Elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Egyptiens . Bientôt, il ne restera aucune verdure aux arbres, ni à l'herbe dès champs, dans tout le pays d'Egypte (Exode, 10:6,15)
Le soir du Seder, nous lirons la Haggadah.
Le thème de celle-ci
est l'esclavage subi par nos ancêtres en Egypte et leur miraculeuse Libération
de la servitude, après que sur le pays se furent abattues les Dix Plaies.
La huitième de ces Plaies était celle des Sauterelles.
Elle frappa le pays après
que Moïse eut averti Pharaon : " Elles couvriront la surface de la
terre, et l'on ne pourra plus voir la terre ; elles dévoreront tous les
arbres qui croissent dans vos champs ; elles rempliront tes maisons, les maisons
de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Egyptiens (Exode, 10:6). Bientôt,
il ne restera aucune verdure aux arbres, ni à l'herbe dès champs,
dans tout le pays d'Egypte " (Exode, 10:15).
Rien d'étonnant que
l'orgueil de Pharaon ait été brisé. Il envoya chercher
sur le champ Moïse et Aaron et leur dit :
" J'ai péché contre l'Eternel, votre D.ieu., et contre vous.
Mais pardonnez mon péché pour cette fois seulement : et priez
l'Eternel, votre D.ieu, afin qu'Il éloigne de moi encore cette plaie
" (Exode, 10:16) .
Une seule sauterelle est
un insecte inoffensif et sans défense; elle peut être écrasée
dans la paume de la main. Mais qu'elles envahissent massivement un pays, par
millions et par milliards, et cela devient un fléau contre lequel les
humains ne peuvent rien. Elles arrivent par nuées, d'immenses nuées
qui éclipsent le soleil et recouvrent la terre, s'insinuant, comme l'eau,
dans les maisons et les granges, passant par la plus petite fente.
Essayons de faire connaissance
avec cette créature et de voir aussi si nous pouvons lui trouver quelque
utilité.
L'espèce de sauterelle
dont nous nous occuperons ici possède des cornes courtes et robustes,
ou antennes. Il en existe aussi qui ont de longues cornes. La plupart des sauterelles
à cornes courtes (de la famille des locustidés) ont des ailes,
mais il est des espèces qui en sont totalement dépourvues ; il
en est d'autres encore dont les ailes sont si rudimentaires qu'elles ne leur
permettent pas de voler. Les pattes postérieures de la plupart sont grandes
et bien développées, ce qui leur donne la possibilité de
sauter.
D'IMMENSES
NUÉES
La sauterelle femelle dépose
des masses d'œufs dans le sol ; les conditions climatiques défavorables
en détruisent un grand nombre.
Néanmoins, d'énormes
quantités de certaines espéces se développent. Une fois
dévorée leur provision de nourriture, elles partent. C'est ainsi
que commence une migration de sauterelles. Partout où a lieu une invasion
massive de ces insectes, on peut être assuré qu'on est en présence
d'un fléau aux consèquences les plus graves.
Les sauterelles préfèrent
les régions sèches et chaudes ; mais presque toute vaste étendue
de terre voit de temps à autre s'abattre sur elle ces visiteurs importuns.
Seuls les pays extrêmement froids sont épargnés.
Par contre, les sauterelles
se trouvent en abondance, au point de constituer un véritable fléau,
dans les régions s'étendant de l'Afrique orientale à l'Inde.
Là, les sauterelles du désert peuvent soudainement entreprendre
une migration dévastatrice ; sous forme d'immenses nuées, elles
partent emportées par le vent et leurs doubles ailes, dévorant
tout à travers les deux continents. Elles occasionnent des pertes de
récoltes telles qu'elles menacent de famine presque le quart de la population
du globe.
Ces nuées peuvent
atteindre des dimensions impressionnantes. On estime qu'une seule d'entre elles,
dans les régions de la Mer Rouge, peut couvrir une superficie de 2000
miles carrés. Les sauterelles ne connaissient pas d'obstacles, elles
peuvent voler haut et loin, couvrant jusqu'à environ 1500 kilomètres
en deux semaines.
SONT-
ELLES UTILES AUSSI ?
Le meilleur moyen de les
combattre demeure l'insecticide. Un de ces poisons - l' aldrine - a été
mis au point aux Etats-Unis. Il est mortel pour les sauterelles, mais inoffensif
pour le bétail. Dissous dans l'eau, cela donne une solution puissante
pouvant être pulvérisée à partir de petits avions.
Une autre arme efficace est le poison au son mouillé. C'est un mélange
de son et d'arsenic que l'on répand sur les champs à partir du
sol ou d'un avion.
Pendant longtemps on crut
à l'existence de deux espèces de sauterelles du désert
: l'une plus " amicale " et solitaire, l'autre vivant par essaims,
d'une gloutonnerie extrême. Ce ne fut qu'après 1920 que l'homme
commença à comprendre que la sauterelle menait une double vie,
et que la sauterelle inoffensive et casanière pouvait devenir celle qui,
par nuées, franchissait des distances incroyables, dévastant tour
sur son passage.
A partir de cette découverte,
la lutte contre cet insecte fit de sérieux progrès.
Elles sont mangées rôties par les indigènes, cuisinées et parfois même crues.
Les sauterelles constituent-elles
un fléau, sans plus, ou sont-elles aussi de quelque utilité pour
l'homme ?
Nous savons que le Créateur
n'a rien créé pour rien, même si nos limites naturelles
nous interdisent de faire pour ainsi dire le tour de chaque chose. Tout dans
la Nature a son but, et les sauterelles n'y font pas exception.
Certes, les humains préféreraient
avoir des oiseaux plutôt que des insectes, oubliant qu'il serait difficile,
sinon impossible, en l'absence des seconds, d'avoir les premiers ; car les insectes
(y compris les sauterelles) constituent une part importante de la nourriture
des oiseaux.
Les sauterelles servent
d'aliment aussi aux humains dans tous les pays d'Orient, où on les trouve
en abondance. Elles sont mangées rôties par les indigènes,
cuisinées et parfois mètre crues. Se déplaçant par
essaims innombrables, on peut facilement les prendre en grande quantité.
Quelquefois, les sauterelles sont séchées au soleil, puis réduites
en poudre.
QUELQUES
LECONS
La Torah mentionne, en les
nommant, quatre espèces de sauterelles Cachère, et spécifie
les caractéristique d'après lesquelles on peut les reconnaître.
Ces caractéristiques
sont quatre, elles aussi, et toutes indispensables pour que l'espèce
soit Cachère : il faut que la sauterelle ait quatre pattes, quatre ailes,
des pattes articulées permettant le saut, enfin les ailes doivent couvrir
la plus grande partie du corps.
Nos Sages du Talmud ont
mentionné quelques autres caractéristiques supplémentaires
qui aident à distinguer la sauterelle Cachère de celle non Cachère
: la dimension de la tête, la présence ou l'absence de queue, etc.
Toutefois, comme l'explique Rachi, nous ne pouvons plus être certains
quant à la distinction précise des variétés Cachère
de celles non Cachère ; aussi n'en utilisons-nous aucun comme aliment
Il est intéressant
de noter que nos Sages du Talmud avaient des connaissances étendues sur
une grande variété de sauterelles. Ils en avaient dénombré
pas moins de huit cents espèces ('Houline, 8b) ; mais dix seulement sont
nommées dans la Bible. Incidemment, nos Sages ont aussi déclaré
que le fléau d'une certaine espèce de sauterelles (en hébreu
Gov, et dans le Talmud Govaï) est le châtiment de la malhonnêteté
dans les rapports humains.
La pensée de l'impuissance de l'homme qui affronte un fléau de sauterelles devrait le remplir d'humilité.
L'une des leçons
les plus évidentes que nous donnent les sauterelles est la force redoutable
du nombre.
Une sauterelle toute seule
ne peut faire aucun mal; collectivement, elle peut compter parmi les forces
les plus destructrices.
La pensée de l'impuissance
de l'homme qui affronte un fléau de sauterelles devrait le remplir d'humilité.
Nous avons vu comment le Pharaon puissant et arrogant a dû reconnaître
son impuissance devant cette minuscule créature.
Si les sauterelles n'avaient
été créées que pour la seule raison d'enseigner
à l'humanité l'humilité et la soumission au Créateur,
cela suffirait déjà à justifier leur existence.