Chère Rosie & Sherry,
Je suis mariée depuis un an et j’ai suivi mon mari à l’étranger.
Avant nos fiançailles, mon mari était un ange - aimant, attentionné,
affectueux. Après les fiançailles, il a changé. Il a commencé à me
faire du chantage en me menaçant : « Si tu ne fais pas ceci, j’annule
le mariage. » Comme j’avais déjà rompu des fiançailles
précédemment, cette fois, je ne voulais pas rompre. Alors, j’ai
interprété cela comme étant dû au stress avant le
mariage.
Maintenant
que nous sommes mariés, il continue : « Si tu ne fais
pas cela, nous divorçons. » En résumé, mon avis
ne compte pas. En plus, dans ce pays, je n’ai pas de famille pour me
soutenir. Sa mère est totalement derrière lui quand il menace
de divorcer. Cette année a été terrible, mais je ne veux
pas divorcer à cause des conséquences. Pourtant, je n’en
peux plus. Et nous n’avons pas d’enfants, parce que mon mari n’est
pas satisfait de notre intimité.
Il a changé, je ne le reconnais plus. Mais il refuse de consulter un
conseiller conjugal, parce qu’il affirme que le problème est chez
moi. Je ne sais plus quoi faire. S’il vous plaît, aidez-moi.
Rebecca
Chère Rebecca,
Même si nous voyons que votre mariage est en péril et que votre
mari et vous êtes tous les deux malheureux, nous n’avons pas suffisamment
d’informations pour savoir quelle est la source du problème. Les
faits que vous décrivez peuvent être examinés sous différentes
perspectives. En voici deux :
Possibilité n°1
: Un
ajustement difficile au mariage
Chaque couple est mis au défi à un certain degré pendant
la première année du mariage lors des ajustements nécessaires à la
vie à deux. De nombreux facteurs peuvent faciliter cette transition,
parmi eux, la prise de conscience que le mariage nécessite certains
ajustements, la flexibilité et l’ouverture d’esprit des
conjoints, la présence chez l’un des deux ou les deux de qualités
qui faciliteront la transition, ou l’apprentissage de ces qualités
au début du mariage à l’aide d’une série de
cours conçus spécialement pour les couples nouvellement mariés.
Parmi les nombreux ajustements auxquels
les nouveaux mariés doivent
faire face, on trouve :
• S’habituer au style, au rythme de vie et aux préférences
de l’autre
•
Gérer son temps entre les amis, les intérêts extérieurs
et les moments à deux
•
Apprendre à communiquer respectueusement et efficacement, afin que chacun
entende ce que l’autre a à dire et réponde de manière
appropriée
•
Réaliser quand il faut céder dans l’intérêt
de la relation, ou parce que c’est plus important pour votre conjoint
que pour vous-même
•
Apprendre à résoudre les conflits de manière constructive
et admettre que vous ne pouvez être d’accord sur tout
Si votre lettre souligne les difficultés que votre mari rencontre à donner
et à faire des compromis, nous pouvons vous garantir qu’il s’agit
d’un problème mutuel. Il est très possible qu’il
fasse déjà des compromis sur plusieurs choses, mais comme vous
traversez une période difficile, vous avez du mal à envisager
la situation de son point de vue. Peut-être que chacun de vous éprouve
aussi des difficultés à choisir son cheval de bataille, ce que
seuls des couples mariés depuis longtemps parviennent généralement à faire.
Le fait qu’il ait plus souvent le dernier mot provient peut-être
d’un manque d’affirmation de votre part, ce qui déséquilibre
votre relation. Les menaces de votre mari concernant un divorce doivent être
envisagées dans ce contexte. Si elles peuvent être un moyen pour
vous faire céder au cours d’une dispute, elles peuvent tout autant être
sa façon puérile d’exprimer sa frustration face à votre
malheur ou le sien, qu’un moyen malencontreux de résoudre un problème
quand il se trouve au pied du mur.
Les difficultés de votre première année de mariage se
sont trouvées accrues par votre départ à l’étranger
et donc l’éloignement de votre famille et de votre système
de soutien. Ceci rend votre transition du célibat au mariage plus difficile.
Les ajustements nécessaires à une nouvelle culture ajoutent aussi
un certain stress. Il est fréquent que pour des personnes dans votre
situation le conjoint devienne tout - leur famille, leur structure sociale,
leur loisir et leur source de bonheur et de bien-être. Ces attentes mettent
une pression injuste sur l’autre qui doit devenir une sorte de superman
ou superwoman, cela cause beaucoup de tensions au sein du couple. Si mari et
femme assument bon nombre de ces rôles à différentes périodes
au cours du mariage, on ne peut attendre de l’un d’eux qu’il
les remplisse tous à la fois et qu’il soit la source exclusive
du bonheur, de la sécurité et du bien-être de son conjoint.
Un autre facteur qui contribue aux
difficultés que votre mari et vous
rencontrez est que sa famille, et en particulier sa mère, soit à proximité et
pas la vôtre. Bien que votre lettre donne l’impression que votre
belle-mère encourage activement votre séparation, il peut y avoir
une explication à sa conduite. Il est possible qu’elle compatisse
au malheur de son fils, en lui disant que s’il est vraiment malheureux
il peut toujours divorcer. Elle est peut-être lasse de ses plaintes et
lui a peut-être dit : « Si tu refuses d’agir pour régler
tes problèmes de couple, alors arrête de te plaindre et divorce. »
Le problème auquel vous faîtes allusion concernant votre intimité,
peut avoir plusieurs sources, mais c’est de toute évidence le
signe d’un mariage menacé. Puisque vous n’êtes pas
rentrée dans les détails, nous ne ferons que mentionner que cette
difficulté ne pourra être réglée qu’une fois
que vous aurez résolu avec succès les autres problèmes
présents dans votre relation. Nous allons vous donner des pistes sur
la manière de procéder dans un moment.
Possibilité n°2 : Une relation de domination classique
Sous une autre perspective, votre
lettre peut décrire ce que certains
appellent une relation de domination classique, au sein de laquelle l’homme
se montre charmant et affectueux durant les rencontres, mais commence à dévoiler
des tendances à la domination pendant les fiançailles ou après
le mariage. Souvent, le dominateur sélectionne inconsciemment une partenaire
vulnérable du fait de son insécurité, de sa dépendance
ou de son manque d’assurance.
Il peut aussi chercher à isoler sa partenaire de son système
de soutien, en se plaignant de sa famille et de ses amis et en lui demandant
de ne plus les voir. Il peut épouser quelqu’un qui accepte de
partir à l’étranger ou de déménager dans
une autre ville, parce que sa volonté est de l’isoler. Ou bien
il peut prendre le contrôle d’autres manières, en limitant
sa liberté de mouvement ou son accès à l’argent.
Pour contraindre sa partenaire, il peut menacer de lui faire mal, de la punir
ou, dans votre cas, de divorcer.
Chaque homme ayant des tendances à la domination ne devient pas forcément
dominateur. Un tel homme peut épouser une femme qui sait s’imposer,
de telle sorte que le schéma de domination ne s’installe pas.
Par nécessité, il peut apprendre à négocier et à faire
des compromis (autrement les disputes seront fréquentes).
Il est important de comprendre que
bien des personnes qui deviennent dominatrices au sein du couple, n’ont pas l’intention de devenir des tyrans.
Elles veulent avoir un mariage heureux, mais ont des difficultés à y
parvenir pour plusieurs raisons. Elles n’ont peut-être pas de modèle
de couple réussi et ne disposent pas d’exemple sur lequel modeler
leur conduite. Il peut leur manquer certaines qualités personnelles,
ou une certaine maturité. Elles peuvent donc être réceptives à la
manière d’obtenir un mariage plus équilibré, surtout
quand elles viennent de se marier.
Sur la seule base de votre lettre,
chacun de ces deux scénarios est
possible. La réalité serait peut-être un mélange
des deux, et peut-être que si nous connaissions le point de vue de votre
mari, nous émettrions encore une autre opinion. Une chose qu’un
mari et une femme plongés dans le désespoir ne réalisent
pas toujours, est que dans la plupart des cas, le blâme d’un mariage
en péril ne repose pas sur une seule personne. Il existe un problème
dans la manière dont les conjoints se comportent l’un envers l’autre.
Quelle que soit la source de votre
problème, nous pensons que votre
mariage a besoin d’une aide immédiate pour survivre.
Peut-on le sauver ?
Est-il trop tard pour sauver un
nouveau couple quand les deux conjoints semblent à ce
point malheureux ? La plupart du temps, la réponse est : « Non
! » Nous avons vu des couples, surtout fraîchement mariés,
surmonter une situation désespérée avec l’aide d’un
thérapeute compétent et expérimenté. Le succès
survient souvent quand le mari et la femme pensent pouvoir travailler ensemble
afin de sauver leur mariage et qu’ils décident de faire les efforts
nécessaires. Dans d’autres cas, un seul partenaire consulte le
thérapeute et commence à effectuer des changements qui influent
sur leur interaction au sein du couple. Puis, au bout d’un certain temps,
l’autre conjoint réalise que la thérapie peut être
bénéfique et accepte d’assister aux séances.
Nous avons compris que votre mari
n’est pas intéressé à suivre
une thérapie de couple pour l’instant, mais la raison vient peut-être
du fait que vous êtes trop occupés à vous blâmer
l’un l’autre pour ce qui arrive. Avec une telle attitude, aucun
de vous n’est en mesure de progresser pour sauver votre couple. Il serait
plus utile que vous changiez tous les deux votre façon de voir les choses.
Ne vaudrait-il pas mieux dire que vous voulez tous les deux un bon mariage,
mais que vous n’y parvenez pas parce que vous avez pris un mauvais départ
? Que l’un de vous ou vous deux, vous complaisez à vous apitoyer
sur votre sort ? Que vous avez tous les deux besoin d’aide, et qu’au
lieu de blâmer l’autre, vous devriez apprendre à travailler
ensemble avec l’aide d’un conseiller ?
Nous ne pouvons prédire l’effet que cette thérapie aura
sur votre couple. Mais si vous voulez le sauver, c’est la démarche à suivre,
même si votre conjoint n’y est pas encore favorable à ce
stade. Choisissez un thérapeute spécialisé dans la thérapie
familiale ou la thérapie de couple, et qui vous a été recommandé par
des personnes de confiance.
On peut espérer que la thérapie vous permette d’y voir
plus clair dans votre situation et d’envisager les choses de manière
plus équilibrée. Vous pouvez faire des progrès de nature à améliorer
votre mariage, ou bien vous pouvez décider de rompre. En tous les cas,
vous devez vous armer de patience, car les progrès peuvent être
lents à venir et être accompagnés au départ d’une
régression- pour chaque deux pas en avant, vous ferez un pas en arrière.
Mais les progrès suivront.
En plus de la thérapie, nous vous recommandons de faire des démarches
pour enrichir votre vie. Si vous ne travaillez pas, vous pouvez y songer, même à temps
partiel. Ou bien, que pensez-vous du volontariat quelques jours par semaine
? Vous pouvez aussi envisager de vous enrichir spirituellement. Il est également
important de forger des amitiés, si vous ne l’avez pas déjà fait.
Le volontariat, la participation aux activités communautaires ou à des
projets impliquant d’autres jeunes femmes, peuvent vous y aider. S’il
existe un talent ou un passe-temps que vous avez négligé, c’est
le moment de vous y remettre, ou bien de suivre un cours sur un sujet qui vous
intéresse.
Il est facile de s’apitoyer
sur son sort, quand on est inactif. En suivant ces conseils, vous vous sentirez
mieux et cela peut avoir un retentissement
positif sur votre couple.
Nous vous souhaitons de réussir,
Rosie & Sherry
Traduction et Adaptation
de Tsiporah Trom