Dans le monde de l'éducation,
on affectionne de citer l'expérience de l'assistante sociale qui demandait
à un enfant de cinq ans s'il savait ce que signifient les feux tricolores.
L'enfant répondit : " Le vert signale qu'on peut avancer; le rouge
indique qu'il faut s'arrêter; l'orange signifie qu'il faut accélérer".
L'assistante sociale redemanda : " L'orange indique qu'il faut accélérer
??? - Oui, confirma l'enfant ; chaque fois que le feu est orange, mon père
accélère".
Il faut savoir que l'éducation
de l'enfant résulte à quatre-vingt pour cent de ce qu'il a appris
de son cadre familial. Quelle que soit l'importance des connaissances que l'enfant
acquiert par ses devoirs et leçons, par ses lectures et par ses succès
scolaires et universitaires, ce sera le modèle du comportement qui lui
est offert par l'exemple de ses parents qui dessinera en profondeur le profil
que prendront à l'âge adulte les
dites acquisitions.
La plupart des gens comprennent
fort bien qu'il faut s'attendre à ce que des enfants qui grandissent
dans une atmosphère de crimes, risquent probablement de devenir à
leur tour des criminels; ceux qui sont exposés à des violences
deviendront facilement des agresseurs. Malgré tout cela, dans une sorte
de laisser-aller, nous négligeons de détecter certains de nos
comportements, certes plus subtils, moins aigus, de notre part. Pourtant, ensuite,
nos enfants les apprennent de nous. Même si nous ne sommes pas d'accord.
Cela arrive malgré nous. Or, grâce à un petit peu d'introspection
et une meilleure discipline personnelle, nous pourrions corriger ce qui génèrera
certainement les perspectives de l'avenir de nos enfants en nous corrigeant
d'abord nous-mêmes.
Quelle idée leur
donnons-nous de l'importance de l'éducation, si nous les laissons arriver
en retard en classe, et si nous négligeons de surveiller leurs devoirs,
et si nous les emmenons en vacances lorsqu'il y a classe et si nous les laissons
manquer la classe simplement à cause d'un anniversaire ou d'un match
de football ?
Que leur apprenons-nous
sur le sens de la responsabilité, si nous n'exigeons pas d'eux qu'ils
nettoient après avoir mangé; si nous ne leur demandons pas de
travailler pour gagner leur argent de poche, même lorsque notre situation
ne l'exige pas ?
Que leur apprenons-nous
en matière de responsabilité et d'honnêteté comptable,
si nous excusons leur mauvais travail scolaire ou leur mauvaise conduite en
classe en alléguant comme prétextes certaines critiques à
l'encontre des camarades de classe, des maîtres, des directeurs, ou lorsque
nous nous refusons de sanctionner la mauvaise conduite de nos enfants par une
suppression de privilèges ?
Quel respect d'eux-mêmes
leur apprenons-nous si nous ne fixons jamais des principes clairs, pour lesquels
nous les félicitons s'ils les mettent en pratique, et nous les blâmons
s'ils les enjambent ? Ou bien lorsque nous commettons l'erreur de toujours vouloir
leur rendre la vie facile au point d'éliminer dans leur propre parcours les moindres difficultés
?
Quel sens de la politesse
leur enseignons-nous, si, au volant, nous hurlons des obscénités
à l'adresse d'autres conducteurs de voitures sur l'autoroute, ou encore
si, lorsque nous sommes à table, nous calomnions nos voisins ou nos collègues,
si nous interrompons notre conversation lorsque sonne notre portable, ou si
nous laissons fonctionner la sonnerie de nos portables au cours d'une symphonie
?
Quelle idée inculquons-nous
à nos enfants du sens de la modération, lorsque nous dépensons
pour une voiture de luxe, le double de l'argent que coûterait un autre
modèle de voiture, qui ferait tout aussi bien l'affaire; ou encore en
achetant un costume ou une chaîne stéréo qui coûte
tellement d'argent qu'une famille entière pourrait en vivre pendant tout
un mois ?
Quelle leçon leur
donnons-nous en matière de compassion et de solidarité, lorsque
nous nous enflammons d'enthousiasme en parlant des sommes que nous avons en
banque, et qu'ensuite nos enfants entendent que nous donnons à la tsedaka
simplement ce qu'on nous impose ou lorsque cela nous évite de payer des
impôts ?
Quelle leçon donnons-nous à nos enfants sur notre engagement dans la vie familiale, si nous travaillons chaque soir très tard dans nos bureaux, et que les seuls moments où nous sommes à la maison, nous les passons devant notre poste de télévision ?
Quelle leçon de sincérité
religieuse donnons-nous à nos enfants, si nous sautons régulièrement
les prières à la synagogue, pour leur préférer le
golf ou le tennis ? Et lorsque déjà nous nous rendons à
la synagogue, si nous y arrivons en retard, que nous bavardions pendant la prière
et que nous dormons pendant les sermons ?
Inversement, essayons de
nous représenter les leçons que nous donnerions à nos enfants
si nous parlions avec eux de leur école, si nous surveillions leurs devoirs
; si nous leur offrions de s'adonner à des activités convenant
à leur âge, et en rapport avec leurs programmes scolaires ; si
nous éteignions le bouton de la télévision ou de l'internet,
pour lire un livre ou les emmener en promenade; ou bien lorsque nous nous portons
volontaires pour encadrer des sorties scolaires ou assurer des repas sociaux
ou rendre des visites à des malades; lorsque notre parler est plein de
douceur et que notre écoute est attentive ; lorsque, enfin, nous limitons
le luxe qui encombre nos existences ; au point qu'ensuite, nous devenions capables
de cerner plus efficacement les choses qui en valent vraiment la peine.
Evidemment, personne n'est
parfait, nous avons tous nos faiblesses humaines. Mais nous pourrions tous faire
mieux que nous ne le faisons. En décidant de ne pas devenir
les esclaves de nos habitudes, de notre gourmandise et de notre égoïsme, et
en nous engageant dans des efforts pour élever le niveau de notre discipline,
de notre raffinement et de notre honnêteté, choses que notre rôle
de parents exigent de notre part, alors nous deviendrons capables de mesurer
toutes les grandes transformations que nous aurions apportées à
nos enfants, pour les avoir d'abord intégrées en nous.
Traduction et Adaptation du Rabbin Schlammé