Les théologiens citent volontiers comme l'exemple classique de "dogme", l'étrange ordonnance biblique de la " vache rousse ". Cependant, nous sommes enclin à croire que la Torah ne contient pas de dogme. Loin de nous d'admettre la théorie des "rationalistes" en ce qui concerne la connaissance de Dieu, mais nous croyons fermement que toutes les lois divines sont accessibles à l'esprit de l'homme.

En effet, le Midrach nous assure que même le mystère de la vache rousse fut confié à Moise !
"A toi seul je dévoilerai sa signification, mais elle restera inaccessible aux autres", disait Dieu à Moïse.

Du moment que l'homme Moïse a pu saisir le mystère de la vache rousse, même s'il s'agit d'un privilège exceptionnel, nous avons la preuve formelle que Dieu ne cache rien à l'homme concernant les lois de la Torah Il faut simplement atteindre le degré de croyance d'un Moïse.

Nous avons un exemple semblable dans le domaine de la science. Il est en effet notoire, que la fameuse théorie d'Einstein n'était accessible qu'à quatre ou cinq savants. En quoi la valeur de cette science révolutionnaire est-elle diminuée de ce fait ? Rien n'empêche les autres savants de s'élever à la hauteur de quatre ou cinq privilégiés.
Nous ne voulons pas prétendre que l'homme puisse saisir le sens de chaque loi tel que Dieu le conçoit, mais nous croyons fermement qu'il y a une version humaine à chaque loi divine, accessible à tous les esprits élevés.

Contrairement aux instructions reçues, Moïse avait frappé le rocher au lieu de lui parler. Cette désobéissance, qui semble pourtant mineure, a eu pour Moïse les conséquences les plus graves : l'accès à la Terre Sainte lui fut interdit, ainsi qu'à son frère Aaron.

Dieu justifie sa décision sévère par ces mots : " Par votre manque de confiance en moi, vous avez empêché que mon nom soit sanctifié par les enfants d'Israël ".
Comment ? Moïse, dont Dieu lui-même affirme qu'il était son confident, Moïse, dont l'inspiration divine lui parvenait par un " canal direct ", est accusé de manque de confiance ?

Le commentaire le plus admis est celui-ci : Moïse avait l'habitude - sur ordre divin, d'ailleurs - de faire tous les miracles à l'aide de sa canne. II était certain que pour provoquer le jaillissement d'eau d'un rocher il devait nécessairement se servir de son "bâton magique". Mais Dieu en a jugé autrement. En effet, le peuple assoiffé, ayant vu Moïse frapper le rocher, pouvait croire que par son geste il avait tout simplement déplacé un bloc de pierre derrière lequel se trouvait une source d'eau.

Cependant, il nous semble évident que jamais dans le cour de Moïse un manque de confiance envers Dieu ne pouvait germer.
Ce que Dieu reprochait à Moïse, c'était un manque de "psychologie de masse". Car si les miracles n'étaient pas nécessaires pour fortifier la croyance de Moïse, ils furent déterminants pour la formation du peuple hébreu dans le désert, pour sa préparation à sa vocation historique.

Le chef responsable d'une nation ne doit pas se contenter d'avoir raison, son devoir est de pouvoir faire partager ses convictions au peuple !
Une autre leçon se dégage de cet événement.

Les " arguments frappants " ne peuvent jamais remplacer ceux, de la logique et de la raison !