Imaginez un comptable pérorant au milieu d'une assemblée de
médecins et leur tenant des discours sur la médecine. Ce serait
d'un ridicule achevé.
Une des données les plus importantes pour parvenir à la sagesse
est de savoir qui l'on est et où se trouve la place de chacun dans l'univers.
L'arrogance est un obstacle si l'on veut progesser. Les Monsieur ou Madame "je
sais tout" restent figés dans leur suffisance. Ne soyez ni arrogant,
ni suffisant. Prenez la mesure de votre ignorance. Si vous prenez conscience
du fait que la sagesse est votre bien le plus précieux, vous deviendrez
de plus en plus exigeant.
La Voie de la Sagesse n°26 s'intitule "hamakir et mikomo", soit
littéralement "connaître sa place". Savez-vous comment
vous vous situez dans votre relation aux autres ? Essayez d'évaluer
honnêtement vos points forts et vos faiblesses.
En apprenant à faire cette estimation, vous saurez à tout moment
si vous vous trouvez dans la position la plus favorable dans une situation
donnée. Si c'est le cas, ne vous laissez pas retenir par une fausse
modestie. Vous ne devez pas hésiter à vous mettre en avant et à vous
manifester. Mais en revanche,cela implique que vous sachiez reconnaître
que d'autres peuvent être plus qualifiés que vous et qu'il vous
appartient alors de rester à votre place.
Le silence est quelquefois d'or. On apprend dans le Talmud
que "l'on
de doit pas prendre la parole en présence de quelqu'un qui vous dépasse
en sagesse". Ne soyez jamais trop prompt à mettre votre grain de
sel dans la conversation.
Vous pouvez avoir une très haute opinion de vous-même et vous
retrouver un jour au milieu d'une assemblée de surdoués; vous
vous rendrez alors compte de vos manques en matière de connaissances.
Il se peut également que vous ayez une piètre opinion de vous-même
et que vous vous retrouviez entouré d' ignorants; vous réaliserez
alors que vous n'êtes pas aussi nul que vous le pensiez.
Nos Sages conseillent de mettre un petit papier dans notre
poche de droite et un autre dans notre poche de gauche. Sur l'un des papiers
il est écrit: "Le
monde entier n'a été créé que pour moi" (Talmud
Sanhedrin 38a), et sur l'autre figurent les paroles d'Abraham: "Je ne
suis que poussière et cendre." (Genèse ch18, v27).
Sachez quelle est votre
place. Avant de prendre la parole, attendez une seconde et posez-vous la
question: "Est-ce le bon moment pour me mettre en avant,
ou ne devrais-je pas plutôt rester à ma place ?"
Votre
rôle
particulier
Chaque être humain se présente comme une combinaison unique faite
de personnalité et de talents divers mais aussi modifiable en fonction
du temps et des circonstances. Chacun de nous a un rôle particulier à jouer
en ce monde. Notre rôle dépend de nombreux facteurs qui ne reposent
pas seulement sur nos talents propres, mais aussi sur les besoins d'une époque
donnée.
Il importe pour chacun de découvrir quelle peut être sa contribution
spécifique.
La Torah nous raconte que Moïse vit un jour un chef de corvée égyptien
tuer un Juif.
"Moïse se tourna de côté et d'autre et il vit qu'il
n'y avait pas d'homme; il frappa l'Egyptien et l'ensevelit dans le sable." (Genèse
ch12, v11-12)
Pourquoi la Torah nous dit-elle qu' "il n'y avait pas d'homme ?" Parce
que Moïse cherchait à voir s' il n'y avait pas quelqu'un d'autre
que lui, quelqu'un de plus qualifié que lui pour agir. Si vous cherchez à vous
mettre en avant alors que ce n'est pas nécessaire, vous le faites davantage
pour satisfaire votre ego que pour le bien des autres. Moïse ne s'est
décidé à agir que lorsqu'il a vu qu'il n'y avait personne
de mieux placé que lui pour le faire.
Savoir, c'est être responsable. Si vous avez un certain savoir, il est
de votre responsabilité de le partager et d'agir en conséquence.
Vous devez en tenir compte pour connaître votre place.
Bien exercer son jugement
Pour éviter de fâcheuses erreurs de jugement, apprenez à bien évaluer
les opinions des autres. Nous avons souvent tendance à attribuer à quelqu'un
une certaine sagesse parce que cette personne est plus âgée, ou
plus expérimentée ou plus élevée dans la hiérarchie.
Mais ce n'est pas forcément vrai. Ce n'est pas parce que quelqu'un a
réussi dans les affaires qu'il est le mieux placé pour vous donner
des conseils de bonheur conjugal.
Lorsque quelqu'un émet un jugement, replacez ses propos
en perspective. Cette personne sait-elle vraiment de quoi elle parle ? Ou
bien n' est-ce qu'un
beau parleur ?
Par contre, si vous avez l'impression que vos connaissances
sont insuffisantes, ne laissez pas votre ego envahir le terrain. Nous avons
tous tendance à penser
que nous avons suffisamment de bon sens pour savoir comment conduire notre
vie, mais il faut savoir parfois se tourner vers les autres pour leur demander
conseil.
Si vous envisagez de vous marier, essayez de trouver une personne
avisée
et demandez-lui: "Comment dois-je me préparer au mariage ? Quels
traits de caractère dois-je rechercher chez la personne que j'épouserai
? Comment saurai-je que j'ai fait le bon choix ?"
Affirmez-vous
Nous manquons quelquefois de conviction pour défendre notre position
car nous nous disons: "Qui peut être certain que son opinion est
vraiment la bonne?"
La Voie de la Connaissance n°48 vous dit: Vous pouvez atteindre une certitude
absolue. Vous avez, par exemple, la certitude absolue que votre main comporte
cinq doigts. Personne ne pourra vous faire croire que vous avez 75 doigts.
Vous pouvez compter ces doigts sur votre main. Vous avez des preuves irréfutables
et votre conviction est inébranlable.
Le Judaïsme nous dit: Nous devons parvenir à cette même
certitude absolue en ce qui concerne nos croyances et nos valeurs.
Pour vous y exercer, commencez par définir quelques critères.
Prenons l'exemple du mariage. Commencez par vous demander: "Est-ce que
je l'aime?", " Qu'est-ce que l'amour?", "En quoi l'amour
est-il différent d'une simple attirance?"
L'amour repose sur la connaissance de l'autre. Je peux aimer l'autre d'autant
plus que je le connais mieux. Comment savoir si j'aime vraiment ou s'il ne
s'agit que d'une simple attirance?
Si vous vous dites:"Elle est parfaite", ou "Il est parfait",
méfiez-vous ! Vous n'êtes pas dans la réalité. Vous êtes
sous l'emprise d'une attirance passagère. L'amour véritable demande
un effort. Vous devez être prêt à vouloir faire cet effort.
Prenez vos responsabilités et pesez bien vos décisions. Ne vous
dites pas que,"de toute façon, ça s'arrangera." Il
faut faire l'effort de s'interroger sur ses décisions et comprendre
en fonction de quoi vous les avez prises. Demandez-vous : Quelle est ma position
sur cette question? Est-ce que je sais vraiment de quoi je parle? Quels sont
mes critères? Ai-je des preuves de ce que j'avance? Est-ce moi qui parle
ou suis-je en train de répéter comme un perroquet quelque chose
que j'ai entendu ou lu?
Si vous ne vous affirmez pas avec assurance, vous vous ferez
manipuler comme une marionnette par la société. Et la société peut
commettre de graves erreurs en matière de conduite dans la vie.
Analysez vos relations avec les autres.
Etre attentif aux autres marque l'étape la plus importante dans cet
effort de connaître sa place. Ne vous contentez pas d'être simplement
présent parmi les autres. Observez-les. Quand vous paraissent-ils forts?
Quand les sentez-vous faibles? Cette observation vous aidera à mieux
vous situer par rapport aux autres.
Essayez d'analyser la dynamique des relations que vous estimez
importantes. S'agit-il d'une relation entre enseignant et étudiant? Entre parent
et enfant? S'agit-il d'une relation d'amitié ou d'un mélange
de plusieurs de ces relations?
En vous posant ces questions, vous parviendrez à déterminer
si vous êtes en position d'équilibre. Par exemple, dans un bon
mariage, les points forts des deux conjoints doivent se conjuguer et se compléter.
Vous pouvez, par contre, découvrir qu' avec certaines personnes, vos
relations relèvent du rapport de force et de la compétition.
Certains parents traitent quelquefois leur enfant de 25 ans
comme s'il en avait 15. Inversement, on voit des enfants adultes se comporter
envers leurs
parents comme lorsqu'ils étaient petits. Toutes ces attitudes doivent être
corrigées.
Connaître sa place vis-à-vis de Dieu
Un des moyens élémentaires de connaître sa place est de
placer votre relation à Dieu en perspective. La première chose
que fait un Juif chaque matin c'est de réciter la prière "Modeh
ani" :
"Je te remercie, mon Dieu, de me faire, aujourd'hui encore, la grâce
de me rendre mon âme"
Plus une personne s'élève spirituellement, plus elle fait preuve
d'humilité. Plus nous nous rapprochons de Dieu, plus nous prenons la
mesure de nos limites, de notre fragilité et de notre mortalité.
Nous intégrons le fait que tout ce qui humain est précaire et
que seul Dieu est éternel
On disait de Moïse qu'il était "le plus humble des hommes" parce
qu'il connaissait sa place lorsqu'il se tenait devant Dieu. Tout autre attitude
ne laisse aucune place à Dieu. C'est pourquoi le Talmud compare l'arrogance à l'idolâtrie:
l'une et l'autre repoussent la présence divine.
En étant humbles devant Dieu, nous percevons l'unité du monde,
nous sommes plus détendus, plus calmes et plus réceptifs qu'en
faisant preuve d'une complaisance coupable qui se traduit par une énergie
négative. Et ceci rejailllit sur nos relations avec les autres, qu'il
s'agisse du domaine des affaires, du mariage, de la communauté ou même
de la nation.
Moïse n'est devenu le guide de la nation juive que parce qu'il se voyait
avant tout comme le serviteur du peuple et le serviteur de Dieu. Il était
capable de comprendre quels étaient les besoins et les aspirations de
la nation tout entière. Il était à sa place.
Pourquoi "connaître sa place" est une étape
sur la voie de la sagesse ?
- Réfléchissez bien avant de parler en présence de personnes
plus compétentes que vous.
- En comprenant les autres, nous pouvons voir ce que nous savons et ce que
nous ignorons.
- N' hésitez pas à demander des conseils.
- Si vous ne prenez pas votre vie en main, vous vous ferez manipuler par les
autres.
- Si les circonstances l'exigent, n'hésitez pas à vous mettre
en avant.
- Vous avez été créé pour jouer, dans la vie, un
rôle unique qui est le vôtre.