Depuis de nombreuses années un terme revient de plus en plus souvent dans nos sociétés, c'est celui d' "écologie". Même si ce mot a pris une connotation différente à travers les mouvements politiques qu'il a suscité, ce terme qui fut forgé par le naturaliste Allemand E. Haeckel qui 1866, désigne "la science qui étudie les rapports entre l'être vivant et le milieu naturel dans lequel il se trouve".

II s'agit donc au sens large de la science de l'organisation de la nature, de ses mécanismes et de l'interaction entre ses parties. Par extension nous allons retrouver l'écologisme qui s'apparentera plus à un mouvement politique ou philosophique qu'à une démarche scientifique.

Néanmoins, on ne peut occulter le fait que la notion de qualité de vie revient de plus en plus fréquemment dans les demandes exprimées par les membres de la société dans laquelle nous vivons.

Au début de ce siècle, plus des trois quarts des français vivaient à la campagne et avaient une activité rurale, à l'inverse de ce que l'on constate actuellement. Le contact avec la nature qui était quelque chose de normal pour la plupart des membres de la société a quasiment disparu ; ne parlons pas de la communauté juive qui, vivant en France ne pouvait habiter en ville et qui se retrouvait essentiellement dans les campagnes, comme par exemple la communauté juive en Alsace.

Ce besoin de retour à la nature n'est pas seulement l'expression d'une volonté de retrouver le calme et le repos lié à celui-ci, mais bien plus à une nécessité de retrouver les racines profondes qui existent à l'intérieur de chacun d'entre nous.

UNE NECESSITE POUR L'ENFANT

Les enfants plus que quiconque, ont besoin en se confrontant au monde qui les entoure, de retrouver ce contact avec la nature, sa beauté, son rythme, amenant à une certaine forme de sérénité. Pour accéder à cette (re)découverte du monde qui l'entoure, dés son plus jeune âge l'enfant devra être sensibilisé à son environnement local par l'observation directe et une certaine forme élémentaire d'expérimentation (études et mesures dans le milieu ).

Par la pratique du dessin, il apprendra très tôt à traduire la réalité observée, il se familiarisera avec le symbolisme des couleurs et des formes. On ne perdra pas de vue qu'une activité ludique réellement éducative doit permettre de développer une attitude positive tant, vis à vis des autres que l'environnement immédiat.

A cet égard, le respect de la vie animale et végétale constituera un élément essentiel des réflexes déclenchés dans la petite enfance. Plus tard, au niveau du premier cycle de l'enseignement secondaire, la sensibilisation à l'environnement tentera de s'appuyer de plus en plus sur des connaissances élémentaires précises. Elles sont indispensables à la structuration progressive d'une prise de conscience des grands problèmes de notre temps.

Ces éléments théoriques seront néanmoins toujours rattachés à des faits d'observation si possible simples et recueillis par les élèves eux mêmes. Les phénomènes observés seront alors traduits en graphes et en schéma, ce qui peut constituer un excellent exercice mettant en jeu des disciplines diverses.

Cette démarche qui va partir essentiellement de l'observation pourra être expérimentée à travers une activité connue dans le milieu "scout" et qui est connue sous le nom de P. M. P. (petit milieu personnel). Bien vécue, cette démarche offre une sensibilisation globale à notre environnement. Il s'agit en somme de vivre la nature pour mieux en estimer sa richesse et sa valeur ; et par là même, mieux apprendre à la respecter. Avant de développer les méthodes utilisées pour arriver à cette connaissance rappelons les points suivants.

NATURE ET TORAH

La Torah nous enseigne un certain nombre de mitsvoth dont beaucoup sont directement liées à l'agriculture. Par exemple nous savons que l'expression ultime du Bitah'on (confiance en D-ieu) s'exprime à travers la Mitsvah de la chemitah qui nous demande de laisser la totalité de nos terres en friche tous les sept ans ; les applications pratiques de cette loi impliquent une parfaite connaissance des différents stades de la production des céréales, fruits et légumes.

Pour, un enfant qui pense que les tomates " poussent au supermarché ", il sera peut être compliqué de comprendre certaines notions, qu'il pourrait facilement acquérir en allant visiter un potager. Par ailleurs ne pas avoir de contact avec la nature peut être source de difficulté à percevoir la manière d'effectuer certaines mitsvoth (Orlah, Bikourim , Kilaim...).

Dans le même ordre d'idée, nous arriverons beaucoup plus facilement a expliquer à l'enfant certaines lois de Chabbat s'il voit et touche les éléments de ces lois. Par exemple voir un champ labouré l'aidera à comprendre plus facilement ce qu'est le travail de h'orech (labourer) plutôt que compiler des dessins dans une brochure. Si on en dressait la liste, on serait étonné de voir le nombre de Mitsvoth liées à la terre et à la nature.

En dehors de cela, l'observation de la nature dans sa dimension aussi bien microscopique que macroscopique permettra à l'enfant de réaliser la beauté et les merveilles de la Création que D.ieu a mis en place ; n'oublions pas que c'est à travers la contemplation de la nature qu'Abraham a perçu la présence de D.ieu dans le monde.

ACTIVITES EN MILIEU NATUREL

Pour permettre l'accès à cette connaissance de la nature qui entoure l'enfant, nous suggérons le principe du P. M. P. Le vocable P. M. P signifie donc "Petit Milieu Personnel". Ces trois mots définissent à eux seuls le concept.

Petit : L'endroit choisi a une surface réduite, ce qui permet de l'explorer en très peu de temps.

Milieu : Implicitement milieu naturel ; l'activité se place en plein air, si possible dans un endroit où l'environnement est suffisamment riche et varié.

Personnel : L'activité est conçue de manière individuelle ; chacun se trouve dans un endroit où il se sent bien.

Il est bien sûr que selon le temps qui pourra être accordé à cette activité dépendront les objectifs pouvant être réalisés comme, aiguiser notre curiosité vis à vis du fonctionnement de la nature et de l'écosystème, apprendre à utiliser certaines techniques d'approche de la nature, apprendre à se comporter dans la nature, à respecter le paysage, la faune et la flore. Cette démarche pourra amener l'enfant, quel que soit l'environnement dans lequel il vit, à constater que même au cœur de la ville la nature est présente ( nids d'oiseaux, insectes, floraison etc. ).

L'apparition des phénomènes de pollution a contribué grandement depuis quelques années à faire de plus en plus attention à la nature. Afin de sensibiliser les enfants sur ce sujet, ont été mis en place ce que l'on appelle des " classes vertes" ou des classes de découverte qui leur permettent sans quitter leur environnement scolaire avec des cours allégés, de découvrir le monde dans lequel ils vivent.

Près de 1000 classes de découverte nature sont organisées par la ville de Paris chaque année ; ces classes de découverte s'adressent en priorité aux enfants de CM1 et CM2, mais elles peuvent aussi toucher de manière beaucoup plus restreinte les classes de CE1 et CE2. II n'est néanmoins pas nécessaire de mettre en place des structures lourdes pour pouvoir faire découvrir aux enfants la nature ; la simple organisation de sorties dans les bois peut aider à accomplir ce travail de recherche et de découverte.

Si les enseignants ne sont pas souvent partant pour ce genre de sorties, lui préférant le traditionnel "béret" et autres jeux sportifs, c'est surtout à cause de la peur de ne pas savoir répondre à toutes les questions concernant la nature que leur poseront immanquablement les élèves. A cet égard, il ne faut pas oublier que les élèves demandent à leur maître plus d'être un guide qu'une encyclopédie, et par là même, exprimer son ignorance sur un sujet donné peut être un acte pédagogique important qui apprend à l'enfant qu'il est possible d'apprendre toujours même pour un adulte !

Un autre élément important existe dans ce contact entre l'enfant et la nature ; en effet, combien d'enfants se plaignent régulièrement à leurs parents qu'ils n'ont plus de jeux, qu'ils ne savent pas quoi faire pour jouer, ou alors en période de vacances, les parents sont à la recherche permanente d'occupation pour leurs chers bambins.

On peut apprendre aux enfants à découvrir lors d'une promenade une foule de choses qu'ils n'ont pas encore remarquées, et par la suite cet esprit de découverte peut être pour l'enfant une source d'occupation non négligeable. A cet effet, on pourra aider l'enfant à réaliser un herbier, ou alors à commencer une collection de cailloux (formes différentes, couleurs différentes, porosité, dureté...).

Apprendre d'où vient le vent, identifier les étoiles dans le ciel, voir dans la forme des nuages s'ils sont annonciateurs de pluie ou de beau temps, autant d'activités qui s'inscrivent dans une connaissance globale du monde dans lequel nous vivons. Bien entendu cette connaissance ne doit pas être un but en soi mais au contraire s'inscrire harmonieusement dans la globalité de l'enseignement donné à l'enfant.

On ne peut occulter le fait qu'en dehors de la dimension d'apprentissage liée à ce contact avec la nature, celle-ci à un effet particulièrement bénéfique au niveau de l'épanouissement de l'enfant. Le silence de la nuit à la campagne permet de retrouver une certaine qualité de sommeil, le calme qui entoure l'enfant même s'il l'effraie au début a de l'avis de tous, une fonction destressante sur lui.

Ne parlons pas de la qualité de l'air, ce fameux "bon air de la campagne" si cher à tous les parents !

Nous pourrions dire en guise de conclusion, que lorsque D-ieu créa le premier être humain, Adam, la Torah nous précise qu'il le plaça dans le jardin d'Eden, lieu caractérisé entre autre par la présence d'arbres, de fruits, de cours d'eau, lieu où cet être humain était en contact permanent avec le monde créé par D.ieu, la nature et tout ce qui la compose.

Faire (re)découvrir à nos enfants la nature, en dehors de tout aspect écologique, c'est aussi leur permettre de percevoir encore mieux la présence divine dans l'univers.