2ème partie : Une communication directe entre l’homme et D.ieu

" Il faut que nous sachions qu’il y a des hommes de grande capacité et dont la perfection permet à leurs âmes de recevoir une forme intellectuelle totalement pure. Leur intelligence humaine reste fidèle à cet intellect actif et reçoit une émanation profonde. Ces [hommes] sont des prophètes et ce [processus] est la prophétie. Expliquer clairement ce principe serait long, et notre intention n’est pas d’en citer des preuves, ni de présenter à son sujet un exposé complet, car ce serait le dénaturer. De nombreux versets dans la Torah attestent du don prophétique qu’ont possédé beaucoup de nos prophètes. "

Les 13 articles de foi de Maïmonide

Le premier article de foi de cette série et qu’il faut être conscient du fait que D.ieu communique avec les êtres humains, et le tenir pour exact. Le Rambam décrit l’expérience de prophétie de la façon suivante :

" L’information qui est livrée à un prophète dans une vision prophétique lui est transmise par une parabole dont la signification est immédiatement gravée dans son cœur, de telle sorte qu’il sait ce qu’il en est " (Rambam, Michné Torah, Hilkhoth yessodei ha-Torah 7, 3).

Il résulte clairement de cette description que la source de la communication est externe. Il n’existe aucun moyen pour l’homme pour découvrir la volonté de D.ieu autrement que par un message direct de cette nature.

Le choix par le Rambam du mot " prophétie " au lieu d’" inspiration " est significatif.
La prophétie se définit comme l’aptitude de l’homme à recevoir de D.ieu un message direct et clair. Elle implique, selon les termes employés par la Torah, la réception des véritables paroles du Tout-puissant. Selon la définition qu’en donnent les prophètes, en revanche, elle est marquée par la réception d’une vision, d’une image mentale, avec son interprétation exacte. Dans les deux cas, un message clair et distinct émane de D.ieu et est perçu par l’homme.

Quant à l’inspiration, elle peut émaner de D.ieu, dans le cas où elle prend la forme de l’inspiration divine, ou elle peut venir de l’intérieur, de l’homme lui-même. A cause de cette dernière possibilité, l’inspiration n’a jamais pu constituer une base de la Torah. Quand on se sent inspiré, on peut facilement se méprendre sur la source de son inspiration. Au cours de l’histoire, combien n’a-t-on pas trouvé de fous inspirés ? Khadafi et Arafat ne sont-ils pas inspirés ? Leur inspiration ne forme-t-elle pas la base de l’idéologie de leurs peuples ?

La différence entre l’inspiration et la prophétie divines réside dans la façon dont se manifeste la hachga‘ha, ou Providence divine. A celui dont l’inspiration vient de D.ieu, cette Providence du Tout-puissant le guide dans ses efforts ; au prophète qui reçoit la prophétie divine, elle fournit un message clair.

Ceux des penseurs contemporains qui croient que la Torah n’a pas été donnée par communication directe avec le Tout-puissant, que les paroles de la Torah ne sont pas exactement les Siennes, mais simplement des mots humains divinement inspirés, rendent à l’humanité un bien mauvais service. Il est commode de prétendre que la Torah n’est qu’un sous-produit d’une inspiration divine. Puisque les gens se sentent facilement inspirés par les messages qu’ils veulent entendre, une loi construite à partir d’une telle intuition ne commandera évidemment pas le respect et l’autorité nécessaire pour s’imposer à ceux qui doivent lui obéir, mais elle deviendra malléable entre leurs mains. Une telle Torah ne serait plus l’émanation d’une vie venue d’En-haut, mais un simple produit et une cible offerte à la manipulation par les hommes.

Cet article est un extrait de : Fundamentals and Faith : Insights into the Rambam’s 13 Principles, du Rabbin Mordekhaï Blumenfeld.

Traduction et adaptation par Jacques KOHN