", c'est-à-dire le croyant, s'écriera l'Eternel, comme sont merveilleux tes actes ! Tu mutiles le corps mais tu sauves l'homme, car le martyr d'Israël en anoblit son âme".
Il y a une profonde philosophie dans cette parabole. Mais il faut avoir une croyance solide pour l'admettre dans la pratique.

Et même si, par faiblesse humaine, nous avons de la peine à l'accepter sans autre, disons avec notre Maître Moïse :"Tous les chemins de l'Eternel sont justes".