En France, c’est la débâcle. A Bordeaux se trouvent des dizaines de milliers de réfugiés, parmi lesquels de nombreux Juifs. Le consul du Portugal à Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches, décide ce jour-là d’accorder des visas à tous ceux qui en feront la demande : «Désormais, je donnerai des visas à tout le monde, il n'y a plus de nationalité, de race, de religion». Son comportement contredit les instructions de Salazar, qui tient à rester neutre dans la guerre. Il ordonne aux consuls de refuser les visas aux étrangers, apatrides et Juifs.
Sousa Mendes avait commencé à donner des visas en contradiction des instructions dès fin 1939.
Rapidement surveillé par Salazar et mis en demeure de cesser ses activités, il continue d’écrire et de signer des milliers de visas jusqu’au 23 juin, où il est démis de ses fonctions. Il prend alors la tête d’une colonne de réfugiés et se dirige vers la frontière espagnole. Il parvient à faire passer la frontière espagnole à tous les réfugiés, qui parviendront ainsi au Portugal.
Rentré au Portugal le 8 juillet, Sousa Mendes se voit privé de nombreux droits : exercice de la profession, permis de conduire. Il survit alors grâce à la solidarité de la communauté juive de Lisbonne. Il meurt dans la misère le 3 avril 1954. Yad Vashem le fera Juste parmi les Nations. Il a accordé 30 000 visas dont 10 000 à des Juifs.