La star fait son entrée
au milieu d'une réception, démarche hautaine, regard insolent.
Tout son maintien exprime l'assurance et l'autosatisfaction. Elle semble dire
: " Oui, je sais, je suis merveilleuse ". Tous la regardent émerveillés.
C'est ce qu'on appelle le charisme.
Pourtant, pour la pensée
juive, ce charisme là est factice, car il dépend entièrement
d'éléments extérieurs sur lesquels la star n'a pas tout
contrôle. Sans ses fans, il ou elle ne serait rien.
Ce 7ème volet de
la série " Les 48 voies de la sagesse " nous démontre
que c'est au contraire Béanava, par la modestie, que l'on parvient au
charisme authentique.
C'est une idée bien
surprenante, car on imagine plutôt le modeste comme une personne timide
et effacée. Mais au préalable, mettons-nous d'accord sur le sens
des mots.
L'humilité n'est
pas un sentiment d'infériorité ou un quelconque manque d'estime
de soi, mais plutôt l'assurance que rien n'importe plus que de faire le
bien. L'humble est entièrement tourné vers la vérité.
Et parce que sa propre estime n'est pas fonction de l'approbation extérieure,
il peut faire ses choix sans se soucier de déplaire ou de ne pas être
dans le coup.
L'arrogant ne s'intéresse
qu'à son amour-propre, qu'à ce qu'il possède. Et bien
qu'agréable et charmant, il ne cherche que son intérêt.
L'arrogance c'est : Il
n'y a que moi qui compte.
L'humilité c'est
: Tout ce qui est supérieur à moi (à ma petite personne)
prime.
Dépasser
la médiocrité
Sous ses airs " bien
dans sa peau ", singulièrement l'arrogant souffre de ne pouvoir
exprimer son vrai moi.Comment être soi-même quand on est exclusivement
absorbé par le souci de paraître.
L'humilité est une
forme de liberté. Quand seule la vérité vous occupe et
oriente votre vie, vous êtes libre de vous exprimer de manière
authentique et sereine. Une certaine beauté émane alors de vous.
Voilà le vrai charisme.
Le personnage que la Torah
décrit comme le plus humble est Moïse et ce n'est pas un hasard
si ce personnage est également le plus charismatique. De par son rôle
de transmission de la Torah, Moïse avait la certitude de la légitimité
de sa mission. Aucune récrimination, aucune opposition ne pouvait venir
le déstabiliser et il était respecté.
L'humble qui possède
la vraie confiance en soi est au-dessus de la médiocrité et ne
se sent pas contraint de répondre aux attaques. Il est au-dessus des
polémiques.
Il connaît sa place
et aide éventuellement les autres à trouver la leur, car n'étant
pas sujet à la jalousie, il ne craint pas de reconnaître la supériorité
et de donner de l'importance à l'autre.
Si vous avez déjà rencontré des personnes de ce genre,
vous savez leur grand pouvoir d'attraction. Vous vous dites qu'un peu de ce
charisme ne vous ferait pas de mal ?
Le besoin de sens
Etant donné que l'humilité
est basée sur la recherche de la vérité, elle alimente
le besoin humain de finalité.
Chacun veut donner un sens
à sa vie. La majorité d'entre nous souhaite pouvoir se mettre
au service des autres. Ce désir pousse certains à choisir des
carrières médicales ou sociales. L'argent à lui seul n'est
pas une motivation assez puissante pour avancer dans l'existence. Malheureusement,
la vie quotidienne nous éloigne de nos objectifs. Les courses, les réunions
de travail et les e-mails nous font parfois perdre de vue l'essentiel.
Le moyen de se recentrer
sur l'essentiel est de s'interroger sur le but de sa vie. Est-ce que je mange
pour vivre ou est-ce que je vis pour manger ? Est-ce que je travaille pour vivre
ou est-ce que je vis pour travailler? Chaque jour, reposons-nous ces questions
pour ne pas perdre de vue nos objectifs.
Pourquoi vivez-vous ? Creusez-vous
un peu. Tâchez d'évaluer la validité de vos objectifs. Si
une petite voix vous souffle : " Non, ça, ce n'et pas un vrai but
de vie ", réfléchissez bien avant d'abandonner. Avoir un
but est aussi vital que l'air et que l'eau.
Faire ce qui est bien
Faire ce qu'il faut est
souvent difficile, car nous ne percevons pas nécessairement la gratification
de l'acte. Pourtant en y regardant bien, on s'aperçoit qu'il n'y a pas
de plus grande satisfaction à faire ce qui est bien.
Les plaisirs matériels
certes agréables et nécessaires, sont incomparables au bonheur
que procure l'amour de l'autre et la réussite d'un but.
Si on vous offrait 10 milliards
pour un de vos enfants, vous refuseriez sans l'ombre d'une hésitation,
et alors vous comprendriez plus concrètement la valeur inestimable de
votre enfant.
De même, si l'on vous
donnait le choix entre tuer des enfants ou être tué vous-même,
vous n'hésiteriez pas une seconde à vous sacrifier. L'exemple
est extrême mais il traduit une dimension fondamentale de l'humain, sa
capacité de bonté qui le rend prêt à mourir pour
ce qui est juste.
Quelle est
votre cause ?
Lorsqu'on est prêt à mourir pour servir une bonne cause, il n'est
pas de but plus important dans la vie qu d'être bon.
Chacun à une cause
à défendre. Pour certains ce sera la paix dans le monde, pour
d'autres la sauvegarde des baleines ou un combat politique. Quelle est votre
cause à vous ?
Concentrez-vous un instant.
Pour quoi vous sacrifieriez-vous ? Qu'aimeriez-vous qu'on retienne de vous ?
Quand on vit pour une cause,
on est capable de soulever des montagnes et on en a du plaisir.
Dans la pratique, cela peut
prendre forme de la manière suivante : commencez en douceur, étape
par étape, pour ne pas être dépassé. Ne perdez jamais
de vue votre but et faites le bilan de vos progrès chaque jour.
C'est une vaste entreprise
mais qui justifie pleinement le temps et l'énergie que vous investissez.
Prêt à relever
le défi ?
Agir dans de bonnes intentions
Faire ce qu'il faut est
bien, mais les motivations sont tout aussi importantes dans une bonne action.
Si on agit par intérêt ou pour se faire valoir, on n'en retire
finalement aucune satisfaction.
On raconte l'histoire d'un
grand rav qui, sur le point de mourir priait avec une grande intensité.
Ses élèves réunis autour de lui lui demandèrent
à quoi il pensait à ce moment précis.
Il répondit : "
Une petite voix en moi me dit : " Prie avec ferveur pour impressionner
tes élèves " Même au bord de la mort, le Sage luttait
contre son ego.
Le véritable charisme
naît du désintérêt que l'on a pour la faveur publique,
ayant pour seul souci le bien. Seul ce comportement procure de la satisfaction.
D. comme finalité
ultime
Dans la poursuite d'un but,
on est davantage efficace lorsque le but répond à une nécessité
objective que s'il est déterminé par un désir personnel
pouvant changer à tout moment. Le Judaïsme enseigne que pour découvrir
le sens des choses, il faut se mettre au diapason de la volonté du Créateur.
D. étant la source de toute objectivité, Il définit ce
qui est bien.
L'objectivité et
l'humilité sont liées. La première, en permettant de passer
outre ses propres désirs et d'accomplir ce que le bien exige, conduit
à la deuxième.
Moïse est appelé
" le plus modeste " car il se tenait devant D. avec le plus grand
respect et avec crainte. Tout autre sentiment écarte D. A ce propos,
le Talmud apparente l'arrogance à l'idolâtrie, car toutes deux
éloignent D.
En toute circonstance demandez-vous
: " Que D. souhaiterait-Il que je fasse ? " puis faites ce qu'Il vous
dit, vous êtes sûr de ne pas vous tromper.
Accéder
à la sagesse
L'humilité vous fait
parvenir à la sagesse, car elle vous extrait de votre réalité
subjective. Les Sages posent la question fodamentale de savoir pourquoi la Torah
a été donnée dans le désert . C'est parce que le
vide est une condition pour recevoir la sagesse. Nous-mêmes devons accepter
de faire le vide en nous.
L'objectivité est
une qualité qui s'aquiert également par la pratique du conseil.
Plus vous annalyserez des circonstances où vous n'êtes pas impliqué,
plus vous serez en mesure de regarder clairement ce qui vous concerne.
En fait, moins vous avez
besoin du regard des autres et plus vous developpez votre propre estime, plus
vous possédez de charisme.
En quoi l'humilité
est un ingrédient de la sagesse
L'humilité génère
vérité et objectivité.
L'humilité rend
libre. Votre personnalité s'exprime plus authentiquement.
L'humilité génère
du bien être, l'arrogance de la douleur.
L'humilité vous
tourne vers l'autre.
L'humilité renforce
votre relation au divin.
Tant que vous ne savez
pas pourquoi vous êtes prêt à mourir, vous ne vivez pas.
Traduction et Adaptation de Béatrice Cohen-Solal