La deuxième lettre de l'alphabet hébreu est le “Veth” ou le “Beth”.
(le “daguech”, signe
grammatical en forme de point à l'intérieur de cette lettre, intensifie la sonorité
et transforme le “Veth” en “Beth”. Cette relation phonique
entre ces deux lettres se retrouve encore aujourd'hui dans diverses langues
comme par exemple l'Espagnol !)
Cette consonne est la deuxième
lettre qui fut créée et la première à posséder la qualité sonore.
A vrai dire il s'agit d'un stricte
minimum de son ; en rapprochant les lèvres un doux et faible son est produit
que nous connaissons comme le “V”.
C'est que le souffle créateur par
lequel D.ieu inspira les lettres s'était légèrement épaissi pour ainsi laisser
échapper ce premier son.
Si le “Aleph” ne
présentait pas encore d'expression vocale, si dans la première lettre de notre
alphabet le souffle de D.ieu était encore si faible que les ondes de ce caractère
restent encore imperceptible à l'ouïe humaine, le “Beth”, par contre
est une lettre où la volonté divine est déjà plus dense et plus cristallisée
et ainsi cette lettre est la première qui est audible à l'oreille humaine.
Longtemps le “Beth”
se croyait la première parmi les lettres.
Longtemps cette consonne resta
convaincue que ce fut elle qui était la première à exister et que ce fut elle
qui avait la charge d'initier le monde.
Le “Beth” ignorait
en effet qu'il fut précédé par un autre caractère ; le “Aleph”,
car ce “Aleph” ne se manifestait point !
Le “Aleph”, muet,
n'était ni vu et -surtout- ni entendu ! Rien d'étonnant donc que le “Beth”
se prenait pour la première vérité de l'univers.
Et la Torah semblait bien confirmer
ceci car, cette Torah, n'était ce pas par lui, le “Beth”, qu'elle
commençait ? --Beréchit, le premier mot de la Torah, --au début--, cela ne s'écrit-il
pas avec un “Beth” ? De surcroît, cela ne s'écrit-il pas avec un
très grand “Beth” ?!
Et plus, le verbe créer, “bara”,
commençant également par cette consonne, ne confirme-t-il pas que c'est bien
cette lettre qui est la première force créatrice ?
Et finalement, n'est ce pas lui,
le “Beth” qui ouvre chaque traité du Talmud ? Chaque tome du Talmud,
ne commence-t-il pas mystérieusement par la page “Beth”, de valeur
numérique “2” ?
Ainsi cette lettre trônait en tête,
maître de l'univers !
Enfin, nous raconte le “midrach”,
le “Aleph” finit par se présenter devant le trône céleste et déconcerté,
frustré et brisé il interrogea le Ciel ;
Comment, ce n'était donc pas lui,
l'authentique premier, qui inaugurait ce monde ? N'était ce pas par lui que
la Torah aurait du commencer ? Il lui semblait que, figurer partout en tête,
lui revenait de droit.
Silencieusement D.ieu écouta les
revendications du “Aleph”.
D.ieu ne s'expliqua point et
ne justifia rien.
Par contre, D.ieu rassura le
“Aleph”. Si, en effet, le monde n'avait pas commencé par lui, plus
tard, au moment glorieux du Don de la Torah, lorsque D.ieu irait Se révéler
au Peuple Juif, réuni au pied du Mont Sinaï, D.ieu irait prononcer le Décalogue,
les Dix Commandements, qui eux allaient commencer par la lettre “Aleph”,
--Ano'hi Hachem--, Je suis l'Eternel. .
A cette heure là ce serait le “Aleph”
qui serait bien le tout premier !
Il est certain que l'existence en
parallèle de ces deux lettres prête à la confusion. Une ambiguïté indéniable
existe à cause de ces deux caractères ; à savoir lequel des deux doit être considéré
comme le premier véridique et à savoir lequel est le sens spécifique de chacun.
Nous proposons d'éclaircir
ce dilemme à travers une lecture originale du premier verset de la Torah :
Beréchit bara Elokim eth
hachamaïm ve'eth ha'arets. Au début D.ieu créa le ciel et la terre.
Bien que l'écriture hébraïque
ne connait pas le phénomène de la majuscule, ici la première lettre de la Torah,
le “beth” de Beréchit, est écrite avec un grand “beth”,
comme si c'était pour faire ressortir un caractère tout exceptionnel de ce premier
“beth” !
Sachant que la valeur numérique
du “beth” est “2”, nous pourrons en effet traduire ce
premier “beth” par ce “2”, pour lire ainsi dans ce texte
: - 2 réchit bara Elokim, 2 débuts créa l'Etern., le ciel et la terre. . .
(Il est à noter que la forme graphique
du chiffre 2, dit chiffre arabe, est une derivée directe du graphisme de notre
“beth”, qui possède cette même valeur numérique; Il en est de même
pour les chiffres trois-guimel et quatre-daleth)
Dans son tout premier verset, déjà
dans son premier mot et dès sa première lettre, la Torah nous annonce qu'il
existe deux débuts, deux points de départ, deux commencements pour chaque
chose !
L'un commencement est celui
qui est le plus terrestre ; c'est le commencement du savant, du mathématicien,
du physicien et du chimiste. C'est le commencement tangible où la perception
de l'univers est limitée et mesurable. C'est ce commencement qui est cristallisé
par la lettre “beth”, cette lettre qui elle aussi est terrestre,
audible et mesurable.
L'autre commencement cependant est
celui du monde du Ciel. Certes, dans ce monde il est inutile de venir avec des
instruments de mesure. Dans ce monde les vérités sont bien trop subtiles et
fines pour les appareils, aussi précis et aussi sophistiqués soient-ils!
Le monde du Ciel ne connait pas les
distances physiques, dans son univers tout s'exprime en langage méta-physique!
Cet univers est évidemment celui
de la lettre “Aleph”, qui elle non plus ne se laisse pas exprimer
tangiblement et vocalement.
Et au début, tout au début, D.ieu
créa ces deux notions, de sorte que c'est à l'homme de savoir dans lequel des
deux monde il désire évoluer.
Est ce étonnant que le terme hébreu
pour le mot choisir, “boher”, commence par cette même lettre ?
Le premier caractère de la Torah
est donc de grand format pour rappeler que lui, le “beth”, qui représente
le monde matériel de la terre, n'est pas seul dans l'existence mais que, encore
bien antérieur à lui se trouve le “Aleph”, la seule lettre à être
vraiment autonome et indépendante et qui elle est l'exponant et le point de
départ du monde du Ciel.
Cependant, hors de cette première
lettre de taille exceptionnelle, à leur tour, tous les autres “ beeth”
de la Torah font également allusion à la dualité.
Ce sont tous les “beth”
qui incarnent le nombre de deux et cette valeur est totalement inhérente, voire
identique, à la lettre même !
Pourtant, la dualité de l'ensemble
des “beth”, relève d'une autre sorte ; ici c'est la bi-polarité
qui règne à l'intérieur même du monde matériel.
Dans le monde physique, le
monde de la terre, toute valeur, sans exception, est double aussi ; c'est la
vie et la mort, le jour et la nuit ; le bien et le mal, la masculinité et la
féminité. . .
Dans le domaine de la terre tout
est évalué par la relativité--dans l'immensité cosmique l'homme peut mesurer
combien de millions de milliards d'années lumière le séparent de tel et tel
quasar. . . Cela se mesure, cela s'exprime par des limites et ce sera toujours
à l'intérieur de ces limites que l'homme se posera ses questions. . .
Par conséquent, cette lettre
de la dualité, le “beth”, exprime simultanément la notion de l'intérieur,
le fait de se trouver à l'intérieur de cette dualité et le signe “beeth”,
en tant que préfixe, veut justement dire dans.
Ainsi du “beth” émergent
tous les contrastes et extrémités et ce sont à leur tour ces contrastes et ces
extrémités qui constituent le cadre et le contentant de la vie !
Nous comprenons maintenant mieux
que le sens même de cette lettre est “maison”, (bayit), endroit
de l'intérieur par excellence.
La notion de “maison”
est suggérée par le “beeth”, tant par son nom, tant par sa valeur
numérique, tant par sa forme (!) et tant par sa philosophie !
Bayit est la maison,
la construction qui fait émerger l'intérieur, il en est de même pour
le mot “beged”, qui signifie vêtement. L'habit aussi recouvre
pour être le contenant de l'homme.
Il est significatif du caractère
spirituel de la langue hébraïque que la première consonne, la première lettre
sonore (le “aleph” étant muet) est un signe qui exprime l'intérieur
!
Le point de départ juif, le
départ tangible, est celui de l'intérieur et c'est celui-ci qui dote l'être
humain de la faculté d'opter et de choisir. C'est de l'intérieur qu'émerge le
véritable libre arbitre.
Apparences, formes et visibilité
sont des notions qui ne viennent que plus tardivement dans la hiérarchie des
valeurs juives !
Le “beeth” est encore
la lettre de “boné”, construire et de “bina”, l'intelligence
qui elle assure la construction intellectuelle.
En tant que lettre de contrastes
elle exprime donc le désir de l'expansion, de la recherche de joindre les limites
dans lesquelles ce monde évolue. . .
“Ben”, c'est fils
et “bat c'est la fille, l'extansion et la construction humaine.
. .
Enfin, mais précisons aussitôt que
c'est autant avant tout, c'est la lettre de la “bera'ha”,
de la bénédiction.
La bénédiction consiste en
quoi ? La notion élémentaire de la “bera'ha” est celle de l'abondance,
de la multitude et de la diversité. La “bera'ha” signifie avoir
plus que le stricte minimum et bien entendu, le “beeth”, le 2, est
le symbole même du plus !
La “bera'ha” pour
la santé, pour les affaires, dans les relation, bref, la “bera'ha”
dans toute la vie !
Mais cette “bera'ha”,
ce “plus”, où doivent ils conduire et où doivent ils amener l'homme
?
Même la “bera'ha”
n'est pas une finalité, elle n'est pas un but en soi.
La Torah nous montre cela, la “bera'ha”,
n'est que la première lettre du récit de son livre, un point de départ, une
extrémité, un démarrage.
Si toutefois le “beeth”
par l'intermédiaire de sa “bera'ha” sait nous conduire au pied du
Mont Sinaï pour y entendre le “Ano'hi”, le “Je”, majestueux
de D.ieu, c'est que nous avons pleinement vécu et assumé cette deuxième lettre
de notre alphabet, cette première lettre de la Torah.