Il est intéressant de noter que l’ordre des paragraphes (extraits du Pentateuque insérés dans les phylactères) correspond à celui préconisé par Rabbénou Tam, qui était en désaccord sur ce point avec son grand père Rachi
Quelques
trouvailles sensationnelles ont attiré l'attention des historiens et des milieux
rabbiniques sur la période tragique de la deuxième révolte contre les Romains.
On sait que cette guerre, aussi héroïque que désespérée, ne nous est connue
que par quelques rares écrits.
Ainsi
nous en trouvons des échos dans l’œuvre de Don Cassius et dans un bref chapitre
de l'histoire ecclésiastique d'Eusébius. Si ce dernier auteur fait preuve de
peu de sympathie pour la cause des Révoltés, Dion Cassius nous apprend que Bar
Ko'hba était considéré comme un adversaire redoutable par les Romains. Les grottes
où ont été retrouvés les documents précieux ont dû servir de lieux de concentration
pour les troupes de Simon, mais c'est là également que les combattants cachaient
les Ecritures et les objets du culte prohibé par l’occupant.
C'est
ainsi que l'on a retrouvé dans les grottes de Murabba'at une lettre autographe,
adressée par Bar Ko'hba, chef de la Révolte et « Prince d'Israël
» à un commandant de garnison, Josué ben Guilgola et, document encore plus important,
un phylactère intact. Il est intéressant de noter que l’ordre des paragraphes
(extraits du Pentateuque insérés dans les phylactères) correspond à celui préconisé
par Rabbénou Tam, qui était en désaccord sur ce point avec son grand père Rachi
(Ceci est conservé au Museum Israel, à Jérusalem). Cependant, les documents
archéologiques sont très rares et il n'y a que la numismatique de cette période,
qui a laissé des témoins assez éloquents. Bien qu'il soit impossible d'épuiser
en un bref article ce sujet si intéressant, je veux essayer d'en donner un aperçu
qui, j'espère, permettra au lecteur de s'en former quelque idée.
UNE REVOLTE
PAR LES SYMBOLES
Les représentations païennes haïes devaient disparaître pour faire place à une symbolique purement juive
Après
la destruction du Temple, en 70, la Judée était devenue une colonie romaine
et sa monnaie fut intégrée dans le système provincial de l'Empire. C'est-à-dire
que les pièces frappées en Israël montrent sur une face le portrait de l'Empereur
divinisé et sur le revers une déité romaine ou bien le symbole de la défaite
des Juifs: la Judée personnifiée assise en pleurs devant un palmier et dominée
par la déesse de la Victoire.
Bar-Ko'hba
fit immédiatement graver les coins d'un monnayage indépendant d'où devaient
disparaître, les représentations païennes haïes, pour faire place à une symbolique
purement juive, tel que le loulav et l'ethrog (branche de palmier et cédrat,
tous deux utilisés pendant la fête de Souccot), le Temple et les objets de son
culte, la feuille de vigne et le palmier. Et bien que l’ancienne écriture fût
remplacée depuis des siècles par l'écriture dite « carrée » (écriture nabatéenne),
les chefs de la Révolte décidèrent de faire graver les légendes des monnaies
dans l’écriture antique (punique).
Cet
alphabet était usité pour les textes sacrés et les rouleaux que l'on a retrouvés
nous montrent même cette particularité que dans un texte écrit en lettres carrées,
le Tétragramme, pour marquer son caractère sacré, s'y trouve transcrit dans
l'alphabet antique.
C'est
donc sans doute, inspiré par des sentiments nationalistes et surtout dans l'intention
de proclamer que la révolte était une « Mil’hemet Mitsvah », une
guerre de Mitsvah (sainte), que les chefs se servirent de l'écriture hébraïque
antique.
LES MONNAIES
COMME SUPPORT D’INFORMATION
Un
des premiers actes politiques de BarKo'hba fut sans doute la frappe de monnaies.
Le
droit de battre monnaie est une des prérogatives essentielles d'un souverain
et les pièces circulant de main en main étaient dans l’antiquité qui ne connaissait
ni radio ni journaux, un moyen apprécié pour faire connaître les événements
à la population.
Les monnaies
du « Fils de l’Etoile » (traduction littérale du nom de Bar Ko’hba)
annonçaient aux habitants des villages les plus reculés de la Judée que le peuple
avait secoué le joug des Romains et les symboles juifs reproduits sur les monnaies
ont sans doute fait un appel puissant aux sentiments patriotiques. La guerre
fut brève et cruelle. Son histoire se lit dans les monnaies : la haine du Romain,
l'orgueil des premières victoires, les sentiments religieux des Révoltés et
aussi leur division, la suite moins heureuse de la rébellion et son dénouement
tragique.
Les
séries juives comportent des pièces en argent et en bronze (l'authenticité d'un
« denier d'or» du Cabinet des Médailles de Paris, la seule pièce en or
connue de cette période, peut être mise en doute). Les révoltés ne disposant
pas de réserve de métal, ne pouvaient donc battre monnaie qu'en sur-frappant
les pièces romaines, qui avaient cours en Judée.
Ainsi
les emblèmes haïs des Romains, et surtout le symbole de la défaite la Judaea
Capta furent remplacés par les représentations symbolisant les valeurs spirituelles
pour lesquelles se battaient les Juifs. Le tétradrachme (Chékel) montre sur
l'avers le fronton du Temple, les deniers (Quart de Chékel) des instruments
de musique comme les ‘Hatsotserot - les trompettes - et la lyre, l'amphore (à
huile), la branche de palmier...
Cette
sur-frappe nous permet de dater avec précision les monnaies de la révolte. Pendant
des siècles, les savants ont tâtonné pour l’attribution de certaines pièces
de cette émission. Ainsi les monnaies ayant pour légende « Simon Prince
des Juifs » furent attribuées à Simon Maccabi, mais l’étude de la légende
romaine qui souvent reste encore visible sur le bord de la pièce a démontré
que toutes les monnaies au nom de Simon sont de Bar Ko’hba et il est probable
que Simon Maccabi n'a jamais battu monnaie.