Nous appartenons à
une société où étudier se fait dans le silence.
Le " chut ! " est la règle d'or. Essayez donc de faire tomber
un livre dans une bibliothèque. Autour de vous, on réagira comme
à l'explosion d'une bombe. Quel contraste avec l'ambiance d'un beit hamidrash
(salle d'étude de yéshiva) où règne un brouhaha
permanent ! Tous ceux qui assistent à ce spectacle pour la première
fois demandent systématiquement : " Mais comment font-ils pour
étudier dans ce bruit ? "
Ce n'est en fait qu'une
question d'habitude. On sait que l'habitant de la campagne a du mal à
dormir dans une ville à cause du bruit, et inversement, qu'un citadin
trouve difficilement le sommeil dans le silence assourdissant de la nuit champêtre.
On voit parfois des gens
parler tous seuls dans la rue. Cela vous arrive-t-il également ? Saviez-vous
que c'est une technique de concentration mentale très efficace ? Il existe
même dans la Torah une notion de Ari'hat sfataïm (littéralement
" Dispose-le sur tes lèvres ") selon laquelle verbaliser engendre
clarté et sagesse. Essayez donc cette méthode.
Dans la vie quotidienne,
chacun de nous a un petit leitmotiv qui l'aide à avancer. Répétez-le
à voix haute. De même, dans l'étude, laissez une certaine
rythmie s'installer. Elle vous stimule et vous aide à pénétrer
davantage dans le sujet. C'est comme une musique. On la fredonne et hop ! …C'est
parti !
Si vous avez du mal à
vous concentrer sur votre lecture, essayez de lire à haute voix et lentement.
Soudain, le courant passe ! Quelle que soit votre lecture, article de journal
ou livre, votre compréhension et votre mémorisation sont optimisées.
Au début, cela vous paraîtra ridicule, mais petit à petit
vous vous y ferez et vous en verrez le bénéfice.
Verbalisez vos principes
de vie
Interrogez-vous : "
Quel est le but de ma vie ? "
Maintenant, essayez de répondre
à haute voix : " Le but de ma vie c'est… " Cela
a une toute autre résonnance, n'est-ce pas ? Vous constatez que le fait
de dire oralement révèle si ces principes sonnent juste et si
vous vivez en conformité avec eux.
Nous voulons tous être
heureux, réussir, parvenir à un but ? Nous voulons tous exploiter
notre potentiel, être bons, efficaces. Nous voulons le meilleur pour nous
et pour les nôtres, et pour l'humanité.
Alors si c'est vrai, dites
tout haut : " Je veux être génial ! " Répétez-le.
Au besoin, au moyen d'un magnétophone. Ecoutez-vous le dire et demandez-vous
si ça sonne bien. Les mots sont des témoins. Ils reflètent
ce qui nous habite. Ils sont l'expression de notre être dans l'instant
donné.
La méthode vaut également
pour comprendre un concept hardu. Mettez-le en mots et expliquez-le, il s'éclaircira.
Grâce à ce procédé, vous mettrez en évidence
des erreurs de pensée qui seraient restés ignorés.
Exprimez vos pensées,
ce que vous apprenez. Ne laissez pas vos idées dormir dans un coin de
votre cerveau. Dès que vous entendez une parole sage, prononcez-la. Car
si vous ne l'extériorisez pas, elle risque de s'envoler.
Du potentiel
au réel
La parole n'appartient qu'à
l'homme. Et la seule manière de traduire une pensée est de la
dire.
Quand vous vous débattez
avec un problème, parlez. Cela vous permettra d'éliminer l'étrange
et le vague. Extraire une idée de votre intellect c'est lui donner vie.
Parlée, la pensée est comme gravée dans la pierre.
L'âme a soif de grandir,
mais le corps la retient. Il faut donc exprimer les idées de manière
convaincante pour les faire pénétrer dans le corps. On se sent
davantage tenu par ce que l'on a déclaré que par ce que l'on a
pensé.
La formulation emplit le
vide qui existe entre les désirs du corps et les aspirations de l'âme.
On en a l'illustration avec
la prière. Dans la amida (prière silencieuse) les lèvres
sont en mouvement mais n'émettent aucun son alors que la confession du
vidouï deYom Kipour se fait à voix suffisament haute pour
s'entendre soi-même.
Dialoguez
avec vous-même
Supposez que vous preniez
une décision mais qu'une résistance s'élève en vous.
Parlez. Mettez-vous à l'épreuve, soyez l'avocat de votre diable
:
" Je réaliserai
ce projet plus tard. "
" Je ne te crois
pas. Convaincs-moi. La dernière fois que tu as dit ça, tu
n'es pas allé jusqu'au bout. "
" J'étais
fatigué. "
" Mauvaise excuse
! Mets-toi à ton projet maintenant, sinon tu l'abandonneras. "
Encouragez-vous par des
mots. Quand vous vous réveillez le matin et que vous n'avez pas la force
de bouger, dites-vous : " Allez, pied à terre ! C'est pas si
terrible. " Quand votre moral est au plus bas, secouez-le. Si vous
êtes en colère, reprenez votre sang-froid. Tous les moyens sont
bons.
Exprimez vos intentions
: " Je vais descendre cette piste, maintenant. " Et avant d'affronter
une situation difficile, répétez plusieurs fois vos principes.
Cela vos donnera de l'assurance.
Bien sûr, ne vous
mettez pas à monologuer en public, ça ferait mauvaise effet. Enfermez-vous
dans une pièce. On pensera que vous répétez une pièce
de théâtre. Grondez-vous, bousculez-vous. L'important est de mettre
en mots pour dégager des notions claires.
Mais, attention toutefois
aux paroles dépréciatives. Ne dites jamais : " Je suis
nul " " Je suis un crétin " " je comprends rien "
" Je suis un cas désespéré " Vous risquez
de finir par le croire.
Le but n'est pas de tomber
dans la déprime ou de donner l'impression que vous avez disjoncté.
Le but est d'extérioriser vos raisonnements afin de mieux appréhender
la réalité. C'est un moyen de cerner vos propres potentialités
afin de les mettre en œuvre ensemble et balayer tous les blocages.
L'encouragement
Tâchez de vous stimuler
quotidiennement en vue des défis de la journée.
" Aujourd'hui est
un grand jour, plein de nouvelles possibilités. La vie est belle et c'est
génial d'être en vie. Je veux être gai et mettre en pratique
la sagesse que j'ai acquise. Aujourd'hui j'accomplis ce que je me suis fixé."
Voilà de quoi vous donner du ressort !
Vous pourriez également
vous entendre avec un copain pour vous stimuler réciproquement. Le soir,
dites-vous : " Demain matin, je saute du lit avec énergie et
bonne humeur. " ou bien " Je ne me mettrai pas en colère.
" Donnez-vous de bonnes raisons de tenir votre engagement. Décidez
comment vous allez procéder et évoquez le plaisir que vous en
tirerez.
Vous êtes bien conditionné
? Alors à l'action !
Réglez
vos problèmes à voix haute
Penser à un problème
n'est pas le résoudre. S'il reste intérieur, un problème
risque fort de rester un problème. L'entendre formuler vous procure objectivité
et recul. Cela fixe également votre attention. En posant oralement ou
par écrit le problème, vous définissez les difficultés
et vous êtes obligé de chercher le remède. En fait, vous
jouez en même temps le rôle du maître et celui de l'élève.
Essayez donc la méthode
suivante :
Faites une liste des pour et des contre et attribuez-leur une valeur :
1 - pour Important
2 - pour Très
important
3 - pour Essentiel.
Faites le total des points
pour les Pour et pour les Contre. La décision s'impose d'elle-même
! Mais attention, une fois la décision prise, ne croyez pas l'affaire
réglée. On peut très bien se décider et ne rien
entreprendre. On se dupe soi-même.
Ne vous fiez pas simplement
à votre décision intérieure. Faites en part à un
ami pour vérifier si vous êtes crédible. Si votre copain
vous éclate de rire au nez, c'est mauvais signe !
Imaginez que vous preniez
une résolution : " Demain, je fais ceci ou cela. Je prends vraiment
les choses en mains. " Comment vous assurer que vous tiendrez votre
engagement ? Enoncez votre résolution à haute et intelligible
voix. Persuadez-vous de votre sincérité. C'est vous le maître.
Ce que vous exigez doit être fait. Rien ni personne ne vous fera changer
d'avis. Et voilà ! Là, vous êtes sur la bonne voie.
Méditez
les expériences
Mettez en mots les expériences
du jour. Questionnez-vous : " Quelle est la signification de ceci ?
Comment dois-je agir ? Pourquoi devrais-je m'abstenir d'agir ?"
Faites de même avec
les événements importants de votre vie. Joies ou chagrins, demandez-vous
ce que vous en avez retiré. Envisagez l'avant et l'après de toute
expérience vécue. Cela vous donnera de l'emprise sur votre existence
et vous rendra plus conscient des fait qie vous vivez.
De même, prononcez
clairement les bénédictions. La reconnaissance envers D. est un
moyen infaillible d'augmenter son bonheur de vivre. La récompense de
cette expression orale ? Une meilleure connaissance de soi.
Quand on sait ce que l'on
veut, on fait ce qu'il faut pour l'obtenir. Et quand on sait ce qui nous retient,
on est plus à même de lutter contre. Ce n'est que lorsque l'on
sait ce que l'on recherche qu'on peut l'apprécier.
Vos pouvoirs sont fantastiques
et vous ne pourrez les maîtriser que si vous vous connaissez bien.
Certaines personnes payent
très cher pour s'entendre parler. A 500 F la séance chez le psychanalyste,
il faut parler beaucoup pour rentabiliser ! Alors parlez-vous ! Ca ne vous coûtera
pas un sou.
Bon, ça vous gêne
de de vous faire la conversation tout seul ? Alors écrivez. Tenez votre
journal. Mettez une feuille de papier sur la table. Vous verrez qu'elle attirera
irrésistiblement vos confidences.
Stimulez-vous
Donnez-vous des slogans
: " Quand faut y aller faut y aller ! ", " Lance-toi ",
"Vas-y, fonce "
Leur efficacité n'est
plus à prouver et les publicitaires y consacrent des millions. Les slogans
sont un moyen rapide et performant pour véhiculer une idée. A
notre niveau, ils nous permettront d'y voir clair dans nos objectifs et nos
motivations. Ils nous redonneront l'énergie qui nous fait défaut.
Avant de tenter quoi que
ce soit, demandez-vous : " Qu'est-ce que je cherche à atteindre
? " Mettez ensuite votre réponse sous forme d'un slogan qui
ne vous quittera plus.
Les " 48 voies "
ne sont-elles pas une suite de slogans ?
Et ne possédons-nous
pas dans le judaïsme le slogan le plus fantastique ? " Ecoute Israël,
L'Eternel est notre D. L'éternel est Un. " Plus qu'une prière,
cette formule est le rappel de notre but suprême.
Voici quelques slogans utiles
pour la vie juive :
" C'est un devoir
d'être toujours content. "
" L'extérieur
influe sur l'intérieur. "
" Tout arrive pour
le bien. "
" D.ieu est bon
"
" D.ieu m'aime.
"
Pour mieux vous impliquer
dans votre vie, dites et redites bien haut ces paroles.
Demandez-vous : " Pourquoi
est-ce que je vis ? " Faites un slogan de la réponse. Il sera
pour vous un rappel permanent.
Plus vous impliquez vos
sens dans ce que vous apprenez, plus l'impression est profonde. C'est pourquoi
dire tout haut a un impact fort. Votre souffle, votre cerveau, vos oreilles,
vos lèvres, votre langue sont impliqués. Quand vous récitez
le Shéma, faites participer tout votre corps. C'est cela vivre de tout
son être.
En quoi " dire à
voix haute " est-il un élément de sagesse ?
Dire à haute voix
clarifie les idées floues.
Prononcer c'est "
objectiver ".
Plus vous impliquez vos
sens, plus l'impression est profonde.
Ce que vous dites traduit
ce que vous êtes.
On a tous besoin d'une
écoute. Soyez votre propre écoute.
Ne dites jamais Je ne
peux pas. C'est le plus sûr moyen d'échouer.
Le langage est le pont
qui relie l'âme et le corps.
Parler à haute
voix vous empêche de vous endormir ou de rêvasser.
Les mots sont réalité.
Dire c'est être.
Traduction et Adaptation de Béatrice Cohen-Solal