L’agitation dans la maison est à son comble, car il ne reste plus
qu’une heure avant l'entrée de la fête de Souccot !
Maman s’affaire dans la cuisine, et papa parmi ses outils ! Yossi s’emmêle
dans les fils électriques destinés à l’éclairage
de la Soucca, tandis que David et Sarah sur leur échelle, les bras chargés
de branchages, conseillent Hadriel au sujet de la place des décorations
prévues pour la cabane.
Hadassa, assise près de la table, observe le déroulement des évènements.
Dans son cœur la sourde inquiétude de ne pas terminer à temps
les préparatifs de cette fête qu’elle adore, la rend un
peu nerveuse.
Après la solennité de Roch achana, et le recueillement de yom
Kippour, durant lesquels D ieu avait jugé toute la création,
de la minuscule fourmi, jusqu’au président des Etats-Unis, Hadassa
sent que le Roi des Rois des Rois s’apprête à nous rejoindre
dans nos souccots (cabanes) afin de partager, pour une semaine, notre vie quotidienne.
Elle sait qu’Il arrive comme un ami, et qu’Il serait proche de
nous, plus que tous les autres jours de l’année.
Mieux qu’un honneur, c’est une véritable joie !
- Il manque une affiche pour l’entrée ! Déclare tout à coup
Hadriel. Hadassa, est-ce que tu peux t’en charger ?
Enchantée de pouvoir également participer à l’accueil
de Souccot, la fillette accepte sans hésiter.
Après une longue recherche parmi ses affaires, Elle choisit une image à colorier
représentant « Kati soukati », l’un des personnages
de son livre préféré. Dans cette image la drôle
de poupée tient dans ses mains un bouquet de loulav : Etrogue (cédrat),
Loulav (palmier), Hadas (myrte) et Arava (saule).
Comme le reste de sa famille, Hadassa travaille à présent avec
acharnement ! Le dessin est maintenant presque entièrement colorié.
Il ne manque qu’un ou deux espaces sans couleur.
C’est alors que tout se précipite ! Papa range sa boite à outils,
Yossi allume la soucca, Sarah range l’échelle tout en annonçant,
qu’elle entrera la première dans la douche, tandis que Hadriel
appelle Hadassa afin de fixer l’affiche sur la porte :
- Mais je n’ai pas fini ! répond-elle contrariée, il me
reste …
- Je suis désolé, petite sœur, mais nous n’avons plus
le temps ! Et ne te fais pas de soucis, car il est très beau ainsi !
rassure-t-il, en lui prenant le dessin des mains.
Puis à l’aide de sa grosse agrafeuse, il le fixa sur la porte.
La nuit, allongée sur son lit que papa a accepté de descendre
afin qu’elle aussi puisse dormir avec les grands, Hadassa contemple avec
délice la soucca familiale. Elle la trouve magnifique, avec ses guirlandes
accrochées sans clou ni fils de fer sur le toit de branchage, ses tentures
de tissus légers, et enfin ses images, celle de « ouchepizin » par
exemple (c’est un mot hébreu un peu compliquer qui désigne
les sept invités de marque Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse,
Aaron, et David, que l’on reçoit chaque jour durant la semaine
de souccot). Puis son regard se porte sur la porte de bois. Elle aperçoit
alors son dessin.
- Quel dommage que je ne l’aie pas terminé à temps ! pense-t-elle.
Le pauvre étrogue (cédrat) a l’air un peu malheureux sans
le marron de son petit bout de branche !
Puis elle se met à bailler de toute sa mâchoire ! Après
les émotions de la journée, elle a bien méritée
une bonne nuit de sommeil !
Et ses yeux se ferment !
- Vous rendez-vous compte
que sans mon petit bout de branche, se lamente à cet
instant précis le étrogue,je suis « passoul » !
Cela signifie que je ne sers plus à rien !
- Pour être franches nous ne sommes pas mécontentes que tu sois « passoul » !
lui répondent les deux branches de arava (saule). L’idée
de se faire secouer en direction du sud, du nord, de l’est et de
l’ouest, du haut vers le bas et du bas vers le haut, ne nous est pas
du tout agréable ! Et nous sommes ravies d’éviter cette
coutume un peu … débile !
- Faire partie du bouquet, n’est pas très important pour vous
? ! questionnent surpris les trois brins de Hadas (myrtes).
- Non ! déclarent-elles sans la moindre gène, car nous aimons
la tranquillité, et détestons être bousculées !
- Cela ne m’étonne pas des « sans goût » et « sans
odeur » (le saule n’a pas odeur, et pas de fruit) ! marmonne la
longue branche de palmier.
C’est le moment que choisit la drôle de petite figurine pour sortir
du dessin. Dans un saut spectaculaire, elle atterrit beau milieu de la table,
pose la gerbe à ses pieds, et dit :
- Bonsoir les amis, et bonne fête de Souccot ! Je me présente,
je m’appelle Kati Soucati ! Pour vous servir, et vous aider à faire
descendre la lumière du Roi des rois des rois de l’en haut vers
l’en bas ! J’ai emmené pour cela (arba aminim) « les
quatre sortes » qui unies toutes ensembles et dans un même mouvement,
ont le fabuleux pouvoir de diriger des « faisceaux de merveilles Divine » vers
de celui qui les secoue !
Et Kati Soucati fait la révérence.
- Et bien je crois que tu vas avoir du travail ce soir !, ose, d’une toute
petite voix un des Hadas, car la situation semble un peu compliquée
!
- Ah, et pourquoi donc ? s’exclame Kati un peu inquiète. Vous êtes
toutes ici, n’est ce pas ?
- Oui !
- Alors quel est le problème ?
- Le problème ? Et bien voilà, pleurniche le petit fruit jaune.
Etant donné que Hadassa n’a pas terminée le dessin, je
ne suis pas utilisable ! De plus Arava et Arava ne veulent pas s’associer…
- … Ce n’est pas bien grave, coupe le Loulav avec emphase, car
les deux jumelles sont inférieures au reste de la bande ! Nous n’avons
donc pas besoin d’elles !
- … Inférieures !? s’écrit Arava (saule) furieuse.
Mais que crois-tu être donc, du haut de ta tige ! Nous savons tous ici
que tu n’es qu’un beau parleur, rien de plus !
- Allons, allons ! Un peu de calme ! tente de concilier Kati Soukati. Ce n’est
pas très joli de se fâcher ainsi, surtout après les jours
si importants que nous venons de traverser ! Bien, attaquons nous à la
première difficulté !
Elle prend dans sa main le cédrat, et sort de sa poche une loupe. Avec
beaucoup d’attention, elle examine le haut du fruit :
- Mmm…, fait-elle soucieuse, en effet, ton « Pitam » n’est
pas en très bon état !
- Mon quoi ? questionne Etrogue.
- Ton « Pitam », c’est ainsi que l’on appelle ce petit
bout au dessus de ta tête ! Voyons ce que l’on peut faire pour
toi !
Elle glisse le bras dans son sac et en sort un minuscule flacon sur lequel
est inscrit en grosses lettres : POUDRE de HIDOUR.
- C’est exactement ce qu’il te faut !
- Tu en es sûre ?
- Absolument ! Lis le toi-même : Spécial Etrogue.
Aussitôt elle ouvre le flacon et saupoudre généreusement
la poudre sur le cédrat.
Celui-ci éternue à deux ou trois reprises :
- Alors comment te sens-tu ?
- Mieux ! Et mon Pitam ?
Kati approche à nouveau sa loupe sur le fruit :
- C’est arrangé ! Ce n’est pas impeccable, mais tu es à présent
Cacher !
- Vraiment ! C’est merveilleux !
- Bien que chacun reprenne sa place ! Nous pouvons commencer ! disent les Hadas
avec enthousiasme !
- Commencer ! Je vous reconnais bien, vous les « sans goût » mais
avec odeurs (la myrte n’a pas de fruit comestible, mais elle a une bonne
odeur) ! Toujours prêtes à l’action !
- Monsieur loulav et sa philosophie…Ricanent les sœurs arava (saule).
- De la part d’oies à plumes vertes, rien ne m’émeut
!
- Oh… ! se désole Etrogue, c’est bien triste de vous entendre
vous disputer ainsi !
- Oui bien triste ! rajoute Kati Soukati. Et si la dispute ne cesse pas, nous
ne réussirons jamais à attirer la force de l’En haut !
- De tout façon, tout le monde dort ici, notre histoire n’intéresse
personne ! répond Loulav.
- Mais c’est trop dommage ! s’écrit à nouveau Etrogue.
Vous ne savez pas ce que nous perdons !
- Que perdons-nous ?
- Nous allons rater l’abondance de souccot, en hébreu on l’appelle
Chéfa de souccot !
- L’abondance de souccot, le Chéfa ? Qu’est ce que c’est
?
Kati soukati fouille son sac et en sort un livre qu’elle feuillette rapidement
:
- Voilà dit-elle, c’est écrit ici : Sachez mes amis que
le Roi des rois des rois s’approche si près de nous durant cette
fête, que la terre entière reçoit davantage.
Imaginez-vous une sorte pluie dont les gouttes ressembleraient à des étoiles
filantes ! Vous, le bouquet du loulav, êtes les seuls à pouvoir
recueillir cette pluie très particulière, et à la faire
pénétrer dans le cœur de celui qui vous agite !
- C’est pour cela que l’on nous assemble qu’à cette époque
de l’année ?
- Exactement !
- Abondance ou non, nous refusons de danser la samba ! Cette pluie restera
dans le ciel, ou tombera dans la mer, cela nous est tout à fait égal,
car de toutes les manières nous n’y croyons pas ! N’est-ce pas Arava !
- Absolument ! Vous devrez vous débrouiller sans …
Les deux arava n’ont pas le temps de terminer leur phrase, qu’un
vent se met à souffler à l’intérieur de la soucca.
Il soulève un pan de la nappe blanche qui recouvre la table, froisse
les tentures, dérange les guirlandes multicolore du toit.
Dans son lit, Hadassa frissonne, et remonte la couverture à son cou.
Le vent souffle encore. Il secoue à présent si fort que l’affiche
de nos amis manque de peu de se décoller de la porte !
- Vite, retournons dans le dessin avant qu’il ne s’envole ! dit
Kati soukati tout en attrapant de ses deux mains le bouquet. Accrochez vous
je saute !
Aussitôt dit aussitôt fait !
Mais le vent souffle davantage, et deux des agrafes qui tiennent l’affiche
cèdent sous la force de son souffle.
La feuille se balance à présent du haut vers le bas :
- Qu’allons nous faire, pleurnichent les deux consoeurs. Nous qui refusions
de nous faire secouer, nous voilà bien servies !
- Kati, tu n’as rien à nous proposer ? gémissent les trois
brins de Hadas.
- J’ai les mains prises à présent, répond cette
dernière, je ne plus consulter mon livre ! Cependant il me semble bien
avoir lu que le loulav avait comme pouvoir de chasser les mauvais vents ! Et
puis je me souviens également qu’il est écrit que toute
personne qui secoue le Loulav avec ferveur, ouvre devant lui les sept portes
du ciel et se retrouve face au trône du Roi, des rois des rois ! Sa prière
arrive donc directement devant le Créateur de l’univers ! Si vous
voulez que nous essayions, je suis prête !
- Oui, oui, nous le voulons, nous l’exigeons ! crient d’une même
voix les deux arava.
Kati Soukati se concentre,
soulève le Loulav, et commence à le
secouer ; d’abord à l’Est, puis au Sud, ensuite à l’Ouest,
au Nord, vers le haut, vers le bas et cela tout en le ramenant à chaque
fois fort, très fort, vers son coeur, afin que le maximum de Chéfa-(abondance)
entre en lui.
- Maître du monde prie-t-elle enfin, fait que nôtre affiche ne
s’envole pas !
Un tourbillon de lumière de bulles de perles et de paillettes arrivant
du haut du ciel entoure Kati soukati et son bouquet de loulav,puis les faisceaux
se concentrent sur le coeur de la petite fille est y pénètre.
- Ouah, c’est …, c’est …
- C’est plus merveilleux que tout ce que nous avons connue jusqu’à aujourd’hui
! Avouent les deux branches de Arava. Pardon Etrogue, et pardon Kati Soukati,
car c’est bien vous qui aviez raison ! Pardon Loulav, et pardon les brins
de Hadas. Car nous comprenons aujourd’hui pourquoi d’être
ensembles est si important, et si formidable ! Le Chéfa de Souccot est
ce qu’il y a de plus extraordinaire dans toute la création !
Ce n’est qu’à la synagogue Au moment même où tous
les fidèles, agitent leur loulav vers les quatre points cardinaux que
le rêve de Hadassa revient à son esprit !
Elle revoit le tourbillon de lumière, et la joie de ceux qui l’ont
reçu.
C’est pour cela que bien qu’étant une petite fille pas encore
Bat-mitsva (majorité religieuse des filles) elle accepte avec joie lorsque
son papa lui propose d’accomplir cette Mitsva (commandement).
A son retour dans la soucca familial, Hadassa court s’assurer que sa
belle affiche est encore sur la porte.
Elle constate rassurée que Kati Soukati, le sourire aux lèvres,
tient toujours son Loulav !
Hag saméah les enfants, et n’oubliez pas le Chéfa de Souccot
lorsque vous agiterez votre Loulav (surtout si vous passez les fêtes
en Israël) !