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Spiritualité / Les 48 Voies de la sagesse back  Retour
Voie n°26 : Connaître sa place.Chaque individu apporte une contribution unique au monde. Essayez de découvrir qui vous êtes et comment vous vous insérez dans ce grand tout.

Imaginez un comptable pérorant au milieu d'une assemblée de médecins et leur tenant des discours sur la médecine. Ce serait d'un ridicule achevé.

Une des données les plus importantes pour parvenir à la sagesse est de savoir qui l'on est et où se trouve la place de chacun dans l'univers. L'arrogance est un obstacle si l'on veut progesser. Les Monsieur ou Madame "je sais tout" restent figés dans leur suffisance. Ne soyez ni arrogant, ni suffisant. Prenez la mesure de votre ignorance. Si vous prenez conscience du fait que la sagesse est votre bien le plus précieux, vous deviendrez de plus en plus exigeant.

La Voie de la Sagesse n°26 s'intitule "hamakir et mikomo", soit littéralement "connaître sa place". Savez-vous comment vous vous situez dans votre relation aux autres ? Essayez d'évaluer honnêtement vos points forts et vos faiblesses.

En apprenant à faire cette estimation, vous saurez à tout moment si vous vous trouvez dans la position la plus favorable dans une situation donnée. Si c'est le cas, ne vous laissez pas retenir par une fausse modestie. Vous ne devez pas hésiter à vous mettre en avant et à vous manifester. Mais en revanche,cela implique que vous sachiez reconnaître que d'autres peuvent être plus qualifiés que vous et qu'il vous appartient alors de rester à votre place.

Le silence est quelquefois d'or. On apprend dans le Talmud que "l'on de doit pas prendre la parole en présence de quelqu'un qui vous dépasse en sagesse". Ne soyez jamais trop prompt à mettre votre grain de sel dans la conversation.

Vous pouvez avoir une très haute opinion de vous-même et vous retrouver un jour au milieu d'une assemblée de surdoués; vous vous rendrez alors compte de vos manques en matière de connaissances. Il se peut également que vous ayez une piètre opinion de vous-même et que vous vous retrouviez entouré d' ignorants; vous réaliserez alors que vous n'êtes pas aussi nul que vous le pensiez.

Nos Sages conseillent de mettre un petit papier dans notre poche de droite et un autre dans notre poche de gauche. Sur l'un des papiers il est écrit: "Le monde entier n'a été créé que pour moi" (Talmud Sanhedrin 38a), et sur l'autre figurent les paroles d'Abraham: "Je ne suis que poussière et cendre." (Genèse ch18, v27).

Sachez quelle est votre place. Avant de prendre la parole, attendez une seconde et posez-vous la question: "Est-ce le bon moment pour me mettre en avant, ou ne devrais-je pas plutôt rester à ma place ?"

Votre rôle particulier

Chaque être humain se présente comme une combinaison unique faite de personnalité et de talents divers mais aussi modifiable en fonction du temps et des circonstances. Chacun de nous a un rôle particulier à jouer en ce monde. Notre rôle dépend de nombreux facteurs qui ne reposent pas seulement sur nos talents propres, mais aussi sur les besoins d'une époque donnée.

Il importe pour chacun de découvrir quelle peut être sa contribution spécifique.

La Torah nous raconte que Moïse vit un jour un chef de corvée égyptien tuer un Juif.

"Moïse se tourna de côté et d'autre et il vit qu'il n'y avait pas d'homme; il frappa l'Egyptien et l'ensevelit dans le sable." (Genèse ch12, v11-12)

Pourquoi la Torah nous dit-elle qu' "il n'y avait pas d'homme ?" Parce que Moïse cherchait à voir s' il n'y avait pas quelqu'un d'autre que lui, quelqu'un de plus qualifié que lui pour agir. Si vous cherchez à vous mettre en avant alors que ce n'est pas nécessaire, vous le faites davantage pour satisfaire votre ego que pour le bien des autres. Moïse ne s'est décidé à agir que lorsqu'il a vu qu'il n'y avait personne de mieux placé que lui pour le faire.

Savoir, c'est être responsable. Si vous avez un certain savoir, il est de votre responsabilité de le partager et d'agir en conséquence. Vous devez en tenir compte pour connaître votre place.

Bien exercer son jugement

Pour éviter de fâcheuses erreurs de jugement, apprenez à bien évaluer les opinions des autres. Nous avons souvent tendance à attribuer à quelqu'un une certaine sagesse parce que cette personne est plus âgée, ou plus expérimentée ou plus élevée dans la hiérarchie. Mais ce n'est pas forcément vrai. Ce n'est pas parce que quelqu'un a réussi dans les affaires qu'il est le mieux placé pour vous donner des conseils de bonheur conjugal.

Lorsque quelqu'un émet un jugement, replacez ses propos en perspective. Cette personne sait-elle vraiment de quoi elle parle ? Ou bien n' est-ce qu'un beau parleur ?

Par contre, si vous avez l'impression que vos connaissances sont insuffisantes, ne laissez pas votre ego envahir le terrain. Nous avons tous tendance à penser que nous avons suffisamment de bon sens pour savoir comment conduire notre vie, mais il faut savoir parfois se tourner vers les autres pour leur demander conseil.

Si vous envisagez de vous marier, essayez de trouver une personne avisée et demandez-lui: "Comment dois-je me préparer au mariage ? Quels traits de caractère dois-je rechercher chez la personne que j'épouserai ? Comment saurai-je que j'ai fait le bon choix ?"


Affirmez-vous

Nous manquons quelquefois de conviction pour défendre notre position car nous nous disons: "Qui peut être certain que son opinion est vraiment la bonne?"

La Voie de la Connaissance n°48 vous dit: Vous pouvez atteindre une certitude absolue. Vous avez, par exemple, la certitude absolue que votre main comporte cinq doigts. Personne ne pourra vous faire croire que vous avez 75 doigts. Vous pouvez compter ces doigts sur votre main. Vous avez des preuves irréfutables et votre conviction est inébranlable.

Le Judaïsme nous dit: Nous devons parvenir à cette même certitude absolue en ce qui concerne nos croyances et nos valeurs.

Pour vous y exercer, commencez par définir quelques critères. Prenons l'exemple du mariage. Commencez par vous demander: "Est-ce que je l'aime?", " Qu'est-ce que l'amour?", "En quoi l'amour est-il différent d'une simple attirance?"

L'amour repose sur la connaissance de l'autre. Je peux aimer l'autre d'autant plus que je le connais mieux. Comment savoir si j'aime vraiment ou s'il ne s'agit que d'une simple attirance?

Si vous vous dites:"Elle est parfaite", ou "Il est parfait", méfiez-vous ! Vous n'êtes pas dans la réalité. Vous êtes sous l'emprise d'une attirance passagère. L'amour véritable demande un effort. Vous devez être prêt à vouloir faire cet effort.

Prenez vos responsabilités et pesez bien vos décisions. Ne vous dites pas que,"de toute façon, ça s'arrangera." Il faut faire l'effort de s'interroger sur ses décisions et comprendre en fonction de quoi vous les avez prises. Demandez-vous : Quelle est ma position sur cette question? Est-ce que je sais vraiment de quoi je parle? Quels sont mes critères? Ai-je des preuves de ce que j'avance? Est-ce moi qui parle ou suis-je en train de répéter comme un perroquet quelque chose que j'ai entendu ou lu?

Si vous ne vous affirmez pas avec assurance, vous vous ferez manipuler comme une marionnette par la société. Et la société peut commettre de graves erreurs en matière de conduite dans la vie.

Analysez vos relations avec les autres.

Etre attentif aux autres marque l'étape la plus importante dans cet effort de connaître sa place. Ne vous contentez pas d'être simplement présent parmi les autres. Observez-les. Quand vous paraissent-ils forts? Quand les sentez-vous faibles? Cette observation vous aidera à mieux vous situer par rapport aux autres.

Essayez d'analyser la dynamique des relations que vous estimez importantes. S'agit-il d'une relation entre enseignant et étudiant? Entre parent et enfant? S'agit-il d'une relation d'amitié ou d'un mélange de plusieurs de ces relations?

En vous posant ces questions, vous parviendrez à déterminer si vous êtes en position d'équilibre. Par exemple, dans un bon mariage, les points forts des deux conjoints doivent se conjuguer et se compléter.

Vous pouvez, par contre, découvrir qu' avec certaines personnes, vos relations relèvent du rapport de force et de la compétition.

Certains parents traitent quelquefois leur enfant de 25 ans comme s'il en avait 15. Inversement, on voit des enfants adultes se comporter envers leurs parents comme lorsqu'ils étaient petits. Toutes ces attitudes doivent être corrigées.

Connaître sa place vis-à-vis de Dieu

Un des moyens élémentaires de connaître sa place est de placer votre relation à Dieu en perspective. La première chose que fait un Juif chaque matin c'est de réciter la prière "Modeh ani" :

"Je te remercie, mon Dieu, de me faire, aujourd'hui encore, la grâce de me rendre mon âme"

Plus une personne s'élève spirituellement, plus elle fait preuve d'humilité. Plus nous nous rapprochons de Dieu, plus nous prenons la mesure de nos limites, de notre fragilité et de notre mortalité. Nous intégrons le fait que tout ce qui humain est précaire et que seul Dieu est éternel

On disait de Moïse qu'il était "le plus humble des hommes" parce qu'il connaissait sa place lorsqu'il se tenait devant Dieu. Tout autre attitude ne laisse aucune place à Dieu. C'est pourquoi le Talmud compare l'arrogance à l'idolâtrie: l'une et l'autre repoussent la présence divine.

En étant humbles devant Dieu, nous percevons l'unité du monde, nous sommes plus détendus, plus calmes et plus réceptifs qu'en faisant preuve d'une complaisance coupable qui se traduit par une énergie négative. Et ceci rejailllit sur nos relations avec les autres, qu'il s'agisse du domaine des affaires, du mariage, de la communauté ou même de la nation.

Moïse n'est devenu le guide de la nation juive que parce qu'il se voyait avant tout comme le serviteur du peuple et le serviteur de Dieu. Il était capable de comprendre quels étaient les besoins et les aspirations de la nation tout entière. Il était à sa place.

Pourquoi "connaître sa place" est une étape sur la voie de la sagesse ?

- Réfléchissez bien avant de parler en présence de personnes plus compétentes que vous.

- En comprenant les autres, nous pouvons voir ce que nous savons et ce que nous ignorons.

- N' hésitez pas à demander des conseils.

- Si vous ne prenez pas votre vie en main, vous vous ferez manipuler par les autres.

- Si les circonstances l'exigent, n'hésitez pas à vous mettre en avant.

- Vous avez été créé pour jouer, dans la vie, un rôle unique qui est le vôtre.



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Noah WEINBERG
Le rabbin Noah WEINBERG est le doyen et le fondateur de Aish HaTorah International. Au cours des 40 dernières années, ses programmes éducatifs imprégnés d’intuitions visionnaires ont rapproché de leur héritage des centaines de milliers de Juifs
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COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  2
sa contribution au monde - 6 Juillet 2006 - par Berrin Michelle
merci pour ce texte empreint de sagesse...des moyens simples de questionnement sont donnés. Une très grande honnêteté et humilité sont nécessaires ainsi qu'une grande capacité de réaction : si on n'est pas à sa place dans un certain milieu...on doit en changer!!! merci encore
20 Février 2006 <chemouel670@yahoo.fr>
tres bel article dont je felicite le rabbin Weiberg.
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