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"La femme est l'avenir de l'Homme", nous dit le poète... Elle est toute espérance et attente du futur dévoilement de la face cachée de l'Homme.
Que signifie la Emouna? Elle est un mélange subtil de courage et de volonté, porteuse d'espoir et d'espérance, elle est cette joie silencieuse qui illumine et renforce le coeur.

Aussi, un monde nouveau s'ouvre à présent devant la femme. En s'occupant de son foyer, en élevant les enfants ou en rentrant dans sa cuisine, ce n'est plus dans la matérialité qu'elle s'enfonce. Au contraire, elle pénètre alors dans le lieu où il lui est possible de faire briller son coeur, de montrer, dévoiler, affirmer la lumière puissante qui brille à l'intérieur d'elle-même.

De l'intérieur de son foyer, une louange puissante et mystérieuse s'élève et parfume l'humanité d'une extrémité à l'autre. " Ta gloire emplit la création tout entière." A la femme, D.ieu a destiné la plus noble et la plus élevée des qualités humaines: la patience, appelée dans la Torah la Emouna.

Que signifie la Emouna? Elle est un mélange subtil de courage et de volonté, porteuse d'espoir et d'espérance, elle est cette joie silencieuse qui illumine et renforce le coeur. Elle est ce rempart qui nous protège contre la révolte et le désespoir, fondement de notre équilibre, force sans cesse renouvelée de la vie.

L'existence même de la femme est le lieu du dévoilement puissant de la Emouna. Parce que la femme est un être en " attente", un être en puissance, elle porte en elle un monde qui dans les souterrains de l'âme se construit en silence. Elle attend patiemment, courageusement que son heure arrive, que son monde se dévoile, que sa véritable dimension puisse enfin être perçue.

C'est pour cette raison que, dans l'attente de ce dévoilement, elle est placée dans des conditions où, sans une Emouna puissante, elle ne peut parvenir à trouver un véritable sens à sa vie. Celle qui réussit à percer le mystère de sa condition et parvient à la Emouna découvre alors que la part qui lui est réservée est bien plus grande que celle de l'homme.

Lorsqu'au milieu de ses préoccupations quotidiennes, elle parvient dans un soupir d'espoir à entrevoir la lumière immense qui pointe à l'horizon de son obscurité, alors une joie véritable la traverse et lui donne le courage de continuer.
 

NOBLESSE, COURAGE ET ESPERANCE

Si l'homme est aujourd'hui un roi, la femme est sa couronne, ainsi que l'exprime le verset: " La femme est la couronne de son mari " (Proverbes). Or, la Torah elle-même est appelée couronne, car c'est elle qui fait du Juif un roi.

La femme et la Torah sont au même niveau, elles sont cette couronne qui procure de la noblesse à l'existence humaine. Si la Torah est un océan de sagesse, elle prend naissance à la source de la Emouna. La noblesse et la royauté véritable d'un homme prennent naissance à cette source inépuisable d'Emouna et de courage qui jaillit des profondeurs de la femme. C'est à l'intérieur de cette source que l'homme se renouvelle sans cesse.

Ce secret est révélé par nos Maîtres, qui affirment (Talmud Nida): "Les femmes juives sont une source de pureté pour le peuple juif." Qui a su louer, honorer, grandir et célébrer la femme ainsi que l'ont fait les Maîtres de la Torah? Quel peuple a su faire de l'épouse la couronne de son mari et sa source purificatrice?

La femme est une source de pureté, lumière de la Emouna, à l'intérieur de laquelle l'homme puise sans cesse courage et volonté, joie et espérance. Cette source de pureté, nos Maîtres l'appellent "Mikvé Taharah". Le mot Mikvé signifie aussi espérance. D.ieu Lui-même est appelé par nos Maîtres "Mikvé Israel", l'espérance d'Israel.

Ce sont les mêmes raisons qui poussent l'homme à se sentir supérieur à la femme qui l'entraînent à se croire capable de se passer de D.ieu!

Ainsi, nos Maîtres ne se sont pas limités à voir dans la femme le lieu de la pureté, de l'espoir et de la Emouna. Ils l'ont élevée au niveau de D.ieu Lui-même. Ils ont enseigné qu'il existe deux Mikvé, D.ieu et la femme!

Si D.ieu est la source première de la Emouna, Il a placé dans ce monde un être qui incarne toute l'espérance de notre peuple. Il créa la femme.
D.ieu et la femme ont un point commun. Tous deux brillent de patience! Tous deux attendent dans l'obscurité de l'histoire que la vérité puisse enfin se dévoiler. Le rapport à D.ieu et à la femme est absolument identique. Ce sont les mêmes raisons qui poussent l'homme à se sentir supérieur à la femme qui l'entraînent à se croire capable de se passer de D.ieu!

Aussi, s'il est vrai que l'existence de la femme semble moins spirituelle que celle de l'homme, c'est parce que l'effort qui lui est demandé afin de construire sa véritable dimension spirituelle est différent de l'effort qui est demandé à l'homme.

Dans le même ordre d'idées, il est possible de comparer la vie de l'homme au jour et celle de la femme à la nuit. De même, la Torah dévoilée est comparable au jour et le Nistar à la nuit. Enfin, le monde d'aujourd'hui lui aussi ressemble au jour et le monde à venir, à la nuit.

Cependant, cette comparaison de la femme, du Nistar et du monde à venir à la nuit repose sur notre perception actuelle de la réalité. Mais cette perception est appelée à une véritable mutation, à un renversement total.
 

LA BOUGIE ET LE SOLEIL

Un bouleversement des valeurs et des idées se prépare lentement dans le secret et l'obscurité, au sein même de l'histoire. Lorsque la vérité se dévoilera, nous nous apercevrons que tout ce qui était dévoilé aujourd'hui était infiniment moins grand que ce qui apparaîtra alors.

Nous ressemblons à un homme enfermé dans une grotte obscure, tenant une bougie à la main. Grâce à elle, il bénéficie d'une certaine clarté. Cependant, face à la lumière du soleil qui brille au dehors, la clarté que lui procure la bougie est tout à fait insignifiante. De même, la lumière de la Torah dévoilée nous permet de nous diriger dans l'obscurité de ce monde. Mais la lumière du Nistar est un véritable soleil dont les rayons sont la véritable lumière du jour.

Les Sages nous enseignent que tout ce qui est dévoilé aujourd'hui et semble être le jour n'est en fait que la nuit par rapport au puissant dévoilement qui se prépare.

Ceci, nos Maîtres nous l'ont enseigné. Ils disent (Proverbes): " Les commandements sont une bougie dont la Torah est la lumière." Ils ne comparent pas l'étude de la Torah et l'application des commandements à la lumière du jour, car ils savent que dans ce monde, le véritable soleil ne s'est pas encore levé.

De même, ils affirment (Avoda Zara): " Ce monde-ci est la nuit qui précède le jour du monde à venir." Ils ajoutent: " Dans le monde à venir, D.ieu sortira le soleil de l'enveloppe qui le cache."
Ainsi, nos Maîtres opèrent un véritable renversement des valeurs. Ils nous enseignent que tout ce qui est dévoilé aujourd'hui et semble être le jour n'est en fait que la nuit par rapport au puissant dévoilement qui se prépare.
Dans le monde à venir, nous comprendrons que toute notre lumière n'était qu'une bougie.

La femme et le Nistar sont appelés à briller, tel un soleil en plein midi. Pour l'instant, la femme s'attache à construire la qualité essentielle qui rendra possible un tel dévoilement, la Emouna.
 

LE RENOUVEAU D'ADAM

Avant de conclure, précisons le point suivant.

Nous avons expliqué que l'homme incarnait le monde actuel, monde dévoilé, et la femme, le monde à venir, monde aujourd'hui caché. Nous avons dit que la Torah dévoilée s'adressait plus à l'homme qu'à la femme parce que dans sa forme et son esprit, elle correspondait plus à la nature de l'homme qu'à celle de la femme.

Dans un deuxième temps, lorsque nous aurons accès à la face cachée de la Torah, le Nistar, la femme dévoilera sa dimension véritable qui était, elle aussi, cachée pendant toute l'histoire. Nous avons expliqué que l'apparente supériorité de l'homme sur la femme se fondait sur une échelle de valeurs spécifique à ce monde, mais qu'un profond bouleversement des mentalités mettrait un terme définitif à ce sentiment de supériorité.

Dans ce monde-ci, c'est l'aspect homme qui s'exprime et domine plus que l'aspect femme. Dans le monde à venir, ce sera le contraire. Mais dans les deux cas, c'est toujours du même ADAM qu'il s'agit.

Cependant, nous devons nous interroger. N'avons-nous pas affirmé au début de ce livre que l'homme et la femme n'étaient en fait qu'une seule personne: ADAM!

Seulement, aujourd'hui, puisque l'homme et la femme se tournent le dos et apparaissent comme deux êtres différents, il est possible de parler de supériorité de l'un sur l'autre. Mais, dans le monde à venir, où l'homme et la femme seront à nouveau face à face et ne formeront qu'un seul être, comment l'un pourra-t-il être supérieur à l'autre? Comment dire, au niveau du monde à venir que la femme sera plus grande que l'homme? Ces critères ne sont valables que pour des êtres ayant chacun leur propre conscience, non pour des "parties" inclues dans la conscience unique d'un seul être: ADAM.

Nous répondrons à cette question en disant que nous n'avons fait qu'adopter dans nos explications le "langage d'aujourd'hui", mais que, bien sûr, dans une vision plus profonde des choses, un tel langage est inapte.

Il est évident que dans le monde à venir, ni l'homme, ni la femme ne se sentiront supérieur l'un à l'autre. Nous avons surtout voulu insister sur le fait que la supériorité ressentie par l'homme d'aujourd'hui est appelée à disparaître totalement parce qu'il découvrira en la femme une dimension qui lui est encore totalement inconnue.

Cette dimension sera la qualité essentielle du ADAM du monde à venir, c'est-à-dire la puissance de la Emouna et la lumière de la connaissance véritable, celle du Nistar. Mais ce n'est pas en tant que "femme", être différent de l'homme, que la femme dévoilera cette qualité essentielle, mais comme "partie" intégrante de l'être humain reconstruit, ADAM. Toute rivalité et concurrence auront cessé alors, l'homme et la femme profiteront ensemble de toutes les qualités qui se dévoileront à l'intérieur de ADAM.

Donnons un exemple simple. Imaginons un homme à la fois savant et philosophe. Lorsqu'il est au milieu d'autres savants, il brille essentiellement par ses qualités d'homme de science. Ses connaissances philosophiques sont alors laissées de côté. Au contraire, dans une société de philosophes, il sera apprécié plus par ses connaissances philosophiques que par son titre de savant.

Cependant, il est évident que dans ces deux cas, cet homme ne se sentira jamais diminué. Au contraire, dans chaque milieu, il brille de la même manière puisqu'il dévoile alors la qualité qui convient à ce milieu. Il s'agit toujours de la même personne qui, elle, est à la fois savant et philosophe.

Il en est exactement de même pour ADAM. ADAM est un être qui contient en même temps deux qualités: l'homme et la femme. Dans ce monde-ci, c'est l'aspect homme qui s'exprime et domine plus que l'aspect femme. Dans le monde à venir, ce sera le contraire. Mais dans les deux cas, c'est toujours du même ADAM qu'il s'agit.

La seule différence avec notre exemple est qu'aujourd'hui, l'homme et la femme n'ont pas conscience de n'être que deux qualités d'une seule personne. Aussi existe-t-il une sorte de compétition entre eux que l'homme pense avoir gagné. Mais dans le monde à venir, l'être sera ressoudé, ADAM retrouvera ses deux parties et alors disparaîtra toute notion de supériorité.

Aujourd'hui déjà, l'homme et la femme peuvent tendre vers cet idéal humain. Même dans ce monde, il est possible de "goûter" au monde à venir. L'homme et la femme, s'ils le désirent véritablement et s'attachent à une Torah vraie, profonde et vivante, peuvent reconstruire ensemble l'ADAM déchu.
 

MONDE à VENIR = PARADIS ?

Ce monde est l'état de perception de la réalité avant le dévoilement de la vérité. Celui à venir est un monde où l'homme verra enfin toute la réalité.

Enfin, nous tenons à préciser que tout ce qui a été dit sur le monde à venir ne fait absolument pas allusion à ce que l' on appelle dans le langage commun le paradis. En effet, la Torah n'est pas une "religion de l'avenir", il n'est pas dans son esprit de promettre des "temps meilleurs" pour nous donner la force de supporter notre présent.

S'il est clair que le monde à venir existe et que notre désir d'y accéder fait partie des fondements du Judaïsme, malgré tout il n'est pas une notion abstraite et désincarnée, sans rapport aucun avec la réalité humaine telle que nous la concevons.
Monde actuel et monde à venir font allusion à deux niveaux dans l'échelle des valeurs humaines.

Ce monde est l'état de perception de la réalité avant le dévoilement de la vérité. Celui à venir est un monde où l'homme verra enfin toute la réalité. Le monde à venir existe déjà, mais il est une dimension de la réalité qui nous échappe encore totalement.

Ce monde-ci est un terrible et puissant rétrécissement de la réalité, mais au-delà des limites étroites de ce rétrécissement, une dimension gigantesque de l'ensemble de cette réalité attend l'instant du dévoilement.

Aujourd'hui, nos valeurs, nos idéaux sont le produit de notre perception rétrécie de l'existence. Nous ne pouvons expliquer que ce que nous voyons! Aussi, rien d'étonnant à ce que nous soyons incapable d'établir une véritable échelle de valeurs.

Trop souvent même, nous nous trompons à ce point que nous "renversons" littéralement la hiérarchie entre les choses et les idées.
Le sentiment de supériorité de l'homme sur la femme est l'un des tristes produits de ce "renversement".

Dans le monde à venir, lorsqu'enfin toute la réalité sera dévoilée, l'homme pourra enfin construire, sans se tromper, une véritable échelle des valeurs. C'est ce monde que la femme attend patiemment !



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Haïm DINOVISZ
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