Il vous est certainement arrivé
de participer à une conversation où vous ne parveniez pas à
faire entendre votre point de vue ? A bout de nerfs, vous avez peut-être
crié : " Mais enfin, vous ne comprenez rien ? Vous êtes bouché!
".
Pourtant, vous-même, n'êtes-vous
jamais vous-même dans le rôle de l'interlocuteur obtus ? Vous pensez
être attentif mais votre esprit est ailleurs. Alors rappelez-vous : avant
d'approuver ou de réfuter une idée, avant d'émettre une
opinion et de s'emporter, assurez-vous d'être objectif. Sans quoi, ce
que vous exprimerez sera de l'ordre de l'émotionnel et non pas une opinion.
Shmat beozen signifie littéralement
" écoutez avec vos oreilles " Dans la Torah, le mot shéma
(comme dans Shéma Israël) indique toujours un dégré
d'écoute supérieur, fait de concentration, d'attention, de compréhension
et de mise en pratique.
Une écoute efficace
nécessite de :
Comprendre les mots.
Comprendre le message.
Le mettre en application.
S'entendre sur le sens
des mots
Je rencontrai un jour un touriste
qui visitait Israël pour la première fois. L'air déçu,
il me dit :
" Je me demande bien pourquoi
on appelle ça la Terre sainte. J'ai voyagé du nord au sud,
de Jérusalem à Massada, je n'ai rien vu de saint. " Je
lui répondis : " Ah ! Vous êtes bafoostik ! (mot que j'inventai)
"
" Ca veut dire quoi, je
ne comprends pas ? "
" Et sainteté ça
veut dire quoi ? Des petits anges auréolés de jolis arcs-en-ciel
qui battent des ailes à tous les coins de rue ? "
C'est souvent comme cela dans la
vie, nous nous servons de concepts dont nous avons une compréhension
très approximative. Pourtant, sans définitions claires, aucune
reflexion ne peut s'élaborer.Exemple :
" Etes-vous quelqu'un de
bien ? "
" Bien sûr ! Pour
qui me prenez-vous ? "
" Alors donnez la définition
de bien ? "
Pour vous évaluer, il vous
faudra plus que de vagues notions sur le sujet. Vous devrez vous référer
à des concepts précis. Autrement, chacun pourrait faire n'importe
quoi et s'estimer bon. Hitler n'avait-il pas le sentiment d'agir pour le bien,
en voulant éliminer les juifs de la surface du globe ?
C'est donc relativement à
la notion objective du bien que vous pourrez vous situer. Evidemment, il est
toujours possible de tricher, mais plus la définition est claire, moins
ce c'est aisé.
Le jeu du JE TU IL
Il existe dans le programme des 48
voies un jeu appelé le JE TU IL, basé sur le principe que nous
utilisons trois échelles différentes pour qualifier les personnes.
Quand il s'agit de nous-mêmes, nous ne craignons pas de faire un portrait
plus que flatteur. Quand il s'agit de personnes à qui nous devons des
égards, nous employons le gris. Enfin, aux absents, aux sans-défense,
nous réservons le noir. Ca donne donc : JE suis blanc - TU es gris -
IL est noir.
Pour mieux comprendre, voici un exemple
concret :
Vous êtes passager d'une
voiture qui descend une route de montagne à 130 km/heure. Congestionné
par la peur et cramponné à votre fauteuil, vous faites observer
au conducteur qu'il est peut-être un brin téméraire,
il vous répond : " Moi, téméraire ? Je suis tout
simplement courageux. Je n'ai peur de rien ! " Je suppose que si vous
survivez pour raconter votre aventure, vous direz du conducteur qu'il est
un cinglé inconscient.
Nous avons donc ici les trois points
de vue : JE suis courageux - TU es téméraire - IL est un cinglé
inconscient. Mais de ces portraits, lequel est le vrai ?
Grâce à des définitions
objectives, nous pourrons évaluer la situation sans l'interférence
des émotions.
A. Courage : Prendre
un risque nécessaire. Ex. Se jetter dans un bâtiment en flammes
pour sauver des enfants.
B. Témérité
: Prendre un risque non nécessaire, mais dans un but noble. Ex. Se
jetter dans les flammes pour sauver des enfants, sans équipement
approprié.
C. Inconscience : Prendre
des risques non nécessaires, dans un but inutile. Ex. Se jetter dans
un bâtiment en flammes pour voir tomber les poutres embrasées.
Maintenant, rejouons la séquence
: Vous êtes sur une route de montagne…
Vous dites au conducteur : "
Pourquoi risquons-nous notre vie ? Y a-t-il une utilité à
cela ? "
Logiquement, il devrait vous
répondre : " Je suis un cinglé inconscient. "
Voici la manière intellectuelle
d'aborder les problèmes. Se servir de sa reflexion plutôt que de
se laisser mener par ses sentiments, méthode qui vous condamne au modèle
: " Je suis courageux - Il est un cinglé inconscient "
Reprendre à la
base
Pour être sûr d'avoir
des définitions justes, commencez par la base. Prenez d'abord les concepts
les plus communs et les plus fondementaux. N'employez un mot que lorsque vous
êtes sûr de sa définition. Vous serez surpris de constater
combien de fausses idées vous aviez sur la question et comme elles ont
orienté sur votre vie.
Vous croyez en la Tolérance.
Qu'est-ce que ça signifie ? Vous croyez en la Justice, en la Vérité,
en l'Amour, en la Liberté, en l'Egalité ? Demandez-vous : Que
signifient réellement ces notions ? Si ce sont pour vous des principes
auxquels vous tenez, alors mieux vaut en avoir des définitions claires.
Prenons l'exemple du libre arbitre.
Le judaïsme nous enseigne que le libre arbitre est le choix entre ce que
vous avez la volonté de faire et ce que vous avez l'envie de faire. Par
exemple, si vous avez froissé quelqu'un, vous voulez lui demander pardon,
car vous savez que c'est la meilleure chose à faire, mais vous n'en avez
pas envie parce que cela vous est désagréable. C'est ainsi la
plupart du temps. On ne choisit pas sciemment de faire le mal. On ne se dit
pas : " Je veux être mauvais et faire souffrir. " On choisit
le mal parce qu'il est la solution la moins pénible, du moins dans l'immédiat,
à une situation délicate. On fait ce qu'on a envie de faire par
facilité. Mettez en pratique cette définition du libre arbitre.
Vous voulez grandir ? Bien sûr ! Mais vous n'avez pas envie de faire l'effort.
Vous remettez, vous éludez,
vous vous dérobez. Vous vous dites :
" Je ne cherche pas à
être grand. Je me contente d'être moyen. "
" Ah bon ? Vous aimez la
médiocrité ? "
" Mais pas du tout ! Je
veux grandir… mais c'est pas pressé… pas tout de suite.
"
" Pourquoi pas tout de suite
? "
" Parce que je n'en ressens
pas l'envie. "
Vous avez des buts. Vous savez que
vous êtes capable d'y parvenir, mais ça vous paraît difficile
? Alors prenez la décision maintenant et rien ne pourra vous arrêter.
C'est cela, exercer son libre arbitre.
Une argumentation objective
On peut parfois polémiquer
des heures sans savoir vraiment sur quoi.
Beth Hillel et Beth Chammaï
sont souvent cités dans le Talmud pour leurs divergences sur la plupart
des sujets et leurs conceptions très éloignées. Beth Hillel
disait, par exemple, que l'on devait allumer une lumière supplémentaire
chaque soir de 'Hanouka, alors que Beth Chammaï pensait qu'il fallait allumer
les huit flammes le premier soir et aller en diminuant les soirs suivants.
La
loi juive a finalement suivi Beth Hillel parce que dans tout désaccord,
Beth Hillel présentait la position de Beth Chammaï avant la sienne,
ce qui fait que la position de Beth Hillel était considérée
plus objective et reflétant une réalité située à
mi-chemin entre les deux opinions.
Dorénavant dans une discussion,
mettez les choses à plat. Ne tenez rien pour évident. Décryptez
le message qui se cache derrière le message. Vous constaterez très
souvent que le désaccord ne se situe pas où vous le pensiez. Peut-être
qu'au fond, ce que votre interlocuteur exprime c'est : " Il n'a pas de
respect pour moi. " ou " Il ne fait même pas attention à
moi. " Décodez les mots. Demandez-vous : " Que veut-elle dire
? Que cherche-t-elle ?
Laissez toujours l'autre aller jusqu'au
bout de sa pensée. Ecoutez-le attentivement au lieu de préparer
votre réponse. En posant des questions, vous découvrirez sans
doute un contenu plus profond. Et pour être sûr que vous parlez
bien de la même chose, demandez : " Est-ce que tu veux dire que…
? Dis-moi si j'ai bien compris. "
Lorsque vous pensez avoir saisi l'idée,
essayez de la formuler à votre manière. Fabriquer votre propre
exemple pour illustrer l'idée vous permet également d'approfondir.
Cela peut être un bon moyen de vérifier que vous comprenez le message,
tout en vous aidant à l'intégrer et à le mémoriser.
Refusez d'être
un zombi
La paresse est un boulet. Toutes
les créatures animales utilisent leurs caractéristiques naturelles
(ailes, bec, griffes, etc.) de manière efficace. L'homme lui, ne fait
pas toujours un usage très optimal de ce qui le singularise : son cerveau.
Il est même capable de se donner beaucoup de mal pour ne pas s'en servir.
Par exemple, il se plonge pendant des heures dans son journal et puis…
Pouf ! Plus rien. Il n'a rien retenu.
La solution, c'est de se mettre en
mode " définition " Prenez l'habitude d'analyser ce qui se
passe autour de vous. Toute activité mérite que l'on s'y investisse.
Lire le journal ou un roman, discuter, regarder un film, voyager, tout peut
être enrichissant. Fixez-vous un but à l'avance.
Quand
vous l'avez atteint, faites le bilan de ce que vous avez appris. C'est le seul
moyen de garder une certaine clarté de vue. Ne soyez pas comme ces personnes
qui lorsqu'elles sont licenciées disent : " Ce que j'ai appris de
cette expérience est qu'on ne peut faire confiance à l'employeur
" ou " Je suis incapable de réussir " ou encore "
Le monde des affaires est pourri, etc… " Ces personnes ont tout faux.
Elles n'ont en fait rien appris. La bonne démarche serait de réfléchir
aux moyens de réussir dans leur nouvel emploi.
Le judaïsme dit : " La
clarté ou la mort " La mort étant l'absence totale de conscience,
une conscience partielle est une mort partielle. Si vous ne savez pas pourquoi
vous vivez, ce que vous voulez, ce qui vous plait, alors vous vivez comme un
zombi. Ce sont les définitions qui sont sources de clarté, donc
de vie.
La sagesse de la Torah
Avoir des notions claires est particulièrement
important dans le domaine de la Torah. A première vue, la Torah peut
paraître simpliste, pourtant nous savons que les notions les plus fondamentales
y sont contenues sous forme de messages faciles où chaque mot est cependant
soigneusement choisi.
Le message divin doit être
compris avec exactitude. La Torah, c'est D. et c'est l'éternité.
Aussi ne pouvons-nous nous permettre la moindre erreur, car se serait une erreur
pour l'éternité. C'est un peu comme envoyer une fusée dans
la lune, et manquer l'objectif à cause d'une infime erreur de logarithme.
La fusée se perdra dans l'espace.
Prenons un exemple. La Torah nous
fait le commandement de savoir qu'il y a un D. Or, qu'est-ce qu'un commandement
? Que signifie savoir ? Qui est D. ? Définissez ces notions pour pouvoir
pénétrer le message et découvrir d'autres notions aussi
essentielles pour votre vie. Bref, décodez.
La dernière étape,
tout aussi primordiale, sera de vous demander : " Et maintenant que j'ai
compris cela, qu'est-ce que j'en fais ?
Pourquoi une écoute
efficace est-elle un élément de la sagesse ?
Ayez toujours une approche objective
de la situation, particulièrement quand vous êtes émotionnellement
impliqué. Ne tombez pas dans le piège du JE-TU-IL.
Rappelez-vous que sans définitions,
on peut facilement se persuader qu'on est quelqu'un de bien.
Vous n'avez pas envie d'être
un bafoostik.
La Torah renferme des outils de
vie très performants. Tâchez toujours de comprendre en profondeur.
Il ne sert à rien d'argumenter
si vous ne savez pas précisément sur quoi vous argumentez. Il
ne sert à rien d'apprendre si vous ne retenez rien de la leçon.
Il ne sert à rien d'agir si vous ne savez pas ce que vous voulez obtenir.
Si vous suivez cette ligne de
conduite, vous deviendrez riche !
Traduction et Adaptation de Béatrice Cohen-Solal