Chère
Rosie
et Sherry,
J’ai 21 ans et je suis déjà aigrie en matière de
rencontres. J’en attribue la raison principale au message que ma mère
m’a transmis tout au long de mon enfance, à savoir que « les
hommes sont fourbes ». Mes parents sont divorcés et en tant qu’aînée,
j’ai été exposée à toute l’amertume
et la souffrance qui ont précédé le divorce.
Chaque fois
que ma mère a répété ce mantra néfaste,
je l’ai repoussé en me disant qu’il était le résultat
de son amertume et je me suis efforcée de croire qu’il existait
des hommes bien. Cela a marché pendant un certain temps. J’ai
d’ailleurs eu deux rencontres très positives avec des jeunes hommes
de qualité et j’ai pu me rendre compte que les hommes ne sont
pas si mauvais. Mais ces rencontres ont mal tourné, ces jeunes hommes
ont tous deux agi comme des imbéciles et anéanti l’impression
positive que j’avais d’eux. Dans les deux cas, j’ai été bouleversée,
mais j’ai ensuite fait de mon mieux pour reprendre le dessus. J’ai
eu quelques rencontres depuis, mais elles n’ont rien donné.
Ces derniers
temps, je me suis rendue compte que je n’ai plus envie
de rencontrer personne. Je me montre négative chaque fois que l’on
me propose un jeune homme, quelles que soient les qualités évoquées
(et je suis sûre qu’elles sont présentes). J’ai juste
un arrière-goût déplaisant après ces deux échecs
et je n’ai pas trouvé un seul homme dans la vie qui ne m’ait
pas déçue.
Je vois tout
en noir et j’en souffre. Comment améliorer les choses
? Faut-il que je me force à poursuivre les rencontres ? Ou bien dois-je
faire une pause et espérer que mon état d’esprit va changer
? J’ai peur que cela n’arrive jamais.
Allison
Chère Allison,
Bien qu’il nous soit douloureux d’entendre une jeune personne
s’exprimer avec tellement d’amertume et de pessimisme sur la vie
et le mariage, votre lettre est un premier pas important pour anéantir
cet obstacle à votre bonheur futur. Vous avez la chance d’avoir
discerné très tôt le problème qui se pose à vous,
ainsi que sa source, ce dont pas tout le monde n’est capable. Cette réflexion
sera une aide précieuse pour vous. Nous pouvons vous assurer que nous
avons travaillé avec des personnes ayant surmonté des problèmes
similaires et nous pensons que vous serez tout aussi capable d’amorcer
une métamorphose qui vous permettra de connaître un mariage sain
et durable.
Vous avez parfaitement
raison en disant que le divorce de vos parents et la façon dont votre mère a géré les choses après
coup, ont fortement influencé votre opinion sur les hommes et le mariage.
Si les parents sont généralement bien intentionnés, ils
ne réalisent pas toujours la portée que peuvent avoir leurs paroles
et leurs actes. Votre mère a sans aucun doute rencontré bien
des difficultés dans sa vie et l’un des moyens qu’elle a
choisis pour les supporter, a été d’en parler et d’exprimer
sa colère en votre présence. Nous ne pouvons la blâmer
pour avoir essayé de surmonter les choses au mieux et nous supposons
que si elle avait compris que sa conduite vous causerait plus tard des difficultés,
elle aurait agi autrement.
Apparemment, le mantra
de votre mère a toujours été sous-jacent
lors de vos rencontres, même lors des premières que vous avez
décrites si positivement. Ces rencontres qui se sont déroulées à un âge
relativement jeune, auraient dû vous donner un aperçu positif
des rencontres matrimoniales. Vous pensiez peut-être inconsciemment que
ces jeunes hommes étaient trop biens pour être vrais et vous avez
blâmé l’échec des rencontres sur quelque défaut
de leur caractère. Est-ce pour cela que vous écrivez que vous
n’avez pas trouvé un seul homme qui ne vous ait pas déçue
?
Le lien entre cette philosophie destructive et votre histoire en matière
de rencontre semble plus clair. Vous refusez inconsciemment de vous engager
avec un homme de qualité, de peur qu’il ne vous déçoive
immanquablement par la suite. En même temps, vous acceptez de rencontrer
des hommes qui vous le savez vous décevront dès le départ.
Car il vous est plus facile de faire face à des déceptions certaines
plutôt qu’à des espoirs brisés.
Vous avez omis de mentionner
un élément qui selon nous, a un
impact fondamental sur votre regard et vos attentes, c’est votre relation
avec votre père. La relation père-fille est au moins aussi importante
que la relation mère-fille dans l’attitude d’une jeune femme
en matière de confiance et d’intimité sentimentale. Il
vaut certainement la peine que vous vous penchiez sur cet aspect des choses,
peut-être avec l’aide d’un psychothérapeute qualifié.
CHANGEMENTS PRECONISES
Malgré tout ce qui a été dit précédemment,
votre historique familial n’est pas le garant d’échecs relationnels
futurs. Mais il est vrai que votre attitude envers les hommes ne changera pas
simplement en interrompant les rencontres un certain temps pour recharger vos
batteries (même si nous sommes d’accord avec vous sur le fait que
vu votre amertume et votre négativité actuelles, vous ne devriez
pas accepter de rencontres pour l’instant). Ce dont vous avez besoin,
c’est d’un plan d’action. Nous allons donc vous suggérer
un certain nombre de mesures qui vous aideront à changer votre regard
et vos attentes sur les hommes et le mariage.
Votre réflexion avisée (à laquelle nous avons fait référence
précédemment) et le fait que vous soyez une adulte jeune dont
la personnalité, l’estime de soi, l’intellect, la moralité,
le jugement et la capacité à endurer sont en plein développement,
font qu’il vous sera plus facile d’intégrer ces changements
maintenant, plutôt qu’à un stade ultérieur de votre
vie.
1) Cessez les rencontres
pendant les quelques mois qui vont suivre, mais utilisez ce temps de manière constructive. Trouvez quelque chose d’agréable,
d’intéressant ou de créatif que vous êtes susceptible
d’aimer, que vous avez toujours eu envie d’apprendre, mais que
vous n’avez jamais eu l’occasion de faire. Consacrez-y plusieurs
heures par semaine. Un nouveau hobby, un passe-temps créatif, un exercice
physique ou un intérêt intellectuel peuvent enrichir votre vie
et améliorer votre estime de soi.
2) Cherchez des modèles dans trois domaines : parmi les couples mariés,
parmi vos amies et parmi les hommes. Nous n’insisterons jamais assez
sur l’importance de cette étape. Notre environnement joue un rôle
fondamental sur notre manière de penser.
Nous espérons que vous trouverez au moins un couple de personnes mariées
qui vous semble gentilles et attentionnées l’une envers l’autre,
qui tirent plaisir de la compagnie l’une de l’autre et qui sont
capables de résoudre leurs différents de manière positive.
Passez du temps en leur compagnie et observez leur comportement. Ils font peut-être
partie de votre famille ou de votre voisinage, ils sont peut-être des
amis ou les amis de vos parents, il peut s’agir du Rabbin local et de
sa femme. Si vous ne connaissez aucun couple de ce genre, nous vous recommandons
d’en chercher. Ces modèles vous aideront à comprendre comment
les partenaires d’un mariage sain se positionnent et dans le futur, vous
pourrez imiter certains de leurs comportements.
Vos propres amies sont
un facteur important de votre entourage. Des jeunes femmes qui passent leur
temps à critiquer les jeunes gens qu’elles
rencontrent et à raconter des expériences déplaisantes,
renforcent leurs opinions négatives et créent une atmosphère
défaitiste. Lorsque vous vous trouvez en compagnie de vos amies, orientez
la conversation sur d’autres aspects de la vie, en évitant les
commérages et les histoires de conflits. Si vos amies sont embourbées
dans leur négativité, trouvez un autre cercle d’amies plus
positives.
Vous avez probablement
rencontré de nombreux hommes agréables
au cours de votre scolarité, de votre travail ou de votre vie quotidienne.
Vous avez toutefois pris l’habitude de ne remarquer que leurs défauts
et leurs faiblesses. Durant les mois qui vont suivre, nous vous demandons de
les regarder à travers d’autres lunettes. Quand vous parlez à un
camarade, un collègue ou un ami, efforcez-vous de rechercher ses qualités.
Est-il courtois, traite-t-il les gens avec respect, est-il serviable, responsable,
tient-il ses promesses, fait-il des actes de bienfaisance, comment gère-t-il
l’argent, quelle est son attitude envers le travail, a-t-il une attitude
positive envers la vie ?
Si vous cherchez des choses admirables chez les autres, généralement
vous les trouvez.
Chacun a des mauvais côtés. Maris et femmes se déçoivent
parfois l’un l’autre, ils se disent parfois des choses blessantes
et commettent aussi des erreurs. Mais dans une relation saine, ils apprennent
avant tout à être encourageants, respectueux, indulgents, compréhensifs
et aimants – même s’ils sont parfois en colère, stressés
ou incapables de régler un problème de manière satisfaisante.
Avec le temps, vous parviendrez à intégrer une meilleure compréhension
de ce qu’est une relation « normale » et à voir les
hommes sous un jour plus positif.
3) D’après votre lettre, nous pensons qu’une thérapie
serait en mesure de vous aider sur deux points : pour retrouver confiance en
les hommes et pour parvenir à séparer la réalité (les
hommes biens existent) de ce que votre mère vous a amenée à croire.
Nous suggérons que vous appliquiez nos deux premières recommandations
pendant quelques mois pour voir si vous retrouvez l’espoir de fonder
un jour un mariage sain sur la base d’une confiance mutuelle.
Si vous ne faîtes aucun progrès, ou si les progrès vous
paraissent trop lents, nous vous recommandons de trouver un thérapeute
compétent pour gérer ces problèmes. Quelle que soit la
situation, les efforts que vous aurez faits seule (sans l’aide d’une
intervention extérieure), vous faciliteront certainement les choses
une fois la thérapie engagée.
Nous espérons que ceci vous aidera à sortir
du labyrinthe des rencontres.
Rosie et Sherry
Traduction et Adaptation de Tsiporah Trom