II n'est de jour où l'information nous fait part de violence et d'agressivité de la part des jeunes de notre société.
Cette violence touche indifféremment toutes les couches de la société
et débute très tôt, puisqu'on relève une augmentation
de ces comportements chez l'enfant de 7 à 10 ans.
Elle s'associe également
à un mal être des jeunes qui s'accompagne par un taux élevé
de suicides.
Face à ces faits
de société, nous sommes obligés de nous interroger sur
ses origines. Cette interrogation est multiple, sociologique, anthropologique,
psychologique.
A travers les nombreuses
études sociologiques, il semble exister une concordance entre ces troubles
du comportement et la place du père dans des organisations familiales
de plus en plus perturbées (familles mono-parentales, parents divorcés,
familles recomposées).
CASSER LA RELATION FUSIONNELLE
MERE-ENFANT
Le père doit reprendre sa place aux côtés de sa femme et signifier àl'enfant que malgré tout l'amour que la mère porte à son enfant, elle lui porte malgré tout un amour antérieur au sien.
Dans nos sociétés,
la place du père et son image ne cessent de se dégrader, souvent
relégués aux fonctions de reproduction. Comment peut-on définir
le rôle du père dans l'organisation familiale, et sa place dans
le développement d'un enfant ?
Le rôle de la mère
dans l'éducation d'un enfant et d'un nourrisson est d'emblée évident.
Elle a la charge de satisfaire tous les besoins vitaux de l'enfant : le nourrissage,
l'hygiène corporelle, la protection contre toute forme de traumatisme
et d'agression, favoriser les différentes formes d'acquisition.
Pour satisfaire tous
ses besoins, il s'installe très tôt entre la mère et son
bébé une relation très forte, une relation fusionnelle
qui permet à l'enfant d'être protégé et à
la mère d'être à l'écoute de tous ses besoins.
Un dysfonctionnement dans
cette relation précoce peut provoquer très rapidement des troubles
psychologiques ou somatiques.
Cette unité,
si elle est indispensable pendant une certaine période, ne doit pas se
pérenniser au-delà ce qui est nécessaire. L'enfant
a alors besoin d'autres relations pour évoluer, et moins proches, comme
celles qui constituent l'ensemble de la constellation familiale.
C'est le père qui
vient séparer cette relation fusionnelle et faire en sorte que cet ensemble
mère - enfant devienne deux entités bien distinctes.Une
défaillance de ce rôle du père peut avoir des conséquences
graves sur le développement psychique de l'enfant.
Le père doit
reprendre sa place aux côtés de sa femme et signifier à
l'enfant que malgré tout l'amour que la mère porte à son
enfant, elle lui porte malgré tout un amour antérieur au sien.
Ce rappel de la place de
chacun ne se fait pas sans mal. Le jeune enfant va éprouver à
l'égard de tous ceux qui vont lui disputer la place à côté
de sa mère une grande agressivité qui va s'atténuer progressivement
en raison du nouvel attachement qu'il va établir avec eux et avec son
père en particulier. Le jeune enfant va être soumis à des
relations affectives ambivalentes (d'amour et d'agressivité).
LE PERE, GARANT DE LA
STABILITE SOCIALE
Le rôle du père va aussi lui permettre d'intégrer les limites de ses désirs, de créer les premiers signes de la sociabilité.
Cette apparition du père
dans l'espace psychique du jeune enfant va lui permettre de s'individualiser
et ainsi de poursuivre son développement, et d'acquérir les premiers
éléments de sa personnalité. Le
rôle du père va aussi lui permettre d'intégrer les limites
de ses désirs, de créer les premiers signes de la sociabilité.
Dans cet espace créé
par l'apparition du père vont émerger les différentes formes
d'expressions symboliques, le langage tout particulièrement et permettre
au jeune enfant de maintenir ce lien indispensable avec sa mère. Outre
le langage, il inventera toutes formes d'activités, de jeux, qui auraient
pour rôle de remplacer cette proximité avec la mère.
Cette fonction paternelle
n'est par ailleurs possible que si la mère le permet, que si elle même
a pu intégrer cette notion dans sa propre histoire psychique.
La mère peut
empêcher le père de jouer son rôle, elle risque d'en faire
alors son enfant dans cette bulle fusionnelle, de l'empêcher d'évoluer,
de s'individualiser.
Cette attitude peut entraîner
l'enfant dans des développements pathologiques :
- évolution vers
des psychoses infantiles ou adultes.
- cela peut entraîner
des comportements pervers (homosexualité, kleptomanie, sadisme, masochisme
etc... ).
- Dans les formes mineures,
une défaillance de cette fonction paternelle peut entraîner chez
le sujet une mauvaise intégration de tout ce qui a un rapport avec la
Loi, avec l'autorité, les limites et d'accepter la volonté de
D.ieu.
Il est cependant important
que cette organisation psychique passe par le père et non pas imposé
uniquement par la mère sans référence au père.
LA CARENCE DE CAIN
Une bonne mère ne doit pas être une mère toute puissante, empêchant toute évolution possible à son enfant mais doit permettre au père de prendre sa place.
A titre d'exemple, j'aimerai
citer un exemple qui m'a été rapporté par le Rav Yehiel
Brandt (chlita) à propos de Caïn et Abel.
Lorsque Caïn est né
sa mère lui a donné son nom par référence à
D.ieu en disant cet enfant "je l'ai acquis de D.ieu ".
La référence
au père est entièrement absente et les commentateurs d'expliquer
que si Caïn est devenu un assassin, c'est justement en raison de l'absence
de la fonction paternelle dans la psyché de la mère au moment
de la naissance de son enfant.
En conclusion, nous voyons
que la fonction paternelle est absolument indispensable pour permettre au sujet
de devenir un être social et d'acquérir les notions de loi, de
morale, de religion, de bien et de mal, et qu'une bonne mère ne doit
pas être une mère toute puissante, empêchant toute évolution
possible à son enfant mais doit permettre au père de prendre sa
place et de venir compléter dans la triade le rôle qui lui est
dévolu.