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Les 13 articles de foi - article 13

Pourquoi la réunion de l’âme et du corps est-elle indispensable en tant que récompense dans le monde à venir ?

D’après une série de conférences prononcées par le Rabbin Ya‘aqov Weinberg, de mémoire bénie.

La résurrection des morts est un principe fondamental de la Tora de Moïse. Celui qui n’y croit pas n’a pas de lien avec le peuple juif. Mais [la résurrection] est seulement pour les justes, comme il est écrit dans Berèchith Rabba : " La pluie est pour les méchants comme pour les justes, mais la résurrection n’est que pour les justes." Car comment les méchants pourraient-ils retrouver la vie alors que, même dans ce monde-ci, ils sont considérés comme morts ? Tandis que les justes, même quand ils sont morts, sont considérés comme vivants.

Les 13 articles de foi de Maïmonide

POURQUOI LA RESURRECTION ?

Il serait beaucoup plus facile de comprendre ce principe, le dernier des quatre relatifs à la récompense et à la punition, s’il avait concerné le monde à venir. On ne peut en effet croire en une justice absolue sans une telle conviction ? Où pourrait-il exister une vraie récompense et une vraie punition dans un monde où tant d’innocents et de justes souffrent pendant que tant de méchants semblent jouir d’une vie agréable ? Si ce monde-ci est tout ce qui existe, comment peut-il y avoir un système de récompenses et de punitions ? Si, en revanche, ce monde-ci n’est pas une fin en soi, on peut croire en une récompense et une punition dans une vie après la mort. C’est là-bas que seront tirées les conséquences de nos actes ici-bas.

Pourquoi alors ce principe ne postule-t-il pas l’existence du monde à venir ? Pourquoi Maïmonide a-t-il choisi précisément l’idée de la résurrection des morts ?

En fait, la résurrection et le monde à venir font partie du même concept, car avec la résurrection commence le monde à venir. Avant la résurrection, personne ne prendra part au monde à venir. Notre tradition nous apprend qui les âmes des morts attendent la résurrection dans le Jardin d’Eden, et qu’il existe également un endroit pour le" nettoyage " des âmes, le gueihinnom qui, dans un certain sens, est aussi une récompense venue de D.ieu. Car celui qui a atteint le gueihinnom est assuré d’y être préparé pour le monde à venir.

Il est évidemment préférable d’échapper dans la mesure du possible à cette " récompense ". Néanmoins, les âmes qui ont traversé le gueihinnom se joignent à celles qui sont allées directement au Jardin d’Eden, et elles attendent toutes là-bas le " grand et terrible jour du jugement " dont parlent les prophètes (voir notamment Malachie 3, 23). Ce Jour du Jugement est le jour de la résurrection des morts, quand tous seront jugés quant à leur position dans le monde à venir. Jusqu’à la résurrection, aucun être humain n’entrera dans le monde à venir.
Comment se fait-il, alors, que Maïmonide envisage ce principe sous l’angle de la résurrection au lieu de celui du monde à venir ?

LE CORPS EST IMMORTEL

L’homme n’est pas une âme attachée passagèrement à un corps éphémère. Si c’était le cas, la résurrection n’aurait d’autre importance qu’un retour de l’âme dans sa prison physique.

La résurrection signifie que l’homme, dans la totalité de son corps et de son âme, est immortel.

L’homme est à la fois une âme et un corps. Il a besoin par conséquent de s’attacher à un futur où soient impliqués à la fois son âme et son corps. La résurrection est le retour du corps vers l’âme de telle façon qu’ils puissent ensemble atteindre cet avenir.

Si le monde à venir ne concernait que l’âme, l’homme serait-il disposé à donner la vie entière de son corps pour un néant futur ? Nous avons toujours compris que l’âme est immortelle et qu’elle ne meurt jamais. Quant à l’immortalité de l’être humain, nous l’envisageons par la résurrection du corps. La résurrection signifie que l’homme dans sa totalité, dans son corps et dans son âme, est immortel.

La relation du corps et de l’âme est comme celle d’un aveugle et d’un paralytique (Sanhédrin 91b). Un paralytique a vu dans un verger une belle figue bien mûre, mais il ne peut pas l’atteindre. A ses côtés, un aveugle peut l’atteindre, mais il ne la voit pas. Ainsi, le paralytique demande-t-il à l’aveugle de le porter à travers le verger et ils s’emparent ensemble du fruit.

Peu de temps après, arrive furieux le propriétaire du verger qui commence à les questionner. Le paralytique dit : " Ai-je des jambes pour y être allé ? " L'aveugle : " Ai-je des yeux pour avoir vu le fruit ? "

Le propriétaire réfléchit un instant, puis il fait monter le paralytique sur les épaules de l’aveugle. A présent qu’ils sont ensemble, il a trouvé son coupable, et donc il les punit tous les deux.

De même qu’il ne pourrait pas y avoir de punition pour le paralytique seul, de même ne peut-il pas y avoir de récompense ou de punition pour l’âme. Seule, elle ne peut pas pécher. Elle ne peut pécher que dans son corps.

Les notions de récompense et de punition ne peuvent s’appliquer qu’à l’entité constituée par la personne, réunion du corps et de l’âme. Ce n’est que de cette façon que la justice peut être rendue. L’âme ne peut pas entrer dans le monde à venir sans le corps. Est-il possible, après que l’âme et le corps ont été réunis dans le monde à venir, que le corps en soit rejeté ? Une âme n’est pas une image de D.ieu. Un corps n’est pas une image de D.ieu. L’âme n’a pas de libre arbitre. Seuls les deux ensemble possèdent le libre-arbitre, seuls les deux ensemble sont une image de D.ieu.

Une âme n’est pas une image de D.ieu. Un corps n’est pas une image de D.ieu. L’âme n’a pas de libre arbitre. Seuls les deux ensemble possèdent le libre-arbitre, seuls les deux ensemble sont une image de D.ieu.

L’union du corps et de l’âme est ce qui nous rend plus grands que les anges. Quand Moché rabbeinou s’engagea dans une controverse avec ceux-ci pour démontrer qu’ils ne pouvaient pas recevoir la Torah, c’est à cause de cette union particulière du corps et de l’âme que le peuple juif a été jugé digne de la recueillir (Chabbath 88b-89a). C’est de cette union qu’il est question dans le treizième principe, selon lequel le corps, d’une certaine façon, atteint l’immortalité avec l’âme.

LA RESURRECTION DU PHYSIQUE

Le Rambam nous apprend qu’il n’y aura dans le monde à venir ni manger, ni boire ni dormir (Rambam, Michné Torah, Lois du Repentir 8, 2). Cet enseignement est au centre d’un débat entre Maïmonide et Ramban, et il a souvent été mal compris. Dans le monde à venir, le corps ne sera pas ressuscité pour mourir ensuite. Pour Maïmonide, le corps, après la résurrection, cessera d’être un corps tel que nous le connaissions (Ibid.). Sa transformation signifie qu’il deviendra tellement saint qu’il deviendra spirituel, et transcendera les limitations physiques imposées sur lui dans le monde terrestre. Néanmoins, il conservera son existence propre, son sens de l’être.

Ramban est en désaccord avec l’affirmation de Maïmonide selon laquelle le corps ressuscité cessera d’exister au sens physique. Il est convaincu qu’il conservera toujours ses limitations physiques, celles-ci lui étant nécessaires pour qu’il soit conscient de son existence.

Dans cet état de spiritualité, en ayant appris à connaître le Créateur, l’homme atteindra un niveau d’extase situé au-delà de notre compréhension en tant que mortels. Comme le décrit le prophète (Isaïe 64, 3 ; voir Berakhoth 34b), "aucun œil ne l’a jamais vu ". Le monde à venir est inconcevable ; le prophète lui-même ne peut pas le décrire. Il est au-delà de la possibilité d’un être humain de comprendre ce que signifie être relié à la Source de toute existence.

Il est particulièrement stupide de dire, comme le font certains : "Qu’y a-t-il de plus ennuyeux que le Ciel ! " Bien sûr, ils imaginent le Ciel en termes des plaisirs sensuels de ce monde. La raison pour laquelle les plaisirs sensuels excessifs ne satisfont pas, et peuvent même finir par dégoûter, est qu’ils ne sont pas, à l’extrême, de vrais plaisirs. Ils ne servent, pour la plupart, qu’à s’évader de la douleur et de l’effort à fournir pour un vrai plaisir.

La sensation d’un " être " total, en revanche, celui d’un accomplissement, celui d’avoir atteint ses buts ultimes, voilà un vrai plaisir dont on peut jouir même en ce monde-ci. La joie d’un enfant dont les parents admirent l’image qu’il a dessinée, la passion de résoudre un problème difficile, ou le ravissement qui se dessine sur le visage d’un enfant qui a rapporté à la maison un livret scolaire flatteur, toutes sont de vraies expériences – même si elles ne sont que partielles – du plaisir ultime.

Cette expérience ultime d’une union avec l’Existence véritable et absolue exige une participation de l’ensemble du corps et de l’âme. Sans la résurrection, sans que l’homme sache qu’il va un jour, tel qu’il se perçoit maintenant, éprouver ce plaisir, l’idée du monde à venir serait sans pertinence. L’idée que seule leur âme continuerait d’exister dans le monde à venir n’impressionne pas les gens. Ils ne peuvent pas se passionner pour une telle existence parce qu’ils sentent que leur âme seule n’est pas l’ensemble de leur être.

Le principe de résurrection implique que le corps n’est pas simplement un objet mais qu’il est un sujet. Le corps fait partie de la personne elle-même. D’où les devoirs d’enterrer et d’honorer les morts. De même, le judaïsme interdit-il l’incinération et l’utilisation de cadavres à des fins scientifiques, qui traitent le corps humain comme un objet.

Cet article est un extrait de : Fundamentals and Faith : Insights into the Rambam’s 13 Principles, du Rabbin Mordekhaï Blumenfeld.

Traduction et adaptation de Jacques KOHN

 

Série "Les 13 articles de Foi de Maimonide"
 
 
article 12 L'Ere Messianique
 


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Mordechaï BLUMENFELD
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