Le rav Weinberg a fondé la Yeshiva Aish HaTorah en 1974, dans la Vieille Ville de Jérusalem. Son but était de ramener au Judaïsme les jeunes Juifs américains menacés d’assimilation. Sa personnalité lumineuse lui a permis de réussir au-delà de toute attente puisqu’à ce jour, plus de 100 000 personnes à travers le monde bénéficient de l’enseignement du rav Weinberg au travers de différents programmes.
Lamed a souvent traduit des articles de rabbins formés à Aish HaTorah, ainsi que du rav Weinberg lui-même, telle la série des 48 Voies de la Sagesse, dont 43 ont déjà été traduites en français.
Nous avons été très peinés en apprenant la disparition de ce Rosh Yeshiva charismatique, mais nous sommes certains que les nombreux enseignants qu’il a formés poursuivront son œuvre et maintiendront la flamme allumée voici 35 ans par le rav Weinberg.
Nous vous proposons deux témoignages choisis parmi de nombreux autres que vous pourrez retrouver, en anglais, sur le site
www.aish.com
VISION ET LEADERSHIP
J’avais 17 ans, et je me trouvais en Israël pour la première fois lorsqu’on me proposa d’assister au cours d’un authentique Sage. C’est vrai qu’il en avait l’apparence : longue barbe flottante, regard chaleureux, une personnalité attachante, émaillant son discours d’anecdotes, de rires et de plaisanteries. Mais il savait aussi provoquer son jeune public en lui posant des questions dérangeantes sur le sens de la vie. Il pensait que le Judaïsme était plein de sagesse et que si nous voulions vivre une vie pleinement juive, profondément juive, il nous fallait acquérir cette sagesse.
C’est en cela que son approche était véritablement révolutionnaire. Dans les années 60 et 70, les jeunes Juifs étaient à la recherche d’un sens à donner à leur vie. Le rav Weinberg prit conscience de cette vacuité et sut donner à ces jeunes ce qu’ils attendaient. Il créa une yeshiva qui s’attachait à répondre aux questions que les Juifs se posaient : que faisons-nous dans ce monde, quel est le but de notre vie, quelles réponses le Judaïsme a-t-il à donner face aux problèmes brûlants du moment.
Cette yeshiva était Aish HaTorah (le feu de la torah, en hébreu).
Mais cela ne suffisait pas. Il fallait davantage qu’une yeshiva. Le peuple juif est en danger d’assimilation ; il s’est éloigné de la sagesse juive et de toute vie juive. « Si la maison est en flammes, il faut faire quelque chose. On ne peut pas continuer à vivre comme si de rien n’était. »
C’est ainsi qu’il créa des filiales de Aish HaTorah destinées à diffuser l’enseignement du Judaïsme et à porter la sagesse juive en dehors de la Vieille Ville de Jérusalem. Il existe aujourd’hui 26 de ces filiales qui fonctionnent à temps plein sur les cinq continents. On estime que chaque année, 100 000 personnes suivent les programmes de Aish. Le site Internet Aish.com est le site juif le plus important au monde, avec plus de 2 millions de visites mensuelles et 180 000 abonnés. A Toronto, nous avons deux Centres Aish HaTorah. Des milliers de personnes participent aux offices dans ces Centres. Des centaines de jeunes suivent les différentes activités proposées ( Aish Campus, Aish 20 ans, Aish jeunes adultes) et se rendent en Israël dans le cadre de Aish.
Le rav Weinberg était un grand visionnaire et un grand leader. Son but était de donner aux Juifs le goût de l’étude et de les rendre sensibles à la beauté du Judaïsme. Sa force a été de transformer ce rêve en réalité. Il a formé des rabbins. Il a choisi des partenaires. Il a permis à ces rabbins et à ces partenaires de développer et d’étendre leur action. Si une centaine de personnes appréciaient un programme, peut-être serait-il bon de permettre à 10 000 autres personnes d’en bénéficier sur une année. Son équipe a su appliquer à l’étude juive des méthodes qui ont cours dans le monde des affaires. Si un programme fonctionne, il faut le développer. Comment trouver de nouveaux élèves, comment adapter l’encadrement, sur quel budget peut-on compter, quel enseignement tirer des programmes de l’an dernier : si le bilan est positif, il faudra les étoffer, sinon, il faudra les réduire.
Et l’avenir est plein de promesses. Le Centre Aish HaTorah de Jérusalem occupe 40% du terrain qui fait face au Mur Occidental, l’emplacement le plus recherché qui soit dans le monde juif. La famille Dan, du Centre de Toronto, finance les travaux de rénovation qui se terminent, et on y attend 350 000 visiteurs par an.
Mais le but du rav Weinberg était encore plus ambitieux. Les étudiants juifs sont attaqués sur les campus : il fallait donc créer un programme leur permettant de s’entraîner à répondre à ces attaques avec des arguments percutants. Les bourses « Hasbara » (explication, argumentation, en hébreu) ont pour but de faire venir un grand nombre de jeunes Juifs en Israël et d’en faire de futurs leaders dans leur pays d’origine. Dans cette même optique, de jeunes rabbins formés par Aish se sont regroupés pour créer, de manière indépendante, le site Honestreporting.com pour contrer le parti pris négatif de la presse vis-à-vis d’Israël, ainsi que pour s’opposer au fondamentalisme islamiste.
Je n’ai eu que rarement l’occasion de le rencontrer mais il m’a toujours beaucoup impressionné. J’avais pourtant l’impression de bien le connaître, tant son influence m’avait marqué. Sa joie, sa jubilation, son émotion, son amour des gens, son amour du peuple juif, son amour d’Israël, en font, pour moi, l’exemple d’un homme de Torah et l’exemple d’un leader juif.
Notre monde a perdu un grand leader. Mais il nous laisse en héritage des milliers de Juifs dont la vie a été enrichie, et s’est ouverte à la Torah grâce à cet homme à la stature peu commune. Et les leaders qu’il a formés, motivés, les institutions qu’il a inspirées, continueront à enrichir et à approfondir notre monde juif de manière exponentielle dans les décades à venir.
Et tout cela grâce à la vision de ce seul homme, le rav Noah Weinberg, zecher tzaddik livracha, que sa mémoire soit bénie.
Traduction de Monique Siac