Voici venu
le temps béni des tours operators et autres modes d’acquisition
de vacances. La voiture va être révisée, les billets de
train et d’avion réservés, les maillots de bain tendance
prêts à être exhibés. Pour bon nombre de personnes,
le temps du départ en vacances est proche.
Vacances…curieux mot ! Vacances de quoi ? Vacances d’activités
régulières et monotones parfois, rupture avec un cadre quelque
peu contraignant, perspectives sur d’autres paysages. Vacances en hébreu
se dit Hofesh. Curieusement, les lettres de ce mot peuvent être composées
d’une autre manière : Hapess. Hapess, qui signifie en hébreu
Rechercher. Rechercher quelque chose dont nous savons qu’il existe et
dont nous ne savons pas encore identifier avec précision le lieu. Imaginons
alors que les vacances seraient cette recherche, recherche de retrouvailles
avec nous-même. Avec les autres. Leur proximité nous paraît
telle au quotidien que nous ne les voyons presque plus... les observons de
moins en moins. Réduits à ce décor qui va partir avec
nous qui sommes en quête de visions et découvertes autres. Or,
nous faisons aussi partie de ce décor, nos mondes intérieurs,
nos interrogations, nos doutes suffisamment enfouis afin que nous ne succombions
pas à l’envie de les déterrer. Peut-être le moment
est-il venu alors de réfléchir à cette possibilité qui
nous est offerte de re-découvrir, de re-dialoguer avec nous-même.
Mais, au-delà, avec tous ceux qui nous sont proches parce qu’enfin
nous allons disposer de cette denrée si rare dans notre société chronophage
: Le temps. Plus encore, dans tous ces lieux où nous allons nous rendre,
la prolifération d’activités proposées vont emplir
ce temps comme si nous redoutions la solitude d’une Rencontre : Nous,
face à l’Autre et/ou aux Autres. Il est vrai que toutes ces plages
d’activité sont terriblement agréables. Cependant, nous
savons parfaitement que la Torah ne nous enjoint pas la quête de l’Agréable
mais du Bon, le Bon ne désignant pas nécessairement l’Agréable
dans son immédiateté.
Défions-nous de ces cours d’équitation, de golf et autres
activités qui ne sont, en fait, que d’illusoires substituts à ces
heures de prise en charge scolaire. Mais parce que tellement plus agréables
pour l’Enfant, nous donnant l’impression gratifiante que « c’est
de cela qu’il a réellement besoin ! ». Il n’est pas
simple de rédiger ces lignes, d’évoquer ces hôtels,
espaces de villégiature tandis que certains ne peuvent y accéder,
aux prises avec une situation économique difficile. Mais convient-il
de réduire ce constat à une simple réflexion, à une
distante et confortable vue de l’esprit ? Ces vacances sont aussi les
moments dans lesquels nos enfants vont nous observer de plus près -
car officiellement plus présents à côté d’eux.
Véritables moments d’apprentissage en réalité, et
dans lesquels ils découvrent notre véritable manière de
vivre sous tous ses états. Mais sommes-nous prêts à supporter
leur regard ? Paris, la plage, même température… Sur la
plage, exhiber son corps est devenu normal, voire même recommandé.
Avec accusé de réception ? Vacances à l’épreuve
desquelles les conventions sociales volent en éclat : vacances dans
lesquelles nous allons révéler à nous-mêmes et nos
enfants si nos exigences de l’année ont valeur d’absolu
ou si elles sont relatives à un cadre dans notre manière de nous
nourrir, notre look, notre étude : notre mode de fonctionnement.
Vacances dans lesquelles les espoirs de rencontre parfois sont
tels que c’est
une illusion de nous-même que nous présenterons en pâture
au regard des autres. De belles coquilles multicolores, connotées et
référencées selon les lieux dans lesquels on les a ramassées…
Il suffirait juste peut-être d’un petit effort pour changer la
donne ! Se fixer des objectifs personnels afin d’établir ou rétablir
des relations de qualité dans lesquelles nous commencerons d’abord
par révéler à l’Autre son importance à travers
le temps que nous saurons prendre pour le re-garder à nouveau. Moments
dans lesquels peuvent alors se nouer de réelles complicités qui
nous permettront d’aborder l’année et ses courses poursuites
avec plus de sérénité de par la certitude d’une
relation plus vraie. « Chimères que tout cela ! », me direz
vous. Peut-être…
Toutefois, même si cette proposition est moins exciting que de s’essayer
au surf, ou au rafting, il n’est pas interdit de se lancer.