Chère Rosie & Sherry,
J’ai 25 ans et je vois un jeune homme de 23 ans depuis quelques mois.
J’ai terminé mes études et je travaille, lui étudie
toujours. Nous avons tous les deux l’intention de nous marier, nous avons
discuté de nos projets futurs et sommes prêts à tout pour
que ça marche.
Le problème est que ma famille est très à cheval sur
les traditions et n’accepte pas : 1) que je fréquente quelqu’un
de plus jeune, 2) qu’il soit encore à l’université,
3) et que je sois la seule à travailler les premières années
de notre mariage. Ils me disent presque chaque jour que je ne sais pas dans
quoi je suis en train de m’embarquer et quand j’essaie de leur
exposer nos plans, ils sont à l’affût de la moindre faille.
J’ai essayé d’envisager la situation de manière
rationnelle, mais je commence à douter de moi-même et j’apprécierais
vraiment votre avis. Courons-nous vraiment à l’échec ?
Mylène
Chère Mylène,
Des parents ne peuvent s’opposer au choix d’un conjoint pour plusieurs
raisons. Parfois, leurs motivations sont égoïstes, par exemple
quand des parents espèrent un gendre pourvu d’un certain statut
ou de certains moyens financiers pour élever leur position au sein de
la communauté, ou quand des parents dépendants ou dominateurs
résistent au fait que leur enfant prenne finalement son indépendance
et fasse sa vie avec quelqu’un d’autre.
Peut-être ont-ils des soucis quand à l’avenir de leur enfant,
parce qu’ils considèrent que leur enfant n’est pas assez
mûr pour se marier. Peut-être craignent-ils que le futur conjoint
ne soit pas travailleur ou une bonne maîtresse de maison, qu’il
présente certains problèmes de santé ou déficiences
physiques qui mettent un frein au mariage, ou qu’il ait un vécu
ou des traits de caractère qui puissent menacer le bien-être de
leur enfant ou la stabilité du mariage. Parfois, c’est une question
d’alchimie, les parents ne s’entendent pas avec leur futur gendre
ou leur future belle-fille et sa famille.
Une autre raison qui pousse les parents à s’opposer au choix
de leur enfant, est que leurs attentes et leurs valeurs se trouvent contrariées,
quand par exemple la personne est d’une autre race ou d’une autre
culture, ou que la différence d’âge est très importante,
ou qu’un homme jeune épouse une femme plus âgée.
Parfois, ces inquiétudes sont valides. Ainsi, des mariages mixtes sur
le plan racial ou culturel, rencontrent souvent des difficultés que
ne connaissent pas les couples issus d’un même milieu, de même
pour les couples avec une grande différence d’âge. Malgré tout,
beaucoup de ces mariages peuvent fonctionner et former des couples heureux.
Par contre, le souci particulier de vos parents en ce qui concerne
vos deux années d’écart est infondé. Cette volonté que
l’homme soit plus âgé que la femme a probablement vu le
jour quand les couples se formaient à l’adolescence et que les
filles étaient plus mûres que les garçons, émotionnellement
et physiquement. Mais ces différences s’estompent avec la maturité et
n’existent plus quand les jeunes gens abordent la vingtaine. Quand un
couple est, comme vous, au milieu de la vingtaine, une différence de
quelques années dans un sens ou dans l’autre ne devrait pas avoir
d’effet sur la qualité de la relation, ni sur son succès à long
terme.
Pareillement, l’opposition de vos parents du fait que vous vous trouviez
tous les deux à des stades sensiblement différents est aussi
basé sur des stéréotypes. Seraient-ils autant mal à l’aise
si la situation était inversée ; si vous étiez toujours à la
fac et que votre futur mari vous supporte jusqu’à ce que vous
ayez fini ? Bien sûr que non, parce qu’ils attendent d’un
homme qu’il supporte sa femme et non le contraire. Cela les dérange
aussi que vous ayez commencé votre carrière et que l’homme
que vous voulez épouser ne démarre la sienne que dans quelques
années.
Ils semblent avoir perdu de vue l’essentiel : que vous êtes tous
les deux prêts à diriger vos efforts vers la construction d’un
foyer et qu’à des stades ultérieurs du mariage, vos contributions
respectives en temps, en énergie et en argent, changeront. Au départ,
votre mari complètera son éducation pour pouvoir fournir une
meilleure contribution économique à votre vie à deux.
Dans quelques années, vous serez tous les deux à des niveaux
professionnels équivalents. Plus tard, il est possible que vous gagniez
moins que lui, pour des raisons liées à votre carrière
ou parce que vous aurez choisi de moins travailler pour vous occuper de vos
jeunes enfants. Ceci se produit généralement dans un mariage
flexible et en bonne voie.
Si la Torah nous demande d’honorer nos parents, quand il est question de se choisir un conjoint, chaque individu est libre de faire son propre choix.
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Vous avez probablement présenté la plupart de ces arguments à vos
parents. S’ils ne peuvent être persuadés de changer leur
point de vue aujourd’hui, vous devez accepter leur opinion et comprendre
qu’ils se soucient uniquement de votre bien-être. Continuez à leur
témoigner votre respect et avancez. Respecter le fait que vos parents
puissent avoir leur propre opinion, ne vous oblige pas à vous y conformer.
Si la Torah nous demande d’honorer nos parents, quand il est question
de se choisir un conjoint, chaque individu est libre de faire son propre choix.
Vous avez rencontré un homme qui vous convient et vous avez tous les
deux l’intention de fonder un foyer ensemble, malgré les obstacles
qui pourraient se présenter en chemin. Vous avez tous les deux de la
chance de vous être rencontrés, et c’est ce que vous devez
retenir quand les difficultés surgiront dans votre vie à deux.
Nous vous conseillons d’avoir une discussion avec vos parents pour leur
faire savoir que si vous comprenez et respectez leurs sentiments, vous êtes
suffisamment mûre pour prendre la décision de vous marier, et
vous leur demandez de respecter cela. Vous pouvez leur expliquer que leurs
découragements et leurs avertissements constants ne vous feront pas
changer d’avis et qu’ils ne feront que détériorer
votre relation avec eux. Vous pouvez espérer qu’avec le temps,
ils finissent pas réaliser que vous avez en effet choisi la bonne personne
et l’accepter. (Toutefois, ceci risque de prendre un certain temps et
peut même ne jamais se produire.)
Nous vous suggérons également de passer du temps en compagnie
d’autres amis et membres de votre famille qui souhaitent partager votre
joie et soutiennent votre projet de mariage. Ces personnes joueront peut-être
un rôle plus important dans l’organisation et la célébration
de votre mariage que vos parents. Il serait triste que cela se produise, mais
au moins vous aurez un entourage encourageant.
Nous vous souhaitons à tous les deux un merveilleux
futur ensemble.
Traduction et Adaptation
de Tsiporah Trom