Nous apprenons par Rachi, que D.ieu ne voyait pas d'un bon oeil le projet d'explorer le pays de Canaan avant d'y pénétrer. En effet, c'était un acte de méfiance envers D.ieu que de vouloir vérifier de visu si la Terre promise était vraiment le pays "où coule le lait et le miel".

Cependant Moïse devait aussi compter avec les méfiants et les hésitants, et il se résigna à envoyer les explorateurs en mission. Le drame des explorateurs qui mirent finalement la parole de D.ieu en doute, devrait inciter chacun à la prudence. II est la preuve la plus éclatante que D.ieu a défendu pour toujours de parler en mal de la Terre Sainte, même lorsque la critique est justifiée !

Car, en somme, les explorateurs n'ont point menti en rapportant les observations de leur excursion clandestine en pays de Canaan.
Mais, comme le dit le psalmiste : oureé betouv yerouchalayim (Psaumes CXXVIII, 5), observe ce qui est bon à Jérusalem, et ne cherche point ses défauts.
Josué et Kaleb furent les seuls à avoir la foi inébranlable en la parole de D.ieu .

Et Josué fut élu pour conduire le peuple en Erets Israël.

Mais il s'est rendu au pays sans les défaitistes et sans les méfiants, qui tous devaient périr dans le sable brûlant du désert ! L'anticipation biblique sur le drame futur du judaïsme, contenue dans cette paracha, est bouleversante !

L'expérience des "explorateurs" constitue un avertissement solennel. Méfions-nous de ceux qui se hissent par orgueil et vanité au sommet du pouvoir mais qui, au moment du danger, sont les premiers à démoraliser le peuple et l'incitent finalement à abandonner sa mission historique.

C'est un phénomène paradoxal chez le juif de tous les temps, qui s'attache de tout son cœur à n'importe quelle nation qui l'adopte, même lorsqu'il est persécuté, plutôt que de chercher une indépendance totale dans un pays qui sera véritablement sien. Ce sentiment de fidélité, très noble en soi, et qui témoigne de la qualité morale de l'israélite, fut toujours le plus grand obstacle à la renaissance juive, qui se heurtait à ce mur que fut l'attachement inconditionnel du juif à sa patrie adoptive.

Notre paracha décrit cette attitude de l'israélite avec un accent dramatique.

Après avoir subi l'esclavage implacable de l'Egypte, après avoir été le témoin oculaire des plus grands miracles de l'histoire, la traversée de la Mer Rouge, la nourriture céleste de la manne, le peuple juif se révolta à l'idée d'engager la lutte finale pour la conquête de la Terre promise.
" Nous préfèrons retourner en Egypte ", s'écriaient-ils presque unanimement.

C'est ainsi que l'on sacrifie la liberté sur l'autel d'une fausse sécurité.