LA PRESERVATION DES RESSOURCES
NATURELLES
Les récits de la Torah contiennent beaucoup d'allusions à la préservation des ressources naturelles.
Un troisième élément
écologique est la préservation de ressources naturelles. La loi
de bal tach'hit se réfère aussi à cela.
Un important domaine de
la halakha assure une protection des sols et des terres. La loi de chemita,
l'année sabbatique, nous ordonne de laisser une année sur sept
la terre en jachère. Après quarante-neuf ans, on doit proclamer
une année de jubilé, pendant laquelle on devra respecter les mêmes
interdictions que celles de l'année sabbatique.
Une autre interdiction mentionnée
dans le Michna s'applique aussi à la protection du sol. Il est interdit,
en Terre d'Israël, d'élever du petit bétail, des chèvres
et des moutons.
Dans une certaine mesure, la protection des animaux et les lois sur le Chabbath
traitent aussi de la préservation des ressources naturelles, de même
que les règles sur la cacherouth.
Les récits de la
Torah contiennent beaucoup d'allusions à la préservation des ressources
naturelles. Abraham et Lot se sont séparés afin de ne pas épuiser
la terre. Joseph a conseillé d'amonceler du blé pour Pharaon,
afin que le peuple ne souffre pas de la famine. L'or employé pour les
instruments du temple était recyclé. La politique de la terre
brûlée est inconnue dans les guerres menées par les Juifs.
Le Midrach nous rappelle
plusieurs fois la nécessité de planter des arbres, tandis que
la consommation excessive est découragée.
NUISANCES ET POLLUTION
Un quatrième élément
écologique concerne les nuisances et la pollution. Dans la halakha, la
limitation des nuisances et la protection de la santé jouent un rôle
important.
La première codification
des lois juives sur les problèmes d'environnement est constituée
par les lois de voisinage de Maïmonide. Les nuisances et la pollution sont
perçues très négativement dans la Bible : ils sont des
outils de punition.
Ce concept domine le récit
des Dix Plaies, mais la chute de Jéricho aussi est causée par
ce que nous appellerions aujourd'hui une " pollution sonore excessive ".
On trouvera un autre exemple
à propos de Jérusalem, la ville sainte. Il est symptomatique que
des lois spécifiques y interdisent des activités polluantes. Le
Talmud enseigne : " On ne doit pas y dresser un tas de fumier. On ne
doit pas y établir une étuve, ni installer des jardins potagers
ou fruitiers, à l'exception de la roseraie qui était là
depuis l'époque des premiers prophètes. On ne doit pas y élever
des volailles. On ne doit pas laisser un cadavre y passer la nuit. "
Le Talmud mentionne que, puisqu'il n'était pas permis d'avoir une étuve
à Jérusalem, toutes les poteries devaient y être apportées
d'ailleurs.
L'OCCUPATION DES SOLS
Un cinquième élément
du souci pour l'écologie est l'occupation des sols.
L'exemple principal dans
la halakha est constitué par les villes des Lévites et les villes
de refuge. On devait laisser vides autour des villes, de tous les côtés,
deux mille coudées à utiliser comme pâtures. Il était
interdit d'y bâtir des maisons, d'y planter des vignobles ou d'y installer
des champs cultivés.
Cette approche est un élément
annonciateur des politiques modernes de planification urbaine, qui s'efforcent
de mettre en œuvre des proportions prédéfinies entre les
espaces bâtis et non bâtis.
LA HALAKHA CONTEMPORAINE
Un rabbin 'habad fut consterné quand il se rendit compte qu'il avait, par mégarde, arraché une feuille d'un arbre.
S'agissant d'un domaine
extrêmement vaste, nous ne le traiterons que très brièvement.
Certaines lois contemporaines traitent de problèmes d'environnement.
C'est ainsi que Rabbi 'Hayim
David Halévi, ancien Grand rabbin séfarade de Tel Aviv, indique
qu'il est interdit de porter des manteaux de fourrure parce que les animaux
employés pour les fabriquer sont tués de manière douloureuse.
Comme autres sujets traités
dans la halakha contemporaine, on peut citer le tabagisme actif et passif, les
attitudes envers les animaux, le végétarisme, la projection dans
les synagogues de sucreries non emballées ou d'amandes pelées,
ainsi que la question de savoir quelles nourritures excédentaires peuvent
être détruites.
Il existe dans le judaïsme
beaucoup d'autres manifestations de préoccupations d'ordre écologique.
C'est ainsi qu'on trouve dans notre liturgie des bénédictions
spéciales remerciant D.ieu pour la beauté dans la nature.
Nous citerons également
la littérature mystique. Les kabbalistes du 16ème siècle
à Safèd s'opposaient au massacre ou à la torture de toute
créature vivante, y compris des insectes, affirmant que des âmes
humaines pouvaient transmigrer dans des corps d'animaux. Un rabbin 'habad
(mouvement 'hassidique également connu sous le nom de loubavitch)
fut consterné quand il se rendit compte qu'il avait, par mégarde,
arraché une feuille d'un arbre.
ASPECTS NON RELIGIEUX
La côte méditerranéenne, en Israël, est malheureusement sur le point de devenir une vaste conurbation.
Quand nous parlons de l'attitude
du judaïsme à l'égard de l'environnement, nous en évoquons
non seulement les aspects religieux mais aussi beaucoup d'autres.
Nous pouvons, par exemple,
nous demander si les Juifs, à travers les âges, se sont comportés
différemment par rapport à lui que les autres. La réponse
est : " Oui ! ".
Autre question : comment le sionisme réagit-il par rapport à l'environnement
? C'est là une question qui pourrait donner lieu à de vastes débats.
Ce que nous savons, en tout cas, c'est que la côte méditerranéenne,
en Israël, est malheureusement sur le point de devenir une vaste conurbation.
Il existe d'autres problèmes
qui pourraient être inclus dans ce sujet : les contributions individuelles
de Juifs à l'écologie moderne, la perception de l'environnement
dans les œuvres littéraires, les liens entre les organisations juives
et les organisations environnementales.
On pourrait également
parler des éléments païens que recèlent les idéologies
écologiques, et des liens qui pourraient raccorder les " Verts "
allemands aux doctrines pseudo religieuses du mouvement nazi.
CONCLUSION
J'espère avoir prouvé ici que le judaïsme, non seulement
a " quelque chose " à dire sur les problèmes d'environnement,
mais qu'il peut aussi apporter une contribution significative à une approche
cohérente du sujet.
Une des approches possibles
pourrait consister dans le développement d'études environnementales
juives en tant que discipline universitaire autonome. C'est là un des
problèmes majeurs de notre temps. Le " Jérusalem College
of Technology " a annoncé son intention d'établir le premier
centre diversifié au monde sur le judaïsme et l'environnement.
Une approche totalement
différente pourrait être développée si les gens concernés
par ces problèmes d'environnement soumettaient des questions écologiques
aux dirigeants rabbiniques. On pourrait ainsi voir se développer une
nouvelle catégorie halakhique, celle de la loi juive en matière
d'environnement, similaire à ce que l'on a vu en matière médicale,
où l'on voit prospérer depuis plusieurs décennies une jurisprudence
religieuse spécifique.
C'est en faisant appel aux
richesses de nos sources propres que nous pourrons relever bien des défis
qui nous sont lancés.
Traduit de l'anglais par Jacques KOHN
(Conférence donnée
le 20 février 2000 par le Dr. Manfred Gerstenfeld)