Les volatiles sont des millions
dans nos villes et dans nos campagnes. On peut se demander pourquoi ne les voit-on
jamais mourir ? Certains pourront nous dire qu'ils meurent en vol, qu'ils commencent
à dépérir et qu'ils meurent dans leurs nids ou à
l'endroit où ils dorment. Pourquoi
pas, mais dans ce cas où sont donc les carcasses ?
Maintenant, considérons
la vie sauvage et dès lors, la question devient encore plus fascinante.
Prenons par exemple la savane africaine : peu de forêts, de grands espaces
libres, des milliers d'animaux en liberté, et pourtant peu de carcasses.
Où les animaux se cachent-ils pour mourir ?
La réponse à
ces questions est traitée dans Perek Chirah, littéralement "
un chapitre de chant ". Celui-ci est un très ancien texte qui a
plus de 2000 ans. Certains de ses commentaires sont même attribués
au Roi David lui-même. Cette
œuvre comporte 84 paragraphes, traitant de la nature, y compris du ciel,
de la terre, des plantes, des oiseaux, des animaux et des insectes ; chaque
paragraphe étant rattaché à un verset propre de la Torah.
Ce qui se cache derrière
le Perek Chirah, c'est : chaque élément du monde extérieur
nous donne une leçon soit de philosophie, soit d'éthique ; quand
aux versets, ils nous donnent une espèce de fil conducteur. Il
en résulte un " chant " de la Nature qui représente
le canevas des leçons spirituelles pour la vie que le monde de la Nature
nous enseigne. Perek Chirah est une œuvre fondamentale mais elle est très
mystérieuse et très codée ! Cependant,
un certain nombre de commentaires ont été écrit ces cinq
cent dernières années. Ils nous expliquent plus profondément
ce que les versets veulent nous enseigner sur les créatures.
Par exemple, dans son énumération
des animaux, le Perek Chirah nous parle des bêtes sauvages en général.
Dans ce cas précis, leur chant n'est pas lié à un verset
de la Torah mais plutôt à une citation du Talmud : "
Les animaux sauvages disent : Bénis est Celui qui est Bon et Bienfaisant
" (Talmud, Béra'hot 48a). Pour
essayer de comprendre ce dont il s'agit, essayons de revenir à la question
: Où vont les animaux qui meurent ?
L'empire romain a omis un irréparable et horrible outrage. En effet, il a refusé aux survivants d'une guerre la possibilité d'ensevelir leurs morts.
Considérons un scientifique
(de terrain) arrivant sur la dépouille d'un éléphant qui
vient de mourir et qui prend des notes sur ce qui survient. La première
image qui s'offre à lui, ce sont les prédateurs (les chacals,
les vautours, les hyènes) qui ont la faculté de croquer et de
digérer les os et qui se jettent sur la dépouille. Ensuite,
arrivent autour de la carcasse du pachyderme les petits mangeurs de charogne,
parmi lesquels on dénombre plusieurs espèces d'insectes. Les rejets des
prédateurs et les restes de leur festin constituent un merveilleux engrais
pour le sol situé autour de la carcasse. Cet
engrais permet à la végétation de pousser et de former
une sorte de " paravent " au dessus du résidu terminal. On
donne en général seulement deux semaines à la carcasse
pour disparaître dans sa tombe végétale, bien que le pachyderme
soit un grand animal. Avec les autres animaux, cela prend moins de temps. Au
travers de cela, on comprend bien qu'un formidable processus est inscrit dans
la nature. Pourtant
durant le premier siècle de l'ère vulgaire, l'empire romain a
commis un irréparable et horrible outrage. En effet, il a refusé
aux survivants d'une guerre la possibilité d'ensevelir leurs morts.
C'est pourquoi la quatrième
bénédiction du Birkath Hamazon (Actions de grâce après
le repas) est appelée Hatov véamétiv, " Celui qui
est bon et bienfaisant ". L'origine de cette bénédiction
se trouve dans des évènements qui eurent lieu il y a 2000 ans.Sous
le règne de l'empereur Hadrien, la citée de Bétar fut le
centre stratégique de la révolte de Bar Kokhba. Quand l'armée
romaine attaqua Israël, ils massacrèrent des centaines de milliers
d'habitants de Bétar et interdirent toute inhumation. Les
corps des défunts restèrent là où ils étaient
tombés sans prières ni honneurs.
Des années après,
le doyen de Yavné, Rabban Gamliel et ses disciples, jeûnèrent
et prièrent pendant longtemps. On leur accorda finalement l'autorisation
d'enterrer les morts et les cadavres qui étaient miraculeusement restés
INTACTS !
Les Rabbins établirent
alors une bénédiction pour remercier D.ieu de sa double Bonté
: " HaTov ", Celui qui est bon pour avoir gardé les
corps intacts ; " (Vé) Hamétiv ", (Et) Bienfaisant
pour leur avoir permis de recevoir les derniers honneurs (Talmud Béra'hot
48 a/b). Ils ont incorporé
cette bénédiction dans le Birkath Hamazon car les repas sont toujours
associés aux évènements heureux. De même sorte que
la vie a sa propre dignité, la mort n'est pas le néant et doit
comporter aussi sa propre dignité.
La même considération
due aux habitants de Bétar doit s'appliquer aux animaux sauvages. D.ieu
a créé un écosystème qui permet aux dépouilles
des animaux sauvages de ne pas rester tel quel sur le sol. Le chant des animaux
sauvages est le même que celui des victimes de Bétar. C'est reconnaître
la Bonté de D.ieu que de constater que la dignité de la vie se
perpétue dans la mort.
" Béni est celui qui est Bon et Bienfaisant "
Ce texte est une adaptation
du " Chant de la Nature " par le Rabbin Nosson SLIFKIN. Le Chant de
la Nature est la première explication anglaise du Perek Chirah.
Adaptation et commentaires du Dr Aharon FELDMANN