L'interaction entre les séfirot de ‘hessed, guévoura et tiferet - bienveillance, force et beauté - sert de modèle pour comprendre les
relations qui unissent les autres séfirot.
Nous avons montré auparavant que les Dix séfirot peuvent être
divisées en trois groupes :
1. L’élément rationnel constitué des séfirot
qui préparent l’accomplissement de la volonté divine: ‘ho’hma - sagesse,
bina - compréhension et daat - connaissance.
2. L’élément actif constitué des séfirot
qui forment l’armature de la relation de D.ieu avec l’homme: ‘hessed - bienveillance,
guévoura - force et tiféret - beauté.
3. L’élément tactique constitué des séfirot
dont la principale tâche est de mettre en application de manière
appropriée les différentes activités divines: netsa’h - victoire,
hod - crainte révérentielle et yessod - fondation.
La mal’hout - royauté occupe une place à part entière.
On peut aussi placer les
séfirot en trois autres groupes distincts:
côté droit, côté gauche et centre comme ceci:
Gauche |
Centre |
Droite |
bina |
daat |
ho’hma |
guévoura |
tiféret |
hessed |
Hod |
yessod |
netsa’h |
|
mal’hout |
|
Voyons
comment marche cet équilibre pour ho’hma,
bina et daat.
L’équilibre
Nous avons expliqué auparavant que la ho’hma est composée des idées inspirées de “nulle part” ou enseignées
par un maître. Cela correspond à la création ex nihilo
de la matière, qui est un acte de ‘hessed, un acte que rien n’a
provoqué.
Ainsi, imaginons une personne
tranquillement assise dans son salon, qui, tout à coup,
est frappée par l’idée que “la vie est sacrée”.
Cette nouvelle idée est pour l’instant totalement informe et confuse.
Le processus de bina va commencer à lui donner forme en la définissant
et en la délimitant. “Quelles sont donc les vies qui sont sacrées?”,
est-ce que seulement de tuer porte atteinte à “l’inviolabité de
la vie” ou bien également de blesser ou d’humilier? Et “qu’est-on
prêt à sacrifier afin de respecter ce principe?” Ces questions
ont, comme la guévoura/din, pour action de restreindre la qualité de
cette idée. Elles la découpent et la façonnent alors qu’au
départ elle était indéfinie et sans bornes.
Plus nettement caractérisée, la bina est une “force opposée”,
qui rogne certains morceaux de la ho’hma, là où l’idée
ne peut être appliquée.
La daat est alors obtenue
en combinant ho’hma et bina. Lorsque quelqu’un
a en main à la fois l’idée/l’idéal et son
application, il a dès lors accès à la réalité concrète.
La daat n’est pas un compromis entre la ho’hma intégrant
toute chose et le défi absolu lancé par la bina. Au contraire,
c’est la vision qui se veut exhaustive qui les intègre tous les
deux de manière merveilleuse et impalpable.
Vue en trois dimensions
Illustrons nos propos au
moyen d’un instrument de projection en trois
dimensions qu’on utilisait autrefois. L’effet de relief est obtenu
grâce au fait que chaque œil regarde la même image sous un
angle légèrement différent. En s’efforçant
de rectifier les deux séries de signaux qui lui parviennent en même
temps, le cerveau produit une image en trois dimensions qui s’accorde
avec les deux types de signaux. L’image en relief est “l’image
réelle” et le cerveau réalise que chaque œil ne voit
qu’une partie de l’image authentique.
Le Maharal se sert de cet
exemple pour sa démonstration. Il cite pour
cela le Talmud qui affirme que Jérusalem est le centre du monde et que
le Temple est situé au centre même de Jérusalem.
Du point de vue géographique, cela paraît tout à fait
naturel car, au temps du Talmud, Israël se trouvait à la jonction
des seuls continents connus, l’Afrique, l’Asie et l’Europe;
par conséquent, Jérusalem en formait le centre et le mont du
Temple y était au milieu. Mais il est évident que ce n’est
pas l’aspect purement géographique qui intéresse leTalmud.
D’après le Maharal, “le centre du monde” signifie
que toute forme d’”extrémisme” conduit au mal - “extrémisme” non
pas dans le sens “fanatisme” mais plutôt dans celui d’observation
partielle d’une image.
Si une personne faisait
preuve d’amour pur et inconditionnel, c’est
comme si elle approuvait les Nazis, qu’elle formait des criminels et
qu’elle incitait les trafiquants, car elle ne ferait que donner et encourager.
Elle ne critiquerait ni ne condamnerait ni ne punirait jamais.
D’un autre côté, si elle était sans pitié et
n’accordait jamais de quartier, on pourrait dire d’elle qu’elle
n’est que méchante. Nul ne peut être continuellement parfait
et si la moindre erreur provoquait un désaste total, alors ce ne serait
qu’une question de temps pour que tout s’écroule.
Aborder les choses d’un seul côté conduit au mal et à la
destruction.
Le but du Temple
Le temple avait deux buts:
1. Il était destiné à être l’exemple-type
de la perfection spirituelle, l’échelle permettant de mesurer
notre niveau moral
2. Il devait être un endroit où nous verrions l’expiation
et le pardon des fautes que nous aurions commises.
Puisque le fait de se tourner
d’un seul côté est la cause
de tous les péchés, l’endroit où se situent la perfection
et la correction des fautes est nécessairement le “centre du monde”.
C’est un point où se rassemblent tous les comportements et les
modes de raisonnement.
Ce concept nous permet
de mieux saisir la discussion qu’ont les sages
du Talmud au sujet de la création de l’homme. Dans le livre de
la Genèse, il est écrit que D.ieu prit de “de la poussière
du sol” pour le créer. L’endroit où cela fut pris
est l’objet de leur controverse. Un rabbin affirme que D.ieu ramassa
de la terre aux quatre coins du monde. Un autre dit que D.ieu utilisa de la
terre située à l’emplacement de l’Autel (dans le
Temple).
En fait, les deux arguments
conduisent au même résultat. L’homme
est unique parmi les animaux en raison de l’équilibre qui existe
entre ses différents traits de caractère. Par exemple, un mouton
est d’un naturel doux et par conséquent ne “terrorisera” jamais
personne, alors qu’un chien bull-terrier peut au contraire devenir agressif.
Le caractère de tout animal est fixé une fois pour toute et ne
peut pas changer. Il y a des moments où l’on peut exploiter ce
caractère et d’autres moments où il est latent.
L’homme peut être à la fois doux et inoffensif comme un
agneau ou bien être féroce comme un bull-terrier. Cela est vrai
pour presque tous les traits de caractère. (C’est également
vrai pour ses qualités physiques, car l’homme peut s’adapter à presque
tous les climats et tous les endroits géographiques. Il peut vivre au
Pôle Nord comme à l’équateur, dans la jungle comme
dans le désert…et même à Paris.)
La question est la suivante:
de quelle manière cette capacité fut-elle
incorporée dans l’homme?
Une des réponses est que “D.ieu prit de la terre aux quatre coins
du monde”, ce qui signifie qu’Il inséra en lui chaque trait
de caractère, chaque qualité et chaque attribut existant au monde.
Selon l’autre réponse, il est plus important d’intégrer
l’homme au “centre de la création en prenant de la terre
sous l’Autel du Temple.
L’aptitude d’utiliser toutes les facettes de la création
ne réside pas seulement dans leur possession mais plus encore, dans
la possession de cet unique “point central”. Celui-ci n’est
pas relié à un point spécifique mais il les contient tous
et est capable d’orienter et d’utiliser chacun d’eux en temps
et en place voulus.
Traduction et Adaptation
de Claude Krasetzki