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La femme, bien plus que l'homme, vit de tout son être le mystère de l'existence. Elle est à la fois cette obscurité et ce chaos dont parle la Torah, et cette volonté puissante de courir servir D.ieu, tel que l'expliquent nos Maîtres.
"Comment, si la femme porte en elle une telle perfection, a-t-elle pu se faire complice d'une dévalorisation presque totale de sa personne? "

Nous avons expliqué jusqu'à présent que la femme incarnait un niveau moral et spirituel infiniment élevé, dont la véritable grandeur ne se dévoilera que dans le monde à venir.

Cependant, grande est notre interrogation, terribles sont nos doutes lorsque nous constatons qu'aujourd'hui, la femme semble être devenue le symbole des plaisirs et de nombre de déviations et perversions humaines.

Comment surmonter une telle contradiction? Comment entrevoir chez la femme une fenêtre sur le monde à venir, alors que c'est elle ou, plus précisément notre relation avec elle, qui nous fait sombrer dans la matérialité de ce monde?

Comment élever nos yeux et voir en la femme l'un des secrets de la perfection humaine, alors qu'aujourd'hui nos yeux sont agressés sans cesse par l'image de la femme-objet que l'on placarde sur tous les murs pour nous vendre une lessive ou un dentifrice?

Comment, si la femme porte en elle une telle perfection, a-t-elle pu se faire complice d'une dévalorisation presque totale de sa personne?

Comment un être dont la racine profonde est le monde à venir, a-t-il pu descendre bien plus bas encore que le niveau de ce monde-ci? Comment, enfin, l'homme ne se sentirait-il pas supérieur à un être qu'il parvient si facilement à transformer en objet?
 

L'éCORCE ET LE FRUIT

Pour répondre à cette question, il nous faut comprendre l'un des secrets de la création et de la condition humaine.

Dans la Torah, le monde est appelé Olam, qui signifie voilé, caché. Dès les premiers versets de la Torah, nous lisons: " La terre n'était qu'obscurité et chaos, tout était confus et bouleversé..." Cependant, nos Maîtres, dans le Midrach, expliquent que le mot "terre", qui se dit Erets en hébreu, vient de la racine Rats, qui signifie "courir". Ainsi, ils enseignent: " La terre s'appelle Erets, car elle court faire la volonté de D.ieu!"

Nous sommes ici en présence de la même interrogation évoquée au sujet de la femme. Comment affirmer que la terre a couru faire la volonté de D.ieu alors que c'est précisément sur la terre que l'homme est confronté à toutes les tentations qui l'éloignent de D.ieu?

Pourquoi, au même moment où nos Maîtres nous dévoilent l'extraordinaire niveau qu'il est possible d'atteindre sur terre, la Torah, elle, nous enseigne qu'elle n'était qu'obscurité et chaos? C'est précisément le dilemme auquel est confrontée toute l'existence humaine.

Dans ce monde, toutes les "grandes choses" sont cachées à l'intérieur d'une épaisse "écorce" qui les voile; pour cette raison, le monde s'appelle Olam, voilé. Olam, le voile, est l'écorce qu'il faut briser afin d'atteindre le fruit.

Il n'y a pas de contradiction entre ce que nous dit la Torah et ce qu'enseignent nos Maîtres. Lorsque le verset nous dit que la terre n'était qu'obscurité et chaos, il nous parle en fait de l'écorce, du voile qui recouvre et cache la véritable dimension de ce monde.
Nos Maîtres, eux, révèlent ce qui est caché à l'intérieur de cette écorce.

Ce monde a deux dimensions. L'une dont parle la Torah, qui éloigne l'homme de son Créateur. L'autre, celle que dévoilent nos Maîtres, qui pousse l'homme de toutes ses forces vers D.ieu. Là encore, nous sommes en présence de cette dualité, de ce bouleversement des valeurs. Au même endroit, dans un même temps, l'homme peut soit totalement s'éloigner, soit se rapprocher sans cesse davantage. Tout dépendra de son attitude en ce lieu et ce moment.

S'il accepte le monde tel qu'il se présente à ses yeux et confond l'écorce avec le fruit, il vivra dans le chaos et la confusion. Si, au contraire, il brise l'écorce et cherche véritablement le fruit, il découvrira un monde capable de l'élever au plus haut niveau moral et spirituel.

Nos Maîtres utilisent souvent une expression bizarre au sujet de celui qui s'abandonne à ses instincts et ses passions. Ils disent: "qu'il se casse les dents". Ils font allusion à ce que nous venons d'expliquer. Celui qui ne sert que ses passions ressemble à quelqu'un qui croque de toutes ses forces dans une noix, il ne peut que se casser les dents!

En fait, l'exemple de la noix ne peut décrire toute la réalité de ce monde. Comme nous l'avons expliqué, les deux dimensions de ce monde ne sont pas seulement une écorce et son fruit mais deux forces puissantes, diamétralement opposées l'une à l'autre. La force de "l'écorce" incarne toutes les valeurs contraires à celle du "fruit". Il en est absolument de même pour la femme.
 

LE DUEL EXISTENTIEL DE LA FEMME

"Elle est tiraillée entre deux forces contraires, l'une qui la pousse et l'élève vers le monde à venir, l'autre qui l'entraîne et la fait chuter dans l'abîme de la matérialité."

C'est précisément parce qu'elle incarne toute la lumière du monde à venir, que son "écorce" symbolise toute l'obscurité de ce monde-ci. David, dans les Psaumes, écrit: " C'est de mes ennemis que j'apprends la sagesse!" Nos Maîtres expliquent: " Il est possible de comprendre ce qu'est le bien de l'opposition qu'exerce le mal." Le bien est la réalité inverse du mal.

Si l'écorce de la femme incarne tout ce qu'il y a de plus matérialiste dans ce monde, c'est la preuve que son fruit est la lumière du monde à venir.

Elle est tiraillée entre deux forces contraires, l'une qui la pousse et l'élève vers le monde à venir, l'autre qui l'entraîne et la fait chuter dans l'abîme de la matérialité. La femme, bien plus que l'homme, vit de tout son être le mystère de l'existence. Elle est à la fois cette obscurité et ce chaos dont parle la Torah, et cette volonté puissante de courir servir D.ieu, tel que l'expliquent nos Maîtres.

La Torah nous révèle cette notion au sujet de Rebecca, l'épouse de Isaac. Elle portait dans son sein deux enfants, Esaü et Jacob, qui se "disputaient" et la faisaient souffrir. Nos Maîtres expliquent que lorsqu'elle passait devant un temple idolâtre, Esaü "poussait" et "courait" pour sortir de son ventre. Au contraire, lorsqu'elle passait près d'un endroit où il y avait des hommes pieux et justes, Jacob poussait et courait pour sortir.

Esaü incarne les forces de la matière qui poussent l'homme vers l'idolâtrie et la débauche. Jacob, lui, est la force du bien qui pousse l'homme à se parfaire et dominer ses instincts.

Ainsi, la Torah et nos Maîtres nous révèlent l'extraordinaire conflit qui se déroule au sein de toute femme. L'homme a du mal à saisir l'importance de ce conflit parce qu'il ne prend pas chez lui de telles proportions. Bien que l'homme soit lui-même soumis à cette lutte entre deux forces, celle du bien et celle du mal, la nature de ce combat est infiniment moins sauvage chez lui que chez la femme.

C'est pour cette raison, sans doute, que dans la grande majorité des couples qui essayent de suivre les chemins de la Torah, la femme "avance" moins vite que l'homme et son attitude est souvent perçue comme un frein.

"Sans doute, la Torah veut, elle, nous faire comprendre l'extrême solitude dans laquelle se trouve la femme."

Cependant, nos Maîtres nous ont enseigné: " Ne juge personne tant que tu ne te tiendras pas à son "endroit"."

Tout mari doit comprendre que s'il se tenait lui dans "l'endroit" où sa femme évolue, peut-être progresserait-il bien moins qu'elle en est capable.

La femme sent que son mari n'arrive pas à la comprendre et, souvent, elle ne dispose d'autres moyens que de se tourner vers D.ieu Lui-même.
C'est ce que fit Rebecca. Elle n'alla pas demander conseil et aide chez son mari, mais se tourna vers D.ieu, ainsi qu'il est dit: (Genèse) " Elle alla demander à D.ieu...".

Sans doute, la Torah veut, elle, nous faire comprendre l'extrême solitude dans laquelle se trouve la femme. Dans ce conflit intérieur, elle ne trouve que très rarement en son mari la personne capable de l'écouter, la comprendre et l'aider.

Nous verrons bientôt que l'homme faute terriblement, en laissant sa femme à ce point seule dans ce terrible conflit qui l'oppose aux différentes forces du mal.



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Haïm DINOVISZ
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