On conte la légende d'Alexandre le Grand, si désireux de l'élever dans les airs, qu'il osa se hisser à dos d'un aigle affamé et l'obligea à s'envoler.
L'homme, de tous temps,
envia les oiseaux et l'aisance avec laquelle ils se déplacent dans l'air.
C'est une merveille, en
effet, que la douceur de leur envol et la grâce de leurs évolutions
lorsque, tour à tour, ils fondent d'un tir d'aile sur leur destination
ou planent comme en flânant dans l'espace atmosphérique.
Quels efforts, au contraire,
ne sont nécessaires à l'homme pour s'élever au-dessus du
sol au moyen d'un saut - ce qui ne l'empêche pas d'y retomber au bout
de quelques instants. Que n'aurait-il donné pour disposer du gracieux
moyen des oiseaux afin de pouvoir voler et voltiger à sa guise !
On conte la légende
d'Alexandre le Grand, si désireux de l'élever dans les airs, qu'il
osa se hisser à dos d'un aigle affamé et l'obligea à s'envoler
dans la direction qui lui plaisait, en tendant devant son bec, au moyen d'un
javelot, un savoureux morceau de viande.
De nos jours, l'homme n'a
pas recours à l'aide d'un volatile domestiqué. Il s'est construit
des machines telles que l'avion, le ballon dirigeable et l'hélicoptère,
et a réussi à atteindre des vitesses qui dépassent celle
du son.
Cependant, l'oiseau vivant
demeure une mécanique bien plus complexe et prodigieuse que les machines
à voler conçues par l'homme. Il convient, du reste, de noter qu'avant
de se mettre à construire ces appareils, l'homme s'est longtemps penché
sur les données de la nature, fin d'en percer les mystères et
de les utiliser pour réussir son uvre.
L'essentiel, dans le mystère
du vol, ce sont les ailes dont le Créateur a doté les oiseaux.
LE MOUVEMENT DES AILES
Comment, en effet, procède
la gente ailée ? Les ailes de l'oiseau sont construites de sorte à
ce que leur longueur, mesurée dans le sens de la plus grande envergure,
dépasse celle du corps. Elles sont dotées de muscles puissants,
capables de développer une énergie considérable. Les plumes
qui les recouvrent peuvent, selon les circonstances, se déployer ou se
coucher.
Lorsque l'oiseau vole, il
accomplit avec ses ailes des mouvements complexes qui, à l'il nu,
semblent se composer d'une alternance d'élévation et d'abaissement
de ces membres. Or, lorsque les ailes s'élèvent, les plumes se
déploient, comme pour laisser passer l'air entre elles ; elles se couchent,
au contraire, dès que les ailes s'abaissent, formant une surface compacte
et imperméable à l'air.
Toute la force des oiseaux réside dans leurs ailes, puissamment bâties et capables de tenir l'air des heures durant sur des distances qui couvrent des milliers de kilomètres.
Ainsi l'oiseau ne développe
que peu d'énergie au moment du geste d'élévation, la résistance
de l'air ne jouant pas. Par contre ,les ailes, en s'abaissant, s'appuient sur
cette résistance.
Un mouvement strictement
vertical des ailes peut suffire à élever l'oiseau à la
verticale, mais ne saurait le faire avancer. Il importe donc que les
organes du vol accomplissent un léger mouvement hélicoïdal
qui a pour effet de repousser l'air en arrière.
Toute la force des oiseaux
réside dans leurs ailes, puissamment bâties et capables de tenir
l'air des heures durant sur des distances qui couvrent
des milliers de kilomètres, luttant parfois, délibérément,
contre des vents contraires.
C'est un vrai prodige que
le cur de l'oiseau, d'une taille souvent à peine supérieure
à celle d'un haricot, moteur fondamental de toute cette force qui permet
à l'oiseau de résister à la fatigue le long de si grandes
distances!
LES AILES SPIRITUELLES
L'homme est privé
d'ailes et ne saurait voler dans l'air. En revanche, il a l'esprit qui lui permet
de s'envoler dans les cieux.
Les ailes spirituelles du
Juif, nous disent les livres saints, ce sont l'amour et le respect, l'amour
et la crainte de D.ieu. C'est en priant, surtout, que l'on en a besoin, car
ces sentiments sont alors les ailes qui permettent à la prière
de s'élever jusqu'au Trône de l'Honneur.
Etudions de plus près
ces ailes-là.
L'amour envers D.ieu, cela
signifie attachement avec tout son cur, comme l'exprime le texte du Chema
: " Et tu
aimeras l'Eternel ton D.ieu de tout ton cur, de toute ton âme et
de tout ton pouvoir " .
C'est un amour d'une puissance
qui n'a d'égale, parmi les sentiments humains, que celle de l'affection
filiale qu'éprouve à l'égard de ses parents un enfant capable
de sacrifier sa vie pour eux.
C'est un sentiment naturel
chez un juif, de même qu'est naturel celui d'un enfant qui aime ses parents
davantage que lui-même. Il s'explique
du fait que l'âme qui anime tout Juif est une étincelle divine,
une partie de D.ieu. L'âme a la nostalgie des hauteurs, comme toute flamme
a tendance s'élever.
LA FORCE DE LA PRIERE
Lorsqu'il prie, le Juif prend conscience, peu à peu, de quelques vérités fondamentales : il se souvient de son âme d'essence divine et de la haute nostalgie qui l'émeut.
II arrive cependant que,
distrait par les soucis quotidiens ou par des calculs mesquins, l'homme devienne
insensible à cet appel suprême et pourtant naturel et inné.
L'âme n'est pas seule
avec elle-même, elle est " revêtue " d'un corps dont les
exigences n'ont rien de commun avec les cimes de l'esprit. Le corps a faim et
veut manger, il est fatigué et veut dormir, et ainsi de suite. Il arrive
que l'âme soit totalement oubliée et réléguée
dans quelque recoin d'où sa voix n'a plus la force nécessaire
pour dépasser les clameurs exigeantes du corps.
C'est aussi ce qui arrive
à l'enfant qui, dès qu'il plonge dans les plaisirs du jeu, oublie
pour quelques instants son père et sa mère. Il peut arriver même
qu'un enfant s'égare loin de son foyer, qu'ils devienne étranger
et qu'alors il l'oublie totalement.
La prière permet
au Juif de se retrancher du monde agité qui l'entoure et de se rapprocher
de D.ieu.
Lorsqu'il prie, le Juif
prend conscience, peu à peu, de quelques vérités fondamentales
: il se souvient de son âme d'essence divine et de la haute nostalgie
qui l'émeut ; il se souvient de la bonté et de la miséricorde
infinies de Celui qui sait dispenser son amour même au petit être
qu'est l'homme ; il se rappelle que D.ieu aime le Juif, tel un père son
fils unique. Alors le sentiment d'amour se réveille en lui et, dès
qu'il parvient à la lecture du Chema, c'est vraiment de tout son cur
qu'il peut prononcer les mots :"
Et tu aimeras... ".
Ainsi, des ailes lui poussent
au cours de la prière, celles de l'amour envers D.ieu. Cela ne lui permet
pas encore, cependant, de prendre son envol. L'aile de l'amour n'y suffit pas.
Il lui faut la seconde, celle de la crainte et du respect de D.ieu.
LA DEUXIEME AILE
Le respect inconditionnel est un réflexe naturel dès lors que l'on se trouve devant plus puissant et plus glorieux que soi.
Ce sentiment, lui aussi,
surgit des sources naturelles de la sensibilité juive ; il est même
plus aisé de réveiller en soi celui-là, que l'autre, celui
de l'amour. Il y suffit de rendre conscience de la Toute-Puissance de Celui
devant Qui l'on se tient : Le Roi des rois, le Saint béni est il, Omniscient
qui connaît tous les secrets et mystères, dont la glorieuse présence
emplit l'univers, jusqu'aux profondeurs du cur de chacun, où II
scrute les pensées et pèse les intentions.
Il est impossible de se
défendre alors contre un sentiment de suprême respect, encore davantage
d'oser un geste de rébellion contre la divine Discipline, de concevoir
un doute, une critique, un désir de " comprendre avant d'obéir
".
Et c'est ainsi que pousse
la deuxième aile, celle de l'adoration, qui, avec la précédente,
l'amour, va élever jusqu'aux cieux la prière et l'expression de
la fidélité.
C'est, avons-nous dit, un
sentiment plus aisément accessible que le précédent. Car,
en somme, le respect inconditionnel est un réflexe naturel dès
lors que l'on se trouve devant plus puissant et plus glorieux que soi. Est-il
absent lorsqu'on est reçu en audience par un roi de chair et de sang
? A plus forte raison se manifeste-t-il, en présence de Celui qui fait
les rois et les défait.
Néanmoins, c'est
sur ce sentiment qu'insiste surtout l'Ecriture qui y exhorte le Juif à
maintes reprises ; parce qu'il importe surtout que le Juif pratique avant tout
la discipline, ce qui requiert un respect absolu, - la crainte de D.ieu.
" ELISEE AUX AILES
"
Il ouvrit les mains pour braver l'ennemi, et à sa propre surprise, vit qu'il avait effectivement dans sa main une colombe.
II y avait, une fois, un
homme que l'on appelait " Elisée aux ailes ".C'était
au temps de la grande persécution Romaine, où l'étude de
la Torah et la pratique des Commandement avaient été frappés
d'interdit par le trône impérial de Rome. On s'était acharné
particulièrement sur a Mitsva des Téfiline, et la mort menaçait
quiconque se faisait rencontrer avec les Téfiline au bras et au front.
Intrépide, Elisée
sortit sur la place publique, les Téfiline mises, afin d'instruire le
peuple que mieux valait se livrer à la mort, que de renoncer à
la Torah et aux Mitsvot.
Naturellement, il fut aperçu
par un sbire de Rome. Elisée enleva les Téfiline et les prit en
mains.
Le soldat lui demanda :
" Qu'as-tu dans tes mains ? "
- " Un pigeon ! "
lui répliqua Elisée. Puis, il ouvrit les mains pour braver l'ennemi,
et à sa propre surprise, vit qu'il avait effectivement dans sa main une
colombe.
C'était un prodige
que D.ieu avait accompli pour le sauver, et les Juifs, depuis lors, lui donnèrent
le surnom d'" Elisée aux ailes".
Il importe de noter ici
que les Juifs ont été comparés souvent à la colombe.
Le seul moyen de défense dont cet oiseau est doté, ce sont ses
ailes.
Il en est de même
du Juif, qui ne peut survivre qu'à l'aide de ses deux ailes : l'amour
de D.ieu et la crainte de D.ieu. Ayant été prêt jusqu'au
sacrifice suprême à témoigner de ces sentiments-là,
Elisée les vit, grâce au prodige divin, devenir les ailes de son
salut.
Les Téfiline, en
effet, sont les symboles des deux ailes : Les Téfiline de la main et
du front traduisent les sentiments d'amour et de respect de D.ieu.