Le jour de Chavouot, nous est relaté un des épisodes les plus marquants de l’histoire juive à travers la lecture de l’histoire de Ruth, qui deviendra l’ancêtre du Roi David, et du Machiah (Messie).
Comment comprendre que la royauté d’Israël prenne son origine dans une conversion, alors que nous voyons par ailleurs combien certains convertis sont à l’origine d’échecs retentissants au niveau de peuple juif (par exemple, les instigateurs du veau d’or sont les égyptiens « convertis » qui suivent les enfants d’Israël à la sortie d’Egypte) ?
Les versets qui nous relatent la démarche de Ruth vont pouvoir nous éclairer.
« Là où tu iras j’irais, où tu habiteras j’habiterais, ton peule est mon peuple, ton D.ieu est mon D.ieu » (Ruth, I, 16). C’est avec cette phrase qu’elle convainc Naomi de la laisser l’accompagner dans son retour vers la terre d’Israël.
Les maitres du Talmud interprétant ce verset nous montrent que c’est avant tout dans le désir d’être fidèle à la loi d’Israël dans tous ces détails que Ruth emporte l’adhésion.
Elle ne vit point dans son désir de judaïté une approche philosophique répondant à ses questions existentielles, mais avant tout un mieux de soumission parfaite au Créateur de l’univers qui donne sa loi par l’entremise de la Thora.
Elle s’inscrit dans la ligne du Sinaï où le peuple juif, disant « naassé VeNichma », « nous ferons et nous comprendrons », révèle son acceptation de la volonté divine, préambule nécessaire à la possibilité de pénétrer le sens profond de ses commandements.
Maimonide, dans une de ses Epîtres, relève l’état spirituel décadent de ces juifs qui se focalisant sur la philosophie du judaïsme en venaient à mépriser le respect de la loi, réservant le culte aux « petites gens ».
Le Machiah et la royauté d’Israël ne peuvent point émerger de ces temples de l’intellect, prémisses à une vision dénaturée du judaïsme s’accordant avant tout avec l’air des temps qu’elle traverse.
La simplicité des paroles de Ruth et son choix délibéré du joug des Mitsvot font d’elle le réceptacle pouvant amener la délivrance au peuple d’Israël.
Les difficultés qu’elle va vivre dans sa démarche n’altèrent en rien la certitude qu’elle a sur le bien fondé de celle-ci.
Il est plus confortable de définir soi même les choses car de cette manière elles ne peuvent plus êtres bouleversantes.
Il y a ici une leçon formidable pour toutes ces voix qui veulent redéfinir la judaïté comme étant une appartenance à un peuple ou à une histoire, la partie « religieuse » ne constituant qu’un ajout, nécessaire peut être, mais qui ne représente point le fondement de la judaïté.
Il est en effet plus confortable de définir soi même les choses car de cette manière elles ne peuvent plus êtres bouleversantes.
Ruth se confronte à cette religion sans chercher à vouloir l’adapter à ses possibilités.
Elle y voit un lieu de grandeur à travers ces nombreuses exigences, et comprend que ce n’est que dans une fidélité sans faille à la loi que la proximité de D.ieu existera vraiment.
Ce ne sont point des lendemains qui chantent qui sont à l’origine de sa démarche mais bien plus l’exigence de vérité qui l’habite et fait corps avec elle.
Ces différentes dimensions seront celles qui lui permettront d’être à l’origine de la royauté d’Israël et de la venue du Machiah.