Le père de Sara ne veut pas que sa fille aille à une certaine
fête. Alors Sara s'adresse à sa mère, en décrivant
cette fête d'une manière telle que sa mère ne devrait pas
s'y opposer. Et, en effet, sa mère lui donne le feu vert. Sur ce, Sara
retourne auprès de son père en proclamant sa victoire : elle a
bel et bien obtenu la permission de sa mère. Le père trouve désagréable
d'avoir été contredit, mais ne dit plus rien.
Il est clair pour Sara que
ses parents n'ont pas la même approche dans leurs décisions de
parents. Sachant cela, elle en profite pour manipuler ses parents, jouant l'un
contre l'autre, pour obtenir ce qu'elle veut.
Au parc, Bob, âgé
de cinq ans, jette du sable sur les autres enfants. Sa maman l'a prévenu
à plusieurs reprises que s'il continue, elle le ramène à
la maison. Lorsqu'elle est prête à le ramener à la maison,
le père trouve que c'est trop sévère; il suggère
qu'on le calme en prenant le lunch. Le père ne supporte pas que Bob hurle;
il préfère capituler, tandis que la mère veut être
conséquente avec ce qu'elle avait annoncé.
Dans les deux cas, on joue
perdant. En effet, quelle que soit la décision qui l'emporte, il est
primordial que les parents présentent un front commun. Les parents doivent
parler d'une seule voix devant leurs enfants. Ceci implique que les parents
se sont mis d'accord sur la méthode selon laquelle ils entendent élever
leurs enfants.
L'importance pour des parents
de parler d'une seule voix, apparaît dans la loi du " bèn
sorèr oumoré ", dans Houmach Devarim (21/18). C'est le cas
d'un enfant qui se trouve sur la voie de sa destruction. Et pourtant, si les
parents ne lui parlaient pas d'une seule voix, il ne peut pas être considéré
comme rebelle, et il n'est pas condamné.
Pourquoi ???
Rav Samson Raphaël
Hirsch explique : " En l'absence d'un accord complet entre les parents
en ce qui concerne l'éducation de leurs enfants, l'échec de l'enfant
ne prouve pas son immoralité. Surtout, il n'est pas évident qu'il
ne s'améliorera pas. Car si l'éducation donnée par le père
et la mère avait été vraiment meilleure, peut-être
l'enfant aurait-il évolué différemment ; or, si l'échec
de l'enfant tient à une carence ou une erreur dans l'approche des parents,
cette carence ou cette erreur peuvent par la suite être corrigées
; si les parents s'amendent, grâce aux circonstances de la vie et grâce
à de l'expérience. "
La Tora enseigne que l'harmonie
entre les parents dans les domaines de leurs idées et de la voix qu'ils
font entendre, est essentielle pour le bien-être des enfants. Le Beth-Din
(tribunal) ne se contente pas d'examiner le comportement du garçon ;
il tient compte également du rôle des parents, dans le cas où
il aurait pu générer l'évolution déplorable de l'enfant.
Les enfants ne peuvent pas s'épanouir normalement, lorsqu'ils sont dans un environnement manquant d'harmonie.
Les enfants ne peuvent pas
s'épanouir normalement, lorsqu'ils sont dans un environnement manquant
d'harmonie. Car les enfants ont besoin de la sécurité qui leur
donne le sentiment que leurs parents s'entendent bien et sont d'accord dans
leur manière de les éduquer.
Dans le cas d'enfants de
parents divorcés, ce besoin est tout aussi important ; peut-être
même plus encore que chez les enfants qui grandissent auprès de
leurs deux parents. L'insécurité que suscite chez les enfants
le fait même du divorce, est sensiblement aggravé par les discussions
dans lesquelles s'expriment leurs désaccords sur l'éducation de
leurs enfants. On voit que devant les parents divorcés se dresse un problème
très grave. En effet, il est souvent très difficile de montrer
un accord en matière d'éducation, dans une relation de couple
scindé. Néanmoins, s'ils font l'effort de faire passer les besoins
de leurs enfants avant leurs sentiments personnels, ils peuvent essayer de faire
de leur mieux pour tomber d'accord au moins sur les décisions éducatives
les plus importantes.
NE MONTREZ PAS VOS DESACCORDS
Que peut-on faire pratiquement
? Les parents doivent parvenir à un consensus en ce qui concerne leurs
exigences du point de vue de la discipline des enfants. Ils ne doivent surtout
pas exprimer le moindre désaccord sur ce point en présence de
leurs enfants. S'ils ne sont pas d'accord entre eux, qu'ils cachent d'abord
leur désaccord, pour en débattre entre eux, mais devant les enfants,
il leur faut présenter un front uni. Car sinon, nos enfants apprendront
à jouer l'avis du père devant la mère, et celui de la mère
devant le père ; écoutant toujours celui des deux qui dit ce qui
leur plait, et tournant le dos à l'autre.
Il faut que les enfants
apprennent que lorsqu'un de leurs parents a pris une décision, ils ne
peuvent pas aller auprès de l'autre parent dans l'espoir d'une décision
différente. Dans l'anecdote qui précède, Sara a demandé
à sa mère la permission de se rendre à une fête,
alors que son père le lui avait interdit. Sachant que le père
s'y est opposé, la maman aurait mieux fait d'abonder dans le sens de
son mari. Elle pouvait expliquer que lorsque le parent numéro un a dit
non, on ne peut pas poser à nouveau la question au parent numéro
deux.
Toutefois, il aurait mieux
valu que le père, dès le départ, réponde : "Je
vais en parler avec Maman ". Ceci évite tout problème. Et
les enfants se trouvent devant un front parental uni.
Lorsque nous exprimons un désaccord dans notre couple devant nos enfants, nous sapons toute notre autorité.
Lorsque nous exprimons un
désaccord dans notre couple devant nos enfants, nous sapons toute notre
autorité. Constatant nos doutes et nos divergences, nos enfants auront
des difficultés à nous obéir. Pourquoi les enfants obéiraient-ils
à des ordres, qui ne sont pas approuvés par leurs deux parents
?
Il y a des parents qui estiment
qu'il est bon que leurs enfants voient qu'ils ne sont pas d'accord sur une question,
et qu'ensuite ils se mettent d'accord. Cela apprend aux enfants comment résorber
un conflit. Peut-être en effet les parents peuvent-ils inculquer aux enfants
l'art de résorber un désaccord ; mais jamais dans le domaine d'une
question concernant l'éducation de leurs enfants.
Se disputer devant les enfants
est plus grave qu'être simplement en désaccord. Les disputes suscitent
de l'anxiété chez les enfants, et diminuent leur respect envers
nous. Du reste, si les parents se disputent entre eux, qu'est-ce qui retiendra
les enfants de se disputer avec leurs parents ? Nous ne voulons vraiment pas
enseigner à nos enfants que les disputes sont les bonnes formes de communication.
L'idéal consiste
à déplacer les désaccords dans le domaine privé
de la chambre à coucher. Il n'est pas question de s'exprimer sur ce problème
devant les enfants aussi longtemps qu'une position unique et unie n'a pas été
adoptée par les parents. Même si la décision qui l'emporte
laisse insatisfait l'un des parents, l'enfant ne doit pas le savoir. La maman
ne devrait pas dire à sa fille : " J'ai bien essayé de plaider
pour toi, mais c'est Papa qui a gagné. "
Donner toute la priorité
au bien-être de votre enfant. Lorsqu'il y a un désaccord entre
les parents, ils devraient se demander : "Qu'est-ce qui vaut mieux pour
l'enfant ? " Notre préférence personnelle ne doit pas interférer,
par égoïsme, au détriment de l'enfant. La question n'est
pas de gagner ou de perdre ; la question est de faire ce qu'il faut. Dans les
cas de décisions pas très importantes, il est bon que l'un des
parents donne raison à l'autre, afin de préserver l'harmonie dans
la maison.
DEVONS NOUS JUSTIFIER
NOS DECISIONS ?
Il ne faut pas commettre l'erreur d'indiquer trop de raisons ; il ne faut pas non plus permettre à l'enfant de discuter notre décision.
Lorsque nous prenons des
décisions, devons-nous indiquer nos raisons aux enfants ? Rav Samson
Raphaël Hirsch explique qu'il faut indiquer aux enfants notre motivation,
afin que les enfants comprennent que nous ne décidons pas par simple
obstination ; de cette façon, les enfants apprendront à ne pas
être eux-mêmes obstinés, têtus. Mais inversement, il
ne faut pas commettre l'erreur d'indiquer trop de raisons ; il ne faut pas non
plus permettre à l'enfant de discuter notre décision. Une raison
devrait suffire. Si l'enfant se met à la contester, on aura utilement
recours à la technique du disque abîmé. En voici le mécanisme
:
Le père de Molly
lui a interdit de sortir comme elle était habillée ; il trouvait
que ses vêtements n'étaient pas assez pudiques ; ils ne la couvraient
pas suffisamment. La maman pensait que cela pouvait aller, mais a décidé
d'abonder dans le sens de son mari. Alors Molly a essayé d'entraîner
sa mère dans une discussion, que voici :
Molly : Maman, pourquoi
ne puis-je pas porter ce vêtement ?
Maman : Papa trouve qu'il te laisse trop découverte, mon trésor.
Et je partage son avis. Nous voudrions que tu t'habilles d'une manière
qui n'attire pas tellement les regards sur toi. Cela pourrait t'attirer de ennuis.
Molly : Mais, Maman ce n'est pas si grave.
Maman : Je suis désolée.
Molly : Toutes les filles s'habillent ainsi. Personne ne trouve rien
à y redire. C'est la mode, simplement.
Maman : J'entends ;mais notre décision est prise.
Molly : Mais quelle sorte d'ennui penses-tu que je puisse avoir ? Tu
n'as pas confiance en moi ?
Maman : Nous avons pris notre décision, mon trésor. S'il
te plait, va te changer.
Dans ce dialogue, la maman
donne une seule raison. Pas plus. Elle ne se laisse pas entraîner dans
toute une discussion. Molly tente de faire changer d'avis sa mère,
mais celle-ci réussit à garder sa position, en disant que leur
décision était définitivement prise.
Nous indiquons aux enfants
un motif pour notre décision, pour leur montrer que nous sommes raisonnables
et que nous avons en tête ce qui est au mieux de leur intérêt.
Mais les enfants ne doivent pas s'imaginer que pour autant ils peuvent chercher
une faille dans notre raison, afin de pouvoir légitimement se disputer
avec nous. Ils n'ont pas besoin d'aimer notre raison.
ANTICIPEZ LES QUESTIONS
FUTURES
Le mieux consiste pour les
parents à élaborer ensemble les plans selon lesquels ils entendent
résoudre des problèmes qui surgiront par la suite. Il ne faut
pas être pris au dépourvu. Lorsque vous savez qu'un problème
surgira, pour lequel vous aurez besoin de discuter avec votre mari, faites-le
tout de suite. Grâce à cela, vous serez muni d'une position commune
dès que la difficulté se présentera.
Carole avait toujours été
portée vers la vie religieuse, plus que son mari Sam. Elle attache une
grande importance à avoir ses enfants autour d'elle à la maison
les vendredis soirs, afin d'avoir un repas chabbatique familial. Jusqu'à
présent, tout allait bien. Mais soudain un de leurs fils voulait faire
partie de l'équipe de football de son lycée, ce qui impliquait
de jouer à des match les vendredis soirs. Carole sait que Sam sera d'accord
avec le projet de football ; elle s'inquiète beaucoup des changements
qui menacent la vie familiale. Le moment est venu pour Carole et Sam d'avoir
un entretien, en vue d'exprimer leurs sentiments respectifs en la matière
et de trouver le plan qui leur sera le plus agréable. Ainsi sauront-ils
comment parler à leur fils.
RESUME DES POINTS ESSENTIELS
Essayez de présenter
une position unie à vos enfants.
Ne permettez- pas à
vos enfants d'interroger un deuxième parent, lorsqu'un premier a interdit
quelque chose.
Pour éviter les
problèmes, dites : "J'en discuterai avec Papa / Maman ".
Ne discutez pas devant
les enfants des problèmes qui les concernent. Faites-le à deux lorsque vous
êtes seuls .
Indiquez une raison
de votre décision ; mais ne laissez pas les enfants entamer une discussion
avec vous.
Usez de la technique
du " disque rayé. "
Discutez avec votre
mari (ou votre épouse) à l'avance, des problèmes qui
surgiront prochainement, pour préparer la solution commune.
Traduction et Adaptation du Rabbin Schlammé