Chère Rosie & Sherry,
Je suis un
lecteur fidèle de vos articles et j’aimerais
vous remercier pour tous vos bons conseils.
Mon problème est que je rencontre un certain blocage mental en ce qui
concerne l’attirance physique.
En dehors des
rencontres, je suis parfaitement conscient de ce qui m’attire
chez une femme. Mais quand je me retrouve en face d’une partenaire, je
ne parviens pas à être objectif. Je ne pense pas chercher « l’impossible »,
puisque j’ai déjà expérimenté une certaine
alchimie lors d’une rencontre (bien que les choses n’aient pas
progressé pour d’autres raisons).
Ce n’est pas que j’éprouve un rejet, c’est plutôt
que je n’arrive pas à déterminer si le potentiel d’attirance
est bien présent. Je ne veux pas m’engager dans une relation charnelle,
car cela implique un trop grand investissement émotionnel qui nuit à l’objectivité.
Que dois-je faire ?
Benoît
Cher Benoît,
Ce que vous décrivez est très courant. Les rencontres en général
et les rencontres en vue d’un mariage en particulier sont devenues des
expériences particulièrement stressantes. Au lieu d’aborder
la première rencontre avec l’attitude « je vais essayer
de passer une agréable soirée », la plupart des jeunes
gens ont des attentes trop pointues qui ne peuvent être satisfaites si
tôt dans le processus des rencontres. De plus, ils analysent souvent
la rencontre dans les moindres détails une fois que celle-ci est terminée.
Ceux qui s’adonnent à ce genre de pratiques empêchent inconsciemment
de nombreuses relations potentielles de voir le jour. Ceci se produit parce
que leurs attentes insatisfaites engendrent de la déception. De plus,
les gens sont refroidis quand ils sur-analysent et la pression qui s’en
suit, finit par chasser tout plaisir de la rencontre.
Sur un plan intellectuel,
de nombreuses personnes réalisent, comme
vous, qu’il est néfaste d’investir une trop grande énergie émotionnelle à un
stade précoce de la rencontre. Pourtant, ils ne peuvent s’en empêcher.
Parfois, cela est dû à la pression extérieure de leur entourage.
Ainsi, dans certains cercles, les jeunes gens sont encouragés à se
focaliser sur le mariage et à prendre une décision en un temps
relativement court. Il est alors naturel que ces attentes créent un
degré d’anxiété pour de nombreux candidats et que
certains répondent à cette anxiété par de la frigidité,
si l’on peut dire. C’est une variante de l’angoisse de l’échec
; puisqu’ils savent qu’ils doivent être attirés par
l’autre, ils n’y parviennent pas.
Une autre raison pour laquelle
les gens se livrent à ce genre de pratiques
est qu’ils ont été conditionnés par notre culture à croire
qu’ils seront capables de juger du potentiel d’une personne dès
la première rencontre. Ce n’est tout simplement pas possible,
mais essayez de dire cela à une personne qui a déjà vu
quelques films romantiques, ou à celui dont le meilleur ami affirme
que la première fois qu’il a posé les yeux sur sa femme,
il savait que « c’était elle » !
Pas étonnant que de nombreux candidats abordent la première
rencontre avec l’attente irréaliste qu’ils vont instantanément
trouver leur partenaire attirante et détecter une étincelle de
connexion dès le départ. Puisqu’ils sont persuadés
qu’ils « sauront » quand ils rencontreront la bonne personne,
ils sont déçus quand ce « sentiment » ne se manifeste
pas. Même s’ils tirent plaisir de la rencontre, ils ont l’impression
d’avoir manqué le moment magique décisif et décident
prématurément que l’autre personne n’est pas pour
eux.
Ce sont les deux raisons qui, selon nous, peuvent expliquer que vous éprouviez
des difficultés à ressentir une attirance pour la personne que
vous rencontrez. Nous vous suggérons d’aborder vos prochaines
rencontres différemment, sans trop d’attentes. En fait, efforcez-vous
de les laisser toutes de côté. Sortez en ayant à l’esprit
que vous allez rencontrer quelqu’un de nouveau, avec qui vous aurez certaines
choses en commun, et que le seul but de votre rencontre est de briser la glace
et de préparer le terrain pour une prochaine rencontre.
En d’autres termes, le seul objectif que vous devriez vous fixer pour
la première rencontre est de préparer la seconde. Ne pensez pas à être
attiré ou à établir un lien émotionnel ou philosophique.
Détendez-vous et profitez de la soirée autant que possible.
Notre suggestion n’est pas si difficile à suivre. C’est
une technique employée par de nombreux comportementalistes et ça
marche. Les jeunes gens qui parviennent à suivre ce conseil envisagent
les premières rencontres de manière beaucoup plus positive, même
s’il s’avère par la suite que la personne rencontrée
n’était pas pour eux. Cela leur permet également d’être
plus calmes et plus réceptifs pour faire connaissance avec l’autre
et cela prépare le terrain au développement éventuel de
la relation. En réalité, la grande majorité des couples
qui se marient, ont vu leurs rencontres progresser de manière assez
lente, il leur a fallu du temps pour réaliser que l’autre personne était
faite pour eux.
Bien sûr, il est aussi prématuré de commencer à analyser
votre partenaire à la deuxième ou à la troisième
rencontre. Nous pensons que faire cela ou penser « Eh bien, puisque le
but des rencontres est de trouver la bonne personne, est-il possible que ce
soit elle ? » sonne le glas de toute relation. Cela dresse autour de
vous un mur invisible et impénétrable qui vous empêche
de faire connaissance avec votre partenaire et de vous ouvrir à elle.
Comment peut-on avoir envie de poursuivre les rencontres, si on ne cesse de
se voir sous la ‘houppa à côté de la parfaite étrangère
qui se trouve en face de nous en train de siroter un cola light ?
Au lieu de cela, concentrez-vous
pour mieux faire connaissance avec elle et construire une histoire à deux. Il est bon de rendre vos rencontres
productives en combinant un agréable moment passé ensemble avec
des discussions qui vous permettront de faire connaissance.
Après quelques rencontres, vous pouvez raisonnablement espérer
trouver votre partenaire attirante et sentir que vous êtes en train de
tisser un lien ensemble. Mais laissez votre relation évoluer naturellement,
en gardant à l’esprit que l’allure à laquelle un
couple progresse dépend plutôt des personnalités et des
styles de communication respectifs que de la force ou de la qualité de
la relation.
Nous espérons que nos conseils vous aideront à sortir
du labyrinthe des rencontres.
Traduction et Adaptation
de Tsiporah Trom