Réalité
La Palestine est devenue une région semi-désertique à la fin du Moyen-Age, après l'invasion des Mamelouks, qui dévastèrent systématiquement les régions côtières afin d'empêcher un éventuel retour des croisés.
Au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, le pays connut une renaissance partielle, due à la bonne administration des premiers gouverneurs ottomans et à une immigration juive espagnole à Jérusalem et à Tibériade.
A partir de la fin du XVIIe siècle, la Palestine redevient une région aride, sous-cultivée et sous-peuplée.
En 1867, l'écrivain américain Mark Twain visite la Terre Sainte:
" Un silence funèbre plane partout... Nous n'avons pas vu un seul être humain sur notre trajet. A peine çà et là un arbre ou un caroubier. Même l'olivier et le cactus, les derniers amis des sols pauvres, semblent avoir déserté le pays "
A la même époque, deux voyageurs anglais, W. H. Bartlett et Thomas Allom, publient un guide de "La Syrie et l'Asie mineure", qui sera traduit en français et plusieurs fois réimprimé.
On y lit:
" La distance de Jaffa à Jérusalem est de cinquante milles environ... Deux journées entières furent consacrées à ce pénible trajet... Les lieux désolés que nous parcourions étaient dénudés de toute espèce de végétation, arides, et sans habitation. "
En 1913, un observateur britannique décrit la plaine côtière, de Gaza à Haïfa, qui deviendra le cœur même du nouveau pays hébreu:
" La route allant de Gaza vers le nord n'était qu'une piste d'été, utilisable seulement par les chameaux et les charrettes... Pas d'orangeraies, de vergers, ni de plants de vigne jusqu'au village de Yavneh. Des maisons de boue séchée. Pas de fenêtres... Uniquement des charrues de bois... Les conditions sanitaires dans les villages étaient horribles... Pas d'école... Mortalité infantile extrêmement élevée. La partie occidentale du pays, le long de la mer, constituait pratiquement un désert... Les villages, dans cette région, étaient peu nombreux et peu peuplés..."
Lewis French, un administrateur britannique nommé directeur du développement de la Palestine en 1931, donne ce tableau:
" Le pays était peuplé de fellahin vivant dans des bâtisses en boue séchée et souffrant d'une malaria endémique... De grandes parties du pays n'étaient pas du tout cultivées... Les fellahin étaient sans cesse soumis au pillage et au chantage de leurs voisins nomades, les Bédouins.."
L'écrivain français E. Faure, anticolonialiste convaincu, visite la Palestine en 1932, et commente en ces terme le travail pionnier des Juifs:
" Ces Campagnes où, il n'y a pas dix ans, s'étendait un désert de pierres... L'homme de bonne volonté crée ici en dix ans, des villes, de toutes pièces, construit des caves, des citernes, des usines, des bibliothèques, des écoles, électrifie la campagne... Je ne pense pas que le peuple juif ait jamais donné au monde un tel exemple de cette éternelle énergie à entreprendre, à persévérer... "