Logo Lamed.frhttp://www.aish.comAccueil Lamed.fr
...
.

Paracha

.
...
...
.

Soutenez-nous

.
...
Paracha / Exploration back  Retour

Le Septième Jour

Comme le nom de cette parasha l'indique, le peuple s'est réuni autour de Moshé pour entamer l'étude de la Torah reçue au mont Sinaï.

La première leçon concerne les lois de Shabbat .

Cela n'est pas surprenant; nous savons que le Shabbat est un des commandements les plus importants, la pierre angulaire du Judaïsme.

Certains commentateurs mettent l'accent sur la juxtaposition de cet enseignement à la faute du veau d'or. L'épisode du veau d'or a été, d'une certaine façon, un acte d'idolâtrie. Le Shabbat , attestant que D-ieu a créé le monde en six jours, représente donc l'antidote spirituel de l'idolâtrie. En fait, comme nous l'avons expliqué dans la parasha précédente, en fabriquant le veau d'or, le peuple a voulu "connaître" D-ieu. Moshé enseigne que le Shabbat est la solution pour tendre vers ce but. Si vous êtes à la recherche de D-ieu et souhaitez le connaître, observez le Shabbat . C'est la meilleure façon de "vivre le Divin".

INSISTANCE A PROPOS DU Shabbat


Bien avant la faute du veau d'or, les Juifs avaient déjà reçu l'ordre de respecter le Shabbat . L'insistance de la Torah concernant le respect du Shabbat , nous interpelle. En effet, l'idée du Shabbat a déjà été mentionnée à quatre reprises dans le livre de l'Exode [16:23, 20:7-10, 23:12, 31:13-17], et la tradition nous enseigne qu'à Marah [15:25] les juifs avaient également reçu l'ordre d'observer le Shabbat . [Voir Sanhedrine 56a, Rashi 24:3].

Pourquoi alors, mentionner pour la cinquième (ou sixième) fois l'observance du Shabbat ?

Une lecture plus attentive des enseignements contenus dans notre parasha va peut-être nous éclairer:

" Durant six jours le travail sera fait; et le septième jour, sera saint pour vous, un repos complet pour l'Eternel. Quiconque y fera un travail sera mis à mort. Vous n'allumerez pas de feu dans toutes vos demeures le jour du Shabbat ." [Exode 35: 2-3 ]

Nous pouvons dégager de ces versets deux idées principales:
l'interdiction d'un certain type de travail, appelé mélakha
l'interdiction d'allumer le feu.

Plusieurs questions se posent immédiatement: quelle est la définition de "mélakha"? Pourquoi le feu est-il exclu de la catégorie de "mélakha" et mentionné séparément?

Ces questions sont traitées abondamment dans le Talmud, et bien sûr, aucune loi de Shabbat ne peut être comprise sans la amida -- c'est-à-dire, sans les définitions spécifiques du travail d'une part, et la spécificité du feu d'autre part.


CONSTRUCTION DU Mishkane

Le cadre général de cette parasha concerne l'élaboration du Mishkane, le Tabernacle. Le mot mélakha est utilisé pour décrire le travail nécessaire à la construction du Mishkane [par exemple 35:21, 35:31, 35:33, 35:35, 36:1, 36:2, 36:3, 36:4, 36:5, 36:6, 36:7, 36:8]. Ce même mot -mélakha- est également utilisé lorsque Moshé enseigne les lois d'observance du Shabbat .

Nos Sages en déduisent que les types de travaux décrits pour la construction du Mishkane sont ceux interdits le Shabbat lorsque la Torah ordonne de ne faire aucune mélakha le septième jour.

Cela dit, une question plus simple remplace maintenant nos questions précédentes: pourquoi les lois de Shabbat sont-elles déduites des lois traitant de la construction du Mishkane?

Dans un sens littéraire et littéral, nous pouvons dire que nous avons déjà répondu à cette question: le même mot, mélakha, est utilisé dans les deux passages. Mais en approfondissant, cette réponse élude la question. Après tout, D-ieu avait d'autres possibilités pour définir avec précision la signification du mot mélakha. Pourquoi est-ce spécifiquement d'ici, de cette parasha qui décrit la construction du Mishkane, que sont déduites les lois de Shabbat ? Il doit y avoir une relation intrinsèque entre Shabbat et le Mishkane.

Des deux concepts, le Mishkane semble pour nous le plus difficile à comprendre. Pourquoi D-ieu aurait-il besoin d'une "maison" sur Terre? Cette question a été posée dans le Midrash . (Notez que le terme Mishkane désigne le Tabernacle alors que le terme Mikdash fait référence au Sanctuaire ou au Saint des Saints dans le Tabernacle):


Quand le Saint Béni soit-Il a dit à Moshé: "Faites pour Moi un Mikdash afin que J'y réside"[Exode 25: 8], Moshé lui répondit: "Maître de l'Univers, les cieux et l'au-delà ne peuvent Te contenir, et Tu dis "faites-Moi un Mikdash !". Le Saint béni soit-Il lui dit alors: "Moshé, Ma façon de penser est différente de la tienne. Même dans vingt coudées au nord, vingt coudées au sud, et huit à l'ouest, Je descendrai et Je contracterai (mitsamtsem) Ma Shekhina (présence divine) parmi vous, ici-bas". [Pessikta Dérav Kahana, Parasha 2:10, voir également Shémot Rabbah 34:1]

Le besoin n'est évidemment pas pour D-ieu, mais pour l'Homme. Le Midrash nous apprend également que pour résider dans ce sanctuaire, D-ieu réalise sur Lui-même, une sorte de "contraction", de "diminution", si l'on peut s'exprimer ainsi.

Nous nous sommes étonnés de la nécessité d'une "maison" pour D-ieu, mais après tout, cette même question peut se poser à propos du Shabbat : est-ce D-ieu ou l'homme qui a besoin d'un "jour de repos"?

D'une certaine façon, l'idée de Shabbat semble simple -- D-ieu a créé le monde en six jours et s'est reposé le septième jour. Mais en analysant cela avec un esprit critique, cela semble absurde, tout comme est absurde l'idée de penser que D-ieu ait besoin d'une "maison".

ECLAIRCISSEMENT DES ABSURDITÉS

Réexaminons le récit de la Création. Il n'y avait rien, et D-ieu créa le ciel et la terre. Ce processus de création s'est poursuivi sur six jours, à l'issue desquels D-ieu s'est "reposé".

Cette description contient un certain nombre d'anthropomorphismes profondément ancrés: le "repos" de D-ieu, la "création" de D-ieu.

Pour nous, le 'Travail' (mélakha) consiste à effectuer certaines transformations sur la matière existante. Il s'agit d'un être limité possédant une certaine créativité, mais dans un contexte délimité. D-ieu, cependant, est infini. La notion même de création fait appel au temps, à l'espace et à la matière, des concepts que D-ieu transcende. Sa création est décrit comme "yésh mé-Eyne" "quelque chose (matière) à partir de rien".

Parfois, les écritures Kabbalistiques offrent une autre compréhension du principe de la création 'yesh mé-Eyne', Eyne se rapportant au Eyne Sof, "l'infini". Ce qui signifie, quelque chose de fini émergeant de l'infini.

Considérons le problème mathématiquement: toute valeur ajoutée à l'infini produit nécessairement une somme qui est infinie. Quand D-ieu qui est infini crée une valeur finie -- c.-à-d. le monde -- la somme totale de réalité devrait rester infinie. Comment quelque chose de fini peut-il être ajouté à l'infini?

La réponse Kabbalistique à cette question est un principe connu sous le nom de tsimtsoum, "contraction".

La création n'est pas le résultat de D-ieu ajoutant quelque chose de fini; c'est plutôt le résultat de D-ieu qui se "contracte", se "retire" de l'infini, si l'on peut s'exprimer ainsi.

Nous pouvons maintenant voir la création, et donc le Shabbat , sous une perspective différente.

Le premier jour, D-ieu se retire de l'infini. Il en fait de même du deuxième au sixième jour. Finalement, à la fin du sixième jour, le monde est complet et D-ieu se repose. En d'autres termes, D-ieu revient de nouveau à une forme "non contractée", c'est un retour vers l'infini.

Shabbat est donc le jour qui représente l'infini, le jour qui reflète D-ieu dans Sa vraie dimension, et non via le "tsimtsoum".

LE Shabbat SELON LA KABBALE

Ce concept de "tsimtsoum" peut nous donner davantage d'explications sur le Shabbat .

Comme nous l'avons indiqué ci-dessus, D-ieu est au-delà du Temps; par conséquent, la Création marque le début du temps. Shabbat représente par contre l'infini. Quelle heure était-il avant la Création? C'était un moment d'infini ou, en d'autres termes, c'était Shabbat !

Ceci signifie donc que la création a eu lieu "le premier jour", le jour après Shabbat .

La création a lieu en soirée: "il fut soir, il fut matin, jour un". Par conséquent, on peut dire que la Création a eu lieu au moment même où Shabbat finissait. Le moment avant la Création est "l'infini", Shabbat , et le moment après les six jours de Création est le Shabbat , notre propre chemin vers l'infini. Les deux points indiquent le même moment du point de vue de D-ieu, bien que séparés par un monde de différence de notre point de vue.

Nous avons noté que l'homme a la possibilité de toucher l'infini en participant au Shabbat . Cette remarque peut nous aider à comprendre pourquoi le feu n'a pas été inclus dans l'ensemble des mélakhot (travaux).

Quand le Talmud discute de certains détails de la Havdala (rituel à la fin de Shabbat qui sépare le sacré du profane et au cours duquel une bougie à plusieurs mèches est allumée), le verset pris comme preuve est tiré de la Genèse:


On ne doit pas faire la bénédiction des bougies avant qu'elles ne donnent une bonne lumière. Ceci a été exposé par Rabbi Zira, le fils de Rabbi Abahou: "D-ieu a vu que la lumière était bonne", et ce n'est qu'après qu'Il déclare, "D-ieu sépara (vayavdil) la lumière et l'obscurité". [Talmud Yéroushalmi, Bérakhot, Ch. 8, p12b, amida 3].

Lorsque nous nous rendons compte que le premier jour est l'instant qui suit Shabbat , cet enseignement prend alors plus de signification. Notre Havdalah reflète ce premier et essentiel vayavdil fait par D-ieu par l'acte de la Création.

Rabbénou Bé'hayé, en commentant cette parasha, souligne ce lien de façon très claire. Il explique que le feu est séparé des autres travaux (mélakhot) dans l'enseignement transmis par Moshé, car de la même façon que D-ieu a commencé la Création par le feu en disant "que la lumière fut", ainsi l'homme commence la semaine par le feu de la Havdalah.

UNE RELATION INVERSE

Revenons maintenant aux Lois de Shabbat qui sont déduites des mélakhot (travaux) du Mishkane.

Etant donné que nous sommes des êtres "finis", notre création est nécessairement différente de celle de D-ieu. Notre créativité consiste à changer, transformer ou améliorer par nos actions, un objet existant. En d'autres termes, notre créativité implique de faire "quelque chose à partir de quelque chose", tandis que le travail de D-ieu impliquait de faire "quelque chose à partir du néant".

Alors que D-ieu "s'est retiré" afin de créer, l'Homme doit faire le contraire: se mettre en avant. Alors que D-ieu entrait dans Son "mode infini" le Shabbat , transcendant le tsimtsoum qu'Il a utilisé en créant le monde, l'Homme doit de nouveau faire le contraire: retenir ses énergies créatrices.

Ce que nous venons de décrire, c'est une relation inverse, contraire, due à la différence fondamentale entre l'Homme et D-ieu.

On peut décrire cette relation de la façon suivante: L'Homme est fait à l'image de D-ieu; nous sommes, en fait, l'image miroir de D-ieu, inversée pour ainsi dire. Par conséquent, le Shabbat nous nous "retenons", en essayant d'être comme D-ieu, en imitant le tsimtsoum de D-ieu. C'est peut-être ce que nous voulons signifier lorsque nous décrivons notre repos du Shabbat , comme une "commémoration de l'acte de la Création". Nous faisons le Shabbat ce que D-ieu a fait lors de la Création.

Nous pouvons maintenant comprendre le rapport intrinsèque entre les lois de Shabbat et la construction du Mishkane. Tous les deux représentent l'idée de D-ieu qui se retient.

CONTRACTION SYNONYME DE FORCE

J'ai une fois entendu Rav Yossef Dov Soloveïtchik, zatsal, expliquer que pour un juif, la compréhension philosophique mène à un impératif moral. Le juif doit 'imiter' D-ieu, et pratiquer le tsimtsoum dans diverses circonstances. La guévoura, "la force", tel que le stipule la Mishna , repose sur ce principe:

Quel est l'homme fort? Celui qui est capable de se contrôler. [Avot 4: 1 ]

Cette idée est au coeur de toute éthique juive, et marque un tournant radical dans la responsabilité que l'homme doit avoir envers son prochain.

Il est intéressant de noter que la Torah commence par "Béréshit bara Elokim" - le nom de Elokim étant associé au royaume mystique de la guévoura.

D-ieu "se contrôle" en limitant l'infini pour donner naissance au processus de Création. Par conséquent, nous pouvons voir le Shabbat comme l'expérience d'une journée entière de "self-control", concernant même les activités les plus banales, les plus machinales, les plus insignifiantes, et ce, uniquement parce que ce sont des activités créatrices, mélakha.

Nous espérons que ce self-control 'débordera' sur la semaine, en élevant toutes nos actions et nos pensées.

Shabbat et le Mishkane permettent à D-ieu de résider dans ce monde. Par le mérite d'incorporer le Divin dans nos vies, nous amendons le monde et établissons un canal vers D-ieu Infini.

C'était le grand message que Moshé devait transmettre aux enfants d'Israël immédiatement après son séjour en haut du Mont Sinaï.



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Ari KAHN
Le rabbin Ari Kahn, un disciple de Rav Yossef Dov Soloveitchik, est diplômé de la Yeshiva University. Il se consacre actuellement à l’enseignement à Aish HaTora ainsi qu’à l’Université Bar Ilan, où il est Directeur des programmes pour étudiants étrangers. Il donne fréquemment des conférences aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud pour le compte de cette université et d’Aish HaTora.
  Liens vers les articles du même auteur (38 articles)


Emettre un commentaire
 Nom
 Prénom
 Email *
 Masquer mon email ?
Oui  Non
 Sujet
 Description (700 caractères max) *
 * Champs obligatoires
...
.

Outils

MODIFIER LA TAILLE DU TEXTE
.
...
...
.

Et aussi...

.
...