Le procès, intenté par le gouvernement de Vichy et supervisé par les allemands, sera suspendu rapidement, devant la confusion de l’accusation (sont-ils coupables de la défaite de la France – comme Vichy accuse, ou de la guerre – comme les allemands demandent) et le courage et l’éloquence de la défense. Blum y défend notamment son bilan dans ces mots : « Je ne suis pas sorti souvent de mon cabinet ministériel pendant la durée de mon ministère ; mais chaque fois que j’en suis sorti, que j’ai traversé la grande banlieue parisienne et que j’ai vu les routes couvertes de théories de tacots, de motos, de tandems avec des couples d’ouvriers vêtus de pull-overs assortis [...], j’avais le sentiment d’avoir, malgré tout, apporté une embellie, une éclaircie dans des vies difficiles, obscures. On ne les avait pas seulement arrachées au cabaret ; on ne leur avait pas seulement donné plus de facilité pour la vie de famille, mais on leur avait ouvert une perspective d’avenir, on avait créé chez eux un espoir. »