A la base de la théorie
néo-darwinienne de l'évolution s'inscrivent deux conjectures fondamentales
: que les changements dans les morphologies sont induits par des mutations aléatoires
sur le génome, et que ces changements dans la morphologie des plantes
ou des animaux contribuent à ce que la vie détienne plus ou moins
de chances de succès dans la compétition pour survivre. Avec la
sélection naturelle, les évolutionnistes prétendent tenir
la théorie de l'évolution à l'écart de tout processus
aléatoire. La sélection n'est en aucune manière aléatoire.
Elle est fonction de l'environnement. Le hasard reste cependant la force motrice
fondamentale qui produit les diverses morphologies derrière la sélection.
D'où la question
: Est-ce que des mutations aléatoires peuvent produire l'évolution
de la vie ?
Etant donné que l'évolution
est principalement une étude de l'histoire de la vie, les analyses statistiques
de l'évolution s'évertuent à prendre en considération
les multiples conditions qui existaient pendant ces longues ères passées.
Les taux de mutations, les contenus de " l'ADN originel ", et les
conditions écologiques affectent tous les taux et la direction des changements
dans la morphologie. Et ce sont tous des inconnues.
On ne doit jamais se demander
quelle est la vraisemblance pour qu'un ensemble spécifique de mutations
parvienne à produire un animal spécifique. Cela impliquerait une
direction dans l'évolution, et toutes les théories darwiniennes
de l'évolution postulent que l'évolution n'a aucune direction.
Les changements induits, et donc les nouvelles morphologies, sont totalement
aléatoires, quels que soient les défis présentés
par l'environnement.
Les combinaisons de protéines
Avec cet arrière-plan,
jetons un regard sur le développement de l'évolution. La vie est,
dans son essence, une combinaison symbiotique de protéines - ainsi que
d'autres structures, mais nous ne parlerons ici que des protéines. L'histoire
de la vie nous enseigne que les combinaisons de protéines ne sont pas
toutes viables. A l'explosion cambrienne de la vie animale, il y a 530 millions
d'années, quelque 50 phyla (séries fondamentales d'espèces
animales ou végétales descendant les unes des autres) sont apparus
soudain dans les données fournies par les fossiles. Il n'en a survécu
que 30 à 34. Le reste a péri. Depuis lors, aucun nouveau phylum
n'a évolué.
Il n'est pas étonnant
que la revue mensuelle Scientific American se soit demandé si le mécanisme
de l'évolution a changé d'une manière qui interdise l'apparition
de tout autre phylum. Ce n'est pas que le mécanisme de l'évolution
a changé ; c'est notre compréhension de la manière dont
fonctionne l'évolution qui doit changer pour tenir compte des enseignements
venant des données fournies par les fossiles. Pour reprendre l'expression
employée par le paléontologiste américain Stephen Jay Gould,
de l'Université de Harvard, il apparaît que le flux de la vie est
" canalisé " le long de ces 34 directions fondamentales.
Considérons cette
" canalisation " et voyons si cela peut être le résultat
de développements aléatoires.
Les humains et tous les
mammifères possèdent environ 50 000 gènes. Cela implique,
comme estimation de magnitude, environ 50 000 protéines. Or, on estime
à environ 30 millions le nombre des espèces animales sur terre.
Si les génomes de tous les animaux produisaient 50 000 protéines,
et qu'aucune protéine ne soit commune parmi toutes ces espèces
- ce que nous savons être faux, mais nous avançons ici une supposition
qui favorise dans nos calculs la thèse d'une évolution aléatoire
- il y aurait (30 millions x 50 000) = 1,5 trillion (1,5 x un milliard de milliards)
de protéines dans toute vie. (Le nombre réel est considérablement
inférieur.)
Examinons maintenant la
vraisemblance de ces combinaisons viables de protéines résultant
du hasard, tout en rappelant que, comme nous l'ont enseigné les événements
qui ont suivi l'explosion cambrienne, les combinaisons de protéines n'ont
pas toutes été viables.
Avec des chances comme celles-là, il est étonnant que nos corps aient jamais tenu debout.
Les protéines sont
des enroulements " peptidiques " de plusieurs centaines d'acides aminés.
Si nous considérons une protéine typique, elle est une chaîne
de 300 acides aminés. Il existe dans la vie 20 acides aminés intervenant
ordinairement. Cela signifie que le nombre de combinaisons possibles des acides
aminés dans la protéine qui nous sert de modèle est de
20300 (20 à la puissance 300, c'est-à-dire 20 multiplié
300 fois par lui-même), ou dans le système, qui nous est plus familier,
de numération décimale, 10390 (10 à la puissance 390, c'est-à-dire
le chiffre 1 suivi de 390 zéros !)
La nature a la possibilité
de choisir parmi les possibles 10390 protéines, les 1,5 fois un milliard
de milliards de protéines dont se compose toute vie viable. Autrement
dit, pour chaque choix correct, il y a 10378 mauvais choix ! Avec des chances
comme celles-là, il est étonnant que nos corps aient jamais tenu
debout.
Cela aurait-il pu arriver
à la suite de mutations aléatoires du génome ? Pas si notre
manière de poser les statistiques est correcte. Ce serait comme si la
nature puisait au fond d'un sac contenant un milliard de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards
de milliards de milliards de milliards de protéines - et qu'elle en ait
tiré celle qui fonctionnait…
… puis elle aurait
répété ce geste un million de millions de fois.
Cette impossibilité
d'un ordre de production aléatoire n'est pas différente d'une
tentative qui viserait à produire les œuvres de Shakespeare, ou
toute séquence significative de lettres contenant plus que quelques mots,
au moyen d'un générateur aléatoire de lettres. Le seul
résultat en serait du charabia, tout simplement parce que le nombre de
combinaisons absurdes de lettres dépasserait considérablement
celui des combinaisons significatives.
Avec la vie, c'était
et c'est encore un charabia mortel.
Des changements morphologiques
brutaux
La nature, la biologie moléculaire
et l'explosion cambrienne de la vie animale nous ont donné la possibilité
d'étudier de près les possibilités pour le hasard d'avoir
été une source de développement dans l'évolution.
Si les données fournies par les fossiles constituent une description
exacte du développement de la vie, cela veut dire que les 34 séries
fondamentales de corps qui ont surgi à l'ère cambrienne comprennent
tout ce qui constitue la vie animale jusqu'à aujourd'hui. L'arbre de
vie qui imaginait une progression graduelle des phyla à partir de formes
simples (comme les éponges) vers une vie plus complexe (comme les vers),
puis vers les créatures à coquilles (comme les mollusques), a
été remplacé par le " buisson " de vie dans lequel
les éponges, les vers, les mollusques et tous les autres 34 phyla sont
apparus simultanément. Chacune de ces lignes issues du buisson ont ensuite
développé une myriade de variations, mais les variations sont
toujours restées à l'intérieur du plan fondamental des
corps.
Parmi les structures qui
sont apparues à l'ère cambrienne il y a eu les membres, les griffes,
les intestins et les yeux avec des lentilles optiquement parfaites. Ils ont
fait irruption dans l'existence sans aucune allusion sous-jacente dans les données
fournies par les fossiles en annonçant la venue. En dessous d'eux dans
les stratifications rocheuses, et donc plus anciens, sont les fossiles de bactéries
unicellulaires, les algues, les protozoaires et des masses connues comme les
fossiles édiacariens non structurés à l'identité
incertaine. Comment de telles complexités ont pu se former soudain par
des développements aléatoires, c'est là une question sans
réponse.
Dans son ouvrage : L'origine des espèces, Darwin exhorte ceux qui veulent croire en sa théorie à ignorer les données fournies par les fossiles.
Il n'est pas étonnant
que Darwin lui-même, à sept reprises dans l'Origine des espèces,
ait exhorté le lecteur, s'il voulait croire en sa théorie, à
ignorer les données fournies par les fossiles. Les changements morphologiques
brutaux sont contraires à l'affirmation souvent répétée
de Darwin selon laquelle la nature ne fait pas de bonds.
Darwin a basé sa
théorie sur l'élevage des animaux plutôt que sur les fossiles.
Si en quelques générations d'élevage sélectif un
éleveur peut produire un mouton robuste à partir d'un ancêtre
chétif, alors, a raisonné Darwin, en quelques millions ou milliards
de générations une éponge aurait pu évoluer jusqu'à
devenir un singe.
Cependant, les données
fournies par les fossiles n'apportaient alors, ni n'apportent aujourd'hui aucun
soutien à cette théorie.
L'apparition brutale de
nouvelles espèces dans les données fossiles est si fréquente
que l'hebdomadaire Science, bastion américain de la pensée scientifique
pure, a posé la question sous le titre : Did Darwin get it all right
? (" Darwin a-t-il vu juste ? "), et a répondu : " Non
! " L'apparition des ailes est un exemple classique. Les données
fournies par les fossiles ne contiennent aucune indication selon laquelle des
ailes sont sur le point de faire leur apparition. Or, elles sont apparues, pleinement
formées.
Nous pouvons devoir changer
notre concept de l'évolution pour intégrer une réalité
qui fait que le développement de la vie contient en lui-même quelque
chose d'exotique à l'œuvre, quelque développement totalement
inattendu qui produirait ces soudains développements. Le changement dans
le paradigme serait similaire à celui qu'ont connu les sciences physiques
quand les théories classiques et logiques inspirées par Newton
ont été balayées par les phénomènes totalement
illogiques (au sens des normes humaines de la logique) observés dans
la physique des quanta, y compris les changements quantiques dans l'émission
du rayonnement d'un corps, même quand la température de ce corps
augmente graduellement.
Des formes inférieures
préprogrammées
Avec l'avènement
de l'aptitude, par la biologie moléculaire, à discerner la structure
des protéines et des gènes, la comparaison statistique de la similarité
de ces structures parmi les animaux est devenue possible. Le gène qui
contrôle le développement de l'œil est le même chez
tous les mammifères. Cela n'est pas surprenant. Les données fournies
par les fossiles impliquent une branche commune pour tous les mammifères.
Mais ce qui est surprenant,
pour ne pas dire stupéfiant, c'est la similarité du gène
de mammifère qui contrôle le développement des yeux chez
les mollusques et dans les systèmes visuels chez les vers. On peut dire
la même chose pour le gène qui contrôle le développement
de membres chez les insectes et chez les humains. En fait, ce gène est
si similaire que des morceaux du gène des mammifères, si on les
introduit dans une mouche de fruit, feront apparaître une aile sur la
mouche.
Cela aurait un sens si le
développement de la vie était décrit comme un arbre. Mais
le buisson de vie signifie que juste au-dessus du niveau de la vie unicellulaire,
les insectes, les mammifères, les vers et les mollusques se sont séparés.
Le gène de l'œil
a 130 sites. Cela veut dire qu'il y a 20130 (20 à la puissance 130, c'est-à-dire
20 multiplié 130 fois par lui-même) combinaisons possibles d'acides
aminés le long de ces sites. Pour les raisons qui lui sont propres, la
nature a sélectionné la même combinaison d'acides aminés
pour tous les systèmes visuels de tous les animaux. Cette fidélité
ne peut pas avoir été causée par hasard. Elle doit avoir
été préprogrammée dans des formes inférieures
de vie. Mais ces formes inférieures de vie, constituées par une
seule cellule, n'avaient pas d'yeux.
Ces données ont déconcerté
la théorie classique de " l'évolution aléatoire et
indépendante " qui aurait produit ces structures convergentes. Cette
similarité est si totalement insoupçonnée par les théories
classiques de l'évolution, que la plus prestigieuse des revues scientifiques
des Etats-Unis, Science, a rapporté : " L'hypothèse selon
laquelle l'œil du céphalopode [mollusque] a évolué
en convergence avec celui des vertébrés [humains] est remise en
question par nos découvertes récentes du [gène] Pax-6…
Le concept selon lequel les yeux des invertébrés ont évolué
de manière complètement indépendante de l'œil des
vertébrés devra être réexaminé. "
Il ne faut pas perdre de
vue la portée de cette affirmation. On nous demande de réexaminer
l'idée que l'évolution est un agent libre. La convergence, la
similarité de ces gènes, est si grande qu'elle n'a pas pu arriver,
qu'elle n'est pas arrivée par des réactions purement aléatoires.
Des fossiles dans les
Rocheuses canadiennes
Le Musée britannique
d'histoire naturelle à Londres a une subdivision entière consacrée
à l'évolution des espèces. Et quelle évolution y
démontre-t-on ? Des marguerites roses devenant des marguerites bleues
; des petits chiens devenant de grands chiens ; quelques espèces de scalaires
- poissons de la famille des cichlidés - devenant en quelques milliers
d'années seulement une douzaine d'espèces de scalaires. Très
impressionnant ! Jusqu'au moment où vous vous rendez compte que les marguerites
sont restées des marguerites, que les chiens sont restés des chiens
et que les scalaires sont restés des scalaires. Cela s'appelle la microévolution.
Ce musée magnifique,
avec toutes ses ressources, ne pourrait pas produire un seul exemple d'un phylum
qui aurait évolué jusqu'à en devenir un autre. Ce sont
les mécanismes de la macroévolution, le changement d'un phylum
ou d'une classe d'animal en une autre, qui ont été remis en question
par ces données.
Walcott réinhuma tous les 60 000 fossiles dans les tiroirs de son laboratoire.
La réalité
de cette explosion de vie a été découverte longtemps avant
d'avoir été révélée. En 1909, Charles D.
Walcott, qui cherchait des fossiles dans les Montagnes Rocheuses canadiennes,
découvrit une strate de schiste près du col Burgess, riche en
fossiles de l'ère cambrienne. Pendant quatre ans, Walcott a extrait de
ce schiste entre 60 000 et 80 000 fossiles. Ces fossiles contenaient des représentants
de tous les phyla qui existent aujourd'hui (sauf un). Walcott enregistra méticuleusement
ses résultats dans des cahiers. Aucun nouveau phylum n'a jamais évolué
après l'explosion cambrienne.
Ces fossiles auraient pu
changer le concept entier de l'évolution d'un arbre de vie à un
buisson de vie. Ils l'ont fait, mais pas en 1909. Walcott savait qu'il avait
découvert quelque chose de très important. Mais il ne pouvait
pas croire que l'évolution aurait pu survenir dans une telle explosion
de formes de vie (" simultanément ", pour reprendre les termes
du Scientific American). Cela aurait totalement contredit la théorie
de Darwin dont lui-même et ses collègues étaient imprégnés.
Aussi Walcott réinhuma-t-il
les fossiles, tous les 60 000, cette fois dans les tiroirs de son laboratoire.
Il était le directeur du Smithsonian Institute à Washington. Ce
n'est qu'en 1985 qu'ils ont été redécouverts (dans les
tiroirs du Smithsonian). Si Walcott l'avait voulu, il aurait pu embaucher une
cohorte d'étudiants pour travailler sur les fossiles. Mais il choisit
de ne pas faire chavirer le bateau de l'évolution.
Aujourd'hui, des représentants
fossiles de l'ère cambrienne ont été découverts
en Chine, en Afrique, aux Iles Britanniques, en Suède, au Groenland.
L'explosion a été mondiale. Mais avant qu'il devienne de bon ton
de discuter la nature extraordinaire de l'explosion, on s'est tout simplement
abstenu d'en rapporter les données. C'est là un exemple classique
de dissonance cognitive, mais un exemple pour lequel nous avons tous payé
un prix élevé.