Où que l'on se rende en Terre Sainte, quel que soit le lieu que l'on
y visite, il est difficile, voire impossible, de rester dans les limites de
la simple géographie ; qu'on le veuille ou non, celle ci se double toujours
d'histoire. Chaque pouce de cette terre en est imprégné et fut
témoin d'un événement - quand ce n'est pas de plusieurs
- qui remonte à des milliers d'années.
Nous irons donc aujourd'hui
à Jesréel. Comme les autres lieux que nous avons visités,
celui-ci aussi aura bien des choses à nous apprendre sur notre propre
histoire.
Toute la région qu'on
appelle Emek-Jesréel, l'une des plus belles vallées, et des plus
fertiles de Terre Sainte, lui doit son nom. Jesréel fut la ville du Nord-Est
du pays, proche du Mont Guilboa, dans la province échue à la tribu
d'Issa'har.
Elle est mentionnée
plusieurs fois dans la Bible, et il est intéressant de constater que
des fouilles entreprises en Terre Sainte il y a plus d'un siècle aient
amené à des découvertes qui confirmèrent jusqu'aux
plus petits détails contenus dans la Torah.
Un exemple frappant est
le suivant : la Bible nous dit que le roi Salomon reconstruisit certaines villes,
parmi elles Méguido, à la limite sud-ouest de la Plaine de Jesréel,
où il fit bâtir des écuries pour ses nombreux chevaux et
ses chars (I - Rois 9 : 15 -19 ; 10 : 26-29).
Or, dans les années
1903-1905 et 1925-1939, des fouilles faites sur l'emplacement de cette ville
ancienne portèrent au jour des vestiges d'une construction remarquable
et qui se révélèrent être justement d'anciennes écuries.
Et cet exemple n'est pas le seul. D'autres découvertes semblables ont
été faites par les archéologues.
Mais revenons à
Jesréel. Cette ville est mentionnée dans la Bible à l'occasion
de la lutte qui oppose les Madianites et les Amalécites coalisés
- et qui disposaient d'une immense armée de 135 000 hommes - au général
juif Gédéon qui, lui, n'en pouvait aligner que trois cents. Bataille
inégale s'il en fut, et qui eut pour théâtre la Vallée
de Jesréel.
Seul un miracle pouvait
donner à Gédéon la victoire. Ce miracle se produisit.
UNE RÉSIDENCE
ROYALE
Feuilletons encore notre
Bible, et voici de nouveau le nom de cette ville : Amnon, le fils aîné
de David, a pour mère A'hinoam de Jesréel.
Cette ville fut l'une de
celles qui se développèrent et s'épanouirent sous le règne
du mauvais roi A'hab. Elle devint la résidence favorite de ce dernier.
II nous est conté qu'attenant au palais royal s'étendait un beau
vignoble appartenant à un nommé Naboth. A'hab demanda à
celui-ci de le lui céder; si proche de son palais, il voulait en face
un jardin potager.
Naboth refusa invoquant
le fait que la propriété lui ayant été léguée
par son père, elle avait pour lui une valeur morale et sentimentale.
C'est pourquoi aucune rémunération, si importante fût-elle,
ne l'induirait à s'en séparer.
A'hab, furieux de ce refus,
alla conter sa déconvenue à sa femme, la reine Jézabel.
Celle-ci, plus perfide et plus dépourvue de scrupules que son époux,
le calma en lui disant que c'était là une affaire bien insignifiante
et qui ne méritait pas qu'on en fût si contrarié. Il voulait
le vignoble, n'est-ce pas ? Eh bien, il l'aurait !
Jézabel ne reculait
devant aucun moyen pour arriver à ses fins. Elle inventa de toutes pièces
une odieuse calomnie : Naboth avait blasphémé D.ieu et le roi.
Et elle requit du Conseil des Anciens sa condamnation pure et simple. Son crime
méritait la lapidation. Elle l'obtint.
Après la mort de
Naboth, Jézabel alla informer allégrement son mari que rien ne
s'opposait désormais à ce qu'il s'emparât du vignoble de
l'homme qu'elle venait si froidement de faire assassiner.
Après cet épisode
révoltant, vous serez heureux d'apprendre que ce roi et cette reine indignes
eurent leur juste châtiment pour leur monstrueux égoïsme et
leur cruauté, et qu'ils connurent la fin qu'ils méritaient.
Jesréel dut être
un endroit très bénéfique pour la santé de ceux
qui y vivaient car il nous est relaté que le roi Yoram, fils d'A'hab,
blessé dans la bataille au cours de laquelle il défendait Ramoth-Guiléade,
fut emmené à Jesréel pour y refaire ses forces.
C'est dans cette ville que
Jéhu, secrètement proclamé roi, vint à la tête
d'une compagnie de soldats, tuer Yoram. Le cadavre de ce dernier fut ensuite
jeté dans le vignoble de Naboth, dont les parents de Yoram s'étaient
emparés.
Jesréel est véritablement
un lieu historique qui mérite d'être visité. Allez-y, peut-être
aurez-vous la chance de découvrir, comme cela a été le
cas pour les archéologues en cette dernière centaine d'années,
quelque vestige de son glorieux passé.
Bonne chance, donc, et
" heureuses fouilles " !